- Laboratoire Cyclope
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Le laboratoire Cyclope a été fondé en 1998 dans un ancien bains-douches du 18e arrondissement de Paris par Jean Barbier, collectionneur et passionné de photographie. Beaucoup d’artistes des années 1970 et 80 avaient opté pour le médium photographique mais ils se heurtaient à des processus de fabrication trop industriels et commerciaux. Jean Barbier voulait créer un lieu qui offre les moyens techniques des gros laboratoires mais où les artistes aient des interlocuteurs mariant les savoir-faire les plus pointus à une solide culture picturale. Compagnon de la première heure, le tireur d’origine chinoise Choi Chung Chun s’associe à l’aventure et permet par sa virtuosité hors du commun, de placer immédiatement le laboratoire au premier plan français. Les meilleurs techniciens intègrent le laboratoire et les photographes les plus prestigieux s’y pressent comme Helmut Newton, Nan Goldin, Lucien Clergue, Victor Burgin, Jim Dine, ou Sophie Calle. La renommée de Cyclope s'étend au-delà des frontières, le laboratoire collabore avec les galeries et les musées les plus prestigieux et devient en quelques années une référence mondiale. D’abord renommé pour ses tirages argentiques exceptionnels, le laboratoire Cyclope prend le virage du numérique au début des années 2000 et le succès est à nouveau au rendez-vous. Toutes les options techniques sont offertes et une nouvelle génération d’artistes plébiscite le laboratoire qui compte parmi ses nouveaux clients des artistes comme Xavier Veilhan, Alain Bublex, Chiho Aoshima ou Vik Muniz.
En 2000, Jean Barbier fonde l’Atelier Deuxième Œil, un atelier d’encadrement et d’encollage dédié à la photographie plasticienne.
Depuis la Seconde Guerre mondiale, l’essor de la photographie comme mode de représentation privilégié de la société de consommation a généré des progrès techniques remarquables. La couleur s’est imposée et le recours au grand format à des fins publicitaires s’est généralisé. Comme souvent lorsque de nouvelles possibilités techniques émergent, de nombreux artistes les détournent à leur usage et confèrent à ces nouveaux modes de représentation un statut qui n’était pas celui qui leur était destiné au départ.
Au tournant des années 1980, la photographie a délaissé son support d’élection qui était le tirage noir et blanc de petit format, pour adopter subrepticement les gymniques de la publicité et privilégier l’efficacité visuelle spectaculaire du tirage couleur et le plus souvent de grand format, permettant par la même occasion aux artistes d’adapter leurs œuvres aux cimaises gigantesques des nouveaux musées d’art contemporain qui essaiment un peu partout dans le monde. Pour répondre au désir de nombreux artistes de produire ces images de grand format – lesquels posent de nouvelles problématiques en termes d’encadrement, de manipulation, d’accrochage et de stockage –, l’Atelier Deuxième Œil développe de nouveaux modes de présentation qui permettent de conjuguer le savoir-faire traditionnel des métiers de la photographie aux techniques les plus avancées en termes de montage et d’encadrement, avec comme seul but une qualité de réalisation jamais vue jusqu'alors. La photographie devient rigide, auto-porteuse, et s’affranchit du cadre pour devenir un objet autonome. Un peu à la manière d’un écran au Plasma ou d’un aquarium, l’image se laisse voir derrière un écran transparent qui contient l’image et qui est image en même temps, mêlant en plus à son contenu le reflet du spectateur. Le procédé rend la matière photographique, la surface du papier photo, impalpable et indissociable de son support. Le médium s’efface au profit d’une pure représentation picturale, libérant ainsi la photographie d’un de ses derniers complexes : l’assujettissement au réel. Offrant une surface lisse, à l’hygiène parfaite, loin des cuves et de la chimie de la photographie traditionnelle, cette photographie représente la parfaite symbiose d’un art contemporain et de la société qu’il représente. Comme l’histoire de l’art l’a souvent démontrée, la forme qui supporte le propos des artistes est toujours révélateur des valeurs privilégiées par leur temps.L'émergence de multiples sites galeries online brouille les pistes en adoptant les modes de présentation de la photographie plasticienne et en les déclinant à l'infini sur les images les plus mercantiles. Dès lors convaincu que la photographie plasticienne dans sa dimension expérimentale avait vécu, Jean Barbier vend ses parts et se retire.
Catégorie :- Entreprise reliée à la photographie
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