- Le Triomphe de la volonté
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Le Triomphe de la volonté
Données clés Titre original Triumph des Willens Réalisation Leni Riefenstahl Scénario Leni Riefenstahl
Walter RuttmannActeurs principaux Reichsparteitagsfilm Sortie 1935 Durée 114 minutes Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Le Triomphe de la volonté (en allemand : Triumph des Willens) est un film de propagande nazie en noir et blanc de Leni Riefenstahl, réalisé en 1935, qui décrit notamment le Congrès de Nuremberg du NSDAP de 1934 qui se tint au Reichsparteitagsgelände.
Sommaire
Le film
Générique
Fondu enchaîné du noir au sujet : un aigle surmontant une couronne entourant une svastika. Au son, accords de cordes, clameurs cuivrées, rythme de marche. Panneau vertical vers le bas. Sur le socle de la statue, s'inscrit : Triumph des Willens en gothique moderne. Fondu enchaîné. Carton : "Das Dokument vom Reichsparteitag 1934". Fondu enchaîné. Carton : "Hergestellt im Auftrage des Führers" (Produit/ou élaboré sur l'ordre du Fuhrer) au son : roulement de tambour. Fondu enchaîné. Carton "Gestaltet von Leni Riefenstahl".
Les cinq premières minutes
Au son, roulement de tambour. Carton gothique curviligne "5 Septembre 1934". Fondu enchaîné. Silence, puis l'appel d'une trompette. Carton "20 Jahre nach dem Ausbruch des Weltkrieges (20 ans après le début de la Guerre Mondiale). Fondu au gris flouté. Silence, puis grave phrase de cordes. Carton "16 ans après le début de la douleur allemande", fondu au gris flouté. Silence puis appel des cuivres. Carton "19 mois depuis le début de la renaissance allemande". Fondu au gris flouté. Clameur aiguë de trompette. Carton : "Adolf Hitler s'est à nouveau rendu à Nuremberg pour une parade militaire. Fondu flouté enchaîné avec une mer de nuages vue depuis le cockpit. Panorama vers la gauche. Ici, musique évoquant plus Beethoven que Wagner. Il s'agirait de Die Meistersinger von Nürnberg (les maitres chanteurs de Nuremberg), quel passage, précisément ? Cut. Plan nuage. Cut. Plan nuage. Cut. Plan nuage maintenant sans amorce du cockpit. Courte phrase musicale annonciatrice. Le double clocher de la Lorenzkirche apparaît à travers les nuages. Panoramique droit sur Nuremberg vu d'avion. Répétitions de la même phrase musicale. Cut. Le Château de Nuremberg au sommet duquel culmine un drapeau tricolore. Vision vertigineuse des monuments emblématiques de la ville. L'église est pavoisée : un des clochers porte les couleurs de l'ancien drapeau impérial (noir-blanc-rouge) qui a supplanté celui de la République de Weimar depuis 1933, l'autre un étendard aux couleurs du IIIe Reich (les deux drapeaux coexistaient encore) . Plan d'un Junkers Ju 52 survolant Nuremberg. Cut. Son ombre se projette sur la ville, dans l'axe presque exact d'une avenue. Cut. L'avion dans le ciel. Au sol, en plongée totale une colonne (deux cents hommes ?) est en marche. Panneau vers la gauche, dans la même direction que l'avancement de la colonne. (Le dénombrement devient difficile, mais une estimation est possible) L'avion dans le ciel. La colonne sur un pont. L'avion effectue un virage vers la gauche. La musique jusque-là "classique" (à définir) prend des accents plus folkloriques. Une foule accueillante sur le tarmac. L'avion, déjà posé sur la piste. Des militants font le salut nazi, mais aussi des femmes en civil. Plan d'ensemble : l'avion, un comité de réception, la foule. Cut. Des enfants qui saluent. L'avion roulant. Des enfants qui saluent. L'avion roulant. Les membres du comité s'approchant. Montage parallèle. Première apparition d'Hitler : il sort de l'avion, les cris (Heil !, Heil !, Heil !) couvrent presque une musique aux accents de résolution. Goebbels descend à son tour de l'avion, acclamé (grâce au montage) lui aussi. Plan poitrine d'Hitler, souriant. Cut. Quatre femmes (et des enfants de quatre à dix ans) ont le bras levé). Les clameurs de la foule couvrent toujours partiellement la musique qui entame alors un nouveau mouvement. Une Mercedes décapotable circule. La foule est dense de chaque côté de la route. Une trompette sonne une charge. Hitler débout, salue. La foule le salue (effet de montage) De trois-quarts dos, Hitler salue. Gros plan sur sa main ouverte, très en arrière, presque au niveau de son oreille. Son geste n'a qu'une lointaine parenté avec le salut romain.
