L'Homme tranquille

L'Homme tranquille
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L'Homme tranquille

Titre original The Quiet Man
Réalisation John Ford
Scénario Maurice Walsh
Frank S. Nugent
Richard Llewellyn
Acteurs principaux John Wayne
Maureen O'Hara
Victor McLaglen
Barry Fitzgerald
Ward Bond
Pays dorigine Drapeau des États-Unis États-Unis
Sortie 1952
Durée 129 minutes

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

L'Homme tranquille (The Quiet Man) est un film américain réalisé par John Ford et sorti en 1952, avec John Wayne, Maureen O'Hara et Victor McLaglen dans les rôles principaux.
Le film reçut deux Oscars (réalisation et photographie). Inspiré dune nouvelle de Maurice Walsh et scénarisé par Frank S. Nugent, ce film eut du mal à trouver des producteurs qui ne croyaient pas à la rentabilité de cette histoire damour. Pourtant ce chef-dœuvre fut lun des plus grands succès de Ford aussi bien critique que public. Doté dun budget 1 464 152 dollars[1], le film en rapporta 3 564 893 dollars aux États-Unis, 429 251 dollars au Canada, 596 051 dollars en Grande-Bretagne et 1 194 524 dollars ailleurs[2].

Sommaire

Synopsis

Suite à la mort de son adversaire au cours d'un combat, le boxeur Sean Thornton décide d'abandonner sa carrière en Amérique et de regagner son Irlande natale pour s'y installer et y couler des jours paisibles. Il s'attire pourtant rapidement l'animosité de Will "Red" Danaher en rachetant le cottage que ce dernier convoitait. Les rapports amoureux que Sean et Mary Kate, la sœur de Will, vont nouer, ne vont rien arranger.

Fiche technique

Distribution

Autour du film

Un projet de longue haleine

Depuis quinze ans, John Ford désirait porter à lécran la nouvelle de Maurice Walsh[2] dont il avait acquis les droits en 1936[3]. Une nouvelle se situant dans une Irlande chère au cœur du fils démigrés irlandais quest John Ford : « Cest ma première tentative dhistoire damour. Je voulais tourner une histoire damour entre adultes. »[2]
Après avoir parcouru les plus grandes maisons de production dHollywood avec son scénario, la Metro-Goldwyn-Mayer, la 20th Century Fox ou la RKO, John Ford se vit refuser cette histoire que les producteurs qualifièrent « didiotie irlandaise romantique et sans intérêt commercial », pas une seule compagnie nacceptait de lui confier un sou pour la réalisation du projet[3].

Cest La RKO qui finalement envisage, la première, de financer l'œuvre à la condition que Ford réalise deux films pour la compagnie et que ceux-ci soient des succès. Ford qui vient de monter sa propre compagnie, Argosy Pictures, avec le réalisateur/producteur Merian C. Cooper, réalise donc Dieu est mort. Mais cest un flop commercial, emportant avec cet échec les rêves de productions de Lhomme tranquille par la RKO.
Puis cest Alexander Korda et sa compagnie, la London Films, qui sont prêts à financer le film. Mais suite à un désaccord avec Merian C. Cooper, Korda se retire du projet[3].

Ford avait déjà bien travaillé sur le projet, il avait engagé le scénariste Richard Llewellyn, lauteur de Qu'elle était verte ma vallée, pour écrire une première version, Laurence Stallings travailla également sur le scénario[4], puis Frank Nugent signa la version définitive[5]. Ce dernier peaufina le scénario en dix semaines peu de temps avant le tournage du film[4].
Pendant toute la durée du projet, Ford avait déjà en tête ses interprètes principaux[6]. Comment imaginer dautres acteurs que John Wayne, héros récurrent des films de Ford, en colosse vulnérable[7] pour interpréter le rôle de Sean Thornton et que Maureen O'Hara, la plus rousse de toutes les Irlandaises[2], dans celui de Mary Kate Danaher. Elle-même irlandaise, née à Dublin, Maureen O'Hara avait déjà participé à un film de John Ford, Qu'elle était verte ma vallée.
L'actrice relata ses week-ends passés à bord de lAraner, le bateau de John Ford, à prendre des notes sur le scénario et à les retaper, bercée par des disques de musique irlandaises[5], ainsi quà sa participation aux repérages des lieux de tournage et ce, en partie, préconisé pour des raisons déconomies budgétaires[3]. Elle évoqua également les difficultés de Ford à trouver des financements pour tourner le film :
« Chaque année, nous nous réservions lété libre et chaque année il ny avait toujours pas largent et nous ne pouvions pas faire le film. Le scénario avait été proposé à la Fox, à la RKO et à la Warner Bros., et tous les studios trouvaient quil ne sagissait que dune idiote et stupide petite histoire irlandaise. « Cela ne fera pas un sou, cela ne peut être réussi », disaient-ils. Et les années passaientJohn Wayne et moi sommes allés au studio et avons dit : « M. Ford, si vous ne vous dépêchez pas, cest moi qui jouerai le rôle de la veuve et Duke celui du personnage de Victor McLaglen parce quil sera trop vieux ! »[8]

