- Michel Journiac
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Michel Journiac, né le 7 octobre 1935 à Paris et décédé le 15 octobre 1995 à Paris, était un artiste plasticien français particulièrement emblématique de l'art corporel.
Sommaire
Vie et œuvre
À dix ans, il perd son frère cadet[1]. Cet événement marquant sera un motif essentiel de sa production artistique.
Il étudie d'abord la théologie à l'Institut Catholique, et l'esthétique à la Sorbonne. En octobre 1956, il entre au séminaire mais abandonne la vocation de prêtre en 1962[2].
De juillet 1960 à juillet 1962, il est coopérant en Syrie, où il enseigne la littérature française dans le collège du quartier de Bab Touma à Damas[2].
Ses premières œuvres, telles que Alphabet du corps (1965) ou Signe du sang (1966) sont des peintures sur toile abstraites où des formes rouges évoquent des morceaux de chair écorchés.
En 1969 il crée Messe pour un corps action au cours de laquelle le public est invité à consommer un boudin réalisé avec son propre sang.
Sa complicité, à partir de 1968, avec le critique d'art François Pluchart, qui défend son travail en raison du caractère subversif et de l’énergie poétique qui s'en dégagent, permettra à celui-ci de mener une réflexion critique et sociologique en étroite symbiose avec ses pratiques, et celles d'autres artistes comme Hervé Fischer ou Gina Pane. François Pluchart découvre ainsi la pratique d'un art du geste, ou d'un art de l'action qui, comme il l'écrit « ouvre sur une voie incomparablement plus féconde, celle de l'art corporel », dont il se fera le théoricien dans les articles de la revue ArTitudes, qu'il crée en 1971. François Pluchart sera même ponctuellement à l’origine de certaines actions de Michel Journiac, comme celle du chèque ou celle du référendum du 27 avril 1969.
Dans ses actions, ses installations et ses photographies, Michel Journiac s'intéresse au corps, à la sexualité, et aux dispositifs qui les répriment, objets ou "rituels", selon son propre mot[3]. C'est ainsi en utilisant le corps même comme matériau qu'il entend mettre en cause ces mécanismes : "Le corps réifié, objet-conscience se contestant lui-même, aliénation se refusant dans le surgissement du NON, permet la révolte au niveau de la création, dans une tentative pour prendre au piège la réalité sociologique sous tous ces aspects (...)"[3]
Parmi les objets qui façonnent cette "viande socialisée"[3] qu'est le corps, le vêtement tient une place importante que l'artiste explore notamment à travers le travestissement[4]. C'est par exemple le cas dans Piège pour un travesti (1972) ou dans les séries photographiques de 24h dans la vie d'une femme ordinaire (1972), Hommage à Freud (1972) ou encore dans L’inceste (1975). Dans ces deux dernières œuvres, c'est la psychanalyse et le rôle qu'elle accorde au Complexe d'Œdipe que l'artiste critique. Il est proche, en ce sens, des théories de Guy Hocquenghem dans Le Désir homosexuel (1972) ou de Gilles Deleuze et Félix Guattari dans l'Anti-Œdipe[5].
Atteint d'un cancer des os depuis de nombreuses années, il disparaît en 1995, du SIDA.
Sélection d'œuvres
Alphabet du corps, 1965
Signe du sang, 1966
Parcours-piège du sang , installation, 1968
La lessive, 1969
Stand Journiac, 1969
Stand de tir, 1969
Piège pour un voyeur, 1969
Messe pour un corps, 1969
Manifeste du chèque, 1970
Référendum Journiac, 1970
Distributeur automatique d’œuvres d’art, 1970
Enquête sur un corps, 1970
Parodie d’une collection, 1971
Piège pour une exécution capitale, 1971
Hommage à freud, 1972
Piège pour un travesti, 1972
Contrat pour un corps, 1972
Contrat de prostitution, 1973
24 heures de la vie d’une femme ordinaire, 1974
L’inceste, 1975
Rituel du sang, 1976
Rituel d’identité aléatoire, 1976
Exorcisme d’un jouet, 1978
Action érotico-patriotique, 1979
Rituel d’envoutement, 1980
Rituel de corps interdit, 1981
Le vierge mère, 1982
Action de corps exclu, 1983
Icônes du temps présent, 1988
Rituel de transmutation, 1993
Le mur de l'argent, 1995
Écrits de Michel Journiac
Le Sang nu, Paris, Rougerie, 1968, Préface de Jean Cassou.
Délit du corps, Paris, La Différence, 1978. Texte republié en partie dans Digraphe n°63, mars 1993 : « L’espace travesti du corps, texte 1 et 2 ».
L’Objet du corps et le corps de l’objet, Paris, Institut de l’Environnement, 1972.
24 heures dans la vie d’une femme ordinaire, Paris-Zurich, Arthur Hubschmid, 1974.
Contrat pour un corps, Feu, Paris, Jean Daviot et Bernard Marcadé, 1994.
ouvrage collectif : L’Enjeu de la représentation, le corps, Paris, U.F.R. Arts plastiques-Sciences de l’art, 1987 (colloque organisé à la Sorbonne en 1987).
