Le Baiser au lépreux

Le Baiser au lépreux
Le Baiser au lépreux
Malade au lit (Monet) par Frédéric Bazille
Malade au lit (Monet) par Frédéric Bazille

Auteur François Mauriac
Genre Roman
Pays d'origine Drapeau de France France
Éditeur Éditions Grasset
Collection Les Cahiers verts
Date de parution  1922

Le Baiser au lépreux est un roman de François Mauriac paru en 1922. C'est le premier succès auprès du public de son auteur.

Sommaire

Historique

François Mauriac, après en avoir composé le plan général en janvier 1920, écrit le Baiser au lépreux de juillet à septembre 1921 dans la maison familiale de Saint-Symphorien[1]. Dans sa première version, le roman était construit à la première personne, et faisait apparaître ou se développer trois autres personnages secondaires. Mauriac décide de retravailler la forme et supprime des passages concernant les personnages de Daniel Trasis, d'une part, qui constituera le personnage central du Fleuve de feu (1922) et de Félicité et Fernand Cazenave dont l'histoire sera développée dans Genitrix (1923).

François Mauriac dédie son livre à son ami le romancier Louis Artus qui fît séjour chez lui durant l'écriture de l'œuvre[2].

Résumé

Jean Péloueyre est un hideux jeune homme tout juste âgé de vingt-trois ans. Très complexé par son apparence physique, il fuit spécialement les femmes. Lors de la visite des Cazenave, Jérôme Péloueyre, son père, lui annonce qu’il souhaite, selon la suggestion du curé du village, qu'il épouse Noémi d’Artiailh. Surpris et fou de joie, il est étonné d’apprendre qu’une femme serait d’accord pour cette union malgré son aspect physique. Jean, amoureux de Noémi, ne veut que le bonheur de sa nouvelle épouse et découvrir les plaisirs du corps. Il se rend vite compte que sa seule présence induit chez elle une répulsion physique incontrôlable et que la jeune femme se laisse dépérir. Pour lui infliger le moins de souffrance possible, il lui épargne sa présence et part chasser tôt le matin pour ne rentrer que tard le soir. Le curé propose à Jean de partir à Paris faire une étude bibliographique. Voyant dans cette proposition un salut pour eux-deux, il accepte.

De retour après quelques mois d'errance dans la capitale, il retrouve sa femme transfigurée et épanouie par son absence, alors que lui même s'est encore plus délabré. Noémi recommence à perdre de son éclat et Jean désespère. Il décide de s'occuper d'un ami tuberculeux et va à son tour contracter la maladie, empirant au plus au point sa état. Noémi prend conscience du sacrifice qu’il fait pour elle et alors essaye de se convaincre qu'elle en est amoureuse. Jean meurt, et Noémi doit prendre le deuil durant trois ans. Courtisée par le jeune médecin qui soignait son mari et auquel elle était particulièrement sensible, bien que capable de refréner tout élan, elle se tourne vers la religion et adopte volontairement le rôle de la pieuse veuve, renonçant à toute passion terrestre.

Personnages

  • Jean Péloueyre est un jeune homme hideux et complexé, remettant sa Foi en question : « Jean Péloueyre, la bouche amère, se leva. Il était si petit que la basse glace du trumeau refléta sa pauvre mine, ses joues creuses, un nez long, au bout pointu, rouge et comme usé, pareil à ces sucres d’orge qu’amincissent, en les suçant, de patients garçons. Les cheveux ras s’avançaient en angle aigu sur son front déjà ridé : une grimace découvrit ses gencives, des dents mauvaises. Bien que jamais il ne se fût tant haï, il s’adressa à lui-même de pitoyables paroles : « Sors, promène-toi, pauvre Jean Péloueyre ! » et il caressait de la main une mâchoire mal rasée. » Il se fait discret et craint les femmes : « …il glisserait sans qu’aucun rire fusât des seuils où les filles cousent. Sa fuite misérable suscitait la moquerie des femmes; … ». Se cachant de leurs regards, Jean, pessimiste sur son avenir amoureux, doute de ses chances. Honteux de sa personne, il mène une fuite permanente.
  • Noémi d’Artiailh est une mignonne demoiselle un peu rondelette. Candide, c’est une jeune femme très simple, soumise à Dieu et à son mari, éteinte aux passions de la chair, presque idéale selon le canon bourgeois du temps. Elle ne voit pas au-delà du corps repoussant de Jean Péloueyre et ne cherche pas à le connaître. Poussée par ses parents, elle fait un mariage de raison car « on ne refuse pas un Pélouyere ».
  • Jérôme Péloueyre est le père de Jean. Homme hypochondriaque et grincheux, il règne en despote sur sa maison et son entourage.

Thèmes et idées

Le thème primordial de ce roman est l’amour et sa complexité dans le climat chrétien du début du XXe siècle. Mauriac est catholique et ne manque pas de faire ressentir son point de vue moral et religieux dans ce roman.

Ce mariage sans amour réciproque, ce mariage souhaité par les parents, ce mariage arrangé est un piège pour Noémi et une frustration pour Jean. Il aime et il ne pense pas qu’à lui, il est respectueux des sentiments de Noémi et veut se faire aimer par elle, sans la forcer. L’idée exprimée ici est qu’en amour l’autre compte plus que soi.

Noémi est contrainte d’accepter l’importance de l’engagement sacré et définitif du mariage auquel elle est soumise malgré son absence d’amour. Elle fait des efforts pour rester auprès de Jean mais c’est à contrecœur et elle ne peut le lui cacher. L’amour ne peut naître forcé, contraint, il doit venir de l’intérieur.

Au fil du temps Jean comprend qu’elle ne l’aimera pas, qu’elle est malheureuse lorsqu’il est présent, pire encore, elle n’est véritablement apaisée qu’en son absence. Une seule logique s’impose à Jean : il doit libérer Noémi. Le divorce étant exclus, il ne lui reste que la mort. Il fait le choix de se sacrifier pour la femme qu’il désire afin de lui redonner cette joie de vivre qu’il appréciait tant en elle. Il ne sait pas alors qu’en commettant ce lent suicide il va enfin révéler sa beauté intérieure et l’étendue de son amour à Noémi.

L’analogie avec le Christ qui par amour des hommes se sacrifie pour les sauver, et Jean qui par amour pour Noémi se sacrifie pour lui redonner la vie, est évidente. Cependant à la différence du Christ, Jean va regretter son suicide lorsqu’il croit qu’enfin Noémi a vu au-delà de son apparence, à l’intérieur de son âme. Il n’y a malheureusement pas de résurrection pour Jean.

Style et technique

Mauriac utilise un vocabulaire soutenu et très varié. La majorité de ses phrases sont courtes. Dans le cas contraire, il les allège avec de la ponctuation. Le roman est rédigé au passé simple et à l’imparfait. Son style très imagé, permet de représenter ce qu’il décrit et d’une manière plus animée. Il utilise de nombreuses comparaisons. Ses descriptions sont brèves et équilibrées sur toute la durée du roman. Le suspense est très peu présent dans le roman. Le narrateur est extérieur au roman. Le roman est divisé en seize chapitres. Mauriac choisit pour son roman un dénouement fermé.

Éditions

Notes et références

  1. Le Baiser au lépreux dans le tome I des Œuvres romanesques et théâtrales complètes, Bibliothèque de la Pléiade, éditions Gallimard, 1978, (ISBN 2-07-010931-3), p.1120-1126.
  2. Ibid. p.1144.

Wikimedia Foundation. 2010.

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