Analyses
Riefenstahl utilise différentes techniques du langage cinématographique déjà éprouvées, notamment par Eisenstein, mais aussi par le tout-venant des actualités. L'usage des contre-plongées rendant héroïque le sujet cadré. Les contre-champ entre les dignitaires et les spectateurs (soldats, militants et "civils") enthousiastes construisent un espace.
Réception
"Chef d'œuvre de haine, de vanité provocante, d'orgueil démoniaque, mais chef-d'œuvre tout de même[1]."
Riefenstahl utilise le langage cinématographique pour glorifier et mythifier le sujet : contre-plongées héroïques, contre-champ nombreux de spectateurs (soldats, militants et "civils") enthousiastes. Le cadrage de la foule, lors de travellings ne permet pas un décompte exact. Travellings circulaires lors des discours et très grands plans lors des parades.
La séquence d'ouverture fait d'Hitler un dieu descendu des cieux pour sauver le peuple allemand. "Un dieu nouveau descendant du Walhalla", selon Mitry[1]qui reprend l'analyse de Sadoul:("L'avion du nouveau Messie se posait à Nuremberg.")[2] qui, plus loin, parle de "pompeuse déification wagnérienne". Ferro évoque "l'avion du Führer qui descend du ciel tel le démiurge"[3]
"En 1935, enfin, de même que les Russes [...], les Allemands ont présenté en grande cérémonie une œuvre singulière, dédiée à la gloire des camps de travailleurs. Ce monotone et parfois magnifique Triomphe de la volonté, film sans anecdote, film de foules et de défilés (certains sont admirables), représente sans doute le suprême effort de l'idéologie de masse qu'Hitler a inspirée ; idéologie opposée au marxisme, mais qui produit les mêmes effets"[4]
Un film-source ?
Pour Sadoul : Le Triomphe de la volonté, film inégal et grandiloquent, qui est dans sa majorité la transcription de cérémonies et de discours, est par ces deux passages un document significatif, presque malgré lui, sur deux aspects du régime qu'il exaltait : décorum apparent, barbarie foncière[2].
"Le but du film est double : "Montrer aux nazis la solidarité du parti, ce qui était nécessaire au lendemain de l'affaire Roehm ; introduire les leaders dans le film ; ils diraient quelques mots et les Allemands pourraient ainsi identifier leurs véritables chefs." Le deuxième objectif était d'impressionner l'étranger[3].
Diffusion
Trente ans après, la réalisatrice a déclaré : « J'ai seulement montré ce dont tout le monde, alors, était témoin... À l'époque, on croyait encore à quelque chose de beau. Le pire était à venir, mais qui le savait ? » [réf. souhaitée]
Réutilisations
- Suite à une commande du Musée d’Art Moderne de New York, Buñuel effectue un montage à partir de larges extraits de films de Leni Riefenstahl dont Le Triomphe de la volonté, et d'un film de Hans Bertram, Campagne de Pologne (1940). Il rajoute un commentaire. (Triumph of the Will États-Unis /1941/40’/16mm)[5].
- À une question de Diane Sawyer qui évoque des accusations contre Michael Jackson pour s'être inspiré de ce film dans la bande-annonce de son album HIStory, le chanteur dément formellement[6].
- Robin Allan apparente certains plans du château et de ses soldats du film Cendrillon (1950) de Walt Disney Pictures, principalement avec la présence des longs escaliers, des colonnades, des banderoles et surtout les alignements de soldats[7]. On peut voir une référence au film dans Le Roi lion des mêmes studios : dans la chanson Soyez prêtes, Scar s'assied sur une falaise et les hyènes défilent devant lui au pas de l'oie. (Scar prenant la place d'Hitler et les hyènes celle des SS.)
Liens externes
- Vidéo du film
- Le Triomphe de la volonté sur l’Internet Movie Database - Version plus complète en anglais
Notes et références
- Mitry, Histoire du cinéma Tome 4, Jean-Pierre Delarge, Paris, 1980, 734p., p.548
- Georges Sadoul, Histoire du cinéma mondial, Flammarion, 9e édition, 1993, 728 pages, p. 161.
- Marc Ferro, Cinéma et Histoire, nouvelle édition refondue, folio histoire, Paris, 1993, 290 p., p. 118
- Robert Brasillach, Œuvres complètes, Tome X (histoire du cinéma, version 1935) avec Bardèche, club de l'honnête homme, p. 397.
- dossier Buñuel à la cinémathèque française
- Michael Jackson dément s'être inspiré du Triomphe de la volonté.
- (en) Robin Allan, Walt Disney and Europe, p.209.
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