- Marie Crous
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Marie Crous est une mathématicienne du XVIIe siècle.
Sommaire
Biographie
D'origine modeste, soutenue par son père, Marie Crous est la maîtresse d'écriture et la préceptrice de Charlotte-Rose de Caumont La Force[1]. Elle publie sans doute dès 1636 (le privilége qui est à la fin de son livre est du 31 décembre 1635). puis en 1641, une étude sur le système décimal qu'elle dédie à « la princesse au teint de safran », Madame de Combalet, duchessse d'Aiguillon, nièce du Cardinal de Richelieu et mécène reconnue ; une des amies de Marin Mersenne. Pour autant, Marie Crous ne sera jamais citée par les membres éminents de l'académie du père minime et ne parviendra jamais au statut de femme savante[2].
Une publication fondatrice
Son ouvrage, décalqué de Simon Stevin, va pourtant bien au delà de ce qu'on donnait alors dans les manuels de calculs. Selon ses propres mots : « il ne se trouvera aucun livre premier que celuy-cy où cette invention soit enseignée, estant toute deue aux veilles de votre tres humble servante.» Elle introduit dans cet ouvrage deux innovations fondamentales : le point (aujourd'hui la virgule en France) pour séparer la mantisse de la partie décimale mais aussi l'écriture d'un zéro dans la partie décimale lorsque la place est absente. Ce faisant, elle donne leur forme actuelle aux nombres décimaux. Elle nomme alors les zéros des « nuls », comme le faisaient les Allemands.
Maîtresse d'écriture et de calcul, elle développe par ailleurs la méthode de Pestalozzi et ce qu'elle nomme la division de dénomination, très utile pour les calculs mentaux, notamment dans son application à la règle de trois.
Un esprit indépendant
L'ouvrage (une première version de ses travaux date de 1635-1636) commence par une Épître à sa noble protectrice. Elle lui rend grâce de sa protection en ces termes : « Vous savez, à l’imitation de ce grand Dieu, relever les simples à bas (de quoi je suis du nombre, je le confesse ingenument). » Pour autant, elle ne lui attribue pas le mérite de ses inventions[3]. Dans la préface de son Abrégé recherche, Marie Crous assure qu'elle fait ce livre pour « soulager celles des filles qui s'exercent en cette science tant pour la nécessité de leurs affaires que pour le contentement de leur esprit ».
Une visionnaire
Dans sa préface à Charlotte de Caumont, elle écrit :
« Il me semble que c'est aux souverains de changer la division de leurs monnaies, poids et mesures, car pour l'ausneur et le toiseur, avoir marqué leurs mesures en dixième sur le côté où les marques du souverain ne sont... »
Par cet avis, Marie Crous jette véritablement les bases d'un système métrique[4] décimal.
Le mathématicien Olry Terquem regrettait qu'on n'ait pas donné son nom à une rue de Paris. Plus récemment, Catherine Goldstein lui a consacré une partie de son article Neither public nor private: mathematics in early modern France.
Notes et références
- Luc Capdevila, Le genre face aux mutations: masculin et féminin, du Moyen Âge à nos jours, Presses universitaires de Rennes, 2003, p.132.
- (en) Catherine Goldstein, public nor private: mathematics in early modern France.
- François VIète dans sa préface de son Isagoge à Catherine de Parthenay. Lire (en) Catherine Goldstein, Neither public nor private: mathematics in early modern France. Dans son article, Catherine Goldstein fait remonter cette habitude à
- Jean-Pierre Poirier, Histoire des femmes de science en France: du Moyen Age à la Révolution, Pygmalion/Gérard Watelet, 2002, p.380.
Biographie
- Abrégée recherche de Marie Crous, pour tirer la solution de toute proposition d'arithmétique, dépendantes des règles y contenues ; avec quelques propositions sur les changes, escomptes, intérêt, compagnie, associations, paiements, départements de deniers, mélanges, bureau des monnaies et toisages, divisé en trois parties. ENsemble un avis sur les dixmes ou dixièmes du sieur Stevin, à Paris, chez Jacques Auvray. 1661.
- M. Olry Terquem, publié par T. Bachelier, article sur Marie Crous p. 200 et seq. Ou Nouvelles annales de mathématiques, Volume 14 p. 200 et seq (1852).
- [PDF] Georges Maupin, Opinions et curiosités touchant la mathématique (deuxième série) d'après les ouvrages français des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècle, édité à Paris chez Naud (1898). pp. 230-243.
- (en) Catherine Goldstein, Neither public nor private: mathematics in early modern France.
Catégories :- Mathématicienne
- Mathématicien français
- Date de naissance inconnue (XVIIe siècle)
- Date de décès inconnue (XVIIe siècle)
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