Cest finalement John Wayne alors sous contrat avec la petite compagnie du « Poverty Row », La Republic Pictures, qui va aider Ford à réaliser son projet en poussant Herbert J. Yates, le patron de la firme, à financer Lhomme Tranquille. John Wayne est en effet la seule grande star de cette petite compagnie en étant sa vedette « western » depuis 1935, date de sa création[7]. Mais comme toutes les autres compagnies, Yates nest pas très chaud pour produire Lhomme Tranquille quil considère comme « un film dart à la noix » et inquiet pour sa star dans ce rôle plus introspectif quà laccoutumée[4]. Comme la RKO, Yates demande à Ford de réaliser auparavant un film, ce fut Rio Grande[2], un western tourné en 32 jours seulement[5]. Cest le triomphe commercial et Ford peut enfin réaliser son film.

La verte Erin

Ce sera le grand retour de Ford à sa chère Irlande, peinte dans le film avec des couleurs admirables[9]. Retour dun exilé[4] qui après avoir tourné dautres films plus politiquement marqués sur une Irlande luttant contre loppression britannique (Le Mouchard, Révolte à Dublin), va ici décrire un pays sublimé, teinté dune mélancolie sous-jaccente, et qui semble en paix avec juste quelques allusions politiques dans les propos de certains protagonistes[2]. Ford, tout comme le personnage de John Wayne, retrouve la terre de ses ancêtres. « Ford fut profondément ému quand il visita la maison de sa famille à Tourberg, An Spidéal. Surtout lorsquil vit la chambre et le lit son grand-père était . »[10]
Il emmène Yates en repérages en Irlande avec Ward Bond, autre interprète « Fordien » par excellence, et convaincra le producteur daugmenter le budget initial afin de tourner en extérieurs pour pouvoir bénéficier des beautés naturelles du pays[4].
« John Ford a demandé à John Wayne et à moi daccepter une réduction de salaire, raconte Maureen OHara. Nous avons accepté parce que nous attendions depuis longtemps et que nous avions tellement envie de faire le film. John Wayne accepta cent mille dollars (renonçant aussi à son habituel pourcentage sur les bénéfices) et jai touché soixante cinq mille »[11]

La « famille Fordienne »

Un panoramique du Château d'Ashford

Le premier tour de manivelle seffectue le 6 juin 1951[4]. Le réalisateur sentoure alors dune véritable « famille Fordienne » composée de parents, collaborateurs, anciens et nouveaux amis, dont beaucoup sont des irlandais de pure souche. Tout ce petit monde émigre en Irlande, pour un tournage en extérieurs de six semaines, dans le comté de Mayo avec pour quartier général le Château d'Ashford et tourne dans le village de Cong et de ses environs[5].

Le propre frère de Ford, Francis Ford vedette du muet, fait partie de la distribution dans le rôle de Dan Tobin, le truculent ancêtre du village. Les autres comédiens ne sont pas en reste, ainsi John Wayne emmène avec lui ses quatre enfants[5] qui feront des apparitions dans le film, deux des frères de Maureen OHara font partie de la distribution, Andrew McLaglen, futur réalisateur et fils de Victor McLaglen, est lassistant réalisateur de Ford, Arthur Shields le frère de Barry Fitzgerald est le révérend Cyril Playfair[3].

Le film se déroulera dans cette ambiance familiale et chaleureuse. Ford va résumer en un seul film tout son univers et toute sa vision du monde[9]. Dans ce petit village dInisfree[12] idéalisé, que les troubles qui agitent lIrlande ne semblent pas atteindre, et avec tous ces portraits de personnages pittoresques, Ford va créer un petit monde truculent avec une atmosphère onirique et haute en couleur, témoignant dune connivence et dune joie de vivre communicatives les traditions, les coutumes, les conventions y ont une importance capitale[9].

