- La Nuit des morts-vivants
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Pour le remake de Tom Savini, voir La Nuit des morts-vivants (film, 1990).
La Nuit des morts-vivants
Données clés Titre original Night of the living dead Réalisation George Romero Scénario George Romero
John RussoActeurs principaux Duane Jones
Judith O'DeaSortie 1970 Durée 96 minutes Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
La Nuit des morts-vivants (Night of the Living Dead) est un film américain de 1968 réalisé par George A. Romero.
C'est le premier volet de la saga des zombies.
Sommaire
Synopsis
Un cimetière de Pennsylvanie. Barbara et son frère Johnny ont fait une longue route pour venir se recueillir sur la tombe de leur père, enterré dans leur ville natale. Ce rite annuel irrite Johnny, qui se moque de Barbara, et lui rappelle comment il lui faisait peur lorsqu'elle était enfant. Il cherche à nouveau à l'effrayer, en lui indiquant que les morts vont venir la chercher. Barbara, énervée, s'isole, et se fait agresser par une personne à la démarche mécanique et au visage ravagé. Son frère la défend, mais meurt dans la lutte, la tête fracassée contre une pierre tombale. Barbara s'enfuit, et se réfugie dans une maison isolée. Un routier afro-américain, Ben, la rejoint, et bloque portes et fenêtres avec des planches de bois alors que de nombreux morts, revenus à la vie, se dirigent vers la demeure. Barbara s'évanouit, et restera en état de choc à son réveil.
Distribution
- Duane Jones : Ben
- Judith O'Dea : Barbara
- Karl Hardman : Harry Cooper
- Marilyn Eastman : Helen Cooper
- Keith Wayne : Tom
- Judith Ridley : Judy
- Kyra Schon : Karen Cooper
Morts
- Johnny : Nuque brisée par une pierre tombale.
- Tom et Judy : Dévorés apres l'explosion de la voiture.
- Karen Cooper : La petite fille fut mordue et se transforma en zombie (on peut supposer qu'elle a été abattue par des policiers à la fin du film).
- Harry Cooper : Se fait tuer par barbara à la fin du film
- Helen Cooper : Poignardée à plusieurs reprises par sa fille.
- Barbara : Se fait dévorer par Johnny, revenu d'entre les morts.
- Ben : Se fait tirer une balle dans la tête accidentellement par deux policiers qui l'ont pris pour un zombie.
Fiche technique
- Titre : La Nuit des Morts-Vivants
- Titre original : Night of the Living Dead
- Réalisation : George A. Romero
- Scénario : George A. Romero et John A. Russo
- Directeur de la photographie : George A. Romero
- Musique : Scott Vladimir Licina
- Montage : George A. Romero et John A. Russo
- Maquillage : Karl Hardman
- Effets spéciaux : Regis Survinski et Tony Pantanello
- Production : Karl Hardman et Russell Streiner
- Sociétés de production : Laurel Productions et Image ten
- Budget : 114 000 dollars
- Pays d'origine : États-Unis
- Format : Noir et blanc - 1,33:1 - 16 mm - son Mono
- Genre : Horreur, épouvante, zombies
- Film interdit en salles aux moins de 16 ans
Élaboration et sources
De l'idée du scénario à une production indépendante
En 1961, après ses études au college, George Romero fonde avec une dizaine d'amis une société de production, The Latent Image, spécialisé dans les films télévisés. L'objectif du petit groupe, qui travaille à Pittsburgh, est de réunir assez d'argent, d'expérience et de matériel pour se lancer dans la production d'un long-métrage, ce qui est possible au bout de quelques années. La recherche de financeurs s'avère dans un premier temps vaine, le projet n'intéresse personne. Le petit groupe décide alors d'investir ses propres finances, entorse à une règle de sécurité observée par l'ensemble de la profession[1].
Le petit groupe fonde une société de production, Image Ten. Chacun des dix actionnaires apporte 600 dollars. La somme permettra le lancement du tournage. Le reste du budget, 6 000 dollars, sera finalement obtenue de financeurs, sur présentation des premiers rushes. Le budget total du film est donc de 114 000 dollars[1],[2].
