- Louise Renée de Penancoët de Keroual
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Louise Renée de Penancoët de Keroual[1] (1649-1734), duchesse de Portsmouth et d'Aubigny, originaire de Bretagne, fut la maîtresse du roi d'Angleterre Charles II pendant une quinzaine d'années, mais aussi l'agent secret du roi de France, Louis XIV. Saint-Evremond a dit « le ruban de soie qui serrait la taille de Mlle de Keroualle unit la France et l’Angleterre ». Saint-Simon, la considère comme une aventurière.
Sommaire
Jeunesse
Louise Renée de Penancoët de Keroual est née en septembre 1649, au château de Keroual en Guilers, près de Brest. Elle est la fille de Guillaume de Penancoët de Keroual et de Marie de Plœuc, dont le mariage avait été célébré en 1645. La famille compte deux autres enfants : un garçon né en 1646 et une fille, née en 1655. Les deux époux sont nobles : les Penancoët (patronyme qui signifie « bout du bois » en breton) sont une importante famille originaire du Léon, la Maison de Plœuc appartient à la famille de Kergorlay et serait issue des comtes de Poher. Mais les revenus ne sont pas en rapport avec leur rang, et la vie au château est modeste. Louise suit des études au couvent Sainte-Ursule de Lesneven où une de ses tantes est religieuse. L'éducation dispensée aux jeunes filles relève en grande partie du comportement en société.
Remarquée par le duc de Beaufort, grand maître de la navigation, ce dernier lui fait vainement la cour[2], s'engageant même à ce qu'elle devienne demoiselle d'honneur de Madame, la duchesse d'Orléans et belle-sœur de Louis XIV.
De Versailles à Londres
La promesse du duc de Beaufort sera tenue post-mortem. En 1669, Louise Renée arrive au château de Versailles pour se mettre au service de « Madame »", c'est-à-dire la duchesse d'Orléans, belle-sœur, cousine et ancienne liaison du roi, qui est aussi la sœur du roi d'Angleterre, Charles II.
Elle est remarquée par le roi, dont l'actuelle favorite est Madame de Montespan ; plutôt que d’en faire sa maîtresse, il juge qu'elle lui sera diplomatiquement plus utile. Louise Renée perd sa réserve, et apprend vite les us et coutumes de la cour.
En 1670, à la suite de Madame, chargée d'une mission diplomatique par le roi, elle va à Dunkerque, embarquer pour l'Angleterre. Charles II est roi d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande depuis le 29 mai 1660, il n'a pas vu sa sœur depuis neuf ans. Il a peu de sympathie pour le royaume de France et guère plus pour son souverain et cousin. En revanche, à l'instar de son cousin Français, il est un petit-fils du roi Henri IV de France et comme eux, il apprécie beaucoup, c'est un euphémisme, la compagnie des dames, ce que Louis XIV n'est pas sans savoir. Le roi accueille sa sœur au château de Douvres. La réception est somptueuse, outre les retrouvailles familiales, la curiosité du roi a été piquée par les propos du duc de Buckingham, au sujet de la nouvelle dame de compagnie de celle-ci.
Les mentalités évoluent, la signature du Traité de Douvres rapproche les deux royaumes : Charles II se convertit au catholicisme et fournit des troupes, en échange de quoi, Louis XIV lui verse une rente annuelle de 200 000 livres. En remerciement des cadeaux reçus, la duchesse d'Orléans propose à son frère de choisir un bijou dans sa cassette et c'est Louise Renée qui doit le lui remettre ; posant sa main sur celle de la jeune fille, le roi aurait dit : « Voilà le seul bijou que je désire ! ».
De retour à Versailles, la jeune fille aurait émis le souhait de rentrer au couvent, ce dont on l'aurait dissuadé. Manœuvrée par le roi, elle repart pour l'Angleterre, où elle est attendue à Londres.
La Favorite
Logée dans un immense appartement du palais de Whitehall, le roi d'Angleterre vient lui faire sa cour tous les soirs. Du reste, supervisée par la marquis de Croissy, l'ambassadeur de France, Louise Renée connaît parfaitement les impératifs de sa mission.
