L'Ecole des arts industriels de Lille

L'Ecole des arts industriels de Lille

École des arts industriels et des mines

C'est en 1854 que fut créée l'École des arts industriels et des mines de Lille, école publique de formation d'ingénieurs civils: « Son but est de donner des connaissances spéciales sur les principales industries du Nord aux jeunes gens ayant reçu l'instruction secondaire ou professionnelle »[1].

Sommaire

Origine de l'École

L'École des arts industriels et des mines se substitue aux cours municipaux de sciences et technologies soutenus depuis 1795 par des sociétés savantes de Lille[2]. Le besoin patronal d'ingénieurs pour l'industrie en expansion s'exprimait alors à Lille comme dans les différentes capitales européennes[3].

La création de l'École centrale des arts et manufactures de Paris[4] en 1829 et de l'École des mines du Hainaut[5] à Mons en 1836 constituent des références pour les autorités publiques de Lille qui expriment la volonté d'établir une école d'ingénieurs civils[6] à Lille. Parallèlement à la création de la faculté des sciences de Lille dont le premier doyen est Louis Pasteur, l'Ecole des arts industriels et des mines[7] est inaugurée en 1854 par les autorités publiques de Lille (municipalité et département), soutenant l'essor de l'industrie régionale au XIXe siècle.

Une enquête[8] sur l'enseignement professionnel datée de 1864 indique que « les études sont analogues à celles des Écoles d'arts et métiers et de l'École centrale. Plus pratique que dans cette dernière, l'enseignement est plus théorique (...) que dans les Écoles d'arts et métiers ». L'École forme en deux ans les fils de familles d'industriels du textile, des équipementiers ferroviaires et de turbines à vapeur, ainsi que des distilleries sucrières de Lille.

Outre les connaissances en génie civil, mécanique[9], fabrication et procédés chimiques, « un des points essentiels de la formation de ces ingénieurs civils de Lille porte sur la connaissance des machines à vapeur[10]. Il est délivré un enseignement pratique dans l'école, et la faculté leur délivre un enseignement "d'ordre plus élevé mais non moins pratique" en mécanique appliquée particulièrement. Tous les détenteurs de la chaire de mécanique de la faculté des sciences enseigneront en titre dans cette école. »[11]

Évolution de l'École

Dépendant virtuellement du ministère du commerce bien que financée exclusivement par les autorités régionales, l'École des arts industriels et des mines devient École impériale des arts industriels et des mines en 1864 ; son activité fut très perturbée par la Guerre franco-allemande de 1870 et la chute de l'Empire conduit à sa transformation en l’Institut industriel du Nord en 1872. Son héritière en est l’École centrale de Lille.

La dénomination officielle de l'Ecole a varié selon la période historique[12] :

L'Ecole a d'abord été localisée dans le centre de Lille, rue Lombard de 1854 à 1875, sous ses quatre premières dénominations. De 1875 à 1968, elle a bénéficié de locaux dédiés construits à son intention sur fonds publics dans le centre de Lille rue Jeanne d'Arc jouxtant la faculté de sciences de Lille. L'Ecole et ses laboratoires de recherche déménagent avenue Paul Langevin sur le campus de l'Université des Sciences et Technologies de Lille en 1968. En raison de ces différentes évolutions, le laboratoire de mécanique de Lille (LML) et le laboratoire d'électrotechnique et d'électronique de puissance de Lille (L2EP) associés à l'Ecole Centrale de Lille sont localisés aujourd'hui simultanément sur le campus et dans le centre de Lille.