Romero expliquera qu'en 1968, le paysage des grandes productions avait évolué. Selon lui, l'industrie du spectacle commençait à battre de l'aile à cause de la concurrence de la télévision. Pour y faire face, les exploitants de cinéma se seraient tournés vers la violence, l'horreur et le sexe. « Dans ce contexte, le cinéaste indépendant devait se transformer en investisseur et se retrouvait parfois contraint de compromettre son art. Mais au moins, il pouvait travailler[3]. »
Le choix d'un film d'horreur est une stratégie commerciale décidée par des nouveaux qui n'ont aucune expérience en matière de distribution : « Nous n'étions [...] pas sûrs qu'un distributeur national serait intéressé. Mais nous nous disions que, au pire, nous pourrions toujours rentrer dans nos fonds en les projetant dans les drive-in de la région[4]. ». Ce sont donc la « relative viabilité commerciale du genre[5] » et « le goût croissant du public pour le bizarre et l'inédit » qui poussent l'équipe à choisir ce sujet, bien plus qu'un goût particulier pour l'horreur - même si celui-ci est indéniable en ce qui concerne Romero.
Mais une fois ce choix effectué, le petit groupe s'engage totalement pour achever à un film de qualité[6]. Certes, reconnaît un des producteurs, Russel Streiner, le groupe aurait préféré réaliser un grand film dramatique. Mais le choix du genre effectué, ils décidèrent de tout faire pour rendre le film « le plus réaliste possible avec le budget dont nous disposions[7] ».
George Romero avait écrit une nouvelle qu'il décrit comme une sorte d'allégorie inspirée par Je suis une légende de Richard Matheson, mettant en scène « une masse informe revenue d'entre les morts et poussée par un besoin irrépressible de se nourrir de la chair et du sang des vivants[3] ». John Russo en assurera la scénarisation au moment où Romero est occupé à préparer le tournage[3],[8].
Des choix artististiques et scénaristiques sont dictés par les contraintes budgétaires. Mettre en scène des morts-vivants nécessite peu de maquillage et d'effets spéciaux[8]. De même, Romero témoigne que le choix du noir et blanc est moins dicté par des parti-pris esthétiques que par des impératifs financiers[3].
Inspiration et sources
La nouvelle de Richard Matheson, Je suis une légende, première source d'inspiration de Romero, avait fait l'objet d'une adaptation cinématographique, dans un film américano-italien co-réalisé par Sidney Salkow et Ubaldo Ragona, avec Vincent Price. Une autre adaptation, Le Survivant, réalisée par Boris Sagal, sortira en 1971, avec Charlton Heston. Les vampires de ces adaptations ont la lenteur des zombies de Romero, mais sont beaucoup plus vulnérables[9].
Réception et postérité
Cinq suites ont été entreprises par George Romero : Zombie (1978), Le Jour des morts-vivants (1984), Le Territoire des morts (2005), Chronique des morts-vivants (2008) et Le Vestige des morts-vivants (2009). Un remake du film a été réalisé en 1990 par Tom Savini, célèbre spécialiste des effets spéciaux de maquillage et collaborateur habituel de George A. Romero. Tom Savini fut engagé par Romero pour réaliser les effets spéciaux de ce film mais il fut enrôlé dans l'armée peu avant le début du tournage. C'est pourquoi il sembla alors évident à Romero de lui confier la réalisation du remake de 1990.
Problème de copyright
Juste avant sa sortie en salles aux États-Unis, le titre original du film, Night of the Flesh Eaters, fut changé en Night of the Living Dead par le distributeur The Walter Reade Organization. Cependant, lors de l'insertion du nouveau titre, celui-ci oublia d'insérer la mention de copyright, présente sur l'ancien titre. Walter Reed possédait quelques copies du film mentionnant le copyright original, ce qui lui aurait permis de s'en prévaloir, mais cela ne fut jamais fait. En conséquence de quoi le film est définitivement tombé dans le domaine public sur le territoire américain. De ce fait, une innombrable série de DVD, à la qualité de transfert souvent médiocre, a été éditée sous les labels les plus divers.
