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La Nef des fous (Bosch)
Pour les articles homonymes, voir La Nef des fous.La Nef des fous Jérôme Bosch, vers 1500 Huile sur panneau 58 × 32 cm Musée du Louvre La Nef des fous est un tableau peint par Jérôme Bosch au XVe siècle.
Contexte
Jérôme Bosch est un peintre flamand dont l'œuvre se situe au tournant du XVe et du XVIe siècle, à l'époque où les conflits sociaux étaient à leur apogée et que la religion vivait une crise profonde. La peinture flamande est fidèle à la tradition religieuse. La réussite de l'œuvre de Bosch n'a sans doute été possible que par la conjoncture du moment alors que les principes modernistes de la Renaissance tels que la découverte de la perspective, la connaissance de l'anatomie, émergeaient à Rome et que la tradition des peintres médiévaux aux Pays-Bas étaient encore dans l'actualité, comme le démontre Jérôme Bosch dans son éternelle lutte du Bien contre le Mal.
Analyse de l'œuvre
À l'époque de Jérôme Bosch, les conflits sociaux étaient à leur apogée et la religion vivait une crise profonde. Au moment où la peinture florentine crée l'esthétique de la Renaissance, la peinture flamande reste fidèle à la tradition religieuse. Mais celle-ci, par le déclin du Moyen Âge, va subir une crise fondamentale dont Bosch est le reflet.
La Nef des fous, en allant plus loin que l'aspect burlesque qu'elle dégage au premier abord, est une critique de la folie des hommes qui vivent à l'envers et perdent leurs repères religieux.
Le monde qu'il peint est un monde renversé tel qu'on le retrouve dans la vie à l'époque (mis à part les interventions d'origine imaginaire de l'artiste). Ce n'est pas la tête qui règne ici mais le ventre. Si la tête ne règne pas, c'est qu'elle est folle. Sa folie est d'adorer le ventre, sa folie est le péché. Le péché de la gourmandise ainsi que celui de la luxure étaient des vices très répandus depuis longtemps dans les monastères. Bosch nous montre donc son regard sur le monde de l'époque en critiquant les mœurs dissolues du clergé, la débauche de la vie monastique et la folie humaine cédant aux vices.
Il dénonce les vices par la folie en les attribuant à des personnages appartenant apparemment aux classes inférieures de la société. Ainsi le convive qui vomit montre la débauche de celui qui succombe aux effets de l'alcool, une cruche serait le symbole du sexe féminin ou du diable, le poisson mort sans écaille est le péché, le masque de chouette regardant la scène symbolise le démon…
La nef des fous est un terme repris aux traditions des Flandres du XVe siècle. En effet, l'œuvre de Bosch trouve aussi ses sources dans la littérature de l'époque. Publiée en 1494, La Nef des fous de Sébastien Brant accueille, dans sa nef symbolique, des fous de toutes catégories et fait défiler les faiblesses humaines. L'une de ses strophes dit : « Mieux vaut rester laïque que de mal se conduire en étant dans les ordres ». Beaucoup de similitudes existent entre ce livre et la représentation faite par Bosch. Un lien non négligeable avec L'Éloge de la folie d'Érasme est à faire. De plus, la métaphore de la barque était l'une des plus fréquentes au Moyen Âge. On la retrouve aussi dans La Barque bleue de Jacques Van Oestvoren.
Ainsi, la relation qu'établit Bosch entre « vice » et « folie » est caractéristique de la littérature du XVe. Avec ce tableau, il met en garde d'une manière burlesque la perte des valeurs ecclésiastiques, la négligence ou la folie des hommes par rapport à la religion, enfin tout ce qui règne à la fin du XVIe siècle, à l'heure du déclin du Moyen Âge.
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