- Marc Vitruve
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Vitruve
Pour les articles homonymes, voir Vitruve (homonymie).Vitruve (Marcus Vitruvius Pollio) est un architecte romain qui vécut au Ier siècle av. J.-C. (on ne connaît pas avec précision la période à laquelle il aurait vécu, on évalue sa naissance aux alentours de 90 av. J.-C. et celle de sa mort aux alentours de 20 av. J.-C.[1]).
Après avoir été soldat en Gaule, en Espagne et en Grèce, constructeur de machines de guerre[2], il devient architecte à Rome. Il nous dit de lui-même qu'il n'est pas grand, et se plaint des affres de l'âge[3]. Sa prose, à la fois technique et imagée, comporte essentiellement des phrases courtes, et son vocabulaire paraît avoir été celui des artisans. Vitruve fut à la fois vulgarisateur et compilateur de sorte qu'on lui attribue l'invention du module quinaire dans la construction des aqueducs ; cependant il n'est que le dépositaire d'une tradition déjà ancienne[4].
Sommaire
De Architectura
Il est l'auteur d'un célèbre traité d'architecture, De Architectura (en français Au sujet de l'Architecture), écrit à la fin de sa vie (14 av. J.C.), et qu'il dédie à l'empereur Auguste. Ce livre se présente comme une encyclopédie des techniques de l'Antiquité romaine, et fait l'éloge à son dédicataire de la fonction d'architectus, intermédiaire entre celle de l'architecte grec et de l'ingénieur militaire romain ; éloge fort nécessaire, puisqu'il semble qu'à Rome, ce métier n'était pas beaucoup mieux considéré que celui de simple artisan. Or, selon Vitruve, l'architecture est « science qui s'acquiert par la pratique et la théorie ». L'architecte doit avoir de nombreuses connaissances en géométrie, en dessin, en histoire, en mathématiques, en optique.
C'est le seul traité d'architecture qui nous soit parvenu de l'Antiquité, et les architectes de la Renaissance comme les Italiens Sebastiano Serlio et Palladio s'en inspirèrent beaucoup, jusqu'à l'architecture classique et baroque, où Claude Perrault (1613-1688) commence à remettre en question l'interprétation de ses principes.
Le Moyen Âge a connu Vitruve mais, malgré l'existence de quelques manuscrits, souvent de façon indirecte : ainsi l'épisode d'Archimède et la couronne du roi Hiéron II nous est-elle connue par Vitruve[5]. C'est à l'érudit Leone Battista Alberti que l'on doit le regain de faveur du De Architectura, dans les années 1420. Pour établir le texte de la première édition imprimée (Rome, 1486, impr. G. Herolt, 2 volumes in-folio), Sulpizio da Veroli dut collationner plusieurs manuscrits puisqu'aucun ne comportait le texte complet, mais s'appuya essentiellement sur le manuscrit de l'Escurial (daté du XIe siècle).
Vitruve est connu pour son étude des proportions anatomiques de l'homme, reprise par Léonard de Vinci dans « l'Homme de Vitruve » (croquis d'un homme à 4 bras et 4 jambes inscrit dans un cercle).
En France, Guillaume Philandrier est l'auteur de la première édition critique du texte latin (Lyon, 1552, impr. Jean de Tournes).
Sommaire
- Livre 1 : organisation urbaine, architecture en général, compétences de l'architecte.
- Livre 2 : matériaux de construction.
- Livre 3 : temples et ordres architecturaux.
- Livre 4 : suite du livre 3.
- Livre 5 : bâtiments civils.
- Livre 6 : architecture domestique.
- Livre 7 : parements et décoration.
- Livre 8 : adduction en eau.
- Livre 9 : sciences influençant l'architecture - géométrie, astronomie, etc.
- Livre 10 : utilisation et construction de machines.
Bibliographie
Traductions en français
Le texte est d'abord traduit en italien : éditions de Mauro et Cesariano (Côme, 1521), de F.L. Durantino (Venise, 1524), de G.B. Caporali (Pérouse, 1535).
Il existe plusieurs traductions en français :
- en 1547 par Jean Martin (illustrations de Jean Goujon) ;
- en 1673, par Claude Perrault « Traduction des dix livres d'architecture de Vitruve », éd. J.-B. Coignard, Paris[6] ;
- en 1847, par Ch.-L. de Maufras « L'Architecture de Vitruve » (1847), éd. Panckoucke, 2 vol. in-8°, Paris.
L'édition des Universités de France (coll. « Budé ») est en cours et les livres VIII et X ont paru.
Études sur Vitruve
- J. Caye, Empire et décor. Le vitruvianisme et la question de la technique à l'âge humaniste et classique, avec 6 dessins de Didier Laroque, Paris, J. Vrin, 1999.
Voir aussi
Liens externes
- Les dix livres de l'architecture dans la traduction de Jean Martin
- Vitruve et ses dix livres d'architecture
- La BNF a mis en ligne trois traductions du de architectura de Vitruve : celle de Jean Martin (1547), chez Jean Baptiste Coignard, avec notes ; celle de Perrault (1673), et enfin celle de Ch. L. Maufras, avec texte latin (1847)
- Base ARCHITECTURA du Centre d'Études Supérieures de la Renaissance
- Exemplaire numérisé de la quatrième édition imprimé du De Architectura, sur le site des Bibliothèques virtuelles humanistes
Notes et références
- ↑ BNF, recherche Vitruve dans la base Gallica de la BnF.
- ↑ « Itaque cum M. Aurelio et P. Minidio et Cn. Cornelio ad apparationem balistárum et scorpionum reliquórumque tormentórum refectionem fui præsto... ». De architectura, livre I, Préambule.
- ↑ « Mihi autem... staturam non tribuit natura, faciem deformavit ætas, valetudo detraxit vires. », De architectura, livre II, Préambule
- ↑ l'architecture de Vitruve, traduction de Ch. L. Maufras, introduction
- ↑ Vitruve, De architectura, livre IX, chap. 3.
- ↑ Cette traduction de Claude Perrault, revue par Charles Nisard en 1857, est utilisée pour l'édition donnée en 2006 par les éditions Errance du texte de Vitruve.
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