- Labalabavu Sukuna
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Ratu Sir Josefa Vanayaliyali Labalabavu Sukuna (né le 22 avril 1888 à Fidji, mort le 30 mai 1958) était un légionnaire et homme politique, porteur du titre de chef de la maison royale de Bau. Grand chef fidjien « prince » dit Henry Farnsworth qui fut son camarade de combat. Son grand-père est un cousin de Ratu Seru Cakobau, le « roi de Fidji » qui cède l´archipel à la Grande-Bretagne en 1874. Son père est l´un des plus sérieux prétendants au titre de souverain suprême de Fidji (Vunivalu). Sa mère est l´aînée des enfants du Tui Nayau, le chef de Lau, et son statut de chef est considérablement accru par le fait qu´il est neveu de chef de Lau (Vasu Levu). Son père lui inculque une éducation occidentale avec un précepteur, puis il est envoyé au lycée en Nouvelle-Zélande.
Sommaire
La Grande Guerre
Ses études universitaires sont interrompues par la Première Guerre mondiale. Refusé par l´armée britannique parce qu’il est un homme de couleur, il quitte Oxford et traverse la Manche en décembre 1914, pour s´engager dans la Légion étrangère. Les volontaires sont si nombreux que ce n´est que le 8 janvier 1915 qu’il peut souscrire son contrat. En févr. 1915, il est au front avec la première brigade de la division marocaine au sein du 2e régiment de marche du 1er régiment étranger. En mai, il participe à l´offensive d´Arras et reçoit sa première citation puis poursuit sa progression vers l´autre extrémité de la ligne de front. En sept. 1915, il participe à la bataille de Champagne, au cours de laquelle il reçoit une autre citation. Devant Souain, le 28 septembre 1915, après deux jours de bombardements, il est atteint par une balle à la tempe. Il est évacué sur Lyon et hospitalisé pendant trois mois. En janvier 1916, sous la pression les autorités britanniques, il embarque sur un navire à destination de Fidji.
La carrière politique
Le 30 mars, la tête encore couverte de bandages, il débarqua à Suva où il est accueilli en héros. A Fidji, malgré la position subalterne dans laquelle son statut d'indigène le cantonne, il est heureux de contribuer directement au bien-être de son peuple. Fonctionnaire de l´administration autochtone, expert officiel de la langue fidjienne, sous-inspecteur indigène honoraire de la Fijian Constabulary et sous-lieutenant dans la Fiji Defence Force, il est chargé de fonctions administratives. Avec d´autres grands chefs, il insiste auprès des autorités coloniales pour que des Fidjiens puissent être envoyés au front. A Londres, le ministère de la guerre, intransigeant, ne pense pas à une utilité quelconque, en dehors des garnisons du Pacifique. Les seuls ressortissants autorisés à partir pour l´Europe sont des Blancs. Les petites unités locales restent strictement encadrées par des Européens. En juin et juil. 1916, Il est promu au grade de lieutenant et voit chargé de l´entraînement d’une section de Fidjiens.
De nouveau le front européen
En mai 1917, il obtient de repartir pour la France, comme sergent d’un contingent de manoeuvres fidjiens, le Labour Corps. En juil., ces hommes sont employés à des travaux de manutention à Calais. En janv. 1918, ils sont envoyés à Marseille, comme dockers. Et en sept., ils embarquent au Havre à destination de leur terre natale.
