- Amyntianus
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Amyntianus est un cognomen romain tiré d’un nom grec utilisé sous l’Empire. Plusieurs personnages relativement importants sont connus par ce cognomen ou l’ont porté.
Sommaire
Amyntianus, historien d’Alexandre
Amyntianus[1] est un rhéteur et historien peu connu du IIe ou IIIe siècle après J.-C. Il est avant tout connu par une notice de Photios consacrée à sa biographie d’Alexandre le Grand dédiée à « l’empereur romain Marcus »[2]. Photios se montre assez critique envers un style sans vigueur ni consistance et sur son ouvrage clair mais négligeant des éléments importants. On considère en général que c’est la même biographie d’Alexandre qui est citée par les scholies bernoises des Géorgiques de Virgile (III, 137).
Photios nous fait connaître d’autres ouvrages composés par le même Amyntianos, en particulier des vies parallèles : celle de Denys de Syracuse et de Domitien (en deux livres), de Philippe II de Macédoine et d’Auguste. On reconnaît là une influence sans doute importante de l’œuvre de Plutarque de Chéronée. Photios ajoute encore que l’on connaît aussi de lui un ouvrage sur Olympias la mère d’Alexandre. On identifie en général cet auteur à l’Amyntianus qui avait écrit un ouvrage sur les éléphants selon les scholies à Pindare (Ol. III, 52).
Si Th. Reinach[3] identifiait l’empereur Marcus à Caracalla, on considère plus souvent aujourd'hui qu'il s'agit de Marc Aurèle[4] : la présence de sénateurs nommés Amyntianus à son époque, sa plus grande proximité avec l’époque de Plutarque et de Domitien, le renouveau porté à l’histoire d’Alexandre le grand qui suivit sans doute la publication de l’œuvre d’Arrien et l’expédition en Orient de Lucius Verus. Néanmoins, l'Histoire Auguste et Dion Cassius mentionnent la passion que vouait l'empereur Caracalla pour Alexandre, perçu comme un modèle héroïque.
La découverte d'un manuscrit par le philologue P. Kerameus, dans la collection du patriarche orthodoxe de Jérusalem en 1891, a permis d'exhumer un fragment important d'une vie d'Alexandre (1/3 de la biographie environ) : le Fragmentum Sabbaiticum (Jacoby, FGrHist, n°151). En publiant pour la première fois une traduction française de ce texte Th. Reinach proposa, sur des bases stylistiques, de l'identifier avec la vie d'Alexandre écrite par Amyntianus et assimila l'empereur à qui était adressée la dédicace à Caracalla. Ce fragment, s'il n'apporte guère à l'histoire de l'épopée alexandrine, reste néanmoins utile car il est probable qu'il ait puisé ses informations quasi exclusivement dans l'œuvre sur Alexandre de Callisthène d'Olynthe, qui est intégralement perdue. Ainsi la description de la bataille du Granique, comme l'épisode légendaire du retrait des eaux lors du passage d'Alexandre par le golfe de Pamphylie remonteraient très certainement à l'historiographe Callisthène. On retrouve en effet des similitudes descriptives avec le Roman du Pseudo-Callisthène comme l'a justement noté Theodore Reinach dans son article sur Amyntianus. Il faut cependant observer qu'à une date aussi tardive que le deuxième ou le troisième siècle de notre ère, il n'est pas étonnant de retrouver de tels éléments, déjà bien répandus dans la tradition historiographique sur Alexandre. L'hypothèse de l'identification de l'auteur du Fragmentum Sabbaiticum avec l'Amyntianus de Photios n'a donc pas été reçue sans réserve : elle ne peut-être considérée que comme une supposition[5] ou ne semble pas retenue[6].
Sénateurs romains ayant porté le cognomen Amyntianus
- La Souda signale un sénateur romain portant le nom d’Amyntianus[7], il est fort possible qu’il s’agisse de l’auteur de la biographie d’Alexandre[8].
- [Voconius] Amyntianus Proculus était un jeune sénateur romain dans les années 180, il fut alors coopté dans le collège des prêtres des Saliens du Palatin[9],[10].
- Q. Voconius Saxa Amyntianus sénateur dont la mère était sans doute originaire des provinces hellénophones[11].
- Q. Pompeius Sosius Priscus…, consul en 169, portait dans sa nomenclature complète, plus de 35 cognomina, manière de rappeler sa généalogie, dont celui d’Amyntianus[12].
Autres attestations notables du cognomen Amyntianus
- Iulius Amyntianus[13], frère de Caius Julius Severus consul en 139, qu'il faut peut-être rapprocher de l'historien d'Alexandre[14].
- M. Firmius Amyntianus, préfet des vigiles en 210.
- P. Aelius Amyntianus centurion romain qui participe à la fortification de Salone en 170 sous Marc Aurèle[15].
- On ne connaît en outre que 4 autres attestations du cognomen Amyntianus dans la ville de Rome : il ne s’agit donc pas d’un cognomen très courant[16].
Notes
- PIR² A 574
- Photios, Bibliothèque, tome II (codices 84-185), texte établi et traduit par R. Henry, Paris, 1960, codex 131, pp. 104-105 et 218.
- liens externes pour trouver l'article de theodore Reinach ( avec edition du texte en grec ). Theodore Reinach, "Fragment d'une nouvelle histoire d'Alexandre le Grand", Revue des Études Grecques, V, sept.1892
- E.L. Bowie, "Greeks and Their Past in the second Sophistic", Past and Present, 46, 1970, pp. 3-41
- E.L. Bowie, op.cit.
- J. Auberger, Historiens d'Alexandre, Les Belles Lettres Paris, 2001, considère que le Fragmentum Sabbaiticum est "resté anonyme"
- Souda, A 1642
- PIR² A 573
- CIL, VI, 1980
- PIR² A 575
- PIR¹ V 611
- CIL, XIV, 3609
- PIR², I 147
- S. Mitchell, « R.E.C.A.M. Notes and Studies N°1 : Inscriptions of Ancyra », Anatolian Studies 27, 1977, p. 90
- CILIII, 1980 et p.1030
- H. Solin, Die griechischer Personennamen in Rom I, 2003, p. 206
Catégories :- Homonymie
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- Rhétorique grecque
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