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Marie-Catherine de Villedieu
Marie-Catherine de Villedieu Gravure de Charles DevritsActivité(s) Écrivaine Naissance 1640
AlençonDécès 1683
ClinchemoreLangue d'écriture Français Marie-Catherine Desjardins, dite de Villedieu, née à Alençon vers 1640 et morte au manoir de Clinchemore à Saint-Rémy-du-Val le 20 octobre 1683, est une écrivaine française.
Marie-Catherine Desjardins est issue de la petite noblesse terrienne. Fille d’un couple au service d’une famille illustre, les Rohan-Montbazon, elle ne gardera de son père, Guillaume Desjardins, qu’un souvenir de violentes chicanes – il dépose, en 1655, une requête contre sa fille et son neveu, François Desjardins de Saint-Val, qu’il accuse de s’être liés secrètement par une promesse de mariage. Ses parents se séparent alors qu’elle est encore très jeune, ce qui lui donne une indépendance et une liberté assez rares pour l’époque : installée dans le Paris de l’après-Fronde, Tallemant des Réaux dit d’elle qu’elle y « vit sous sa bonne foy[1] ». Là, elle compense rapidement son manque de naissance et de richesse, mais aussi sa laideur, par l’exercice de son esprit, lequel, de son propre aveu[2], est brillant ; elle le prouve notamment à travers les premières poésies qu’elle compose, mais aussi ses portraits. On l’admire dans les salons parisiens, où elle s’acquiert de solides protections (Anne Marie Louise d'Orléans de Montpensier, Marie de Nemours, le duc de Saint-Aignan, Hugues de Lionne…).
L’année de ses dix-huit ans, Marie-Catherine fait la rencontre décisive de son existence en tombant éperdument amoureuse d’Antoine de Boësset, sieur de Villedieu, fils d’un célèbre musicien du roi Louis XIII. Commence une liaison tumultueuse célébrée par l’écrivaine dans un sonnet jugé scandaleusement libertin[3]. Après une promesse solennelle de mariage signée en Provence, devant prêtre et notaire, le 21 juin 1664, survient la rupture définitive en 1667. Au cours du « tragique été » [4] de la même année, Marie-Catherine Desjardins voit son amant mourir au siège de Lille et sa correspondance amoureuse publiée sans son consentement par le libraire-éditeur Claude Barbin[5]. C’est forte de cette seule promesse que Marie-Catherine put se faire appeler « de Villedieu » et se faire officiellement considérer, avec l’approbation de sa belle-famille, comme sa veuve.
Alors qu’elle avait donné trois pièces à la scène (la tragi-comédie Manlius, jouée avec succès par les comédiens de l’hôtel de Bourgogne en 1662 et qui suscita une querelle entre Donneau de Visé et l’abbé d’Aubignac concernant l’authenticité historique de la pièce ; la tragédie Nitétis, jouée le 27 avril 1663 et la tragi-comédie le Favori, le 14 janvier 1665 à Versailles et en juin 1665 à Paris), Marie-Catherine de Villedieu délaisse son activité de dramaturge pour se tourner résolument vers l’écriture romanesque.
Les succès s’enchaînent au prix d’un intense labeur : de 1669 à 1675, pressée par de sérieuses difficultés financières, la romancière ne cesse d’écrire et de publier. Avec ses Mémoires de la vie de Henriette-Sylvie de Molière, parues en 1671, elle invente le genre littéraire du roman-mémoires. Les célèbres Désordres de l’amour (1675) marquent son retrait officiel de la scène littéraire. Un an plus tard, Louis XIV devait enfin lui accorder la pension royale tant sollicitée ; encore sera-t-elle bien mince : 600 livres.
En 1677, Marie-Catherine de Villedieu se marie avec Claude-Nicolas de Chaste, chevalier, sieur de Chalon. Union éphémère puisque l’officier mourut deux ans plus tard, non sans avoir permis à Marie-Catherine de devenir mère pour la première fois, à l’âge de trente-huit ans. Retirée dans la demeure familiale, à Clinchemore, auprès de sa mère et de ses frère et sœur (François et Aimée), Mme de Chaste y meurt en 1683. C’est là que Claude Barbin s’empare des dernières productions de l’écrivaine (le Portrait des faiblesses humaines, posth. 1685 ; Les Annales galantes de Grèce, posth. 1687).
Le succès littéraire de Marie-Catherine de Villedieu explique les nombreuses fausses attributions dont elle fit l’objet dès le XVIIe siècle[6], ainsi que la rumeur selon laquelle elle aurait été admise à l’Académie des Ricovrati de Padoue.
