Misandre

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Misandrie

La misandrie est un sentiment sexiste d'aversion pour les hommes en général, ou une doctrine professant l'infériorité des hommes par rapport aux femmes. Elle peut être ressentie ou professée par des personnes des deux sexes.

Sommaire

Doctrines misandres

Céline Renooz (1840-1928)

D'origine belge, influencée par les théories matriarcales de Bachofen, elle publia en 1897 Psychologie comparée de l'homme et de la femme. Elle y affirmait la supériorité naturelle et morale de la femme : le principe féminin est spirituel, guidé par des sentiments et des intuitions élevés, alors que le principe masculin, uniquement sensuel, est esclave de ses pulsions. Dès lors, il appartient aux femmes de diriger l'humanité pour la sauver. Pendant la première guerre mondiale, elle créa l'Action des femmes, association qui accueillit ses disciples, en nombre non négligeable. Leurs revendications politiques étaient marquées par la plus grande méfiance à l'égard des hommes : primat du droit maternel sur les enfants, création d'une deuxième chambre de députés, exclusivement féminine, et d'une Cour suprême des Mères, pour contrebalancer la SDN. Ces deux dernières revendications peuvent être considérées comme inaugurant l'idée d'un séparatisme des sexes.

Madeleine Pelletier (1874-1939)

Figure du radical-féminisme en France pendant le premier tiers du XXe siècle, elle publia en 1933 son autobiographie romancée, La Femme vierge. Bien avant cet ouvrage, elle avait pris position contre le mariage, contre l'union libre, et, plus surprenant, pour la virginité militante. Pour des raisons liées à l'éducation reçue, elle était rebutée par la sexualité, en laquelle elle voyait surtout une obsession masculine. Mais, au plan théorique, elle justifiait son choix par le besoin de mettre en accord vie privée et démarche politique. Pour elle, vivre chaste représentait la possibilité d'être libre tout de suite, dans une société dominée par les hommes. À l'inverse, les femmes qui avaient commerce avec les hommes se souillaient et confirmaient leur dépendance. Si Madeleine Pelletier eut en France quelques suiveuses, le mouvement pour la chasteté eut un succès plus grand en Angleterre, où certaines féministes craignaient que l'évolution des mœurs sexuelles ne favorise un plus grand contrôle de la part des hommes.

Valerie Solanas (1936-1988)

Cette Américaine publia en 1967 SCUM Manifesto (Association pour tailler les hommes en pièces). Ce court texte est un réquisitoire violent et sans nuances contre les hommes, considérés comme porteurs de toutes les tares et responsables de tous les maux dont souffre l'humanité. Non-revendiqué par les féministes ultérieures, il trouve encore des adeptes sur le Web.

Andrea Dworkin (1946-2005)

Idéologue radicale-féministe américaine, a publié plusieurs ouvrages où elle développe ses idées avec le pronom "nous", comme si elle exprimait le point de vue de toutes les femmes. Un point de vue censé être opposé à celui des hommes en général, qu'elle désigne par l'adjectif ou substantif "mâle", afin de bien marquer qu'elle ne leur concède qu'un statut d'animalité. S'intéressant prioritairement à la pornographie et à la prostitution, elle brosse un tableau terrifiant de la sexualité masculine : les hommes ne trouveraient leur plaisir que dans la violence exercée sur les femmes, par la contrainte, le viol voire le meurtre.

Aline d'Arbrant (1952-)

Ecrivaine française, amie de Valerie Solanas, théoricienne de la gynarchie contemporaine. Son ouvrage, La Gynarchie (Diachronique, 1997), traduit en anglais et en italien, pose les bases d'une société féminine où les mâles de l'espèce humaine seraient éduqués au service du sexe féminin supérieur. Cet essai a été suivi d'une douzaine de romans mettant en scène de telles sociétés où l'homosexualité féminine est érigée en dogme.

Philippe Brenot (1948-)

Psychiatre français, a publié en 2008 Les violences ordinaires des hommes contre les femmes. Tout au long de cet ouvrage, il affirme l'idée que les violences humaines sont effectuées à sens unique, par les hommes, et eux seuls, contre les femmes. Le souci d'en faire la démonstration par des faits, des études ou des chiffres globaux n'apparaît pas. Au contraire, il semble surtout préoccupé de susciter l'émotion par un style très emphatique, avec des phrases qui commencent par « J'accuse les hommes... », et suppléent à l'absence d'arguments rationnels[réf. nécessaire]. Il termine d'ailleurs par un « acte expiatoire » dans lequel il reconnaît la culpabilité de toutes les générations d'hommes depuis « l'aube de notre humanité ».

