- L'Usage du monde
-
L'Usage du monde Auteur Nicolas Bouvier Genre Récit de voyage Pays d'origine Suisse Éditeur Payot Collection Petite Bibliothèque Payot / Voyageurs Date de parution 1963 ISBN 222889401X L'Usage du monde est un livre de Nicolas Bouvier, avec des illustrations de Thierry Vernet, paru en 1963.
Récit du voyage effectué par les deux amis de la Yougoslavie à l'Afghanistan, entre juin 1953 et décembre 1954. La route, effectuée en Fiat Topolino, les mène de Belgrade jusqu'à la Turquie, l'Iran (où ils passent l'hiver 1953-1954, à Tabriz), le Pakistan (dont une longue halte à Quetta), et l'Afghanistan (ils se séparent à Kaboul, le récit de Nicolas Bouvier continuant jusqu'à la passe de Khyber). Pour gagner le peu d'argent nécessaire au fil du voyage, Thierry Vernet vend des peintures et Nicolas Bouvier écrit des articles pour des journaux suisses ou autres, fait des conférences, donne des cours de français.
Cet « ouvrage-culte » de Nicolas Bouvier, tel qu'il a été défini par le magazine Lire[1] est à la fois un récit de voyage et une invitation à l'émerveillement au gré des flâneries de l'auteur. Dans ce livre se retrouvent déjà les principaux thèmes qui reviendront dans les œuvres suivantes (Chronique japonaise, Le poisson-scorpion ou encore le Journal d'Aran et d'autres lieux) : le voyage comme invitation au décentrement, à se rendre disponible et ouvert au monde extérieur, à en grapiller « les miettes », selon l'expression de Bouvier et à se laisser remodeler par lui.
Citations (extraits)
[L'exercice qui consiste à choisir des citations peut paraître ici un peu futile, car on pourrait aisément citer trois phrases par page, voire des passages entiers.]
Les numéros de page concernent l'édition 2001.
"Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu'au jour où, pas trop sûr de soi, on s'en va pour de bon. Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même. On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait." p. 12
"Mais le cœur n'y était plus. Pour le courage, on se force, pas pour l'entrain." p. 23
"La vertu d'un voyage, c'est de purger la vie avant de la garnir." p. 30
"Assez d'argent pour vivre neuf semaines. Ce n'est qu'une petite somme mais c'est beaucoup de temps. Nous nous refusons tous les luxes sauf le plus précieux : la lenteur." p. 56
"Fainéanter dans un monde neuf est la plus absorbante des occupations."
"Au point du jour, nous nous sommes retrouvés à la sortie de la ville avec quantité d'inconnus qui nous connaissaient-c'est ça << être étranger >>" p.70
"Si je n'étais pas parvenu à écrire grand-chose, c'est qu'être heureux me prenait tout mon temps. D'ailleurs, nous ne sommes pas juges du temps perdu."
"Couché dans l'herbe brillante, je me félicite d'être au monde, de... de quoi au fait ? mais à ce point de fatigue, l'optimisme n'a plus besoin de raisons."
"Finalement, ce qui constitue l'ossature de l'existence, ce n'est ni la famille, ni la carrière, ni ce que d'autres diront ou penseront de vous, mais quelques instants de cette nature, soulevés par une lévitation plus sereine encore que celle de l'amour, et que la vie nous distribue avec une parcimonie à la mesure de notre faible cœur."
"On voyage pour que les choses surviennent et changent ; sans quoi on resterait chez soi. Et quelque chose avait changé pour lui, qui modifiait ses plans. De toute façon nous n'avions rien promis : d'ailleurs il y a toujours dans les promesses quelque chose de pédant et de mesquin qui nie la croissance, les forces neuves, l'inattendu. Et à cet égard, la ville était une couveuse." p. 177 (À propos de la décision de Thierry Vernet de rejoindre sa fiancée, la ville en question est Tabriz)
"Ce mot me fit songer. Chez nous, le "merveilleux" serait plutôt l'exceptionnel qui arrange ; il est utilitaire, ou au moins édifiant. Ici, il peut naître aussi bien d'un oubli, d'un péché, d'une catastrophe qui, en rompant le train des habitudes, offre à la vie un champ inattendu pour déployer ses fastes sous des yeux toujours prêts à s'en réjouir."
"J'ai tiré mon bonnet fourré sur les oreilles, mis mes mains entre mes cuisses et fermé les yeux en essayant d'évoquer toutes les chaleurs que j'avais jamais pu donner ou recevoir. Inopérant. Sans doute n'en avais-je pas donné assez." p. 397
"D'accord avec Gorki pour chercher mes universités sur les routes, mais, quand d'aventure on y rencontre un savant véritable, on aurait bien tort de n'en pas profiter. Surtout de celui-là, qui prend toujours la peine de répondre aux questions, d'informer, qui s'anime au point d'avancer sur l'interlocuteur comme s'il voulait le dévorer, et qui a, pour le passé qu'il récupère, cette affection véhémente sans laquelle les historiens sont des greffiers, et la connaissance, impossible." p. 409 (à propos de sa participation aux fouilles du "château des païens" en Bactriane, des raisons portent à penser que le professeur en question est Daniel Schlumberger, qui publie sur des fouilles à cet endroit[2], Surkh Kotal, à l'époque où Nicolas Bouvier y était (automne 1954))
Notes et références
- Voir l'article « Comment L'usage du monde est devenu un livre culte » par Jérôme Dupuis, Lire, juin 2004.
- http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1955_num_99_1_10380 Schlumberger Daniel. La 3e campagne des fouilles de Surkh Kotal en Bactriane. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 99e année, N. 1, 1955. pp. 64-71. doi : 10.3406/crai.1955.10380 url :
- Voir aussi le Magazine Littéraire consacré aux écrivains voyageurs no 432 de juin 2004).
Éditions
- L'usage du monde (1963), 364 pages, Payot (poche), 1992
- L'usage du monde (1963), 418 pages, illustrations de Thierry Vernet, Petite Bibliothèque Payot/Voyageurs, 2001 (ISBN : 9782228894012)
- Œuvres, 1428 pages, 252 illustrations, Gallimard, coll. Quarto, 2004
Catégories :- Roman suisse romand
- Roman paru en 1963
- Récit de voyage
Wikimedia Foundation. 2010.