- Lucius Julius Ursus Servianus
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Lucius Iulius Ursus Servianus
Lucius Iulius Ursus Servianus, né vers 47 et mort en 136, est un homme politique et sénateur de l’Empire romain, trois fois consul en 90, 102 et 134.
Il est une figure publique importante sous les règnes des empereurs Domitien, Nerva, Trajan et Hadrien. Il est consul suffect en 90, sous le règne de Domitien, puis légat propréteur en Germanie Supérieure sous le règne de Nerva, en 97[1]. À la mort de ce dernier le 27 janvier 98, il aurait tenté d'empêcher le voyage d'Hadrien en Germanie pour qu'il ne puisse être le premier à avertir Trajan de la mort de Nerva[2]. Il aurait agi par jalousie devant les faveurs que Trajan accordait à Hadrien. Cependant Hadrien et Servianus se réconcilient rapidement. Les deux hommes se connaissent puisque Servianus a épousé Aelia Domitia Paulina, la sœur aînée d'Hadrien, plus jeune que lui d'une trentaine d'années, avant même l'accession au trône de Trajan[3].
Après avoir été gouverneur de la Germanie Supérieure jusqu'à la mort de Nerva, Trajan le nomme alors gouverneur de la Pannonie. Théodore Mommsen signale ce changement de gouvernance comme « contraire à la règle, car d’abord le gouvernement de Germanie passait pour supérieur en dignité au second ; puis on ne confiait guère au même personnage l’administration de deux provinces aussi importantes sans qu’il se soit écoulé entre les deux gouvernements un certain laps de temps. Cette exception était sans doute motivée par l’agitation qui régnait sur le Danube et qui conduisit bientôt à une guerre plus sérieuse[1]. » Trajan lui accorde des commandements militaires contre les Daces[4].
Le 1er janvier de l’an 102, Servianus revient à Rome et, en conséquence de ses services sur le Rhin et sur le Danube, il est nommé consul pour la seconde fois[1], mais cette fois-ci consul ordinaire ou éponyme en 102, avec Lucius Licinius Sura pour collègue[5]. Avant 104, Pline acquiert de Trajan le ius trium liberorum, des immunités habituellement accordées seulement à des parents d'au moins trois enfants, grâce à l'influence de son ami Servianus[6].
Servianus sert comme président des débats dans certains tribunaux en tant que délégué de l'empereur pour une cause capitale. Il juge notamment une affaire suite au testament d'un jeune homme qui laisse une partie de ses biens à ses affranchis, l'autre à sa mère. Celle-ci porte l'affaire devant l'empereur, accusant les affranchis d'avoir tué leur patron. Pline le Jeune, défenseur des accusés, gagne les deux procès[7],[8].
Paulina et Servianus ont une fille appelée Iulia Serviana Paulina née dans la première partie du règne de Trajan. À l'été 108, Le testament d'un certain Dasumius fait figurer Servianus comme héritier, à moins qu'il ne s'agisse de sa femme ou de sa fille, aux côtés de Pline le Jeune et Tacite notamment[9]. La fille de Servianus est mariée à Gnaeus Pedanius Fuscus Salinator, un futur consulaire et sénateur romain hispanique. Pline le Jeune envoie à son ami Servianus et à sa femme Paulina une lettre de félicitations pour ce mariage[10].
Servianus devient une troisième fois consul en 134 à l'instigation d'Hadrien[11]. C'est le dernier à occuper le consulat plus de deux fois autre que les empereurs et les Césars. Ses relations avec Hadrien semblent bonnes : l'empereur vient à sa rencontre quand Servianus lui rend visite[11], et ils auraient partagé une cérémonie privée en l'honneur d'Aelia Domitia Paulina lors de son décès en 130.
Hadrien aurait pensé d'abord à Servianus comme successeur potentiel[12],[13], mais il le trouve trop âgé : il a dépassé les quatre-vingt dix ans. On parle alors du petit-fils de Servianus, le petit-neveu d'Hadrien, Gnaeus Pedanius Fuscus, un tout jeune homme comme possible héritier. Mais en 136, Hadrien adopte Lucius Ceionus Commodus, qui prend le nom de Lucius Aelius Verus. Il contraint alors Servianus et Fuscus au suicide pour ne pas qu'ils mettent en danger la succession[12], sous prétexte qu'ils auraient désapprouvé cette élection et qu'ils aspireraient à l'Empire[13]. Servianus aurait déclaré avant de mourir : « Je n'ai commis aucun crime, ô dieux ! [...] pour ce qui est d'Hadrien, je vous adresse cette seule prière, qu'il désire la mort sans pouvoir l'obtenir[13] ». Son souhait est exaucé puisqu'Hadrien décède en 138 d'une longue maladie.
Notes et références
- ↑ a , b et c Théodore Mommsen, Étude sur Pline le Jeune, Appendice B
- ↑ Histoire Auguste, Vie d'Hadrien, II
- ↑ Histoire Auguste, Vie d'Hadrien, I
- ↑ Pline le Jeune, Correspondance, livre VIII, 23, 5
- ↑ Histoire Auguste, Vie d'Hadrien, III
- ↑ Martial, Épigrammes, 10,2,1
- ↑ Victor Cucheval, Histoire de l'éloquence romaine, Chap. XII
- ↑ Pline le Jeune, Correspondance, livre VII, 6
- ↑ Théodore Mommsen, Étude sur Pline le Jeune, Livre VIII
- ↑ Pline le Jeune, Correspondance, livre VI, lettre XXVI
- ↑ a et b Histoire Auguste, Vie d'Hadrien, VIII
- ↑ a et b Histoire Auguste, Vie d'Hadrien, XXII
- ↑ a , b et c Dion Cassius, Histoire Romaine, livre LXIX, 17
Bibliographie
- Joël Le Gall et Marcel Le Glay, L'Empire romain, tome 1, PUF, Paris, 1987 (ISBN 2-13-044280-3), p. 463 ;
- John Hazel, Who’s Who in the Roman World, 2e édition, Routledge, Londres, 2002, (ISBN 0-415-29162-3), p. 284.
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