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Exploration urbaine

Fort de Buc

L'exploration urbaine ou urbex est une activité consistant à visiter des lieux, abandonnés ou non, et en général interdits d'accès, ou tout du moins d'accès difficile. L'explorateur urbain apprécie la solitude des espaces situés en-dehors des zones d'activité et de passage conçues comme telles : ainsi, la visite guidée de la nef d'une cathédrale sera remplacée par l'exploration nocturne de ses toits, les usines abandonnées deviennent un terrain de jeu, etc.[1]

En France, la région parisienne est propice à cette activité (métro, nombreux chantiers, usines, hôpitaux et autres bâtiments abandonnés, toits d'immeubles, monuments, souterrains, etc.). L'Australie et les États-Unis comptent également des communautés importantes de pratiquants.

Sommaire

Centres d'intérêt des explorateurs urbains

L'exploration urbaine est un ensemble de pratiques dont les motivations peuvent être très éloignées. Certains seront portés sur le patrimoine, l'ancien et l'abandonné, pour d'autres se sera la maitrise de la ville moderne et de ses coulisses. La photographie est également une motivation importante. Les groupes se forment bien souvent autour d'une de ces pratiques. En France plus qu'ailleurs la spécialisation des pratiquants est très forte: certains ne vont que dans les catacombes, d'autres ne font que des toits ou des visites du métro.

Toiturophilie

En toiturophilie les lieux visités sont toujours des toits, que ce soit de résidences, de grands immeubles (administration, site public), d'églises ou de cathédrales. Par extension, le toiturophile escalade aussi des grues ou de hautes cheminées. Cette activité se pratique généralement de nuit, à la faveur d'accès le plus souvent illégaux. Certains cependant obtiennent des accès légaux, notamment dans le cadre de campagnes d'entretiens ou de reportages photographiques. Le toiturophile monte généralement sur les endroits les plus hauts, afin d'apprécier la vue et prendre des photos. Au lieu de simplement assister aux visites touristiques, il est motivé par une volonté de calme et de détente. La visite de ces lieux, sans personne pour troubler leur tranquillité, devient alors un moment privilégié d'observation du panorama et de perception des éléments (tel que le vent ou la pluie).

Cataphilie

Est qualifié de cataphile tout individu qui pénètre dans les carrières souterraines de Paris (parfois confondues avec les catacombes) et en parcourt les galeries. Quelles qu'en soient les raisons. Les motivations cataphiles sont très diverses : sont souvent avancées l'intérêt historique, le besoin de solitude, le goût de l'exploration, l'attrait du monde minéral, etc.

Les cataphiles se distinguent essentiellement des spéléologues en ce que la passion des cataphiles vise plutôt à l'exploration des lieux souterrains construits par la main de l'homme et présentant donc un attrait historique : c'est ce que l'on appelle en termes savants la subterranologie, c’est-à-dire l'étude des infrastructures de nos grandes villes. Certaines techniques de la spéléologie peuvent parfois être mises à profit pour l'exploration de parties difficiles d'accès (puits sans échelons, effondrements, galeries ennoyées...)

La cataphilie devint finalement l'appellation globale regroupant cataphilie au sens strict et subterranologie, notamment à cause de la fermeture progressive de certaines carrières parisiennes et de l'évolution de l'activité cataphile dans les carrières, mines, caves, cryptes, ouvrage troglodytique...

Exploration rurale

Activité dérivée de l'exploration urbaine qui consiste à s'introduire et à visiter des lieux très souvent abandonnés tout en profitant de la tranquillité du milieu rural. Contrairement au milieu de l'exploration urbaine, celui de l'exploration rurale est plus marginal. La connaissance du patrimoine, industriel ou artisanal, est souvent une des motivations de l'activité. Lieux visités: Fermes, coopératives agricoles, silos, maisons, usines, chantiers, bâtiments, cimetières, anciennes voies ferrées... L'exploration est souvent accompagnée de la prise de photographies de l'endroit visité, parfois d'un relevé de plan.

Friches industrielles et lieux abandonnés

Infiltration

L'infiltration est le fait de pénétrer sans autorisation dans des lieux en activité interdits au public ou hors horaires d'ouverture. Activité faisant souvent fantasmer les explorateurs en herbe, l'infiltration est rarement une fin en soit. Le cataphile ira dans une galerie technique ou une mine en activité, le toiturophile (qui est le plus souvent confronté aux lieux en activité) passera par l'intérieur d'un bâtiment pour monter sur le toit, etc... Légalement l'infiltration est de loin la plus risquée.

Lieux visités: Galeries techniques, chantiers, musée, monuments, tours...

Réseaux d'adduction d'eau et égouts

Une des composantes majeures de l'infrastructure des villes est sa gestion des flux d'eaux. Qu'elles soit potables, industrielles, pluviales ou usées celles-ci nécessitent l'installation de conduites majoritairement souterraines pour son transport (aqueducs, égouts, canalisations...) ou son stockage (bassins et déversoirs).

