Mohamed Harmel

Mohamed Harmel

Mohamed Harmel (محمد حرمل), né en novembre 1929 à Tunis et décédé le 18 septembre 2011 à Tunis, est un homme politique tunisien.

Premier secrétaire du Parti communiste tunisien de 1981 à 1993, Harmel devient président d'honneur du mouvement Ettajdid en 2007. Il est membre de la Chambre des conseillers à partir de décembre 2008.

Sommaire

Biographie

Débuts de l'engagement

Harmel effectue ses études au Collège Sadiki de Tunis[1]. Alors qu'il fait ses études, il entre dans la lutte pour l'indépendance de la Tunisie par la distribution de tracts à Tunis[2]. Arrêté en 1949 après une manifestation, il est détenu pendant un mois à la prison civile de Tunis[2]. Il devient instituteur à partir de 1951 mais se voit arrêté la même année et envoyé dans un camp à Téboursouk[2]. Libéré en 1953, il retrouve la prison après avoir incité des dockers à boycotter un navire français transportant de l'équipement militaire. Il ne sort de prison qu'au moment de la venue en Tunisie de Pierre Mendès France[2] le 31 juillet 1954[3]. Il raconte ainsi l'accès à l'indépendance de la Tunisie en 1956 :

« Tout en étant heureux de l'indépendance, je me suis retrouvé d'emblée dans l'opposition parce que n'appartenant pas au Néo-Destour. Il s'est tout de suite posé un problème de cohabitation avec le Néo-Destour, qui prenait le pouvoir après avoir dirigé la lutte, et était de plus en plus hégémonique et intolérant[2]. »

Il explique également que « l'ambiance a chauffé entre militants destouriens et communistes, durant notre emprisonnement à Téboursouk, et, ensuite, à chaque fois qu'on allait sur le terrain pour distribuer notre matériel »[2].

Premier secrétaire du Parti communiste tunisien

Le 18 juillet 1981, Harmel, premier secrétaire du Parti communiste tunisien, raconte s'être rendu chez le président Habib Bourguiba à Skanès (Monastir) afin de le remercier d'avoir lever l'interdiction qui pesait depuis 18 ans sur les publications communistes[4]. Bourguiba lui aurait alors demandé : « Mais qu'êtes-vous donc devenus, vous les communistes tunisiens qui faisiez parler de vous dans les années quarante et cinquante ? »[4]. Harmel aurait alors répondu : « Nous ne sommes plus visibles parce que vous avez décidé, Monsieur le Président, d'interdire les activités du PCT ! ». Et Bourguiba de répondre, après quelques secondes de réflexion : « Levons donc aussitôt cette mesure d'interdiction ! ».

Le PCT est ainsi autorisé le jour même[4] et, le 7 octobre 1981, Harmel fonde Attariq Al Jadid, organe du PCT dont il devient son directeur responsable[5].

Leader d'Ettajdid

Le PCT est renommé mouvement Ettajdid en 1993[6]. Élu député en 1994 et 1999[7], Harmel devient un temps président de la commission de l'immunité parlementaire et le premier député de l'opposition à présider une commission[8].

Dépassant la limite d'âge fixée à 70 ans pour se présenter à l'élection présidentielle de 1999, il affirme qu'il ne se serait de toute façon pas présenté, quand bien même il aurait été autorisé à le faire[9]. Apportant donc son soutien à la candidature du président Zine el-Abidine Ben Ali[10], il s'exprime ainsi à ce sujet dans le quotidien Al Chourouk le 5 juin 1999 :

« J'ai participé au renforcement du consensus national autour du Président Ben Ali ; comment pourrais-je alors me présenter comme son concurrent, comment pourrais-je soutenir ou voter pour une personne qui ferait concurrence à un homme que je considère sincèrement et avec conviction le mieux à même de conduire les affaires du pays[9] ? »

Son leitmotiv politique est la « démocratie consensuelle »[11] ; dans le manifeste électoral d'Ettajdid pour les élections législatives de 1999 est rappelée l'importance des « acquis du 7 novembre »[12], le président Zine el-Abidine Ben Ali étant arrivé au pouvoir le 7 novembre 1987. Pour l'élection présidentielle de 2004, Harmel, âgé de 75 ans, se trouve à nouveau exclu car dépassant la limite d'âge[7]. Il n'est pas réélu député lors des élections législatives[7] alors qu'il est tête de liste pour la circonscription de Tunis I[13]. Le conseil national d'Ettajdid produit alors un communiqué le 12 décembre pour dénoncer « l'exclusion de son secrétaire général de la Chambre des députés, mesure qui affecte le véritable pluralisme au sein de la Chambre »[7]. Selon Larbi Chouikha, ce communiqué « recèle les traces des années 1990 quand le PCT prônait « la démocratie consensuelle » avec le pouvoir »[7].

