- Le Drummond Castle
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Drummond Castle
Drummond Castle Type : paquebot Histoire Lancement : 1881 Statut : Naufrage le 16 juin 1896 Caractéristiques techniques Longueur : 111 m Maître-bau : 13 m Propulsion : chaudière au charbon et voiles Vitesse : 10 nœuds Autres caractéristiques Chantier : John Elder & Co Armateur : Castle Line Pavillon : Angleterre Le Drummond Castle est un paquebot lancé en 1881. Dans la nuit du 16 juin 1896, le paquebot Steamer Ship Drummond Castle sombrait en 15 minutes dans le passage du Fromveur, après avoir heurté une roche de la chaussée des Pierres Vertes. Il n'y eut que 3 survivants sur les 250 personnes embarquées.
Sommaire
Le naufrage
Parti du Cap en Afrique du Sud, le paquebot Drummond Castle[1] avait effectué jusqu'alors un voyage sans encombre.
En cette soirée du 16 juin 1896, les passagers se préparaient pour un dîner marquant la dernière nuit à bord. Mais si la mer est calme et la température très plaisante, le commandant William Pierce est inquiet car un brouillard est tombé depuis plus de 24 heures et il ne peut situer avec précision la position de son navire. Il sait cependant qu'il se trouve au large de Brest, dans les parages des îles d'Ouessant et Molène et connaît la dangerosité des écueils environnants. Pierce a fait effectuer plusieurs sondages, ordonnant même une fois de stopper les machines afin d'en maximiser la précision. Sondage imprécis ou mauvaise reconnaissance d'un phare ? Toujours est-il que le commandant pense avoir doublé Ouessant et il donne l'ordre de faire route à l'Est. Le Drummond Castle va alors tout droit vers la Chaussée des Pierres Vertes, ensemble de récifs au Sud de l'île de Ouessant.
Le paquebot va éventrer tout son tiers avant sur une roche qui n'émerge pas. Si le choc est ressenti violemment pour les quelques marins se trouvant à l'avant, il n'en est rien pour les passagers dont la plupart sont déjà couchés et qui apprennent, incrédules, qu'il faut se lever, s'habiller chaudement et se diriger vers les canots de sauvetage. Mais il y a déjà de l'eau jusqu'au pont et 15 minutes après le choc, le Drummond Castle sombre dans le Fromveur sans qu'aucun canot ne soit mis à l'eau.Trois survivants
Le 17 juin au matin, pécheurs molénais et ouessantins sortent en mer pour relever casiers et filets. De leurs zones de pêche respectives, ils s'aperçoivent rapidement qu'un naufrage a eu lieu dans ces eaux. Deux barques parties plus tôt que les autres vont trouver les trois survivants : Joseph Berthelé de Ouessant arrive à sauver un passager et Mathieu Masson de Molène avec son équipe ramènent deux membres d'équipage du paquebot, transis, mais en vie.
L'alerte est alors donnée. Les pêcheurs se mettent à rechercher des survivants. Le Préfet Maritime de Brest, prévenu par télégramme, envoie un patrouilleur militaire, aidé par le vapeur effectuant la liaison entre les îles et le continent. Pendant 48 heures, cette flottille cherche vainement des rescapés et ne ramène que des corps sans vie.
Plus de deux mois après le naufrage, dans un rayon de plus de 20 milles, la mer continue de rendre des corps : on en retrouve au Conquet, à Portsall...
En 1896, la méfiance et même parfois la haine envers les Anglais était très présente dans la population française et particulièrement chez les Bretons. Mais face à un drame de mer, la nationalité des naufragés n'entre pas en compte chez les Molénais et les Ouessatins où la plupart des familles comptent un disparu en mer. L'aide va alors affluer des deux îles. Les trois rescapés sont réchauffés et nourris tandis que leurs infortunés compagnons reçoivent les derniers sacrements : on dresse des chapelles ardentes, les voiles de rechange servent de linceul, des cercueils sont confectionnés et une famille fait don d'habits de cérémonie afin qu'une fillette de 10 ans soit habillée dignement et enfin, tous les corps sont portés en terre.Les mois suivants les visites officielles vont se succéder : représentants de la compagnie, parents des disparus...
Puis, en 1897, un ministre de la Reine Victoria effectue un voyage pour remercier au nom du Royaume-Uni tous les acteurs qui ont participé aux sauvetages, aux recherches et aux inhumations. Des médailles sont distribuées. Les Ouessantins se voient offrir de plus le financement de la construction d'une flèche pour leur église. À Molène, c'est une citerne ainsi qu'une horloge pour le clocher qui sont offertes. Cette cérémonie aura également donné l'occasion de voir un bâtiment de la Royal Navy dans la rade de Brest.Le centenaire
En 1996, le centenaire du naufrage du Drummond Castle fut commémoré sur Ouessant et Molène. Représentants de l'État français et anglais étaient présents avec des descendants des rescapés. La Reine Élisabeth II d'Angleterre a offert aux Molénais un drapeau anglais, en signe d'amitié envers l'archipel et ses habitants.
La redécouverte du Drummond Castle
Depuis le 16 juin 1896, le Drummond Castle repose dans le Fromveur, sur un fond de sable, à une profondeur de 65 mètres environ.
L'épave fut découverte dans les années 30 par la société italienne spécialisée dans la récupération de cargaison et le ferraillage sur épaves, la SORIMA. Pour accéder aux parties intéressantes des navires, les plongeurs de la SORIMA avaient une technique éprouvée : ils dynamitaient les obstacles, attendaient que la visibilité redevienne correcte au fond puis ils récupéraient ce qu'ils étaient venus chercher. L'épave dut subir de grandes détériorations.
En 1979, l'épave fut redécouverte par un plongeur breton après de nombreuses recherches infructueuses. De ses plongées, il remonta quelques objets (vaisselle principalement) qui sont exposés au musée du Drummond Castle sur Molène.
L'épave du Drummond Castle est cassée et très ensablée même si la forme du bateau est encore reconnaissable. L'étrave remonte de 4 mètres environ et possède toujours ses deux écubiers. Le pont ainsi que la quasi totalité des flancs du bateau se sont effondrés et disparaissent parfois sous le sable ; des guindeaux, un tas de chaînes concrétionné ou des hublots sont visibles. Au deux tiers arrière, les deux chaudières d'environ 4 mètres de diamètre, grâce à leur épaisseur, résistent assez bien à la corrosion. Vers la poupe, des amas de tôle cachent l'arbre d'hélice, mais l'hélice quadripale est toujours présente.Livres
Le romancier Henri Queffélec a romancé ce drame dans "Les îles de la Miséricorde" en 1974. ("Les romans des îles" Éditions Omnibus).
Le journaliste Tangi Quéméner a écrit "Les naufragés du bout du monde" (Ed. Le Télégramme) où il relate l'histoire du Drummond Castle.
Henri de Noussane a également consacré un chapitre de son livre "Les grands naufrages – Drames de mer" à ce naufrage.Références
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