Formes sociales de la misandrie

Depuis les années 1980, des hommes et des femmes d'origines diverses dénoncent, dans les sociétés développées, des aspects qu'ils considèrent comme misandres. Ce sont des pères divorcés, des hommes victimes de violence conjugale, des féministes comme Élisabeth Badinter ou Doris Lessing, des militants hoministes, des sociologues, etc. Ils dénoncent entre autres :

  • dans le domaine des naissances, l'absence de tout pouvoir de décision donné aux pères, et le pouvoir total donné aux mères : choix de garder ou non l'enfant, choix de pratiquer ou non l'interruption volontaire de grossesse (IVG), choix d'accoucher ou non sous X ;
  • l'impossibilité légale pour les hommes, en cas de doute sur une paternité qui leur est attribuée, de procéder à une recherche de paternité, la possibilité en étant réservé aux mères dans les dix premières années de l'enfant ;
  • la préférence donnée par les juridictions de nombreux pays aux mères pour la résidence des enfants, en cas de divorce ou de séparation, comme au Québec où la proportion en leur faveur était de 63% en 2000 (Bulletin de la statistique du Québec, octobre 2002, volume 7, n°1) ;
  • la surestimation des violences faites aux femmes par des hommes et la négation ou la sous-estimation des violences faites aux hommes par des femmes. C'est la thèse de Marcela Iacub et Hervé Le Bras, analysant l'enquête ENVEFF (Enquête nationale sur les violences envers les femmes en France, 2000) : cette enquête, financée par les contribuables des deux sexes, ne fait aucune place aux victimes masculines ; inversement, elle gonfle artificiellement la proportion de victimes féminines en ajoutant aux données objectives concernant les violences physiques les données forcément subjectives qui concernent les violences psychiques ;
  • la discrimination faite aux victimes masculines de violence conjugale quant aux services d'aide : en France le numéro d'appel 3919 est présenté par le ministère de la Parité comme s'adressant exclusivement aux victimes féminines, et toutes les personnes répondantes sont des femmes ; la conséquence en est que les victimes masculines ne font pratiquement pas appel à ce service.
  • la définition légale du viol comme "pénétration", ce qui en exclut de nombreuses formes de viol féminin, en particulier sur les enfants[1]. Le problème est encore plus accentué en Suisse où la loi définit encore le viol comme un acte commis par un homme sur une victime féminine (article 190 du Code pénal).
  • la présentation négative des hommes faite par les médias (violents, violeurs, parasites, etc.). Les Canadiens Paul Nathanson et Katherine K.Young, dans Spreading Misandry (2002) et Legalizing misandry (2006) ont plus particulièrement mis en évidence ce phénomène dans les feuilletons télévisés ; Virginie Madeira, qui a faussement accusé son père d'inceste à l'âge de quatorze ans, raconte dans "J'ai menti" comment elle y a été amenée par le visionnage d'un feuilleton télévisé américain dont l'héroïne, une jeune fille s'étant livrée à ce genre de dénonciation, devenait l'objet de toutes les attentions.
  • la mise en place d'organismes voués à soutenir la condition féminine dans le cadre des institutions nationales (ministères, secrétariats d'État) ou internationales (commissions spécifiques à l'ONU, au Conseil de l'Europe) et de certaines ONG (Amnesty International), alors que rien d'équivalent n'existe en faveur de la condition masculine, et que les associations masculines sont rarement subventionnées ;
  • dans le domaine scolaire, l'absence de recherches et d'actions concernant la sous-performance scolaire des garçons, qui contraste avec la poursuite de recherches et d'actions en faveur de l'amélioration de la performance des filles. Ainsi, en France, dans le cadre du Prix de la vocation scientifique et technique, le ministère de l'Éducation nationale attribue chaque année plusieurs centaines de bourses à des élèves filles des classes terminales souhaitant s'orienter vers une branche professionnelle où elles sont peu présentes. Mais aucune initiative symétrique ne vient encourager les élèves garçons à choisir les filières menant à des branches où la proportion d'hommes diminue régulièrement (enseignement, santé, justice) ;
  • le rejet de la plupart des caractéristiques habituelles de la masculinité, la critique systématique de toute tentative de valorisation par les hommes de leurs spécificités, et parallèlement la valorisation sans retenue des caractéristiques spécifiques de la féminité.