Notes et références

  1. Enquête sur l'enseignement professionnel, ou Recueil de dépositions faites en 1863 et 1864 devant la Commission de l'enseignement professionnel, sous la présidence de son E\C. M. Béhic, ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics", Tome II , Page 723 ; Rapports et documents divers ; Imprimerie impériale ; Paris - 1865
  2. Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille
  3. L'essor des formations aux sciences et techniques à applications non militaires s'incarne depuis la fin du XVIIIe siècle par la fondation de l'École nationale supérieure des mines de Paris (1783) et de l'École polytechnique (1794), à Vienne par le Polytechnisches Institut (1815), en Prusse par la création de la Technische Hochschule Berlin (1821), laissant à part l'École nationale des ponts et chaussées qui assure depuis 1747 la formation du principal corps d'ingénieurs de l'État en France mais n'admet des élèves-ingénieurs civils (i.e. non fonctionnaires) que depuis 1851.
  4. C'est en 1829 que fut fondée en France l'École centrale des arts et manufactures de Paris (École centrale Paris, France), la première école d'ingénieurs dont la vocation est l'industrie, par opposition aux ingénieurs fonctionnaires assurant les missions de service public de l'Etat (Mines, Ponts et chaussées, Eaux et forêts, Génie militaire, Arsenaux).
  5. Les fondateurs de l'École des mines du Hainaut (Faculté polytechnique de Mons, Belgique) sont Jean-Baptiste Thorn, Alphonse Devillez (diplômé de l'Ecole centrale de Paris en 1835) et Théophile Guibal (diplômé de l'Ecole centrale de Paris en 1836). Le succès de la transposition du modèle Centralien à Mons depuis 1836 servit de référence aux édiles lillois en 1854 et lors de la réforme en 1872 de l’École des arts industriels et des mines créée en 1854 et transformée en un Institut industriel du Nord devenu aujourd'hui l’École centrale de Lille.
  6. L'Université d'Ancien Régime incarnée dans le nord de la France par l'Université de Douai ne valorisait pas l'enseignement des sciences et des technologies, comparé au droit et aux humanités. La révolution industrielle nécessitait l'établissement de filières plus formalisées que les activités de sociétés savantes et les cours municipaux qui pré-existaient dans la région lilloise autour de professeurs, d'associations patronales et de personnalités industrielles telles que Frédéric Kuhlmann. Parmi les sociétés savantes de Lille, notons la "Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille" à partir de 1802, puis la "Société impériale des Sciences de Lille" en 1860, enfin la "Société industrielle du Nord de la France" à partir de 1873. Il existe plusieurs traces dès 1804 des requêtes ré-itérées des élites lilloises auprès du gouvernement pour la transformation du collège municipal en un lycée et la création d'une école professionnelle supérieure du Nord pour bacheliers. Le lycée impérial de Lille, incluant une classe de mathématiques spéciales, sera inauguré en 1852 et l'"école des arts industriels et des mines" en 1854. (Histoire de la faculté des sciences de Lille)
  7. ¨Pendant les premiers mois de son existence en 1854 et 1855, il est aussi fait référence à l'École sous la dénomination "École professionnelle supérieure" ou "École industrielle de Lille" (L'école d'ingénieurs de Lille). Son enseignement fut initialement considéré comme trop théorique par rapport à une école des Arts et Métiers, et moins utile que celui assuré par ailleurs par l'école primaire supérieure, qui, à Lille, était d'un très bon niveau. Dès sa ré-ouverture en 1856 et une ré-organisation de son programme des 'Arts industriels et des Mines', "les études sont analogues à celles (...) de l'École centrale".
  8. Enquête sur l'enseignement professionnel, ou Recueil de dépositions faites en 1863 et 1864 devant la Commission de l'enseignement professionnel ; Commission de l'enseignement professionnel, M. Morin, du commerce et des travaux publics. , Tome I Page 213, Publié par Imprimerie Impériale, 1864
  9. La Mécanique pratique. Guide du mécanicien. Procédés de travail. Explication méthodique de tout ce qui se voit et se fait en mécanique, par Eugène Dejonc, ancien chef d'atelier de l'École des arts et des mines, contremaître des Maisons Cail, Bréguet, etc. Revue et corrigée par M. C. Codron, ingénieur, professeur à l'Institut industriel du Nord, lauréat de l'Académie des sciences. 6e édition augmentée, par René Champly, ingénieur-mécanicien]
  10. Le Cours de mécanique appliquée, par M. Prof. Mahistre (1858) contient de longs développements sur la conception des machines à vapeurs, pour les usines de force motrice et engins de traction.
  11. Les mathématiques à Lille de 1854 à 1970, L'école d'ingénieurs de Lille, par Marie Thérèse Pourprix - ASA-USTL
  12. École centrale de Lille - l'histoire de l'École

Voir aussi

Articles connexes

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