- Michèle Leleu
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Michèle Leleu est née à Lille le 21 octobre 1920, morte à Briançon le 5 juin 1975 et inhumée au nouveau cimetière de Neuilly-sur-Seine, dans la tombe de la Communauté apostolique Saint-François-Xavier, société de vie apostolique fondée par Madeleine Daniélou dans laquelle elle était entrée en 1942.
Michèle Leleu, enseignante et femme de lettres, est à l'origine des travaux de recherches universitaires sur les journaux intimes[1]. Elle a publié dès 1952 son ouvrage Les Journaux intimes dans lequel elle a créé le mot diariste, anglicisme[2] passé maintenant dans la langue française pour désigner l'auteur d'un journal intime[3].
Michèle Leleu est la fille de Maurice Leleu, personnalité des industries céramiques.
Sommaire
Formation
Michèle Leleu achève sa licence de philosophie à la Sorbonne en 1941. En 1942, elle entre dans la Communauté apostolique Saint-François-Xavier, fondée par Madeleine Daniélou. Elle enseigne dans les collèges Sainte-Marie, puis à l'École Normale Libre de Neuilly, dont elle était une ancienne élève. Elle mène une activité littéraire et spirituelle, deux plans qu'elle ne dissocie pas[4].
Son ouvrage : Les journaux intimes et le néologisme « Diariste »
Michèle Leleu, caractérologue de la première heure, est une élève de René Le Senne qui la remarque pour sa finesse d'esprit. Il l'encourage dans son projet d'étudier les journaux intimes en liaison avec la personnalité de leur auteur[5]. C'est le sujet de son diplôme d'études supérieures de philosophie qu'elle transforme, à la demande de son maître[4], en 1952 en ouvrage qu'elle publie sous le titre Les journaux intimes aux Presses universitaires de France dans la collection Caractères, caractérologie et analyse de la personnalité que dirige René Le Senne et dans laquelle Gaston Berger vient de publier en 1950 son célèbre Traité pratique d'analyse du caractère. Tous ceux qui connaissent l'ouvrage de Michèle Leleu en ont admiré l'érudition et la profondeur[4].
C’est dans cet ouvrage qu’elle écrit : « Dans la suite de l’ouvrage, nous ferons couramment usage du terme Diariste pour désigner un auteur de Journal ; sans méconnaître que ce néologisme peut prêter à critique, nous croyons qu’il se justifie à plus d’un titre… On peut rapprocher Diariste du vieux français « Diaire » parfois usité comme adjectif (cf. Littré), mais qui désigna aussi le Livre de raison, régulièrement tenu dans certaines familles d’autrefois. On est en droit de regretter que ce terme soit tombé en désuétude, car son usage, s’il avait persisté, n’eût autorisé aucune confusion avec le journal, organe de presse. Mieux partagés que nous à ce point de vue, les Allemands et les Anglais disposent de termes distincts pour dénommer, d’une part le quotidien d’information : Tageblatt, newspaper, et d’autre part le journal intime : chez les premiers Tagebuch, et chez les seconds diary, journal ou note-book, dont l’auteur est appelé diarist. Il nous a paru légitime de franciser ce dernier terme de même étymologie latine que notre « diaire » et que le diaro italien.
La sortie de l'ouvrage Les journaux intimes préfacé par son maître René Le Senne fait l'objet d'un long article paru dans le Monde daté du 7 janvier 1953, et intitulé Diaristes et journaux intimes. Son auteur Émile Henriot, membre de l'Académie française, se félicite de la création de ce néologisme.
Dans les six premiers chapitres, Michèle Leleu caractérise les auteurs de journaux intimes selon les schèmes de la caractérologie tels que les avait établis René Le Senne. Cette œuvre précoce[6], si neuve, est à la fois sobre et très richement documentée : elle condense une masse de lectures. Malgré le carcan imposé par la classification caractérologique[7], ces pages studieuses abondent en analyses déliées, auxquelles le sujet se prête. Sur la culture psychologique et littéraire se reflète discrètement la préoccupation spirituelle dominante, la quête de l'âme. A la fin de sa vie, Michèle Leleu eut l'occasion de revenir à cet ouvrage de jeunesse à l'occasion d'une série de huit émissions qu'elle donna sur France-Culture en avril 1973 avec Jérôme Peignot[8].
Un nom apparaît souvent, et comme avec prédilection, dans Les journaux intimes : Charles Du Bos. Déjà elle était attirée par le grand critique converti au catholicisme dont l’œuvre joua un rôle si important dans ses travaux futurs, d'abord pour l'intérêt de son journal et aussi par ce que l'on pourrait appeler sa philosophie du journal intime. Envisageant la préparation d'une thèse de doctorat d'État, Michèle Leleu dépose en 1956 à la Sorbonne le sujet intitulé "Approximation et certitude dans la pensée et l’œuvre de Charles Du Bos".
Sa thèse de doctorat : Approximation et certitude dans la pensée et l’œuvre de Charles Du Bos
Michèle Leleu a travaillé toute sa vie sur cette étude qu'elle n'a pas pu terminer, emportée par la maladie. Seuls les chapitres achevés ont été publiés.