Jugements
- Tallemant des Réaux : « C’est une personne qui, toute petite, a eu beaucoup de feu ; elle parlait sans cesse. Voiture, qui logeait en même logis que la mère, prédit que cette petite fille aurait beaucoup d’esprit, mais qu’elle serait folle. [...] Elle a une facilité étrange à produire ; les choses ne lui coûtent rien, et quelquefois elle rencontre heureusement. Tous les gens emportés y ont donné tête baissée, et d’abord ils l’ont mise au-dessus de Mlle de Scudéry et de tout le reste de femelles[7]. »
- Voltaire : « Elle a fait perdre le goût des longs romans. »
Notes
- ↑ Historiettes
- ↑ Portrait de Mademoiselle Desjardins par elle-même
- ↑ Jouissance, 1658
- ↑ Micheline Cuénin
- ↑ Lettres et billets galants, 1667
- ↑ Dom Carlos ; Le Prince de Condé ; Mademoiselle d’Alençon ; Mademoiselle de Tournon ; Astérie, ou Tamerlan…
- ↑ Historiettes.
Œuvres
- Alcidamie (1661)
- Les Amours des Grands Hommes (1671)
- Anaxandre. Nouvelle, Jean Ribou, Paris (1667)
- Les Annales galantes (1670)
- Les Annales galantes de Grèce (1687)
- Carmente, histoire grecque (1668)
- Cléonice ou le Roman galant. Nouvelle (1669)
- Les Désordres de l’amour (1675)
- Les Exilés (1672-1673)
- Fables ou Histoires allégoriques dédiées au roy, Claude Barbin, Paris (1670)
- Le Favori, tragi-comédie, [s.n.], Paris ; Amsterdam (1666)
- Les Galanteries grenadines (1672-1673)
- Le Journal amoureux (1669-1671)
- Lettres et billets galants (1667)
- Lisandre. Nouvelle (1663)
- Manlius Torquatus, tragi-comédie, [s.n.], Paris (1662)
- Mémoires de la vie de Henriette-Sylvie de Molière (1672-1674)
- Nitétis, tragédie, 1663
- Nouveau recueil de pièces galantes (1669)
- Les Nouvelles africaines (1673)
- Le Portefeuille (1674)
- Le Portrait des faiblesses humaines, Henry Desbordes, Amsterdam (1686)
- Récit en prose et en vers de la farce des Précieuses (1660)
- Recueil de poésies, C. Barbin, Paris (1662)
- Recueil de quelques lettres et relations galantes (1668)
Œuvres en ligne
- Anaxandre. Nouvelle
- Fables ou Histoires allégoriques dédiées au roy
- Le Favori, tragi-comédie, [s.n.], Paris ; Amsterdam (1666)
- Manlius Torquatus, tragi-comédie
- Le Portrait des faiblesses humaines
- Récit en prose et en vers de la farce des Précieuses (1660)
- Recueil de poésies, C. Barbin, Paris (1662)
Bibliographie
- Manlius et Le Favori, éd. Henriette Goldwyn, in A. Evain, P. Gethner, H. Goldwyn (dir.), Théâtre de femmes de l'Ancien Régime, vol. 2, XVIIe siècle, Saint-Étienne, Publications de l'Université, 2008 [orth. et ponctuation modernisées, format poche].
- Micheline Cuénin, "Roman et société sous Louis XIV: Madame de Villedieu (Marie-Catherine Desjardins 1640-1683)", Paris, Honoré Champion, 1979.
- Edwige Keller-Rahbé, Madame de Villedieu romancière. Nouvelles perspectives de recherches, Lyon, Presses Universitaire de Lyon, 2004.
Liens externes
- Site Madame de Villedieu
- Notice bio-bibliographique de Mme de Villedieu, par Donna Kuizenga (2004), pour le Dictionnaire des femmes de l’Ancienne France de la SIEFAR
- Micheline Cuénin, Roman et société sous Louis XIV : Madame de Villedieu (Marie-Catherine Desjardins 1640-1683), Paris, Champion, 1979, 2 t. ; en ligne sur le Site Madame de Villedieu, Copyright © Editions Honoré Champion 2007
- Études consacrées à l’œuvre de Mme de Villedieu
- Les pièces de Marie-Catherine Desjardins et leurs représentations sur le site CÉSAR
- Théâtre de femmes de l'Ancien Régime: extraits de pièces, présentation du théâtre de Mme de Villedieu, actualités sur son œuvre dramatique.
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