- Le soleil se lève aussi
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Le soleil se lève aussi Auteur Ernest Hemingway Genre roman Version originale Titre original The Sun also Rises Éditeur original Éditions Scribner Langue originale anglais Pays d'origine États-Unis Lieu de parution original New York Date de parution originale 1926 Version française Chronologie L'Adieu aux armes Le soleil se lève aussi (The Sun also Rises, éd. américaine ou Fiesta, éd. anglaise) est un roman d'Ernest Hemingway sorti en 1926.
Il raconte l'histoire d'un Américain, Jake Barnes, vivant en France car travaillant à Paris en tant que journaliste. Entre un amour inabouti et une amitié plus que pesante, Jake est un héros discret et émouvant.
Le roman dresse un beau portrait du Paris des écrivains de l'entre-deux-guerres ainsi que des fameuses fêtes de San Fermín à Pampelune où une majeure partie de l'action se joue. Ce roman contribua par ailleurs à populariser ces fêtes de manière internationale.
Sommaire
Personnages principaux
- Jake Barnes: Narrateur de l'histoire, Barnes est un vétéran américain de la Première Guerre mondiale dont il garde des blessures physiques l'ayant rendu impuissant, et donc incapable de mener une relation avec Brett. Sans but ni repères, il tente de trouver du réconfort dans un travail acharné, la boisson et les corridas.
- Lady Ashley, ou Brett: Brett est l'objet du désir de la plupart des personnages masculins du livre. Frivole et infidèle, elle semble aussi désorientée que Barnes et ne trouve plus que de la vacuité dans les activités qui la réjouissaient avant-guerre. Elle est fiancée à Michael.
- Robert Cohn: Son statut d'outsider, en tant que juif, lui a fait naître un complexe d'infériorité. Civil et courtois, il est pourtant l'objet de railleries des autres personnages. L'intrigue du roman tourne autour de ses tentatives de reprise de liaison avec Brett, ce qui l'amène à côtoyer le groupe, à leur grande vexation.
- Michael Campbell: Vétéran écossais de la guerre, Michael est un ami proche de Jake et Bill, fiancé à Brett. Même s'il essaie de cacher son mépris pour Cohn, son tempérament explosif se manifeste dans ses accès d'ivresse.
- Bill Gorton: Vieil ami de Barnes, Bill est aussi vétéran de la guerre et se montre moins cruel que Michael dans son attitude envers Cohn. Malgré son alcoolisme, Bill est souvent plus badin que ses camarades.
- Pedro Romero: Matador star de la fiesta, Romero fait la connaissance de Jake et ses amis, tombe amoureux de Brett, avant de se séparer en constatant l'impossibilité de leur relation.
Résumé
Jake est américain et travaille comme journaliste à Paris. Il y fait la connaissance de Robert Cohn, américain comme lui, fils d’une grande famille juive de New York. Dès les premières pages, Jake décrit Robert Cohn comme un homme sans grande personnalité, sans traits particuliers. Cohn s'impose à Jake qui ne veut pas faire ce qu'il faut pour s’en débarrasser. Nous apprenons assez vite que Jake a fait la première guerre mondiale et qu’il en est sorti avec un " accident " Cet " accident " fait qu'il est devenu impuissant. Il nous apprend cela comme s’il parlait d'une chose sans grande importance. Or, il n'en est rien car cela conditionne sa vie. Il aime Brett Ashley, une Lady anglaise, qui l'aime aussi, mais cet amour est rendu impossible, suite à " son accident ". A Paris, Jake quitte son boulot et navigue, soirée après soirée, d'un restaurant à un autre et d'un bar à l’autre. Partout il retrouve des connaissances plus ou moins proches et boit beaucoup. Brett et lui sont comme deux aimants qui s’attirent et se repoussent par la force des choses. Saoul, Jake rentre dans son appartement du boulevard Saint Michel, s’écroule sur son lit et espère trouver le sommeil. Mais l'alcool ne permet pas de tout oublier ! Jake a prévu de partir avec son ami Bill Gorton à Pampelune pour la " fiesta " de la San Fermin. Ils iront d’abord, pendant quelques jours, pêcher la truite dans une belle petite rivière de Burguete. Brett Ashley viendra aussi, accompagnée de Mike qu’elle compte épouser, espérant ainsi " faire une fin ". Robert Cohn va à nouveau s’imposer, alors que des incidents avaient déjà surgis entre lui et les autres à Paris. Le décor est en place et la fête peut commencer. Jake est un véritable " aficionado " et est considéré comme tel par les Espagnols qu'il connaît. Cette fête représente beaucoup de choses pour lui. Je vous laisse découvrir la suite. Je voudrais ici insister sur une chose : peu d'écrivains, à mon