Marie-Joséphine-Angélique Mongez

Marie-Joséphine-Angélique Mongez

Artiste peintre, Marie-Joséphine-Angélique Levol est née à Conflans-l’Archevèque, près de Paris, le 1er mai 1775 de Marcel-Sulpice Levol et de Marie-Louise Papillon. De son mariage avec Mongez, naturaliste célèbre, de 28 ans plus âgé, frère du minéralogiste Jean-André, qui embarqua avec Lapérouse, devait naître un fils, Irénée-Alexandre, né en 1803 et décédé à Paris le 15 novembre 1808[1].

Sommaire

Biographie

Les influences

Le milieu familial

Fait curieux, le couple se maria trois reprises. Mongez, encore religieux, mais empressé de s’unir avec celle qui selon Walckenaer[2], «devait faire le bonheur et la gloire de sa vie», n’attendit pas que le Pape lui en eût donné la permission, ni même que la nouvelle république eût ouvert des registres civils. Le 9 juin 1792 àccompagnés de Dacier, son confrère de l’Académie, de Lacépède et de l’abbé Sieyès, il se présenta avec sa future épouse devant l’officier municipal qu’il avait fait assigner à cet effet, et fit publiquement une déclaration de mariage, aussitôt consignée au procès-verbal de la séance. Lorsque la loi eut déterminé les nouvelles formes de l’état-civil, Mongez se conforma à tout ce qu’elle exigeait et le 1er juillet 1793 se présenta de nouveau devant un officier d'état-civil. Bien plus tard, un bref du Pape l’autorisa à se marier conformément aux canons de l’Eglise ; ce qu'il fit, le 26 octobre [1814], dans sa paroisse de Saint-Germain-des-Près.

Le milieu artistique

Angélique Levol fut d’abord pendant les années 1790, l’élève, de Regnault puis de David, déjà reconnus comme les chefs de l’école française. C’est par l’intermédiaire de David qu’elle rencontra Mongez dont il était l’ami ainsi que Jean-Paul Marat, ce qui contribua d’ailleurs à donner au couple une réputation sulfureuse. David, reconnaissait en elle les plus heureuses dispositions ; et c’est à ce titre qu’il se plut à perfectionner son talent pour le genre historique. En effet ses tableaux appartiennent tous à la peinture d’Histoire, à l’histoire ancienne ou à celle des temps fabuleux ou héroïques. Ils contribuèrent à faire persévérer Mongez dans une orientation de recherche qu’il avait depuis longtemps entrepris sur les costumes et habillements. Ainsi, le mari préparait scientifiquement ce que la femme peignait. D’ailleurs cette complicité ne s’arrêta pas là et, en retour, Angélique Levol illustra de 380 figures le «Dictionnaire d’Antiquité» dont son mari composa le texte. Toutefois, si la peinture d’histoire était le genre noble par excellence elle ne manquait pas de poser de sérieux problèmes au couple à l'occasion des soubresauts politiques du début du XIXe siècle. L'amitié de David, qui avait facilité leur insertion dans la société politique de l’Empire, risquait de leur fermer les portes sous la Restauration. Sans compter des complaisances pour Marat, acceptées pour dissimuler le girondisme initial de Mongez lors de la prise de pouvoir par les Montagnards. Bref, il fallait rentrer en grâce, s’attirer la bienveillance du pouvoir, et ne pas paraître trop à gauche sur l’échiquier politique de la seconde Restauration dans un climat naissant de terreur blanche. La peinture devait y pourvoir : on fera un portrait de Louis XVIII. Ainsi, la peinture d’histoire présentait bien quelques difficultés politiques. Le tout était de rebondir, ce que les Mongez surent faire grâce à leur entregent et leur réseau.

Les expositions

Angélique Levol exposa au Salon pour la première fois en 1802 et cela jusqu’en 1827. Ses talents étaient déjà reconnus lorsqu’au Salon de 1804, elle reçut l’unique médaille d’or de première classe, ainsi qu’une autre en 1827. Fait intéressant, elle fut la première femme à exposer un tableau d’histoire de grandes dimensions au Salon. Dans la hiérarchie des genres, la [peinture d’Histoire] était alors la plus importante, car elle était jugée seule capable d’instruire et d’élever l’esprit. Or, l’étude du nu, en théorie inaccessible aux femmes, est la base même des tableaux d’histoire aux sujets mythologiques. De ce fait, ils étaient réservés aux hommes. Astyanax arraché à sa mère, tableau qu’elle exposa au Salon de 1802 provoqua beaucoup de débats parmi les critiques. Certes, «Le Journal des Arts» affirmait bien que le tableau faisait partie des plus belles œuvres de l’école moderne mais, cependant, d’autres critiques en attribuaient les parties les plus belles à David. Au reste, Jean-Baptiste Boutard, du Journal des Débats pouvait écrire : «On est assez d’accord que ce tableau, est, dans plus d’une partie, œuvre de main de maître». Au Salon suivant (1804), Angélique Levol exposa une autre grande figure d’Histoire : Alexandre pleurant la mort de la femme de Darius Ier pour lequel elle reçut une médaille d’or. A nouveau certains critiques jugèrent que l’œuvre méritait des éloges alors que d’autres rejetaient de plus en plus nettement l’idée qu’une femme pût être peintre d’Histoire. En 1806, elle exposa au Salon «Thésée et Pirithoüs» , tableau de grandes dimensions acheté par le prince Youssoupoff, grand collectionneur de tableaux français néo-classiques. La toile fut ouvertement critiquée en raison de la nudité des deux personnages. Femme et peintre d’Histoire étaient alors jugés incompatibles ; la pudeur des femmes l’exigeait. Plusieurs critiques pensaient même qu’Angélique Levol devait arrêter de peindre des sujets historiques et se consacrer exclusivement à des thèmes plus convenables à son sexe, ce qu’elle refusa et continua d’en peindre et de les exposer au Salon. Mais les critiques, acerbes perduraient. Ainsi, en 1827, le critique Delécluze écrivait : «Madame Mongez a imité David. Le Romulus des Sabines reparaît là dans toute sa nudité». Ce commentaire était destiné aux «Sept Chefs devant Thèbes», du Musée d’Angers. Inlassable, elle allait peindre de l’Histoire jusqu’à sa fin et réalisa, un an avant sa mort, un «Christ en Croix» (1854) pour l’église St-Pierre-de-Charenton.