Filmographie
Bibliographie
MONOGRAPHIE :
Marcel Paquet, Michel Journiac, l’ossuaire de l’esprit, Paris, La Différence, 1977
CATALOGUES D'EXPOSITIONS PERSONNELLES :
Michel Journiac, Anvers, Internationaal Cultureel Centrum, 1978 (exposition personnelle au Centre Culturel International d’Anvers, 29 avril-4 mai 1980)
Michel Journiac : rituel de transmutation, du corps souffrant au corps transfiguré, Châteauroux, École municipale des Beaux-Arts, 1994 (exposition personnelle au Collège Marcel Duchamp en juillet et août 1993, à la galerie J & J Donguy en octobre 1993 et dans divers lieux à Bilbao, de décembre 1994 à janvier 1995)
Action de marquage au présent, Nantes, Ecole régionale des Beaux-Arts de Nantes, 1996 (exposition personnelle à l’École régionale des Beaux-Arts de Nantes du 20 décembre 1995 au 20 janvier 1996)
Michel Journiac, 24h. de la vie d’une femme ordinaire, Noisy-le-Sec, La Galerie, 2001, (exposition personnelle à La Galerie de Noisy-le-Sec du 6 mars au 6 avril 2001, dir. Hélène Chouteau)
Michel Journiac, Strasbourg, Musées de Strasbourg, 2004 (exposition personnelle au Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg du 19 février au 9 mai 2004, dir. Vincent Labaume)
QUELQUES ARTICLES RELATIFS à MICHEL JOURNIAC :
-Hélène Chouteau et Julien Fronsac, "Témoignage", entretien avec Rodolphe Stadler et Stéphano Polastri, galeristes de Michel Journiac ayant exposé en 1974, les "24 heures de la vie d'une femme ordinaire", Journal de La Galerie de Noisy-le-Sec (93), France, 2001.
-Hélène Chouteau, "Michel Journiac, 24 heures dans la vie d'une femme ordinaire", Le Journal de La Galerie de Noisy-le-Sec (93), France, 2001.
- Julia Hountou, « De la carnation à l'incarnation », Catalogue de l'exposition Michel Journiac, Ed. Les musées de Strasbourg et ENSB-a de Paris, 2004, 196 p. ; p. 83-117.
- Julia Hountou, « Michel Journiac vu par ses galeristes – Entretiens entre Julia Hountou, la galerie Stadler et la galerie Donguy », Art Présence, n° 48, octobre-décembre, 2003, p. 2-21.
- Julia Hountou, « Du vêtement qui cache au travestissement qui révèle - Le vêtement selon Michel Journiac », Art Présence, n° 39, juillet-septembre 2001, p. 2-15. Article également consultable sur le site : http://www.exporevue.org/magazine/fr/journiac_vetement.html (Article publié également dans Toc Toc Toc (On vous dérange ?... On est là pour ça !), n°9, mars 2006, revue dirigée par Tiphaine Stepffer, p. 67-76.
- Julia Hountou, « 24 heures de la vie d'une femme ordinaire - Une performance de Michel Journiac », Lunes (Réalités, Parcours, Représentations de Femmes), n° 15, avril 2001, p. 66-71. ( Article consultable sur le site : http://www.exporevue.com/magazine/fr/index_journiac_24h.html )
- Sarah Wilson, « Michel Journiac's Masquerades, Incest, Drag and the Anti-Oedipus », 2003 in Benthien, Claudia, Stephan, Inge (dir.) Mannlichkeit als Maskerade. Gender Studien mit blick auf ‘den' Mann, Köln, Böhlau Verlag, 2003, p. 128-153. (Article consultable sur le site : http://www.courtauld.ac.uk/people/wilson-sarah/JOURNIAC.pdf)
Notes et références
- Cindy Schwartz, "Chronologie", in Michel Journiac, Strasbourg, Musées de Strasbourg, 2004 (exposition personnelle au Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg du 19 février au 9 mai 2004, dir. Vincent Labaume), p.172
- Cindy Schwartz, "Chronologie", in Michel Journiac, Strasbourg, Musées de Strasbourg, 2004 (exposition personnelle au Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg du 19 février au 9 mai 2004, dir. Vincent Labaume), p.173
- Michel Journiac, "De l'objection du corps", in 24 heures dans la vie d’une femme ordinaire, Paris-Zurich, Arthur Hubschmid, 1974, reproduit dans Michel Journiac, Strasbourg, Musées de Strasbourg, 2004 (exposition personnelle au Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg du 19 février au 9 mai 2004, dir. Vincent Labaume)p. 184
- http://www.exporevue.org/magazine/fr/journiac_vetement.html Julia Hountou, « Du vêtement qui cache au travestissement qui révèle - Le vêtement selon Michel Journiac », Art Présence, n° 39, juillet-septembre 2001, p. 2-15. Article également consultable sur le site :
- http://www.courtauld.ac.uk/people/wilson-sarah/JOURNIAC.pdf) Sarah Wilson, « Michel Journiac's Masquerades, Incest, Drag and the Anti-Oedipus », 2003 in Benthien, Claudia, Stephan, Inge (dir.) Mannlichkeit als Maskerade. Gender Studien mit blick auf ‘den' Mann, Köln, Böhlau Verlag, 2003, p. 128-153. (Article consultable sur le site :
Liens externes
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