Aux États-Unis
En Europe
Analyse
Le film est marqué par les convictions politiques de l'auteur. L'acteur principal est un jeune afro-américain : chose rare pour l'époque, la ségrégation étant encore de mise aux États-Unis un an auparavant. Ce choix de Romero (même si le réalisateur a toujours affirmé avoir engagé Duane Jones non pour sa couleur de peau mais pour ses talents d'acteur[10]) est encore renforcé par le sort réservé au héros qui doit subir, en sus des assauts de zombies, les critiques de Harry Cooper. Seul survivant, il sera abattu par la police à la fin du film, la police l'ayant pris de loin pour un zombie. En outre, l'attaque des zombies a également été interprétée comme une métaphore de la guerre du Vietnam[11].
Ainsi, La Nuit des morts-vivants, derrière une intrigue brute et simple, est un film politique, comme d'autres films de Romero (par exemple Zombie, critique de la société de consommation).
Distinctions
Notes et références
- Modèle:Rouyer
- Russo 1985
- Romero 1985
- Rouyer 1997, p. 46 Modèle:Russo cité dans
- Met 2008, p. 15
- Rouyer 1997, p. 46
- Rouyer 1997, p. 46. Propos de Russel Streiner dans Cinéfantastique, volume 4, n°1, printemps 1975. Cité dans
- Rouyer 1997, p. 48
- Lafond (dir) 2008, p. 193. Voir la note 10 de
- Alan Jones, The Rough Guide to Horror Movies (New York: Rough Guides, 2005), p. 118
- Thoret (coord), p. 29 Serge Chauvin, Du mort et du vivant, in
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Le témoignage d'un critique de cinéma au moment de la sortie de la Nuit des morts-vivants
- Night of the Living Dead sur l’Internet Movie Database - Version plus complète en anglais
- (fr) Site officiel de la réédition française
Vidéographie
Éditions du film
Documentaires
Bibliographie
Livres
- Frank Lafond (dir), George A. Romero : un cinéma crépusculaire, Paris, Michel Houdiard, 2008, 230 p. (ISBN 2912673933)
- Jean-Baptiste Thoret (coord.), Politique des Zombies : L'Amérique selon George A. Romero, Paris, ellipses, coll. « les grands mythes du cinéma », 2007, 224 p. (ISBN 978-2-7298-3252-0) [présentation en ligne]
- Philippe Rouyer, Le cinéma gore : une esthétique du sang, Paris, Éditions du cerf, septembre 1997, 10627e éd., 264 p. (ISBN 2-204-05787-8) [présentation en ligne]
Articles et périodiques
- François Angelier, « À leurs corps défendants », dans Jean-Baptiste Thoret, Politique des zombies : L'Amérique selon George A. Romero, Paris, Ellipses, coll. « les grands mythes du cinéma », 2007, 224 p. (ISBN 978-2-7298-3252-0) [présentation en ligne], p. 15-23.
- Vincent Avenel, « La Saga des morts-vivants de George A. Romero » sur http://www.critikat.com, juillet 2006. Consulté le 18 septembre 2010
- Serge Gauvin, « Du mort et du vivant », dans Jean-Baptiste Thoret, Politique des zombies : L'Amérique selon George A. Romero, Paris, Ellipses, coll. « les grands mythes du cinéma », 2007, 224 p. (ISBN 978-2-7298-3252-0) [présentation en ligne], p. 29-333.
- Philippe Met, « La Nuit des morts-vivants », dans Frank Lafond, George A. Romero : un cinéma crépusculaire, Paris, Michel Houdiard, 2008, 230 p. (ISBN 2912673933).
- (en) George Romero, « Préface », dans John Russo, The Complete Night of the Living Dead Handbook, Harmony Book, 1985.
traduit en français dans Thoret 2007, p. 24-28.
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