Au mois d'octobre 1671, elle est invitée à une réception donnée par la comtesse d'Arlington, en présence du roi et de nombreux invités. Pour fêter l'arrivée du roi sans la reine,(le roi était effectivement marié à l'infante Catherine de Portugal mais il avait vite délaissé son épouse et n'en avait pas d'enfant), un faux mariage est organisé, mais la nuit de noce a bien lieu. C'est ainsi que Louise Renée de Penancoët de Keroual devient la maîtresse du roi d'Angleterre. Elle est officiellement nommée demoiselle d'honneur de la reine Catherine (il en allait de même à Versailles, le roi peut ainsi visiter son épouse et voir sa maîtresse).
Louis XIV est informé par son ambassadeur, que son agent a beaucoup de pouvoir sur son amant. En 1672, elle donne naissance à un garçon, Charles Lennox, créé duc de Richmond (1675). La mère reçoit des terres et est titrée duchesse de Portsmouth, comtesse de Fareham et baronne de Patersfield, elle se voit accorder une pension annuelle de 138 000 livres. Si son influence dure environ une quinzaine d'années, jusqu'à la mort du roi le 6 février 1685, sa position n'a pas été néanmoins sans inspirer des haines et des jalousies farouches. En effet, le retour du roi au catholicisme était attribué à sa maîtresse ce qui la rendait d'autant plus impopulaire.
En 1684 Louis XIV, à la demande de Charles II qui fait valoir que cette terre avait appartenu à ses ancêtres les Stuarts, la fait duchesse d'Aubigny (Aubigny-sur-Nère, petite cité berrichonne en Sologne) et Pair de France. Cette même année, elle fait l'acquisition du Château de Trémazan (Finistère), auquel elle joint les terres de Keroual.
Après avoir résidé au château de La Verrerie, « la bonne Dame d'Aubigny », comme l'appelait les habitants, meurt à Paris, rue des Saints-Pères, le 14 novembre 1734, ayant perdu une partie de sa fortune. Elle possédait un chateau à Évry dit " Le chateau du Mousseau " détruit en 1860.
Compléments
La princesse de Galles, Lady Diana Spencer, était l'une des descendantes du fils que Louise de Keroual avait eu du roi Charles II (Charles Lennox, le duc de Richmond).
Le petit-fils de Louise, duc de Richmond, créa en 1735, soit l'année suivant la mort de sa grand-mère, la célèbre Loge maçonnique d'Aubigny où furent initiés le duc d'Antin et Montesquieu. C'est une des premières loges maçonniques créées en France.
Selon Honoré de Balzac, Louise de Keroual aurait apporté en France la mode des robes à panier :
« Les paniers apportés par une anglaise à Paris furent inventés à Londres, on sait pourquoi, par une Française, la fameuse duchesse de Portsmouth; on commença par s'en moquer si bien que la première anglaise qui parut aux Tuileries faillit être écrasée par la foule; mais ils furent adoptés[3]. »
Une rue de Brest dans le quartier St-Marc porte son nom[4].
Notes et références
- Le nom de Keroual a été orthographié sous de nombreuses formes : Keroual, Kéroual, Keroualle, Keroualze, Querouailles, Querouvaille, etc. C'est la première forme qui est maintenant généralement retenue.
- Michel Vergé-Franceschi dans Le masque de fer, Fayard 2009 p.213-217 Elle devient sa maîtresse selon
- Albert Savarus, édition Furne de 1845, vol. I, p.409
- www.wiki-brest.net/index.php/Louise_de_Kéroual
Articles connexes
Sources
- Jean-Loup Avril, Mille Bretons, dictionnaire biographique, p. 228-229, Les Portes du large, Saint-Jacques-de-la-Lande, 2002, (ISBN 2-914612-10-9).
- Emmanuel Salmon-Legagneur, Les Noms qui ont fait l'histoire de Bretagne, p. 206, Coop Breizh/Institut culturel de Bretagne, 1997, (ISBN 2-84346-032-8) (ISBN 2-86822-071-1).
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