Ce type de visite est assez peu courante en France. Une raison probable est le caractère unitaire des égouts français: eaux pluviales et usées circulent dans le même réseau. De plus les égouts parisiens sont régulés et des lâchés importants peuvent survenir même par temps sec; cela rend les visites particulièrement dangereuses.

Ces visites sont très pratiquées en Australie qui possède un réseau de récupération des eaux pluviales séparé de celui des eaux usées. Ils appellent cette pratique le "draining".

Le draining est dangereux en cas de pluie et a déjà conduit à des accidents mortels. Le Cave-Clan a pour dicton: "When it rains, no drains" [2] ("quand il pleut, pas d'égouts pluviaux").

Ouvrages ferroviaires

Métro, train, dépôt, tunnels ferroviaires

Ouvrages militaires

Casemate, forts abandonnés.

Les différentes scènes

En France

En France le mouvement est né dans les années 70 de la descente de nombreux étudiants du quartier latin dans les anciennes carrières souterraines de Paris pour y faire la fête. Certains d'entre eux vont aller plus loin et se mettre à investir les lieux tous les weekends. Jusqu'à la fin des années 80 les catacombes de paris sont un endroit à la mode où se croisent skinheads et étudiants. Au début des années 90 certains lassés des galeries de carrières s'exportent dans d'autres lieux de la capitale et élargissent leur champ d'activité: la cataphilie devient une branche particulière de l'exploration urbaine française.[3]

La scène Française est aujourd'hui très active, les catacombes drainant un grand nombre de personnes qui par la suite s'intéressent à d'autres types d'endroits.

Certains groupes investissent et transforment des lieux abandonnés ou pas, ce que l'on ne trouve nul part ailleurs :

A Paris, un groupe baptisé Untergunther s'est rendu célèbre en restaurant clandestinement l'horloge du Panthéon. Ils ont occupé les combles du Panthéon pendant un an sans y être détectés, y aménageant un salon, une bibliothèque et un bar.[4] Un autre groupe, la Mexicaine de perforation a entre autres installé un cinéma clandestin de 400 m² à 18 m de profondeur sous la colline de Chaillot.[5]

Avec l'avènement d'Internet les modes de transmission de l'information et d'initiation ont été bouleversés. La création de nombreux sites internet et forums remplient de localisations et photos ont vulgarisé l'activité. Parmi les explorateurs urbains deux courant d'opinions s'affrontent sur ce point. Internet a permis aussi et surtout le rapprochement d'explorateurs séparés par de grandes distances et des interactions entre les différentes scènes européennes et mondiales.

Les regroupements autour de l'urbex sont notamment préparés via des forums. Les rendez-vous rassemblent des explorateurs et des photographes pendant deux ou trois jours, voire plus. Une des grandes manifestations est l'UberXation :

  • UrbeXation 2006 a eu lieu les 27 et 28 mai 2006 au Fort de la Chartreuse, à Liège, en Belgique (plus d'une cinquantaine explorateurs urbains réunis) ;
  • UrbeXation 2007 a eu lieu les 2 et 3 juin 2007 au Landschaftspark à Duisburg-Nord, en Allemagne.

Au Canada

La « scène » canadienne est très active. À Montréal seulement, on estime à une trentaine le nombre d'explorateurs assidus. Parmi leurs lieux de prédilection, on compte l'ancienne brasserie Dow, l'usine de Canada Maltage (quartier Saint-Henri), et le silo no5.

De grands événements portant sur l'exploration urbaine ont pris naissance au Canada, par exemple les OPEX :

OPEX regroupe chaque année une quarantaine au moins d'explorateurs urbains du monde entier, de la ville de Vancouver jusqu'en Australie en passant par l'Écosse.

L'EUROPEX est une manifestation centrée sur l'exploration en Europe de l'Ouest.

Aux États-Unis

Une importante communauté d'explorateurs urbains est établie à travers l'immense territoire américain. À la fin des années 1990 et au début des années 2000, le fanzine canadien Infiltration de Ninjalicious était emblématique du mouvement[6].

En Australie

En Australie l'exploration urbaine est née avec le Cave Clan en Janvier 1986 crée par trois Adolescent de Melbourne. Ils sont spécialisés dans l'exploration des "drains", qui sont des égouts pluviaux. Depuis le groupe compte des ramifications dans tous les états et grandes villes australiennes.[7]

Risques liés à cette activité

Les risques liés à cette activité sont de plusieurs natures. L'explorateur qui pénètre dans des lieux interdits s'expose à un risque légal (pénétration avec ou sans effraction dans le bien d'autrui; mais cela pourrait aller jusqu'à des accusations d'espionnage ou atteinte à la Sûreté de l'État). Il peut également s'exposer à des risques physiques : chute de l'explorateur ou chute de pierres, effondrements, etc. ; des risques liés à l'eau (inondation subite d'un conduit); risques liés aux gaz (absence d'oxygène, présence de gaz toxiques (CO, CO2, H2S,...)[8], risques d'explosion (grisou, poussières). L'exposition à l'amiante dégradée dans les sites industriels est également à prendre en compte.

Notes et références

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