Les emprunts

Parfois, on l’a vu, Angélique Mongez faisait des emprunts à d’autres peintres. Pour les «Sept chefs devant Thèbes», Stéphanie Dermoncourt[3] relève que son «Polystrate[4] portant de l’eau à Darius» ressemble fort à l'Œdipe d’Ingres. Plus loin, cette historienne de l’art indique que «le style de Madame Mongez semble d’ailleurs avoir évolué vers l’art d’Ingres». Ces quelques observations soulignent un savoir-faire talentueux et mais aussi de réels talents de copistes qui l'influençèrent dans le choix des sujets.

Angélique Levol décéda à Paris le 20 février 1855, non sans avoir légué au Musée du Louvre le «Portait de Monsieur et Madame Mongez» peint par David en 1812 dans le style de la Renaissance flamande[5]. Mentionnée en passant dans les textes publiés à la fin du XIXe et au cours du XXe siècle comme l'élève de David, Angélique Mongez a droit à beaucoup plus d’égard depuis la fin des années 1990. Elle figure dans plusieurs articles et livres consacrés aux peintres féminines de la Révolution. Ainsi, plusieurs auteurs ont examiné les conditions qui lui ont permis de devenir peintre d’histoire en dépit des conservatismes de l’époque. Elle eut une influence certaine sur petits-neveux Flachéron[6], intimes d’Ingres, un autre élève de David.

Les tableaux

exposés dans les salons

  • 1802, Astyanax arraché à sa mère
  • 1804, Alexandre pleurant la mort de la femme de Darius
  • 1806, Portrait de femme
  • 1806, Thésée et Pirithoüs purgeant la Terre des brigands, délivrent deux femmes des mains des ravisseurs (Russie, château d'Arkhangelskoïe)
  • 1808, Orphée aux Enfers
  • 1810, La mort d’Adonis
  • 1812, Persée et Andromède
  • 1814, Persée et Andromède
  • 1814, Mars et Vénus (appartenait à M. de Sommariva)
  • 1819, Saint-Martin partage son manteau pour en couvrir un pauvre
  • 1827, Les sept chefs devant Thèbes (Musée d’Angers)

non exposés dans les salons

  • s.d., Portrait de Napoléon Ier (commandé par la ville d’Avignon)
  • 1815, Portrait de Louis XVIII (Musée de Tours)
  • 1838, La mort de Darius (donné au Musée de Lyon en 1851)
  • 1838, Portrait de Ledru-Rollin (Musée Carnavalet)
  • 1854, Le Christ en Croix

Notes et références

  1. La cérémonie funèbre eut lieu à St-Germain-des-Près.
  2. Charles Athanase Walckenaer, Notice historique sur la vie et les ouvrages de M. Mongez, Paris, 1849, p. 19.
  3. Dermoncourt (Stéphanie), La peinture d’histoire au XIXème siècle au Musée des Beaux-Arts de Lyon, Mémoire de maîtrise d’histoire de l’art sous la direction de Gilles Chomer, Université Lyon II, 1995, p. 26.
  4. philosophe grec connu uniquement par deux épigrammes de l’Anthologie palatine retrouvés à Herculanum.
  5. Le tableau est ainsi dédicacé aux modèles en latin : Amicos Antonium Mongez et Angelicam Uxorem Amicus Ludovicus David. Anno MDCCCXII,
  6. Sine Dolo n° 4, octobre 2002, pp. 251-262 et n°7, décembre 2006, pp. 179-194.

Sources

  • Sine Dolo, n°6, décembre 2004, pp. 293-352.
  • Sine Dolo est une société généalogique et historique, dont le siège est situé chez Fabien Cler, 6, impasse Jean-Jacques Rousseau à Tournus (71 700). Tous les deux ans, l’association fait paraître un fort volume de mémoires consultables à la BNF, aux Archives de l’Ain, du Rhône, à la Bibliothèque Municipale de Lyon, aux Archives municipales de Lyon, à la Société généalogique du Lyonnais et au Musée Gadagne à Lyon. Pour plus de détails sur cette société, consultez le site site sinedolo

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