Le Prévôt et les Échevins de la ville de Paris délibérant d’une fête en l’honneur du dîner de Louis XIV à l’hôtel de ville après sa guérison en 1689

Le Prévôt et les Échevins de la ville de Paris délibérant dune fête en lhonneur du dîner de Louis XIV à lhôtel de ville après sa guérison en 1689

Le Prévôt et les Échevins de la ville de Paris délibérant dune fête en lhonneur du dîner de Louis XIV à lhôtel de ville après sa guérison en 1689 est un tableau peint par Hyacinthe Rigaud en 1689 et aujourd'hui exposé au Musée de Picardie à Amiens[1].

Le prévôt et les échevins de la ville de Paris déliberant dune fête en lhonneur du dîner de Louis XIV à lhôtel de ville après sa guérison en 1689 par Hyacinthe Rigaud. Première esquisse. Amiens, musée de Picardie.

Genèse

Le 14 juillet 1689, le sculpteur Antoine Coysevox fut chargé de remplacer la statue en marbre de Louis XIV érigée en 1654 par Gilles Guérin dans la cour de lHôtel de ville de Paris, laquelle représentait le roi en jeune héros romain foulant aux pieds la figure allégorique de la Fronde.

En effet, à loccasion de la réconciliation entre le roi et sa capitale traditionnellement rebelle, le monarque était venu dîner à lhôtel le 30 janvier 1687, donnant lieu à de nombreuses festivités et à la production de nouvelles œuvres dart. Ainsi, dès le 8 août suivant, le Prévôt et les échevins décidèrent de faire du 30 janvier le sujet du traditionnel tableau exécuté à la fin de chaque prévôté.

À la fin de celles présidées par le prévôt Henry de Fourcy, le 1er avril 1689, il semble quun contrat ait été passé avec Nicolas de Largillierre. Bien que son tableau soit aujourdhui perdu, nous en conservons actuellement un certain nombre desquisses préparatoires (musée de lErmitage et musée du Louvre). Lexistence de deux esquisses de la main de Hyacinthe Rigaud semble prouver que lartiste fut un temps pressenti mais laffaire, pour une raison inconnue, ne se fit pas. À quelques variantes près pourtant, les deux artistes ont travaillé sur le même schéma de composition. Ils ont réparti en deux groupes le prévôt, les quatre échevins, le procureur, le greffier et le receveur, de part et dautre dune table, dans une salle dont le mur de fond est occupé par un grand tableau représentant le dîner à lHôtel de Ville. Les termes du contrat de Largillierre sont assez précis : « sur le devant les officiers du bureau de la ville assis et délibérant sur les marques les plus éclatantes quils peuvent laisser à la postérité de lhonneur que la ville a reçu, et sur le derrière du dict tableau le festin de ceste grande journée dans une manière de second tableau […] ». Dans notre esquisse, on voit très clairement les échevins discutant du projet statuaire de Coysevox qui, chez Rigaud (et contrairement à Largillierre qui peint ostensiblement lœuvre), est matérialisé par un dessin roulé que tient le greffier. On pourrait même reconnaître, à lextrême gauche, Coysevox et son assistant présentant la maquette. Rigaud, en véritable historien ici, souligne la participation de tous les arts en plaçant au premier plan les emblèmes académiques : « à côté du globe terrestre du géomètre, léquerre et le compas de larchitecte, le buste, le maillet et le ciseau du sculpteur, la palette et les pinceaux du peintre ». Quarante ans après Rigaud et Largillierre, Jean-François de Troy reprendra exactement leur parti dans une esquisse conservée au musée Carnavalet (1729). Lesquisse dAmiens fut longtemps attribuée à Largillierre depuis le XIXe siècle. En 1937, Gaston Brière mit en doute cette attribution, convaincu que sa facture sèche ne pouvait être de Largillierre.