Pendant vingt années, elle fut la secrétaire générale et la cheville ouvrière de la Société des Amis de Charles Du Bos sous la présidence de Gabriel Marcel, société fondée en 1955[8]. Elle eut la chance de bénéficier de l'aide de Madame Charles Du Bos qui lui donna accès à tous les inédits, ainsi que de l'exceptionnel accueil de nombreux amis de Charles Du Bos : Bernard Berenson, Ernst-Robert Curtius, Gabriel Marcel, Jacques Maritain, François Mauriac, André Maurois et bien d'autres, qui lui apportèrent une connaissance profonde de leur ami. C'est pendant ces vingt années qu'elle entretient une importante correspondance avec de nombreux écrivains[9],[10].
Elle mena de front son enseignement de la littérature contemporaine et son activité à la Société des Amis de Charles Du Bos. Elle prit la charge des 19 Cahiers Charles Du Bos où se retrouvent, déchiffrés par elle, des inédits du Journal et une partie de la volumineuse correspondance. Elle assuma les tâches ingrates de correspondance, de déchiffrement, de transcription, de toilette des manuscrits. Son travail personnel en pâtissait, mais dans cette œuvre elle conciliait ses goûts intellectuels, son sens des relations humaines, sa ferveur à se dévouer, son désir d'enseigner.
Elle fit une communication importante au Collège de France en mars 1965 lors du XVIe congrès de l'Association Internationale des Études Françaises : Une météorologie intime, le journal de Charles Du Bos.
Avec Georges Poulet et Jean Mouton, elle dirigea le colloque de Cerisy-la-Salle pendant la décade de juillet 1972 sur le thème « Permanence de Charles Du Bos ». Le 28 juillet 1972, après les témoignages de Jacques Madaule et de Maurice de Gandillac, elle y fit une communication : Genèse du dialogue avec André Gide.
Comme Charles Du Bos, elle a expérimenté la souffrance physique. Se répétant le mot de saint Paul « La mort fait son œuvre en moi, et la vie en vous », sa foi la soutenait.
Sa dernière étude : Poésie et critique : Rainer Maria Rilke et Charles Du Bos est parue dans le dernier numéro des Cahiers, dont elle assurait la relecture au moment de sa mort en 1975.
C'est en 1976, de façon posthume, que paraît Charles Du Bos, Approximation et Certitude, ouvrage reprenant les éléments inachevés de sa thèse. Michel Crépu, dans son ouvrage Charles Du Bos ou la tentation de l'irréprochable, le qualifie[11] d'« ouvrage le plus documenté qui existe sur Du Bos ».
Décoration
En 1966, André Malraux, ministre d’État chargé des affaires culturelles, a nommé Michèle Leleu au grade de chevalier dans l'Ordre des Arts et des Lettres.
Œuvres
- Très nombreux articles parus dans la revue « Les Cahiers de Neuilly »
(articles parus de 1946 à 1966)
- Les Journaux intimes, 1952
(édité aux Presses universitaires de France)
- Nombreux articles parus dans la revue « Cahiers Charles Du Bos »
(articles parus de 1956 à 1975)
- « Une météorologie intime », le journal de « Charles Du Bos », 1964
( [lire en ligne])
- Débat : Les visages de la critique depuis 1920
(Cahiers de l'Association internationale des études françaises, no 16, 28 juillet 1964, [lire en ligne])
- Autorité et liberté dans l'éducation, 1966
(in Rythme66, revue de l'École supérieure des sciences commerciales d'Angers)
- Permanence de Charles Du Bos[12], 1976
(actes du colloque de Cerisy-la-Salle de juillet 1972, ISBN 2-220-02065-7, édité de façon posthume chez Desclée de Brouwer)
- Charles Du Bos, Approximation et Certitude, 1976
(inachevé, ISBN 2-220-02066-5, édité de façon posthume chez Desclée de Brouwer)
Références
- Paroles d'autrui, paroles de soi, article de Monica Boehringer
- XIXe siècle), de diary : journal intime (XVIe siècle); Oxford English Dictionary Diarist : auteur de journal intime (début
- Site consacré à l'écriture autobiographique
- lire en ligne] La Caractérologie, revue internationale de caractérologie, no 15, Paris, Presses Universitaires de France, 1974, [
- lire en ligne] La Caractérologie, revue internationale de caractérologie, no 15, Paris, Presses Universitaires de France, 1974, [
- La caractérologie et ses applications littéraires, essai de Suzanne Helein
- Jalons pour une narratologie du journal intime, essai de Pierre Hébert
- lire en ligne] La Caractérologie, revue internationale de caractérologie, no 15, Paris, Presses Universitaires de France, 1974, [
- Bibliothèque littéraire Jacques Doucet : Ms Ms 16253 Lettre de Michèle Leleu à Jean Schlumberger, Neuilly-sur-Seine, 15 novembre 1956 sur site du catalogue en ligne des archives et des manuscrits de l'enseignement supérieur. Consulté le 20 février 2010
- Bibliothèque littéraire Jacques Doucet : Ms Ms 405646 lettres de Michèle Leleu à François Mauriac, Beckenham, 16 juin 1958-22 [mai 1964?] sur site du catalogue en ligne des archives et des manuscrits de l'enseignement supérieur. Consulté le 20 février 2010
- page 103 de l'ouvrage Charles Du Bos ou la tentation de l'irréprochable de Michel Crépu, Éditions du Félin (1990)
- Site consacré aux colloques de Cerisy
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- Très nombreux articles parus dans la revue « Les Cahiers de Neuilly »
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