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L'Albatros (poème)
Pour les articles homonymes, voir albatros.L'Albatros est le deuxième poème de la seconde édition (1861) du recueil Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire.
Sommaire
Histoire
Ce poème qui comporte quatre quatrains composés d'alexandrins avec des rimes croisées apparaît dans la section « Spleen et Idéal » des Fleurs du Mal.
L'idée initiale de ce poème, paru seulement en 1859, remonterait à un incident du voyage à la Réunion (1841). Pour symboliser le poète, Baudelaire ne songe ni à l'aigle royal des romantiques, ni à la solitude orguilleuse du condor, décrite par Leconte de Lisle. Il choisit un symbole plus douloureux : l'albatros représente la dualité de l'homme cloué au sol et inspirant l'infini ; il représente surtout le poète, cet incompris... Il a vraisemblablement été inspiré à Baudelaire par son voyage en bateau à destination de l'île Bourbon (aujourd'hui île de la Réunion) alors qu'il avait à peine 20 ans. La "pêche à l'Albatros" (avec une ligne portant un liège et un triangle de fer amorcé à la viande) était traditionnelle à bord des voiliers au "grand long cours" au delà des trois caps. L'instrument de pêche triangulaire servait d'ailleurs d'emblème à l'association des anciens marins cap_horniers (musée de la tour Solidor à Saint Malo).
L'Albatros était souvent vu par les marins de l'époque comme malfaisant car un homme tombé à la mer (qu'on ne pouvait pas en général repêcher) était aussitôt attaqué à coups de bec par les albatros. Traditionnellement, l'albatros ainsi pêché servait aux marins à réaliser divers objets en dehors de leurs heures de quart: la peau des pattes devenait blague à tabac, certains os servaient à confectionner des mâts et vergues pour les maquettes de navires et le bec était monté sur une tête d'albatros en bois sculpté,comme pommeau d'une canne faite de vertèbres de requin enfilées sur une tige de fer, classique cadeau de l'équipage à son capitaine en fin d'une bonne traversée. (Réf Jean Randier, Hommes et navires au Cap Horn).
Baudelaire (contrairement à certains "intellectuels" qui firent l'expérience du voyage en mer au temps de la marine à voiles, tels le romancier américain Richard Dana, ou le poète anglais John Masefield ou encore Jack London) n'avait pas choisi cet embarquement de plein gré (Il y avait été contraint par son beau_père, le Général Aupick, qui espérait ainsi le"corriger de ses inconduites") et s'il détesta l'expérience et ne s'intégra pas à l'équipage (Cf le livre d'Armand Hayet, Us et coutumes à bord des longs courriers) fut néanmoins marqué par ce voyage qui influença son œuvre.
Analyse
Baudelaire compare le poète au « vaste oiseau des mers » que « ses ailes de géant empêchent de marcher » : comme lui, il aspire à l'élévation mais est ridiculisé par les hommes vulgaires. Le poème prend alors la forme d'une parabole qui illustre la condition du poète maudit, incompris de ses contemporains. On peut penser que ce rejet dont fait l'objet "l'Albatros" et le mal être qu'il éprouve sont l'illustration de celui ressenti par Baudelaire lui même au sein d'une société où il ne se sent pas à son aise, pas à sa place. C'est la grandeur de l'oiseau qui cause sa maladresse, comme la grandeur du poète est responsable de son inadéquation avec le monde de ses contemporains.
On peut aussi parler de symbole à propos de cette image emblématique.
Les deux derniers vers sont connus pour constituer une rupture de construction appelée anacoluthe.
Adaptation
Léo Ferré a notamment mis en musique et chanté ce poème en 1967 dans son album Léo Ferré chante Baudelaire chez Barclay (à ne pas confondre avec Les Albatros chanson de son album La Solitude sorti en 1971) .
Première publication
- Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal deuxième édition Poulet-Malassis et de Broise, 1861, (Paris) ref. BNF FRBNF30066464 [(fr) lire en ligne]
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