Ford persuadera également Yates à recourir aux caméras Technicolor au lieu du Trucolor, procédé plus économique[13] que la Republic Pictures utilisait avec des « couleurs maison » aux teintes ocres et brunes (voir Johnny Guitare)[3]. Et les couleurs seront sublimées, malgré le crachin irlandais qui persiste pendant le tournage et donnera au film une couleur toute particulière[4]. Ernest Day, assistant opérateur, se souvient « Quand il ne faisait pas beau, on attendaitDès quil y avait une éclaircie, on tournait. »[5]

Ford travaillera encore quelques semaines dans les studios Republic à Hollywood pour terminer son film[5]. Herbert J. Yates qui nétait guère enthousiaste à la production du projet va récolter lun de ses plus grands succès populaires et critiques[2] de sa compagnie, productrice essentiellement de films de série B, elle recevra dailleurs son unique nomination aux Oscars pour le meilleur film[13]. Par contre sur les sept nominations deux Oscars seront remportés, lun pour John Ford, son dernier[14], comme meilleur réalisateur, lautre pour Winton C. Hoch et Archie Stout pour la meilleure photographie. LHomme tranquille restera une des œuvres préférées du public[4] dans la filmographie de Ford.

Récompenses

Oscars

L'Homme tranquille a reçu sept nominations et remporta 2 Oscars :

Divers

  • Grand Prix international et Grand Prix de l'OCIC, Venise 1952.

Popularité

  • "The Quiet Man" est un nom donné à plusieurs pubs irlandais, dont un à Paris.

Notes et références

  1. Le film ne dépassa pas le budget et coûta en réalité 1 446 661 dollars. À la recherche de John Ford - Joseph McBride - Institut lumière/Actes Sud (ISBN 2-7427-6830-1)
  2. a, b, c, d, e, f et g John Ford - Patrick Brion - Éditions de la Martinière2002 (ISBN 2-7324-2878-7)
  3. a, b, c, d, e et f http://www.dvdclassik.com/Critiques/dvd_quietman.htm
  4. a, b, c, d, e, f, g et h À la recherche de John Ford - Joseph McBride - Institut lumière/Actes Sud (ISBN 2-7427-6830-1)
  5. a, b, c, d, e, f et g John FordLe pionnier du 7e art 1884/1973 Scott Eyman/Paul DuncanÉditions Taschen (1973) (ISBN 3-8228-3092-5)
  6. Allocine
  7. a et b Le Cinéma Grande histoire illustrée du 7e art. Volume 5. Éditions Atlas
  8. Maureen O'Hara : The Footsteps of the Quiet Man de Gerry McNeeMainstream - PublishingEdinburgh1990
  9. a, b et c Dictionnaire du cinéma - les films - Jacques Lourcelles - Éditions Robert Laffont1992 – (ISBN 2-221-09112-4)
  10. « Le Connacht Tribune » À la recherche de John Ford - Joseph McBride - Institut lumière/Actes Sud (ISBN 2-7427-6830-1)
  11. Maureen O'Hara : À la recherche de John Ford - Joseph McBride - Institut lumière/Actes Sud (ISBN 2-7427-6830-1)
  12. Le nom du village est inspiré dun poème de William Butler Yeats « The Lake Isle of Innisfree ».
  13. a et b wikipedia anglais
  14. John Ford est le seul réalisateur à avoir reçu quatre fois l'Oscar du meilleur réalisateur (Le Mouchard, Les Raisins de la colère, Qu'elle était verte ma vallée et L'Homme tranquille).

Liens externes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article L'Homme tranquille de Wikipédia en français (auteurs)

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  • TRANQUILLE — adj. des deux genres (Dans ce mot et ses dérivés, les L ne se mouillent point, et on n en fait sonner qu une.) Paisible, calme, sans aucune agitation. Cet enfant était fort tranquille, mais il devient turbulent. La mer était tranquille. Le… …   Dictionnaire de l'Academie Francaise, 7eme edition (1835)

  • TRANQUILLE — adj. des deux genres Qui est paisible, calme, sans aucune agitation. Cet enfant était très tranquille, mais il devient turbulent. C’est un homme tranquille et rangé. Des voisins fort tranquilles. La mer était tranquille. Dormir d’un sommeil… …   Dictionnaire de l'Academie Francaise, 8eme edition (1935)

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