L'esquisse de Rigaud de la collection Lastic

En 1976, Georges de Lastic attribuait cette esquisse à Hyacinthe Rigaud, sappuyant sur sa parenté avec lautre esquisse en sa possession et qui, selon lui, portait la signature de lartiste avant son rentoilage[2]. Il identifie à cette occasion les quatre échevins de droite comme étant Henry Herlau, Pierre Lenoir, Claude Bellier et Vincent Marescal ; les trois derniers ayant signé le contrat passé avec Largillierre. Mais vu létat desquisse des visages nous ne pouvons identifier que les personnages centraux par leurs vêtements officiels : Henry de Fourcy (prévôt) à gauche de la table avec une soutane rouge et robe de velours mi-rouge, mi-tanné ; Jean-Martin Mitantier, greffier, debout à gauche en arrière plan ; Nicolas Boucot à droite de Mitantier en manteau de velours tanné ; Louis-Maximilien Titon, procureur du roi en robe rouge à gauche dHenry de Fourcy (voir Le Roux de Lincy 1844, 1ère partie, p. 43, 2e partie, p. 55, & Hartmann 1908, p. 293-294). Cest également à Lastic que nous devons lidentification de Coysevox, debout à gauche. Cependant, dans une brochure imprimée décrivant les tableaux et les statues qui ornaient la cour de lHôtel de ville en 1689, cest un tout autre tableau qui est indiqué comme commémorant la commande de cette même statue : « La ville de Paris sous la figure dune femme anonyme couronné de Tours, et vestue dun long manteau brodé de petits vaisseaux et de fleurs de lys […] présente au Roi des arts, la peinture, la sculpture, la gravure, et supplie sa majesté de leur permettre de travailler a ses images un temps ou la France est remplie de tant dhabiles maîtres ». Les esquisses de Rigaud ne présentent donc pas la commémoration de linauguration de la statue de Coysevox mais le dîner de 1687. Sans doute sagit-il desquisses se rapportant aux délibérations sur le choix dautres œuvres dart commandées par les échevins : un buste (sculpture), une palette (peinture), un compas et une règle (gravure)…

Notes

  1. collection Rigaud en 1703 : « Deux esquisses des eschevains » estimé 1500 livres ; inventaire après décès de Rigaud, n°336 : « Item Deux petits tableaux Esquisses (faites par Rigaud) dans leurs bordures dorées numerotés lun comme lautre soixante dix neuf prisés la somme de douze livres, cy » ; collection Hyacinthe Collin de Vermont : sa vente, 14 septembre 1761 : « Deux petits Tableaux à huile, bordures dorées, Esquisses terminées de M. Rigaud, de Tableaux dEchevins pour lhôtel de ville » (n°31, p. 7)
  2. Lastic, 1976, p. 149 & 152 ; Brière, Dumoulin & Jarry, 1937, p. 30

Bibliographie

  • Paris, Bibliothèque Nationale de France, département des manuscrits, ms. fr. 24719, Décoration de la cour de lhôtel de ville de Paris pour lélection de la statue du roi et lexplication du feu dartifice, Paris, 1689, f° 495 r.
  • Gaston Brière, « Notes sur les tableaux de Largillierre commandés pour lHôtel-de-Ville de Paris », Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art français, 1920, p. 215-219.
  • Gaston Brière, « Les tableaux de lhôtel de ville de Paris » dans Société dIconographie Parisienne, Paris, 1937.
  • Georges de Lastic, « Rigaud, Largillierre et le tableau du Prévôt et des échevins de la ville de Paris de 1689 » dans Bulletin de la Société de lHistoire de lArt français, 1975.
  • B. de Montgolfier, « La municipalité parisienne sous lancien régime. Les tableaux de lhôtel de Ville », dans Bulletin du Musée Carnavalet, XXX, 1977.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Le Prévôt et les Échevins de la ville de Paris délibérant d’une fête en l’honneur du dîner de Louis XIV à l’hôtel de ville après sa guérison en 1689 de Wikipédia en français (auteurs)

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