Alternance et membre de la Chambre des conseillers

Harmel quitte son poste de premier secrétaire du parti lors du congrès du 30 juillet 2007, lorsque lui succède Ahmed Brahim. Considéré comme l'un des chefs historiques du parti[14], il continue toutefois d'occuper la fonction de président à titre honorifique[15], élu à l'unanimité par le congrès selon Brahim[16]. Toujours selon ce dernier, « Harmel a lui-même voulu l'alternance au niveau de la direction »[16], Harmel ayant en effet affirmé qu'il ne se présenterait pas au poste de secrétaire général[17]. Pourtant, avant le congrès de 2007, il tenait dans Attariq Al Jadid une rubrique intitulée « En toute franchise » dans la partie arabe et une autre intitulée « Point d'interrogation » dans la partie francophone[5]. En août 2008, dans une lettre ouverte adressée aux lecteurs du journal, il explique pourquoi il n'a plus écrit dans le journal depuis cette date :

« Cette sorte de mise à l'écart a commencé par la non publication de mon allocution d'ouverture des travaux du congrès dans le numéro spécial d'Ettarik El Jedid [Attariq Al Jadid], consacré au congrès, et quand la nouvelle série du journal est parue après le congrès mes deux rubriques ont été supprimées. Aujourd'hui, désirant renouveler ma contribution dans le journal, j'ai proposé d'assurer la rédaction d'une rubrique hebdomadaire une fois en arabe et une fois en français. Mais la direction du journal a posé des conditions quant à ma contribution[5]. »

En décembre 2008, il est nommé par le président Zine el-Abidine Ben Ali comme membre de la Chambre des conseillers parmi les « personnalités et les compétences nationales »[18], remplaçant ainsi l'avocat Habib Achour[19].

Références

  1. Michel Camau et Vincent Geisser, Habib Bourguiba. La trace et l'héritage, éd. Karthala, Paris, 2004, p. 579 (ISBN 2845865066)
  2. a, b, c, d, e et f (fr) Moncef Mahroug, « Un élan patriotique », Arabies, mars 2006
  3. (fr) Ridha Kéfi, « La Tunisie devient autonome », Jeune Afrique, 25 juillet 2004
  4. a, b et c Michel Camau et Vincent Geisser, op. cit., p. 344
  5. a, b et c (fr) Néjib Sassi, « Le coup de colère de Mohamed Harmel ! », Le Temps, 8 août 2008
  6. (fr) [PDF] Larbi Chouikha et Éric Gobe, « Opposition et élections en Tunisie », Monde arabe Maghreb-Machrek, n°168, avril-juin 2000, p. 3
  7. a, b, c, d et e (fr) Larbi Chouikha, « L'opposition à Ben Ali et les élections de 2004 », L'Année du Maghreb I, 2004
  8. Larbi Chouikha et Éric Gobe, op. cit., p. 5
  9. a et b Larbi Chouikha et Éric Gobe, op. cit., p. 8
  10. (fr) « Deux partis de l'opposition appuient la candidature du président Ben Ali », La Revue du Liban et de l'Orient arabe, date inconnue
  11. Larbi Chouikha et Éric Gobe, op. cit., p. 11
  12. Manifeste électoral d'Ettajdid « Avec nous pour reconstruire le mouvement démocratique progressiste », Attariq Al Jadid, n°18, août 1999
  13. (fr) Néjib Sassi, « Les indiscrétions des élections ! », Le Temps, 22 septembre 2004
  14. Walid Khéfifi, « Politique : Mohamed Bouchiha et Ahmed Brahim officiellement candidats à la présidentielle de 2009 », Le Quotidien, date inconnue
  15. « Un parti d'opposition change de chef, veut une coalition laïque », Agence France-Presse, 6 août 2007
  16. a et b (fr) Zyed Krichen, « La démocratie et la modernité sont indissociables », Réalités, 30 novembre 2007
  17. (fr) Néjib Sassi, « Prochain congrès d'Ettajdid et des indépendants, Mohamed Harmel, secrétaire général », Le Temps, 24 février 2007
  18. (fr) Liste des « personnalités » et « compétences nationales » membres de la Chambre des conseillers
  19. (fr) « Harmel au Sénat », Jeune Afrique, 10 décembre 2008

Lien externe


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