Le Baiser aux lépreux

Le Baiser aux lépreux

Le Baiser au lépreux

Le Baiser au lépreux est un roman écrit par François Mauriac paru en 1922.

Sommaire

Résumé

Jean Péloueyre est un hideux jeune homme tout juste âgé de vingt-trois ans. Très complexé sur son apparence physique, il fuit les hommes et spécialement les femmes. Lors de la visite des Cazenave, Jérôme Péloueyre annonce à Jean qu’il va épouser Noémi d’Artiailh. Surpris et fou de joie, il est étonné d’apprendre qu’une femme serait d’accord de l’épouser malgré son aspect. Ils se marient avec la bénédiction du curé. Jean, amoureux de Noémi, ne veut que le bonheur de celle-ci. Il se rend vite compte que sa seule présence la « tue ». Je cite : « Noémi déjà perdait de son éclat. Jean Péloueyre mesurait ce cerne autour des yeux si tristes et qui ne le regardaient qu’avec une humble douceur. Il avait espéré que son exil du lit nuptial suffirait pour que Noémi pût s’acclimater auprès de lui. Mais l’épouse luttait désespérée contre son dégoût. » Pour lui infliger le moins de souffrance possible, il lui épargne sa présence et part chasser tôt le matin pour ne rentrer que tard le soir. Malgré ses efforts, Noémi perd de sa fraîcheur. Le curé propose à Jean de partir à Paris. Il accepte. Il part un certain temps et rentre malade. Noémi le soigne, tout en recommençant à perdre de son éclat. Jean désespère. Convaincu d’avoir tout essayé pour la rendre heureuse, il décide de se laisser mourir, pour libérer Noémi de sa quotidienne souffrance. Noémi prend conscience du sacrifice qu’il fait pour elle et comme touchée par la Grâce, elle en tombe amoureuse. Elle regrette de ne pas avoir vu au travers de l’apparence de Jean plus tôt. Jean se rend compte de l’amour qu’elle lui porte et regrette son suicide. Noémi, rongée par le remords, choisi la fidélité auprès de son défunt mari pour se faire pardonner.

Personnages

Jean Péloueyre est un jeune homme hideux et complexé, remettant sa Foi en question. Je cite : « Jean Péloueyre, la bouche amère, se leva. Il était si petit que la basse glace du trumeau refléta sa pauvre mine, ses joues creuses, un nez long, au bout pointu, rouge et comme usé, pareil à ces sucres d’orge qu’amincissent, en les suçant, de patients garçons. Les cheveux ras s’avançaient en angle aigu sur son front déjà ridé : une grimace découvrit ses gencives, des dents mauvaises. Bien que jamais il ne se fût tant haï, il s’adressa à lui-même de pitoyables paroles : « Sors, promène-toi, pauvre Jean Péloueyre ! » et il caressait de la main une mâchoire mal rasée. » Il se fait discret et craint les femmes. Je cite : « …il glisserait sans qu’aucun rire fusât des seuils où les filles cousent. Sa fuite misérable suscitait la moquerie des femmes; … ». Se cachant de leurs regards, Jean, pessimiste sur son avenir amoureux, doute de ses chances. Honteux de sa personne, il mène une fuite permanente.

Noémi d’Artiailh est une mignonne demoiselle un peu rondelette. Candide, c’est une femme très simple, soumise à Dieu et à son mari, presque idéale selon l’idéal bourgeois du temps. Elle ne voit pas au-delà du corps repoussant de Jean Péloueyre et ne cherche pas à le connaître, démontrant ainsi son peu de spiritualité.

Jérôme Péloueyre est le père de Jean. C’est un homme chétif et grincheux qui aime son fils profondément.

Thèmes et idées

Le thème primordial de ce roman est l’amour et sa complexité dans le climat chrétien du début du XXe siècle. Mauriac est catholique et ne manque pas de nous faire ressentir son point de vue moral et religieux dans ce roman.

Ce mariage sans amour réciproque, ce mariage souhaité par les parents, ce mariage arrangé est un piège pour Noémi et une frustration pour Jean. Il aime et il ne pense pas qu’à lui, il est respectueux des sentiments de Noémi et veut se faire aimer par elle, sans la forcer. L’idée exprimée ici est qu’en amour l’autre compte plus que soi.

Noémi est contrainte d’accepter l’importance de l’engagement sacré et définitif du mariage auquel elle est soumise malgré son absence d’amour. Elle fait des efforts pour rester auprès de Jean mais c’est à contrecœur et elle ne peut le lui cacher. L’amour ne peut naître forcé, contraint, il doit venir de l’intérieur.

Au fil du temps Jean comprend qu’elle ne l’aimera pas, qu’elle est malheureuse lorsqu’il est présent, pire encore, elle n’est véritablement heureuse qu’en son absence. Une seule logique s’impose à Jean : il doit libérer Noémi. Le divorce étant exclus, il ne lui reste que la mort. Et c’est effectivement ce qu’il va faire. L’aspect essentiel de l’amour qui régit la Vie des hommes : sans amour la vie ne vaut pas la peine.

Il fait le choix de se sacrifier pour la femme qu’il aime afin de lui redonner cette joie de vivre qu’il appréciait tant en elle. Il ne sait pas alors qu’en commettant ce lent suicide il va enfin révéler sa beauté intérieure et l’étendue de son amour à Noémi. Celle-ci en prend conscience et elle va comme touchée par la Grâce à son tour aimer Jean.

L’analogie avec le Christ qui par amour des hommes se sacrifie pour les sauver, et Jean qui par amour pour Noémi se sacrifie pour lui redonner la vie, est évidente. Cependant à la différence du Christ, Jean va regretter son suicide lorsqu’il réalise qu’enfin Noémi a vu au-delà de son apparence, à l’intérieur de son âme. Il n’y a malheureusement pas de résurrection pour Jean.

Ainsi la laideur apparente peut cacher la beauté profonde de l’âme, l’amour permet de la révéler.

Style et technique

Mauriac utilise un vocabulaire soutenu et très varié. La majorité de ses phrases sont courtes. Dans le cas contraire, il les allège avec de la ponctuation. Je cite : « Le repas achevé et M. Jérôme sommeillant, les pieds aux chenêts, les deux époux, sans recours possible, se trouvaient face à face. Jean Péloueyre s’asseyait loin de la lampe, respirait à peine, s’effaçait dans l’ombre. Mais rien ne pouvait empêcher qu’il fût là et que Cadette à dix heures apportât les bougeoirs. » Le roman est rédigé au passé simple et à l’imparfait, respectant correctement la concordance des temps. Son style très imagé, nous permet de mieux nous représenter ce qu’il décrit et d’une manière plus animée. Il utilise de nombreuses comparaisons. Je cite : « Etait-il persuadé qu’un absolu silence lui eût assuré un repos sans fin relié à la mort comme à l’Océan un fleuve ? », « Comme un liquide métal la lumière coulait à travers les persiennes. ». Ses descriptions sont brèves et équilibrées sur toute la durée du roman, nous permettant de mieux les appréhender. Le suspense est très peu présent dans le roman, mais il ne fait pas défaut. Le narrateur est extérieur au roman. Le roman est divisé en seize chapitres, qui eux sont divisés en paragraphes. La structure est claire et nous facilite la lecture. Mauriac choisi pour son roman un dénouement fermé. A la fin du roman, nous avons connaissances de la situation de chaque personnage, ce qui nous libère l’esprit et nous épargne le doute.

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