- Les hussards (mouvement littéraire)
-
Les Hussards (mouvement littéraire)
Pour les articles homonymes, voir Hussard.L'expression les Hussards désigne un courant littéraire français qui, dans les années 1950 et 60, s'opposa aux existentialistes et à la figure de l'intellectuel engagé qu'incarnait Sartre. Le roman de Roger Nimier Le Hussard bleu a donné son nom au mouvement.
Si le mouvement apparaissait comme assez hétéroclite, les "hussards" se distinguaient notamment par leur opposition à Sartre et leur antigaullisme de droite. François Dufay leur reconnaissait surtout "l'amour du style ; un style bref, cinglant, ductile", un anticonformisme rafraîchissant, le refus des modes, le goût des causes perdues.
Sommaire
Genèse
Le mouvement est le fruit de l'imagination de Bernard Frank, qui a réuni un groupe de jeunes écrivains de droite sous l'appellation ironique de « hussards » dans un article resté célèbre, paru dans la revue Les Temps modernes en décembre 1952 : « Grognards et hussards ».
Placé sous le double patronage de Jacques Chardonne et Paul Morand, ce groupe était composé d'un noyau dur, qui comprenait Antoine Blondin, Michel Déon, Jacques Laurent, et avait pour chef de file Roger Nimier, "le premier de la classe" selon François Nourissier.
Chacun des écrivains rattachés au groupe refusa néanmoins l'étiquette de hussard. Michel Déon, dans Bagages pour Vancouver, et Jacques Laurent, dans Histoire égoïste, ont même dénié l'existence du groupe. Les "hussards" se connaissaient bien néanmoins et certains d'entre eux étaient très liés (Nimier et Blondin en particulier).
D'autres auteurs ont pu être rattachés au groupe : Kléber Haedens, Stephen Hecquet, Roland Laudenbach, Félicien Marceau, François Nourissier, Jacques Perret ou encore Guy Dupré.
Opposition à Sartre
Les "hussards" ont en commun d'avoir participé à la Revue de la Table ronde (liée à l'origine à la maison d'édition du même nom, La Table ronde[1]), qui a été créée pour faire pièce à la revue sartrienne Les Temps modernes.
A la Revue de La Table ronde ont également contribué des écrivains de renom comme François Mauriac, qui la parrainait, Jacques Chardonne, Jean Giono, Marcel Jouhandeau, Henry de Montherlant, Jean Paulhan ou Jean Schlumberger.
Par la suite, ils se sont aussi opposés au nouveau roman.
Droite littéraire, anti-gaullisme
Le mouvement des Hussards peut être compris comme l'une des expressions de l'Action française ou, plus largement, de la droite littéraire. Si ce mouvement des années 1950-60 a peu de rapport avec l'Action Française d'avant-guerre, ses deux parrains Jacques Chardonne et Paul Morand n'ont rien renié de leurs idées de jeunesse (cf. leur correspondance citée dans Le soufre et le moisi. La droite littéraire après 1945 de François Dufay).
La plupart des Hussards, Roger Nimier en tête, ont défendu l'Algérie française et signé l'appel contre le manifeste des 121, qui était un appel à la désertion pendant la guerre d'Algérie. Ils ont ouvertement manifesté leur opposition à la politique du général de Gaulle en Algérie.
Leur "QG" parisien était le bar Port Royal, le BarBaque ou, un temps, le siège des éditions Gallimard (qui ont racheté ultérieurement La Table ronde).
Bernard Frank apparaît comme l'exception "de gauche" des Hussards (et hussard tardif).
Poétique des Hussards
Adeptes d'un style rapide et incisif, les Hussards rejetaient les modes contemporaines tout en s'inscrivant dans une certaine tradition littéraire. Ils se reconnaissaient dans une lignée d'écrivains allant du cardinal de Retz et du duc de Saint-Simon à Paul Morand et Marcel Aymé, en passant par Stendhal et Alexandre Dumas. Au panthéon des Hussards, figuraient également Georges Bernanos (pour Nimier) ou Joseph Conrad (pour Déon).
Postérité
Un groupe d'écrivains, réunis autour de la revue Rive droite, a revendiqué dans les années 1980-90 une filiation avec les Hussards. Il était composé notamment de Patrick Besson, Eric Neuhoff et Denis Tillinac, qui dirigea entre 1992 et 2007 les éditions de La Table ronde. L'expression de "néo-hussards" a été employée à leur sujet.
Bibliographie
- Marc Dambre, ( sous la dir.) Les hussards Une génération littéraire, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2000
- François Dufay, Le soufre et le moisi. La droite littéraire après 1945. Chardonne, Morand et les hussards, Paris, Perrin, 2006. ISBN 2-262-01907-X
- Pol Vandromme, La Droite buissonnière, Paris, Les Sept Couleurs, 1960.
- Raphaël Chauvancy, Jacques Laurent, Editions Pardès, collection "Qui suis-je?", 2009
Lien externe
- ↑ fondée en 1944 par Roland Laudenbach, proche de la revue La Nation française et de Le Crapouillot
- Portail de la littérature
Catégories : Mouvement littéraire | Littérature française
Wikimedia Foundation. 2010.