Notes

  1. Cf. Anne Poiret, L'ultime tabou : Femmes pédophiles, Femmes incestueuses, Patrick Robin Editions, 2005, pp. 108-114 (ISBN 978-2352280002). Voir également (public averti) Anonyme, Ma vie secrète (5 volumes : (ISBN 978-2234025097) - (ISBN 978-2842713232) - (ISBN 978-2842713263) - (ISBN 978-2842711559) - (ISBN 978-2234054172)), Stock; l'auteur y raconte une débauche de vie sexuelle obsédée et obsédante; son premier tome commence avec l'énonciation des attouchements sexuels (hors soins maternels donc) dont il a été victime étant tout jeune enfant par sa nourrice.

Bibliographie

  • Bonenfant, L. (2004). Sans voix, Sans visage. Vidéo-Femmes.
  • Bouchard, L. (2002). La violence féminine chez une clientèle non-judiciarisée. Expansion-Femmes de Québec.
  • Bourgoin, M-È. (2004). Fonctionnement et efficacité du programme Temps d'Arrêt : Le point de vue des participantes. Mémoire de maîtrise inédit. Université Laval : Sainte-Foy.
  • Cliche, P. (1998). La violence féminine. Essai de maîtrise inédit. Université Laval : Sainte-Foy
  • Cliche, P. (2000). La violence féminine mythe ou réalité. L'Intervenant, 16 (3).
  • Cliche, P. (2000). La violence féminine : réalité controversée. Comité des intervenants du réseau correctionnel de Québec (CIRCQ), 17 (2), 13-14.
  • Décarie, S. (2002). Ces femmes violentes. Madame, pp.16-26.
  • Dufresne, J. (26 août 2001). La violence féminine, au-delà du mythe. Le Soleil.
  • Lalancette, Paul-Edmond, La nécessaire compréhension entre les sexes, Québec, 2008.
  • Morin, S. (2003). «Maman ne te fera plus aucun mal ». Dernière heure, pp. 29-33.
  • Rousseau, M-M. (2003). L'inceste maternel : Fantasme ou Réalité. Mémoire de maîtrise inédit. Université Laurentienne.
  • Avanti Ciné-vidéo (2005). Le monde est sexe. Canal vie
  • Aline d'Arbrant, La Gynarchie, Paris, Diachroniques, 1997
  • Christine Bard, Les Filles de Marianne. Histoire des féminismes 1914-1940, Paris, Fayard, 1995
  • Élisabeth Badinter, Fausse route, Odile Jacob, Paris, 2003
  • Philip Cook, Abused men
  • Roch Côté, Manifeste d'un salaud, Éditions du Portique, Terrebonne, 1990
  • Yvon Dallaire, Homme et fier de l'être, Option santé, Québec, 2001
  • Georges Dupuy, Coupable d'être un homme, VLB, Montréal, 2000
  • John Goetelen, La Femme est-elle vraiment l'avenir de l'homme ?, Marco Pietteur, 2006
  • Patrick Guillot, La Cause des hommes, Option santé, Québec, 2005 (pour la France : Viamédias, Paris, 2005)
  • Marcela Iacub, Hervé le Bras, « Homo mulieri lupus », Les Temps modernes, n° 623, février 2003
  • Jean-Marie Laclavetine, Le Monde du mercredi 21 novembre 2001 : « Hommes contre femmes : match nul »
  • Paul Nathanson et Katherine K.Young, Spreading misandry, Mc Gills-Queens, 2002
  • Paul Nathanson et Katherine K.Young, Legalizing misandry, Mc Gills-Queens, 2006
  • Pamela Sargent, Le Rivage des femmes : roman de science-fiction évoquant une société entièrement au pouvoir des femmes, s'appuyant sur une thèse misandre.
  • Jean Gabard, Le féminisme et ses dérives, Du mâle dominant au père contesté, Editions de Paris, 2006
  • Virginie Madeira, J'ai menti, Stock, 2006

Voir aussi

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Voir « misandrie » sur le Wiktionnaire.

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