- Le jardin des délices
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Le Jardin des délices
Jardin des délices Hieronymus Bosch, 1504 Peinture sur bois 220 × 195 cm Musée du Prado Le Jardin des délices est un triptyque peint par Jérôme Bosch entre 1503 et 1504, alors qu'il avait un peu plus de cinquante ans, conservé au Musée du Prado depuis 1939.
Cette œuvre complexe est sans doute la peinture la plus célèbre de l'artiste, mais elle reste assez énigmatique. Le panneau de gauche représente Adam et Ève en compagnie de Dieu dans le paradis terrestre, le panneau central, un jardin délicieux dont la signification n'est pas forcément claire, et le panneau de droite montre les tourments de l'enfer.
Sommaire
Présentation
Volets ouverts
Le triptyque, comme son nom l'indique, comporte trois panneaux :- gauche : jardin d'Eden ou le Paradis
- centre : le jardin des délices ou extension d'Eden où vivent les enfants d'Adam et Eve
- droit : l’Enfer
La thématique de ce triptyque est d'abord celle du Salut. La dimension satirique ne peut pas échapper au spectateur ; il s'agit d'une critique de la société et de l’Église qui semble déjà annonciatrice de la Réforme.
Communément, le panneau de gauche évoque le Paradis terrestre, l'Eden, par son aspect relativement serein, ses bizarreries encore douces et équilibrées, peu nombreuses et n'atteignant pas le corps humain. Un couple nu et innocent semble marié ou présenté par une sainte figure à la gestuelle qui révèle sa divinité. Il est communément admis que ce panneau est la représentation du moment où Dieu présente Ève, tirée du corps d'Adam endormi : « À ce coup, c’est l'os et la chair de ma chair ! Celle-ci sera appelée femme car elle fut tirée de l'homme, celle-ci » (Genèse 2,23). Cette interprétation est renforcée par l'arbre exotique à la gauche de la scène, évoquant, par sa plastique fantaisiste, l'Arbre de la Connaissance. Le vaste panorama vierge de présence humaine, constitué de vastes prairies et d'animaux parfois fabuleux mais non monstrueux (éléphant, licorne, singe, girafe, lapin, paon), lisible par étape comme le volet droit du Chariot de foin ou Le Jugement Dernier peut situer chronologiquement la rencontre, par le rapprochement aux premiers vers de la Genèse qui décrit la création du Monde, dont les premières étapes seraient représentées par la sphère obscure et bouillonnante de vie, représentée au verso du triptyque et visible lorsque celui ci est fermé.
Une interprétation du bassin d'eau sur le panneau central renvoie, d'une manière généralement admise, à la thématique de la fontaine de jouvence, dont les personnages s'y baignant sont en train de profiter des bienfaits.
Volets fermés
La présence à la fois forte et fragile de cette sphère terrestre représentée comme un globe cristallin ou une bulle de savon en suspension dans l'espace sombre des ténèbres, bouillonnante de vie et de phénomènes aquatiques, minéraux et végétaux, devrait susciter une émotion religieuse chez le spectateur.
Il s'agit du troisième jour de la Création, selon W. Fraenger, lorsqu'une "buée fertile" féconde le monde minéral et permet l'émergence des premiers végétaux, et avant la conception des "luminaires" qui marque "les époques, les jours et les années" (c'est-à-dire le Soleil, la Lune et les étoiles), créations du quatrième jour. Il s'agit bien de la Genèse (répétons-le, car le triptyque, une fois ouvert, ainsi que la majorité des œuvres de Bosch, ne sont pas aussi évidentes), comme le confirme les deux phrases inscrites en lettres gothiques dorées en haut de chaque panneau. Le volet gauche porte les inscriptions "Ipse dixit et facta sunt", et le volet droit "Ipse mandavit et creata sunt". Ces vers proviennent des psaumes d'Isaïe: "Lui parle, ceci est. Lui commande, ceci existe", ce qui renvoi à la Genèse: Dieu dit: Que la lumière soit! Et la lumière fut (Genèse 1-3).
Au sommet à gauche, un personnage âgé, assis dans une trouée de nuage et tenant un livre. Les références iconographiques ne nous trompent pas: il s'agit de Dieu, d'autant plus qu'il ressemble particulièrement au Dieu de l'un des fonts baptismaux de la cathédrale Notre-Dame, à Bois-le-Duc, sculpté par Aert van Tricht en 1492.
On observe les complémentarités suivantes : la Terre, le Ciel - la lumière, les ténèbres - et, du point de vue de la composition l'axe vertical et l'axe horizontal.Prédécesseur
panneau gauche | panneau central | panneau droit Analyses et essais
- Wilhelm Fraeger, Le Royaume millénaire de Jérôme Bosch, éd. Ivrea, Paris, 1993.
- Roger-Henri Marijnissen, RUYFFELAERE Peter Ruyfflaere, ABCdaire de Jérôme Bosch, Flammarion, Paris, 2001
- Roger Van Schoute, Monique Verboomen, Jérôme Bosch, La Renaissance du Livre, Tournai, 2000
- Michel de Certeau, "Le jardin des délices", in "La fable Mystique", Paris, 1982
Articles connexes
- D'un point de vue pictural, le jardin d'Eden évoque aussi l'Âge d'or.
Liens externes
- [flash] Visualisation du tryptique en ultra haute résolution, Gigaproject / Google Earth, 14 janvier 2009.
- (en) Cliquer sur His works > triptychs > The Garden of Earthly Delights
- (fr) Annick Drevet-Tvermoès, États modifiés de conscience, art et rêve. Le jardin des délices de Jérôme Bosch [lire en ligne]
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