sens, arriveraient à nous tenir en haleine, pendant une centaine de pages, en ne nous donnant qu'une assez longue navigation dans Paris, de bar en bar, de cuite en cuite. Bien sûr nous découvrons des personnages, Cohn, Brett, le comte Mippipopolos, Bill, Mike et d'autres. Mais cela suffirait-il à d’autres écrivains pour garder toute notre attention ? Je ne le crois pas ! Hemingway y arrive, et sans aucune difficulté ! Selon moi, cela s’explique par la densité de son écriture. Chaque chose, chaque fait, est ressenti par le lecteur comme essentiel. Pas un mot de trop, de nombreux non-dits sous-tendant les dialogues, donnent un poids maximum à chaque fait. C’est du tout grand art ! Chaque personnage est également assez complexe car aucun n'est vraiment ce qu’il tend à vouloir montrer de lui. Une seule chose me dérange dans ce livre : les jugements sur Robert Cohn. Pas ceux émis sur lui en tant qu’homme, mais bien ceux qui le mettent en cause parce que juif, et ils ne manquent pas ! Il est dit de lui : " Il avait cette caractéristique bien juive d'être entêté. ", " il a ce sentiment de supériorité des juifs tellement prononcé. " et ceci n’est qu'un échantillon… Nulle part ailleurs dans l’œuvre d’Hemingway je n'ai le souvenir de telles opinions ! Quasiment tous les personnages de ce livre se débattent dans un mal de vivre quasi-constant qu'ils tentent de cacher. A la guerre, ils ont découvert la mort dans toute son horreur et ne s’en remettront pas. Ils luttent contre l’absurde de l'existence par le mouvement, l'alcool, la pêche, la corrida, le monde et le bruit. À défaut de buts, ils se donnent des occupations. Mais c’est en vain ! Chaque soir il leur faudra bien affronter la nuit, la peur et les mauvais rêves. Jake dit : " Il n'y a pas de raison, parce qu'il fait noir, pour qu'on voie les choses sous un autre jour que lorsqu’il fait clair. Je vous en fous ! ", et pendant six mois il dormira en laissant la lumière allumée. Il dira aussi à Cohn que ce n'est pas parce qu’il ira d'un endroit à un autre qu’il échappera à lui-même. Toujours à Cohn qui lui dit qu’il veut vivre sa vie, Jake répond : " Personne ne vit complètement sa vie, sauf les toréadors. " Bill est peut-être le seul à se sentir bien quelque part : il aime New York et s'y sent vraiment bien. Comme il dit à Jake, il n'est pas un expatrié sans racines. Brett, elle, cherche l’impossible à travers les hommes et l'amour. Elle est viscéralement incapable de les garder parce que profondément instable, toujours prête à une nouvelle aventure qu’elle espère être la bonne. Mike n’est qu'un enfant gâté qui a tout raté et ne fera jamais qu'aller d'échec en échec, et il le sait. L’alcool ne fait que leur donner à tous un répit, il leur fait croire, pendant un instant, que la vie est autre chose que ce qu’ils ressentent au fond d'eux-mêmes : une peur constante, un nœud dans les tripes. Robert Cohn est un paumé qui s'accroche aux basques des autres, n’a pas l’ombre d’un feeling, ou pire, il s’en fout d’être de trop pour autant qu’il obtienne ce qu’il veut. Il est pitoyable ! Quant à Jake, il vous tord les tripes les rares fois où, timidement, pudiquement, il se laisse aller à sa douleur : " Brett, est-ce qu’on ne pourrait pas vivre ensemble ? Est-ce qu’on ne pourrait pas tout simplement vivre ensemble ? " Alors qu'à un autre moment toute l'horreur de son état lui tombe dessus à un moment où c'est elle qui lui dit : " Mais, mon chéri, j'ai besoin de te voir. Il n’y a pas que ça, tu le sais bien. " Il répond : " C'est vrai, mais ça finit toujours par là. " Personnellement j'adore toute la partie espagnole de ce livre. Hemingway se laisse aller à sa passion et l’on a l'impression que, par moment, Jake revit. Il aime ce pays, les gens, leur courage, leur force. Le rendu de cette " fiesta " est une merveille d'écriture. Jake revit quand il est aux courses de taureaux mais, à nouveau, ce ne sont que de courts répits. Il n’y a rien d'autre de possible pour lui que de courts répits. Dans la pêche, les courses de taureaux ou l’alcool, rien que de courts répits ! C’est cela " la génération perdue " par les horreurs de la guerre et l'impossibilité de les oublier. Ces jeunes hommes ont découvert l'absurdité !
Adaptations
- 1957 : Le soleil se lève aussi réalisé par Henry King
- 1984 : The Sun also Rises, téléfilm réalisé par James Goldstone.
Voir aussi
La corrida dans les arts
Catégories :- Roman d'Ernest Hemingway
- Roman américain
- Roman paru en 1926
- Livre sur la tauromachie
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