- Massacre de Mỹ Lai
-
Le massacre de Mỹ Lai, survenu durant la guerre du Viêt Nam, est une tuerie menée le 16 mars 1968 par des soldats américains contre des civils vietnamiens, dont beaucoup de femmes et d'enfants, dans le hameau de Mỹ Lai. L'indignation que soulèvera ce massacre, lorsqu'il fut révélé un an et demi plus tard par un reportage du magazine Life, sera le point de départ d'un scandale international favorisant la montée du pacifisme aux États-Unis.
Sommaire
Déroulement des opérations
Durant l'offensive du Tết, en janvier 1968, le 48ème bataillon de l'armée du FNL (unité Việt Cộng) avait opéré dans la zone de Quảng Ngãi. Les services de renseignements militaires américains avaient estimé que des éléments de cette unité, battant retraite, s'étaient probablement repliés et avaient trouvé refuge à Mỹ Lai, un petit village côtier du golfe du Tonkin, au nord du Sud-Viêt Nam, pas très loin du Nord-Viêt Nam.
Une opération est donc décidée pour les éliminer : le 16 mars 1968, le lieutenant William Calley encercle Mỹ Lai. Les services de renseignements militaires américains l'ont prévenu que les villageois vont au marché ce jour là. Calley pense donc que ceux qui restent sont des Việt Cộng.[réf. nécessaire]
Il reçoit l'ordre (comme il le dira plus tard à son procès) de nettoyer la zone, du vieillard au bébé. Il regroupe la population, fait incendier le village et donne l'ordre d’abattre toute la population : femmes, enfants, et vieillards.[réf. nécessaire] Avant d'être tuées certaines victimes sont agressées sexuellement, violées, battues, torturées ou mutilées. Le nombre de civils tués ne peut pas être établi avec certitude. Le mémorial bâti sur le site liste 504 noms (de 1 à 82 ans). Une enquête conduite par l'armée américaine arrive quant à elle à 347 morts[1].
Un pilote d'hélicoptère de l'armée américaine – Hugh C. Thompson, Jr. – et ses deux coéquipiers, qui survolaient la zone par hasard, tentèrent vainement d'intervenir pour mettre fin à ce massacre. Ils ne pourront sauver qu'une douzaine de villageois en les embarquant à bord de leur hélicoptère.
Un an plus tard, le soldat Ron Ridenhour, stupéfait par le témoignage d'un participant du massacre, révéla cette atrocité commise par les Américains au Viêt Nam.
Suites et condamnations
En 1971, une enquête suivie d’un procès a abouti à la condamnation du lieutenant William Calley à la prison à vie pour meurtres prémédités. Cependant, deux jours après son incarcération, une intervention du président Richard Nixon a ordonné son assignation à résidence dans l'attente du jugement en appel. Après celui-ci, Calley a passé trois ans et demi assigné à résidence à Fort Benning, en Georgie. J. Robert Elliott, juge fédéral, a ordonné sa libération le 25 février 1974 après l'invocation par Calley de l'Habeas Corpus pour contester sa mise aux arrêts. Calley a toujours proclamé qu'il avait suivi les ordres de son capitaine, Ernest Medina. Medina a nié avoir donné de tels ordres et a été acquitté dans un autre procès. La plupart des soldats impliqués dans le massacre ont quitté l'armée et, sur les 26 hommes initialement inculpés, seul le lieutenant Calley a été condamné.
Cette affaire a contribué pour une large part à la montée en puissance du mouvement pacifiste aux États-Unis. Il a été largement évoqué au cours des séances du Tribunal Russell.
Pour l'intellectuel américain Noam Chomsky, Mỹ Lai n'était qu'une « banalité », un épisode dans « une opération militaire appelée Wheeler Wallawa, qui était une énorme opération de génocide, au cours de laquelle les raids des B-52 ciblaient les villages »[2].
Quarante et un an après les faits qui continuent de hanter William Calley, celui-ci a exprimé en privé le mercredi 19 août 2009 des remords devant les membres du Club des Kiwanis de l'agglomération de Columbus (Géorgie du sud) : « Il ne se passe pas un jour sans que je ressente des remords pour ce qui s'est passé ce jour là à My Lai. J'éprouve des remords pour les Vietnamiens qui ont été tués, pour leurs familles, pour les soldats américains impliqués et pour leurs familles. Je suis profondément désolé »[3].
Au cinéma
Joseph Strick a réalisé en 1970 un court-métrage documentaire sur le sujet, Interviews with My Lai Veterans (en), qui remporta l'année suivante l'oscar du meilleur court-métrage documentaire. Cinq soldats ayant participé au massacre y témoignent et tentent d'expliquer leurs actes.
Une scène de Platoon (1986), du cinéaste américain Oliver Stone, comporte une allusion explicite au massacre. Oliver Stone envisageait de porter cet événement à l'écran dans un film intitulé Pinkville, mais la grève des scénaristes aurait fortement compromis l'aboutissement du projet[4].
De même, dans le film Tigerland de Joel Schumacher (2000), le massacre de Mỹ Lai est évoqué par un soldat en réponse à son sergent qui lui ordonne de tirer sur tout ce qui bouge, « que ce soit une femme, un p'tit gosse ou Johnny le fils du voisin ».
Par allégorie, il faut aussi citer le western Soldier Blue (Soldat bleu) réalisé en 1970 par Ralph Nelson ; le 29 novembre 1864, une tribu cheyenne (plusieurs centaines de femmes enfants et vieillards) fut massacrée par les soldats du colonel John Chivington (Iverson dans le film). Cette tuerie est connue sous le nom de Massacre de Sand Creek. Comme à Mi Lay il y eut un procès. Comme Calley partiellement libéré sur ordre présidentiel après avoir été condamné, le colonel fut seulement blâmé et destitué.
Notes et références
- (en) My Lai Massacre
- Noam Chomsky, Comprendre le pouvoir : tome I, Aden, 2005, p. 72-73.
- « Massacre du village de My Lai : les excuses du lieutenant Calley », LeMonde.Fr, 22 août 2009.
- Le projet « Pinkville » d'Oliver Stone serait abandonné malgré un accord provisoire entre la United Artists et la WGA sur http://www.showbizz.net/
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Kendrick Oliver, The My Lai massacre in American history and memory, Manchester University Press, 2006.
Articles connexes
Lien externe
- (en) Sur le massacre
Catégories :- Massacre
- Massacre ou atrocité visant un village
- Guerre du Viêt Nam
- Crime de guerre
Wikimedia Foundation. 2010.