- Marquis de Thibouville
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Henri-Lambert de Thibouville
Henri-Lambert d'Herbigny, marquis de Thibouville (1710-1784) fut un écrivain et un homme d'esprit français.
Né à Paris, il était le fils d'un conseiller d'État. Il suivit d'abord la voie des armes, où il obtint le grade de mestre de camp dans le régiment des dragons de la Reine. Il délaissa ensuite cette carrière pour celle des lettres, et se lia à Voltaire avec lequel il entretint une correspondance assidue : on a plus de cinquante lettres adressées par Voltaire à Thibouville. Son goût pour le théâtre et la déclamation le poussa à servir auprès de Voltaire le rôle d'intermédiaire auprès des acteurs qui jouaient les pièces du maître, et quelquefois avec les éditeurs pour leur publication.
Sommaire
Œuvres
La réputation de Thibouville reposa plus sur son esprit que sur son talent, et ses œuvres ont été peu estimées. Il a néanmoins laissé :
- Thélamine, tragédie, 1739 ;
- L'École de l'Amitié, roman, 1757 ;
- Le Danger des passions, ou anectodotes syriennes et égyptiennes, 1758 ;
- Réponses d'Abeilard à Héloïse, 1758 ;
- Namir, tragédie, 1759[1] ;
- Qui ne risque rien n'a rien, 1772 ;
- Plus heureux, 1772.
Mœurs
Son homosexualité notoire[2] ne l'empêcha pas de se marier en 1731 avec Louise-Élisabeth de Rochechouart, et même de prendre une maîtresse, Mélanie de Laballe[3], ce qui ne laissa pas dupes les plaisants qui répandirent l'épigramme :
Agnès, débutant dans le monde,
Prétendait avoir des amants;
Mais d’avoir la panse un peu ronde
Lui déplaisait, à quatorze ans.
« Ah! ménagez du moins ma taille,
Disait-elle à certain marquis. —
Le propos, dit-il, est exquis!
Suis-je né parmi la canaille!
Sur moi vous pouvez faire fond:
Vous connaîtrez, jeune merveille,
Que jamais enfants ne se font
Ni parle c.. ni par l’oreille.Voltaire lui-même, dans les premières éditions de La Pucelle d'Orléans, avait accolé son nom à celui du duc de Villars, accusé du même vice, dans les vers suivants :
Tels on a vu Thibouville et Villars,
Imitateurs du premier des Césars,
Tout enflammés du feu qui les possède,
Tête baissée attendre un Nicomède;
Et seconder, par de fréquents écarts,
Les vaillants coups de leurs laquais picards.Il nie dans une lettre adressée à Thibouville être l'auteur véritable de ces vers[4], mais Voltaire nous a habitué à ces désaveux obligés.
Notes
- ↑ Cette pièce fut représentée le 12 novembre 1759. Grimm, qui la qualifie d’insipide, raconte que la représentation ne fut point achevée : au quatrième acte, Le Kain, qui avait le rôle principal, fut obligé de s'avancer sur le devant de la scène et de dire « Messieurs, si vous le trouvez bien, nous aurons l'honneur de vous donner la petite pièce », et que le parterre ne se fit point presser. Fréron remarqua toutefois, dans l’Année littéraire, qu'il avait vu de plus mauvaises pièces accuillies avec plus d'indulgence.
- ↑ Grimm le décrit comme « plus attaché encore que M. de Villette au culte de cet amour que nos sages ont si rudement proscrit, mais que ceux de l’ancienne Grèce excusaient avec tant d’indulgence. »
- ↑ Elle débuta à la Comédie Française en 1746 dans le rôle d'Agnès de l’École des femmes et mourut de la petite vérole en 1748, âgée de seize ans.
- ↑ « Ma pauvre Pucelle devient une p..... infâme, à qui on fait dire des grossièretés insupportables. On y mêle encore de la satire ; on glisse, pour la commodité de la rime, des vers scandaleux contre les personnes à qui je suis le plus attaché. » (Voltaire, Lettre à M. le marquis de Thibouville datée du 21 mai 1755).
Sources
« Henri Lambert d'Erbigny, marquis de Thibouville », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail de l’édition]
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