- Monopole de la violence
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Le monopole de la violence (en allemand: Gewaltmonopol des Staates) est une définition sociologique de l 'État développée par Max Weber dans Le Savant et le politique qui a été important en sociologie mais aussi dans la philosophie du droit et la philosophie politique.
Cette expression définit selon lui la caractéristique essentielle de l'État en tant que groupement politique, comme le seul à bénéficier du droit de mettre en œuvre, lui-même ou par délégation, la violence physique sur son territoire.
Sommaire
La théorie de Max Weber
A l'occasion d'une conférence sur "Le métier et la vocation d'homme politique (Politiks als Beruf, in Le Savant et le politique, Plon 1959, Trad. J. Freund et Introd. Raymond Aron) Max Weber cherche à définir l’État, groupement politique qui lui semble le plus digne d'intérêt. Observant que l’État exerce des activités identiques à celle d'autres formes de communautés humaines, il affirme qu'il faut chercher sa spécificité ailleurs que dans ses activités. Du point de vue sociologique, le propre de l'Etat se trouve en réalité dans l'un des moyens qu'il emploie: il est le seul groupement à bénéficier, sur son territoire, de la violence physique légitime.
L'élément fondamental de cette définition tient bien sûr dans la légitimité. Acquise par l'effet de la tradition, par le charisme d'un chef ou à l'occasion de règles et d'une procédure acceptée par ses membres, elle offre à ce monopole une certaine stabilité et efficacité, et par voie de conséquence à l’État lui-même.[réf. nécessaire]
La conséquence sociologique de cette définition est alors que seul peut être un "État" l'institution dont le personnel administratif défend avec succès (moral et pratique) une revendication sur le monopole de l'utilisation légitime de la violence en vue de renforcer l'ordre en son sein." [1]
Weber applique plusieurs réserves à ce principe de base.
- Il remarque que le lien entre l'État et l'utilisation de la violence n'a pas toujours été aussi proche. Il utilise les exemples de la féodalité, où les guerres privées féodales ont été autorisées sous certaines conditions, et les tribunaux de l'Église qui avaient compétence exclusive sur certains types de délits, notamment l'hérésie et les délits sexuels (d'où le surnom de «tribunaux de débauche»). Cette constatation sera reprise plus tard par Norbert Elias.
- La mise en œuvre concrète de la violence est actuellement déléguée ou autorisée par l'État. Weber en est conscient, et ne souhaite pas signifier que seul le gouvernement recourt à la violence. En revanche, il insiste sur le fait que les individus et les organisations qui peuvent légitimer la violence ou statuer sur sa légitimité sont précisément ceux qui sont autorisés à le faire par l'État lui même. Ainsi, la police et les militaires sont ses principaux instruments, mais cela ne signifie pas que seule la force publique peut être utilisée : la force privée (comme dans la sécurité privée) peut aussi être utilisée aussi longtemps qu'elle est légitimée par l'État. De même, si la loi permet aux individus d'utiliser la violence dans un acte de défense de soi ou de ses biens, c'est justement parce que l’État dont elle exprime la volonté l'a autorisée.
Filiation de la théorie de M. Weber
L'interrogation de Weber, qui n'intervient que pour servir sa définition du politique, repose sur des constatations et des théories antérieures et n'a pas manqué de marquer son époque.
Ainsi, la corrélation de l’État et du monopole de la violence est perçue par Thomas Hobbes, dans son Léviathan, comme une nécessité morale et politique pour éviter. "L'homme est un loup pour l'homme", c'est donc à un être puissant et supérieur, le Léviathan (l’État) qu'il revient de pacifier la société en monopolisant la violence.
Chez Norbert Elias, dans Sur le processus de civilisation, le thème du monopole de la violence devient historique. C'est (notamment) grâce à la monopolisation de la contrainte qu'un pouvoir a pu devenir central avant de s'incarner dans l’État.
Voir aussi
Notions connexes
Références
- Weber, Max. The Theory of Social and Economic Organization (1964). p. 154
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