- Les Chants de Maldoror
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Les Chants de Maldoror Auteur Lautréamont Genre épopée fantastique Pays d'origine France Éditeur Albert Lacroix Date de parution 1869 Type de média in-octavo broché Nombre de pages 332 ISBN 2-07032-000-6 Chronologie « Poésies »
Les Chants de Maldoror sont une épopée en prose, comprenant six chants, publiée en 1869 par Isidore Ducasse sous le pseudonyme de Comte de Lautréamont.Le premier des Chants de Maldoror a été publié à compte d'auteur en 1868, et l'œuvre complète a été imprimée en Belgique un an plus tard, pour le compte de l'éditeur Albert Lacroix, qui refuse de mettre l'ouvrage en vente, par crainte de poursuites judiciaires.
Les Chants de Maldoror ont connu un succès tardif. En 1874, les exemplaires de l'édition originale des Chants sont rachetés par le libraire-éditeur tarbais J.-B. Rozez, installé en Belgique. En 1885, Max Waller, directeur de la Jeune Belgique, en publie un extrait et les fait découvrir.
Isidore Ducasse publie seulement deux autres ouvrages par la suite, Poésies I et Poésies II.
Sommaire
Interprétation
Maldoror incarne la révolte adolescente et la victoire de l'imaginaire sur le réel. Il est difficile de ne pas être pris de vertige à la lecture des Chants, dans ce monde en perpétuelle mouvance. On ne peut en dissocier le fond et la forme, le récit et le style, et certaines pages font penser aux toiles les plus hallucinantes de Jérôme Bosch et à Arcimboldo : en effet Maldoror (ou plutôt Lautréamont) se compare à une bûche pourrie, il substitue ses divers organes à des animaux; ainsi sa "verge" est substituée par une vipère, sur sa nuque pousse un large "champignon aux pédoncules ombilifères", etc... Mais la révolte est dérisoire et Lautréamont use aussi de tous les procédés de distanciation pour se nier lui-même. Une veine bouffonne, qui contraste avec le « soleil noir » du satanisme apparent, traverse l'œuvre : parodie du naturalisme ou du romantisme le plus échevelé, lieux communs, apostrophes moqueuses au lecteur, ironie sarcastique... Toutes les formes d'humour sont réunies et marquent le mépris de l'auteur pour ce qu'il raconte. Capable des plus beaux poèmes, il en ricane et force le lecteur à en rire avec lui. C'est l'adolescent qui prend une revanche sur la misère humaine du siècle, en devenant le héros d'un conte où s'effacent les barrières qui emprisonnent l'homme. Dans le jeu, tout est permis : ardente ferveur, joyeuse férocité et métamorphose.[réf. nécessaire]
Par ailleurs l'assimilation et les références à des poèmes, des œuvres et des thèmes dont celui du roi déchu, le "Lion devenu vieux" de la fontaine, dans l'épisode qui amène Dieu saoul parmi les hommes (le chant 3), des découpages de textes d'œuvres encyclopédiques dont le célébrissime parapluie sur une table de dissection, de parodies d'œuvres de Victor Hugo et des romantiques (chant1), de Goethe, de Sophocle et Euripide (Poésie 1 et 2) etc... mènent à un monstre textuel animal, voir à un "vampire" qui tire sa force d'autre textes. Le texte de Lautréamont devient alors le lieu de résonance, de métaphores filées, qui de par un manque de cohérence apparente (en effet les chants ne sont liés ni par chronologie, ni par thème) ouvre sur un monde incompréhensible (pour décrire Lautréamont utilise un lexique compliqué et scientifique un jargon qui va des "couches minérales extraites de la terre" dans le quatrième chant aux "extraordinaires formes qu'elle ne lui avaient imposée ce supplice" (chant4)) comparée à "des coups de barre de fer" sur son crâne (chant1). Il ne s'agit donc plus d'une victoire sur le réel mais aussi a une transcendance du monde et à un retour, à une vie primitive avec un langage désarticulé de par le jargon utilisé, où Lautréamont redevient un 'chaman littéraire' avec des visions, d'un "retour" vers la "seule vraie" poésie (poésie), qui œuvre par résonance au monde (ici c'est