De retour à la vie civile
Après la guerre, il reprend ses fonctions dans l´administration locale (Secretariat of Native Affairs) puis retourne à Oxford pour achever ses études supérieures et exercer quelque temps au barreau de Londres. Dans son pays, son rôle ne cesse de prendre de l´importance. Son statut de chef de haut rang, combiné à ses activités professionnelles, permirent à cet homme particulièrement intelligent et travailleur de devenir un personnage majeur. Le seul à connaître vraiment les deux cultures, fidjienne et britannique. Commissaire provincial en 1932, membre indigène du Conseil législatif en 1937, membre du conseil de guerre et commissaire des terres indigènes en1940. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Ratu Sukuna appele les Fidjiens à soutenir la Grande-Bretagne dans la guerre en déclarant que les Fidjiens ne seraient reconnus qu´après avoir versé leur sang. Ils répondent en masse et se dévouèrent totalement. 6 000 Fidjiens portent l´uniforme sur une population autochtone masculine d’environ 55 000 âmes. En mai 1940, Londres demande aux autorités fidjiennes de recruter et d’équiper cent hommes pour les théâtres d´opérations extérieurs. Le gouvernement charge Ratu-Sukuna d’organiser l´enrôlement. Chaque province doit fournir un quota de recrues. Le plus difficile est de limiter le nombre de volontaires. Ce fut un honneur pour tout ceux qui furent choisis, et leur départ est marqué par de grandes fêtes. Au cours de l´année 1942, Londres sollicite un millier d´hommes supplémentaires. Ratu Sukuna, alors lieutenant-colonel, est en poste au sein de l´état-major administratif de la force et membre du Conseil de guerre. Il supervise le recrutement d´un bataillon de troupes régulières, le « 3rd Battalion ». Il affirme que les Fidjiens ne seront reconnus, que s’ils versent d´abord leur sang. Le gouverneur, s´adressant au Grand Conseil des chefs le 16 sept., explique que les alliés combattaient pour défendre la liberté qui leur permettrait de vivre conformément à leurs traditions. Les grands chefs acceptent en espérant que leurs hommes seront envoyés en Afrique ou en Égypte. En avr. 943, le « 1st Batt F.M.F » et le « 1st Commando Fiji Guerillas » embarquent pour les îles Salomon. Le 28 déc. 1942, les membres de la force fidjienne sont engagés dans une véritable opération contre l´ennemi, avec la 7e compagnie du 182e bataillon d´infanterie US, chargée de surveiller la rive gauche de la rivière Lunga, à Guadalcanal. Le « 3rd Battalion Fiji Infantry Regiment, Fiji Military Forces », est constitué à Lautoka en avril 1943, puis déployé à Bougainville. Le « 3rd Batt » est rapatrié aux Fidji le 6 septembre 1944 à bord de l’Altinah. Au total, plus de 2.000 Fidjiens ont été déployés aux Salomon. Ils ne déplorent que quarante-deux morts. En août 1945, le « 3rd Battalion » est dissous. Le 18 mars 1946, les forces militaires des Fidji sont invitées par le gouvernement britannique pour participer à la parade de la Victoire, à Londres, le 8 juin. Le commandement désigne 82 hommes, dont 10 officiers et 6 membres des Tonga Defence Forces, placés sous les ordres du lieutenant-colonel Sukuna, Pendant le processus de décolonisation de Fidji, un conseil législatif rassemblant des élus des différentes communautés est formé. En 1956, Ratu Sukuna en fut désigné président. Il prend sa retraite le 22 avril 1958, le jour de son soixante-dixième anniversaire, poussé par une santé déclinante. Il décède le 30 mai, à bord d’un navire qui l’emmène vers Londres. Le 29 avril est jour férié aux Fidji : c´est le Ratu Sukuna Day et sa mémoire est chaque fois honorée.
Décorations
- Knight Commander of the Most Distinguished Order of Saint Michael and Saint George (KCMG),
- Knight Commander British Empire (KBE),
- Médaille militaire.
- Croix de guerre 1914 1915 avec 2 citations
Références bibliographiques
- The Pacific Islands, an encyclopedia : B.Lal&K.Fortune. (Canberra 2000)
- Ratu Sukuna : Soldier Statesman Man of Two Worlds. Deryck Scarr. (1980)
- Letters of Henry Weston Farnsworth of the Foreign Legion.(Boston.1920).
Catégories :- Naissance en 1888
- Décès en 1958
- Personnalité politique fidjienne
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