- Massacre de la vallée de la Saulx
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Le massacre de la vallée de la Saulx est le meurtre, le 29 août 1944, pendant la Seconde Guerre mondiale, de 86 habitants des communes de Couvonges, Robert-Espagne, Beurey-sur-Saulx et de Mognéville dans le département de la Meuse.
La tuerie de la vallée de la Saulx figure parmi les cinq grands massacres commis en France par des soldats allemands en 1944. Alors que les massacres d'Oradour-sur-Glane, Maillé, Tulle et Ascq sont l’œuvre des SS, celui de la vallée de la Saulx a été commis par des militaires de la Wehrmacht[1].
Sommaire
Déroulement
Le rapatriement des troupes vers l'Est
L'armée allemande en déroute, des renforts sont envoyés vers l'Est pour empêcher la progression de l'armée Patton. Le 20 août 1944, la 3e Panzergrenadier Division quitte la région de Florence pour être transférée dans la région de Saint-Dizier. Le 27 août, à proximité de Robert-Espagne, tous les occupants allemands d’une voiture de tourisme sont tués par le maquis F.T.P. et plusieurs convois allemands sont mitraillés par la résistance sur la route de Vitry-le-François à Bar-le-Duc. Dès le 28 août, la 3e Panzergrenadier Division se retrouve face aux éléments avancés du XIIème Corps de l’armée Patton[2].
La Tuerie de la Saulx
Le 29 août, à l'aube, un convoi allemand, qui entre dans le village de Couvonges, réveille les habitants. Dans la matinée, d'autres soldats du Panzergrenadier Régiment no 29 entrent dans la vallée de la Saulx. Ils sont issus de la 3e Panzergrenadier Division et étaient initialement destinés au front d'Afrique du Nord. Ils portent des culottes courtes kaki[2] (ceci générant la confusion avec des S.S. lors du rapport d'enquête).
Quatre villages sont particulièrement visés : Robert-Espagne, Beurey-sur-Saulx, Couvonges et Mognéville. À chaque fois, les soldats empêchent toute personne d’en sortir ou d’y pénétrer. À Robert-Espagne, Couvonges et Mognéville, des hommes sont raflés et rassemblés sous bonne garde. Dans les deux premières localités, ils seront abattus dans la journée à l’aide de mitrailleuses. À Robert-Espagne, trois gendarmes sont victimes de ces exécutions : le maréchal des logis-chef Robert Delahaye (commandant de la brigade) et les gendarmes Raymont Bilot et Gaston Dagonnet ; les deux autres gendarmes (Albrecht et Hubert) ont réussi à s’enfuir et à se réfugier dans la forêt voisine. À Mognéville, le courage d’un notaire qui n’hésite pas à parlementer avec les militaires permet aux otages de retrouver la liberté. Néanmoins, deux hommes et une femme sont tués dans ce village au cours de l’opération. Partout des habitants sont abattus par les soldats alors qu’ils tentaient de se sauver : cinq hommes et une jeune fille à Beurey, un homme à Robert-Espagne, un autre à Couvonges. Dans ce village, deux hommes sont brûlés vifs dans leur domicile que les militaires allemands incendient. À Trémont-sur-Saulx, localité voisine des quatre villages sinistrés, une jeune fille a la malchance de croiser sur son chemin des militaires en patrouille : elle aussi, malgré son jeune âge, est tuée. La journée du 29 août coûte ainsi la vie à 86 habitants de la vallée. En même temps qu’ils commettent ces assassinats, les soldats allemands pillent les maisons avant d’y mettre le feu. Les dégâts sont particulièrement importants à Couvonges (54 maisons sur 60 sont détruites), à Robert-Espagne (200 maisons sur 300) et à Beurey (75 maisons sur 100). D’autres communes de la Meuse et de la Marne subissent, le même jour ou les jours suivants, des exactions identiques commises par ces mêmes militaires[1].
Commémorations
Le Général de Gaulle est venu se recueillir, le 28 juillet 1946, sur le lieu d'exécution, sur invitation du Comité du Souvenir de la vallée de la Saulx et par la ville de Bar-le-Duc[2] (discours ici).
Monuments
Couvonges : Un monument commémoratif a été inauguré, le 29 août 1949, par le général Zeller, commandant de la 6e région militaire. Ce monument se situe en direction de la commune de Beurey-sur-Saulx[2].
Responsabilités et poursuites pénales
L'enquête permit d'identifier les auteurs du massacre comme appartenant au 29e régiment de la 3e division de Panzer-Grenadiers, commandée par le generalmajor Hans Hecker : une unité de la Wehrmacht. L’affaire fut confiée au tribunal militaire de Metz qui identifia 8 militaires allemands (sur la cinquantaine qui aurait participé aux exactions). En 1950, l’instruction s’acheva mais les 8 inculpés (4 officiers, 2 sous-officiers et 2 soldats) étaient en fuite. Le jugement fut rendu le 28 mai 1952 et les condamnations furent prononcées par contumace : 4 condamnations à mort et 4 condamnations aux travaux forcés à perpétuité[1].
Références
- http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/Confrences.html
- http://couvonges.ifrance.com/29aout.htm site internet de Couvonges
Bibliographie
- Enquête disponible sur le site du Service Historique de la Défense
- [PDF] Extrait de « Défense de la France » du 16 septembre 1944 relatant le massacre à Robert-Espagne
- Libération sanglante de quatre villages meusiens. 29 août 1944., Imprimerie du Barrois, coll. « 2ème édition », 1969
- Pierre Mangin, De la Meuse à la Moselle avec l’armée Patton (septembre-octobre 1944), Verdun, 1997
- Jean-Pierre Harbulot, Les massacres du 29 août 1944 dans la vallée de la Saulx. Actes des XXIIèmes Journées d'études meusiennes qui se sont tenues à Ancerville les 1er et 2 octobre 1994. Société des Lettres, Sciences et Arts de Bar-le-Duc, 1999
Liens internes
Liens externes
- Site internet avec photos des ruines de Couvonges ainsi que de la venue du Général de Gaulle
- Extrait de « Défense de la France » du 16 septembre 1944 relatant le massacre à Robert-Espagne. également des photos sur ce même site.
- Site personnel sur la commune de Robert-Espagne et relatant les événements.
- Site Hommage aux Martyrs de la Vallée de la Saulx
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