l'intertextualisation de la littérature qui remplace le chant) et par assimilation sans limite et perpétuelle (la morale et la raison sont dépassées; avec les passages du "pédérastes à l'anus undubiliforme" et les divers récits de visions de prostituées accompagnées de coqs et perpétuel grâce à une ménagerie entière d'hybrides) ; le texte devient donc des chants, un "univers à l'intérieur d'univers", infini, qui finit sur l'inauguration du lecteur à "aller voir" son monde miroir (fin du chant 6), réalisant donc le projet inachevé de Verlaine: celui de mettre en lien direct l'auteur avec le cosmos.[réf. nécessaire]
Le nom même du héros, Maldoror, est sujet à interprétation. On peut notamment y voir les mots « en mal d'aurore », « mal », « horror », « dolor » (douleur en espagnol, langue parlée par Isidore Ducasse, né à Montevideo en Uruguay). Ces noms font référence à la profonde noirceur du personnage et son amour apparent du « mal ».[réf. nécessaire]
Influence
Les Chants de Maldoror était l'ouvrage de référence d'Amedeo Modigliani, il le lisait et le relisait dans tous les endroits où il se posait entre Montmartre et Montparnasse, ce qui contribua certainement à l'existence de l'ouvrage parallèlement à la renommée du peintre. L'ouvrage a exercé une influence fondamentale sur le surréalisme. Redécouverte d'abord par Philippe Soupault (en 1917), puis Louis Aragon et André Breton, l'œuvre de Lautréamont ne cessera d'être revendiquée comme livre précurseur du mouvement.
Ce sont d'ailleurs les surréalistes, en particulier André Breton, Louis Aragon ou Philippe Soupault, qui contribuèrent grandement à la notoriété de ces poèmes. Ils considéraient Lautréamont comme un surréaliste avant l'heure. Le pape du surréalisme évoque en effet Ducasse plusieurs fois dans ses Manifestes du surréalisme. ("Les types innombrables d’images surréalistes appelleraient une classification que, pour aujourd’hui, je ne me propose pas de tenter. [...] En voici, dans l’ordre, quelques exemples : "Le rubis du Champagne." Lautréamont. "Beau comme la loi de l’arrêt du développement de la poitrine chez les adultes dont la propension à la croissance n’est pas en rapport avec la quantité de molécules que leur organisme s’assimile." Lautréamont. " Il dit aussi dans un entretien : "Pour nous, il n'y eut d'emblée pas de génie qui tînt devant celui de Lautréamont"[1]).
De même, « […] beau comme la rétractilité des serres des oiseaux rapaces ; ou encore, comme l'incertitude des mouvements musculaires dans les plaies des parties molles de la région cervicale postérieure ; [...]et surtout, comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie ! » (« Les Chants de Maldoror », dans Œuvres complètes, Lautréamont, éd. E. Wittmann, 1874, chant VI, 3, p. 289[2]) était l'exemple type de la « beauté convulsive » portée en étendard par Breton.
Alfred Jarry, qui apprécie les subtilités de l’humour de Lautréamont, rendra hommage à « cet univers pataphysique ».[réf. souhaitée]
Les chants de Maldoror sont aussi cités dans la chanson "Les dingues et les Paumés" de Hubert-Félix Thiéfaine:
"Ce sont des loups frileux au bras d'une autre mort
piétinant dans la boue les dernières fleurs du mal
Ils ont cru s'enivrer des chants de Maldoror
et maintenant ils s'écroulent dans leur ombre animale."Notes et références
- A. Breton, Entretiens 1913-1952 avec André Parinaud, NRF, 1952
- http://fr.wikisource.org/wiki/Page:ChantsdeMaldoror289.jpg Voir sur Wikisource :
Annexes
Liens externes
- Les Chants de Maldoror illustrés par TagliaMani
- Les Chants de Maldoror sur Internet
- M. Pierssens, Lautréamont. Éthique à Maldoror
- Maldoror : Le site
- Les Chants de Maldoror lus par Denis Bolusset-Li à écouter et télécharger en livre audio sur Internet
- Les Chants de Maldoror (Chant premier) en livre audio gratuit sur www.litteratureaudio.com
Catégories :- Poème français
- Épopée
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