Les sarcophages d'Arles

Les sarcophages d'Arles

Sarcophages d'Arles

Une vue actuelle de la nécropole des Alyscamps et de ses sarcophages

Il s'agit du recensement des principaux sarcophages sculptés trouvés à Arles, essentiellement dans les quartiers des Alyscamps et de Trinquetaille où se trouvaient les nécropoles arlésiennes. A cause du très grand nombre d'œuvres conservées à Arles, tant dans les nécropoles que dans les lieux de culte du Moyen Âge, une approche historique à la fois quantitative et qualitative est possible, retraçant l'évolution de ces cuves funéraires entre les Ie et VIe siècles. Aujourd'hui encore en dépit des pièces "empruntées"[1] ou cédées, la ville et son musée de l'Arles et de la Provence antiques possèdent la deuxième collection de sarcophages paléochrétiens après celle des musées du Vatican[2].

Sommaire

Les sarcophages

Les œuvres funéraires arlésiennes présentent une grande variété de sculptures : personnages, thèmes mythologiques, scènes de chasse et pastorales, compositions narratives et à compter de la fin du IIIe siècle, motifs chrétiens. On constate également des évolutions techniques : simple et double registre, présence de niches, bas-relief et ronde bosse, etc...

Au niveau des matériaux, l'évolution de cette sculpture funéraire montre un usage quasi-exlusif de la pierre locale (calcaire tendre de Fontvieille) au Ier siècle, puis aux IIe et IIIe siècles, un engouement pour le marbre souvent de Proconnèse ou d'Orient avec des imitations en calcaire, et au IVe siècle un effacement de la pierre de Fontvieille. Ceci ne concerne que les ouvrages sculptés et non point la masse des sarcophages.

Quelques détails comme la présence de trous à libation dans certains sarcophages chrétiens[3] éclairent le processus de christianisation et montrent le poids des traditions dans la société arlésienne en cours de conversion.

Aujourd'hui, la plupart de ces sarcophages se trouvent à Arles au Musée de l'Arles et de la Provence antiques[4] et dans les églises de la cité, notamment dans la basilique Saint-Trophime. Quelques pièces sont également exposées à Marseille et à Paris, au Louvre.

Ier siècle

IIe siècle

Les sarcophages de ce siècle sont représentés par des pièces païennes comprenant souvent des guirlandes comme motifs de décoration.

  • sarcophage d'Hippolyte, trouvé à Trinquetaille en 1891; en marbre (milieu du IIe siècle)
  • sarcophage représentant le mythe de Prométhée, actuellement au Louvre
  • couvercle à kliné
  • tombe de Cornélia Jacaena, en marbre
  • sarcophage de Léda, en calcaire de Fontvieille destiné à Licinia Magna, surnommée Matrona; sarcophage commandé par ses trois frères et sœurs et par son mari, centurion dans la IIIe légion d'Auguste
  • sarcophage d'Attia Esyché, en marbre
  • sarcophage de Junius Messianus[5], orné de deux amours et d'une cartouche. En calcaire de Fontvieille.
  • sarcophage de Julia Tyrrania, en pierre de Fontvieille
  • sarcophage de Psyché

IIIe siècle

  • sarcophage d'enfant aux amours endormis (à Marseille)
  • sarcophage de saint Hilaire d'Arles. Ce monument funéraire en marbre est également appelé sarcophage de Prométhée en référence à sa décoration. D’après les historiens il s’agit d’une sépulture païenne datée des années 240, réutilisée au Ve siècle pour saint Hilaire et installée aux Alyscamps. En 1822, la ville d’Arles en fait don à Louis XVIII. Ce sarcophage se compose de la cuve païenne décorée du mythe de Prométhée offerte au roi et aujourd’hui conservée au musée du Louvre, d’un couvercle resté à Arles et portant la mention Hilaire, prêtre de la Loi divine, repose ici et d’une grande plaque de marbre (épitaphe) qui célèbre la carrière de cet illustre évêque. Une exposition de cette sépulture recomposée a été présentée au Musée de l'Arles et de la Provence antiques au début 2007.
Sarcophage avec scènes de chasse - Musée d’Arles et de la Provence antiques
  • sarcophage de Flavius Mémorius[6]; Scènes mythologiques et de chasse avec une inscription chrétienne (Il est probable que la cuve a été taillée un siècle plus tôt, c'est-à-dire au IIIe siècle, et réutilisée[7]).
  • Autre sarcophage avec scènes de chasse, peut-être à dater du IVe siècle [8].
  • sarcophage dit des Dioscures ou du Mariage Romain, en marbre de Proconnèse veiné verticalement; trouvé en février 1844 aux Alyscamps. Il s'agit d'un des premiers sarcophages avec des motifs chrétiens : sur les faces latérales, le Christ multipliant les pains et l'enseignement de Pierre. Il est daté de la fin du IIIe ou du début du IVe siècle[9].

