- Le jeu de la guerre
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Kriegspiel
À l’origine, le kriegspiel – « jeu de (la) guerre » en allemand – est une affaire très sérieuse. Depuis, il s’est démocratisé dans des variantes plus ludiques qui sont devenues les jeux de guerre.
Sommaire
Histoire
En Europe, à partir du XVIIIe siècle, la pratique militaire évolue très vite.
Une innovation importante est la simulation réglée du comportement des troupes à l’échelle d’une bataille ou d’une campagne, rendue possible par une standardisation des unités (encore très relative, à l'époque). En 1811, le Baron Von Reisswitz, conseiller militaire auprès de la cour prussienne, invente un jeu de guerre appelé Kriegspiel. Les princes Wilhelm et Friedrich furent impressionnés et le firent adopter par l’armée prussienne.
Le kriegspiel est aux officiers généraux d’état-major qui choisissent et organisent des batailles au niveau de la stratégie ce que la manœuvre sur le terrain est aux officiers subalternes et aux troupiers au niveau de la tactique des combats à l’intérieur d'une bataille.
Du simple compte-rendu de situation sur une carte de la position des troupes amies et ennemies, on passe à un exercice de prospection de terrains en attribuant à chaque unité un comportement réaliste défini de règles formalisées. La version de Von Reisswitz utilisait une table couverte de sable que l’on modelait pour représenter le relief. Des figurines en bois représentaient les unités. Des règles régissaient les mouvements et les effets du terrain sur les capacités opérationnelles de chaque unité. Les résultats des engagements se calculaient à l’aide de tables de résolution. Deux siècles après, ce principe se retrouve dans les jeux de guerre à figurines modernes.
L’armée prussienne généralise le Kriegspiel pour la formation des officiers d’état-major peu après la fin du Second Empire et elle est imitée par toutes les armées européennes dans les années 1870 après la démonstration de l’efficacité du commandement prussien.
En 1939, l’armée française expérimente cruellement les défauts d’une règle inadaptée à la réalité et d’une interprétation trop rigide de l’expérience de la « Grande Guerre », elle a conçu des règles et des « barèmes » indiquant par exemple le tonnage et la durée minimale d’un bombardement efficace. Elle a formé ses officiers dans cet esprit, ce qui fut un des facteurs de décisions erronées (ne pas attaquer en 1939 parce que l’armée française croyait impossible, compte tenu des « règles », qu’une armée de l'époque en brise une autre).
Le Jeu de la guerre de Guy Debord
En 1965, Guy Debord dépose le brevet d’un Jeu de la Guerre qu’il avait imaginé dix ans plus tôt. En 1977, il s’associe à Gérard Lebovici pour fonder une société dont l’objet est la production et la publication de jeux. Quelques exemplaires en cuivre argenté du Jeu de la Guerre, aussi appelé Kriegspiel, seront réalisés par un artisan et une Règle du « Jeu de la Guerre » est publiée en français et en anglais. En 1987, paraît le livre Le Jeu de la Guerre (éditions Gérard Lebovici puis Gallimard en 2006) présenté sous forme d’un « relevé des positions successives de toutes les forces au cours d’une partie ». Un modèle rudimentaire du jeu avait été diffusé dans le même temps. Ce jeu est basé sur les lois établies par la théorie de la guerre de Clausewitz et a donc pour modèle historique la guerre classique du dix-huitième siècle, prolongé par les guerres de la Révolution et de l’Empire.
Les kriegspiels restent utilisés mais les débats sur les « règles » sont ouverts et la simulation informatique est devenue prépondérante. Reste que l'apprentissage se fait sur le modèle intégré dans le jeu qui peut ne pas correspondre à la réalité du terrain.
Depuis 2008, une adaptation informatique du Jeu de la Guerre est accessible sur Internet[1] disponible ici.
Annexes
Liens internes
Liens externes
- (en)[pdf] Global War Game, simulations de conflits mondiaux par les forces armées des États-Unis entre 1984 et 1988 (185 pages).
- (en) Kriegspiel, adaptation informatique du Jeu de la Guerre de Guy Debord sur le site de RSG (Radical Software Group)
Bibliographie
- (fr) Alice Becker-Ho et Guy Debord, Le Jeu de la guerre, éditions Gérard Lebovici, Paris, 1987. Rééd. Gallimard, 2006.
Notes
- ↑ Article de Libération du 17 mars 2008 sur l’adaptation informatique du jeu de Guy Debord
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