Mireille Chrisostome "Jacotte"

Mireille Chrisostome "Jacotte"

Mireille Chrisostome

Mirelle Chrisostome « Jacotte » est une héroïne de la Résistance, tuée à 20 ans par les allemands à l'Hermitage-Lorge.

Mireille Chrisostome était une convoyeuse, agent de liaison, dans le maquis des Côtes du Nord pendant la seconde guerre mondiale. Son nom de code était « Jacotte », elle fut arrêtée le 11 juillet 1944 lors d'une liaison entre la direction départementale du Front National et l'État Major FFI. Elle fut torturée, assassinée, sans avoir parlé, à 20 ans. Son cadavre fut retrouvé enfoui dans la forêt de Lorge[1].

Pour honorer sa mémoire, une rue du centre ville de Saint-Brieuc porte son nom. Le musée d'art et d'histoire y est notamment situé.

Sommaire

Biographie

Mireille Chrisostome est née le 26 février 1924 à Saint-Brieuc. Ses parents habitaient place de la Cathédrale et il semble que toute son enfance se soit passée dans le quartier Saint-Pierre. Elle est allée à l’école, puis au collège Marcellin Berthelot où elle a poursuivi ses études jusqu’à l’obtention du brevet élémentaire qui lui a permis d’être employée aux Eaux et Forêts. Celles qui l’ont connue évoquent d’abord la gaîté d’un caractère qui pouvait aller jusqu’à l’espièglerie : « elle aimait faire des blagues » se souvient Madame Perruchon…

Jeanne, qui fut parmi ses meilleures amies, évoque la passion qu’en ces années d’occupation, Mireille Chrisostome éprouvait pour Jeanne d’Arc, les colères qui la prenaient à la vue de l’occupant et que ses amis devaient apaiser pour qu’elle ne se mette pas en danger.

C’est de sa propre volonté que Mireille Chrisostome décide d’entrer dans la Résistance. Elle rencontre Jean Devienne – « François » dans la Résistance - afin de participer à la lutte contre l’ennemi et devient ainsi, sous le nom de « Jacotte », convoyeuse et agent de liaison du Front national dont « François » est le responsable départemental.

Le Patriote des Côtes du Nord la décrit ainsi : « Infatigable cycliste que ne rebutait aucune difficulté, Jacotte sillonnait tout l’Est du département où elle était connue et aimée de tous les résistants. »

Marie-Joëlle, sa filleule, raconte : « Maman hébergeait des gens que lui envoyait Mireille et qui s'annonçaient par un mot de passe. Maman stockait également des armes dans sa cave par l'intermédiaire de Mireille, ainsi que des valises de tickets d'alimentation. »

Un jour, elles ont toutes deux transporté dans deux valises du plastic jusqu'à la place du Champ de Mars, en les faisant porter (en leur faisant du charme) par les allemands… ». À ceux qui lui recommandaient la prudence, Mireille Chrisostome opposait son héroïsme souriant et son goût du défi.

On ne connait pas vraiment les circonstances de son arrestation, sinon que Mireille Chrisostome a été arrêtée le 11 juillet, lors de la grande rafle de Saint-Nicolas-du-Pélem, sur la route entre Saint-Gilles-Pligeaux et Canihuel alors que, partie de Saint Gildas, elle se rendait à Saint-Nicolas-du-Pelem.

Pourquoi, prévenue semble-t-il de cette rafle, a-t-elle voulu poursuivre sa mission ? Lui avait-on donné, en dépit du danger, un ordre qu’elle devait exécuter quel que fût le risque encouru ? A-t-elle été dénoncée ? Nombreux étaient ceux qui se doutaient de son engagement dans la résistance, et ses parents avaient reçu à plusieurs reprises la visite de la police allemande.

Elle est emmenée à Uzel, dans les locaux occupés par les services de renseignements de la SS et par la milice. Le seul témoignage concernant sa détention est celui de Madame Baratoux[2], qui figurait avec sa fille parmi les détenus :

« Le mardi dans la soirée[3], la porte s’est ouverte violemment. On a poussé Jacotte parmi nous. Dès le premier interrogatoire, nous avons entendu des coups. Elle a dû s’évanouir. Je ne l’ai plus revue. »

Après la Libération, sa famille et ses amis espèrent que Mireille aura trouvé refuge en Angleterre, mais son corps sera découvert trois mois plus tard, enfoui sous quelques pelletées de terre avec ceux des autres martyrs de la Butte Rouge.

Le docteur Lejeune, chargé de procéder aux autopsies, note dans son rapport qu’elle a été abattue d’une balle dans la nuque. L’état de décomposition du corps n’autorise aucune autre constatation. Il précise cependant que la robe qu’elle portait ce jour-là était à motifs de fleurs bleues et rouges sur fond blanc.

Dans ce bois des Fosses de l'Hermitage-Lorges, les occupants avaient alors établi un dépôt de munitions appelé « camp Mathilde », évidemment très rigoureusement gardé. Nul visiteur, nul témoin ne pouvait y pénétrer.

Le réseau auquel Mireille appartenait n’a pas été inquiété dans les jours qui suivirent son arrestation ; elle est donc morte sans avoir parlé.

Le recoupement des quelques récits existants permet de fixer avec une quasi certitude au 14 juillet 1944 (c’était un vendredi) le jour de l’assassinat de Mireille Chrisostome et de ses compagnons. Moins de trois semaines plus tard, Saint-Brieuc était libérée…

Mireille Chrisostome est inhumée au cimetière Saint-Michel de Saint-Brieuc aux côtés de sa sœur aînée Simone (1920–1931) morte d’une méningite à l’âge de onze ans, de son père Charles (1873–1960) et de sa mère Joséphine née Bourhis (1888–1977).

Annexes

Personnes ressources

  • Jeanne Coulon et Madeleine Trocme, amies d’enfance de Mireille Chrisostome.
  • Marie-Joëlle Rosais, filleule de Mireille Chrisostome.
  • Roger Huguen, historien.
  • François Lejean, responsable des Forces Unies de la Jeunesse Patriotique pour les Côtes du Nord.
  • Michel Pieto, chercheur.
  • Maurice Stentzel, gardien du cimetière Saint-Michel.

Bibliographie

  • Alain Lozac'h : Visages de la résistance bretonne.

Notes et références

  1. les cahiers de la résistance populaire, cahier N° 2 - Mai 1995, édité par le Comité pour l'étude de la Résistance populaire dans les Côtes du Nord).
  2. Cité par M.-P. Salonne dans Fends la bise
  3. Il s’agit du 11 juillet 1944
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