IVe siècle

Sarcophage de la cathédrale - Eglise de Saint-Trophime, collatéral de gauche
Sarcophage paléochrétien du passage de la mer Rouge, Arles, fin du IVe siècle.
  • sarcophage du Christ enseignant, dit parfois des Adieux (c. 310)
  • les trois sarcophages trouvés à Trinquetaille en 1974 (second quart du IVe siècle) : l'un d'eux, celui de Maria Romana Celsa[10] est daté de 328; un autre présente de grandes ressemblance avec le sarcophage dit dogmatique (à Rome), daté de cette époque.
  • sarcophage de l'Orante ou de l'Orant.
  • sarcophage de la chaste Suzanne, avec une double frise et le portrait des défunts dans une imago clipéata (c. 340). Les scènes sculptées recouvrant le sarcophage symbolisent le salut de l'âme obtenu comme l'exprime la prière : ... Délivre mon âme comme tu as délivré Jonas du monstre marin; les jeunes Hébreux de la fournaise; Daniel de la fosse au lions; Suzanne des mains des vieillards.
  • sarcophage de la cathédrale : à double registre et à décor de colonnes (milieu du IVe siècle)
  • les deux sarcophages dits de la Mer Rouge : l'un se trouve à Saint-Trophime, l'autre au musée (milieu du IVe siècle)
  • sarcophage d'Hydra Terulla et de sa fille, en marbre de Carrare, un des premier sarcophage avec comme seul motif, le Christ et ses disciples (seconde moitié du IVe siècle)
  • les deux sarcophages avec le christ dans un panneau central, en marbre de Carrare et trouvés en 1949 aux Alyscamps (dernier quart du IVe siècle)
  • les deux sarcophages dits de la Nativité : l'un en marbre de Carrare, l'autre en marbre identifé comme de Saint-Béat dans les Pyrénées (dernier quart du IVe siècle).
  • sarcophage de Concordius, en marbre (c. 385); il est exposé aujourd’hui au Musée de l'Arles et de la Provence antiques.
  • sarcophage semblable à celui de Concordius, actuellement au Louvre
  • sarcophage dit aux arbres, en marbre de Proconnèse, veiné horizontalement (fin du IVe siècle)
  • sarcophage dit de l'Anastasie qui aurait servi en réemploi à la tombe de l'évêque Eon d'Arles mort en 502.

Ve siècle

  • sarcophage de Géminus[11]; ce sarcophage conservé à Saint-Trophime, est remarquable par la technique de sculpture en ronde-bosse et la sobriété de sa composition. (c.410)
  • couvercles avec des scènes pastorales représentant berger et brebis (début du Ve siècle)

Voir aussi

Liens externes

  • Site culture.gouv.fr : plusieurs photographies de sarcophages arlésiens.
  • Jérôme Cottin - Jésus-Christ en écriture d'images: premières représentations chrétiennes – pages 38,39 ici : description du sarcophage de Concordius.

Articles connexes

Sources

  • Paul-Albert Février - Congrès archéologique de France, 134e session (1976) PAYS d'ARLES, pages 317-359, Société française d'archéologie - Paris, 1979

Bibliographie

Notes et références

  1. En particulier, lors du séjour du roi Charles IX en novembre 1564, il y eu de véritables actes de vandalisme :
    Le 16 novembre 1564, entrée solennelle du roi Charles IX dans la ville d'Arles. Son séjour fut marqué par de véritables actes de vandalisme : le roi permit aux ducs de Lorraine et de Savoye, dont il était accompagné, de faire emporter les marbres antiques qui leur plairaient ; lui-même choisit un certain nombre des plus beaux sarcophages ; on les embarqua sur le Rhône avec huit colonnes de porphyre tirées de l'église N. D. la Major, où elles entouraient les fonts-baptismaux; la barque qui les emportait sombra au Pont-Saint-Esprit. La Reine-mère fit aussi arracher « l'ornement de marbre » qui décorait l'entrée du presbytère à Saint-Honorat, « chose fort singulière, savoir deux têtes de Janus antiques et fort bien travaillées en marbre à deux faces chacune ; et il y avait deux bœufs devant chacune d'i-celles traînant la charrue et parfaitement bien faites. »
    Source : Remusat, reprise dans Émile FassinBulletin archéologique d’Arles, 1890 n° 11, pages 167-170.
  2. Paul-Albert Février (sous la direction de) - La Provence des origines à l'an mil, page 386 :
    ... l'importante collection de sarcophages qui fait du musée d'Arles le deuxième au monde pour l'art chrétien, après le musée du Vatican (ex- musée du Latran).
  3. Cf. sarcophage de Maria Romana Celsa du IVe siècle
  4. Il possède une remarquable collection de sarcophages paléochrétiens, la seconde derrière celle des musées du Vatican
  5. Magister d'une corporation d'Arles
  6. Mort à 75 ans au terme d'une longue carrière militaire, commencée au plus tôt sous Dioclétien et qui le conduisit à devenir comte de Maurétanie tingitane
  7. D'après Constant, mais cette hypothèse ne fait pas l'unanimité (Cf. Congrès archéologique de France - 134e session 1976 Pays d'Arles, page 330)
  8. Cf. Congrès archéologique de France - 134e session 1976 Pays d'Arles, page 330
  9. Cf. La Provence des origines à l'an mil sous la direction de P.A Février, page 387;
  10. Femme du consul ordinaire Flavius Januarius, morte à 38 ans
  11. Géminus est originaire de Cologne et a exercé la fonction d'administrateur du trésor des cinq provinces, expression qui renvoie en principe à une date antérieure à 381. Mais la formule a subsisté lorsqu'il y eut sept provinces et on est tenté de fixer la mort de Géminus à Arles après le transfert de la Préfecture des Gaules dans cette cité.
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