Khun Sa

Khun Sa
Khun Sa avec le journaliste australien Stephen Rice en avril 1988

Chang Chi-fu (en sinogrammes traditionnels : 張奇夫[1] ; en pinyin : Zhāng Qífú) (17 février 1933 - 26 octobre 2007)[2], plus connu sous le nom de guerre de Khun Sa, est un seigneur de la guerre birman. Il était surnommé le "Roi de l'Opium" ou le "Seigneur de la Mort" pour ses activités de trafic d'opium dans le triangle d'or. Il était aussi le chef de l'Armée Shan Unie et de la Mong Taï Army.

Sommaire

Biographie

Khun Sa était de père sino-birman et de mère shan. Son pseudonyme signifie "Prince Prospère". Dans sa jeunesse, il combattit les éléments du Kuomintang qui s'étaient infiltrés en Birmanie depuis le Yunnan après leur défaite contre les armées maoïstes (1949) ; il eut finalement une petite armée de quelques centaines d'hommes sous ses ordres.

En 1963, il la transforma en Ka Kwe Ye, une milice locale loyale au gouvernement central, ce qui lui permit de recevoir de l'argent, des uniformes et des armes en échange de son combat contre les (autres) rebelles shan.

Quand son armée eut atteint 800 hommes, Khun Sa cessa de collaborer avec le gouvernement, prit le contrôle d'une large portion de l'État Shan et se lança dans la production d'opium à grande échelle. En 1967, il fut vaincu par des restes du Kuomintang et en 1969 capturé par le gouvernement central.

Il fut libéré en 1974 en échange de deux médecins russes kidnappés par son second. En 1976, il avait repris le trafic d'opium et installé une base en territoire thaïlandais, au village de Ban Hin Taek. Il renomma son groupe "Armée Shan Unie" et embrassa la cause de l'autonomie shan contre le gouvernement birman. Il fut finalement expulsé par l'armée thaïlandaise et sa base détruite (1982).

En 1985, Khun Sa s'allia avec le "Conseil Révolutionnaire Tai" de Moh Heng. Cette alliance lui permit de gagner le contrôle de la frontière birmo-thaïlandaise entre Mae Hong Son et Mae Sai et de devenir une des principales figures du trafic d'opium dans le triangle d'or.

In 1988, Khun Sa fut interviewé dans la jungle par le journaliste australien Stephen Rice, venu illégalement par la frontière thaïlandaise. Il proposa de vendre au gouvernement australien la totalité de sa récolte sur huit ans, pour 50 millions de dollars australiens par an, proposition qui aurait virtuellement anéanti le trafic d'héroïne en Australie et aux États-Unis du jour au lendemain. Le gouvernement australien rejeta cette offre, le sénateur Gareth Evans déclarant : « Le gouvernement australien n'a pas pour habitude de payer les criminels pour les empêcher de se livrer à leurs activités. » [3]

En 1989, Khun Sa fut inculpé par un tribunal de New York pour avoir essayé d'importer 1 000 tonnes d'héroïne. Il avait également proposé aux États-Unis d'acheter la totalité de sa production d'opium, de sorte qu'elle ne soit pas vendue sur le marché international.

Khun Sa se serait rendu aux Birmans en janvier 1996, sous condition qu'il ne serait pas livré aux États-Unis, qui avaient offerts deux millions de $ pour sa capture. Khun Sa se rendit à Rangoon, et ne fut ni arrêté, ni extradé. Il passa le reste de ses jours dans la région, profitant de ses investissements dans la capitale, ainsi qu'à Mandalay et Taunggyi.

Décès

Khun Sa mourut le 26 ctobre 2007 à Rangoon, à 73 ans. La cause de sa mort est inconnue. On sait qu'il souffrait de diabète, d'une paralysie partielle et d'hypertension[4],[5].

Chronologie

1937 - Mort de son père ; sa mère se remarie avec Khun Ji, chef de Mongtawm.

1939 - Mort de sa mère; Khun Sa va vivre avec son grand-père paternel Khun Yihsai (Zhang Chunwu), chef de Loimaw.

1960 - (6 janvier) Le colonel Maung Shwe, Commandant de la région orientale, lui propose de mettre sur pied une milice armée pro-birmane.

Drapeau de l'Armée de l'État Shan

1964 - (à partir du 15 juin) Il prend les armes contre le pouvoir central sous les ordres de Bo Deving, un héros de la bataille de Tangyan (1959) ; il arrive à Ban Hintaek, dans la Province de Chiang Rai, puis rompt avec Bo Deving et rejoint la toute-nouvelle Armée de l'État Shan (SSA). Il repasse plus tard sur la feuille de paye de l'armée birmane.

1967 - "Guerre de l'Opium" contre les restes du Kuomintang dans le triangle d'or. Une caravane d'opium de Khun Sa est capturée par le général Ouane Rattikone, commandant de l'armée laotienne (Khun Sa affirme la lui avoir reprise ensuite).

1969 - (20 octobre) Khun Sa est arrêté en envoyé à la prison de Mandalay ; ses troupes, menées par son chef d'état-major mandchou Zhang Xuchuan (Falang), prennent le nom d'Armée Unie du Pays Shan (SUA) et reprennent le combat.

1973 - (16 avril) Deux médecins russes en poste à Taunggyi sont enlevés par un de leurs aides pour servir d'otages contre la libération de Khun Sa.

1974 - (7 septembre) Relâché, Khun Sa est gardé "sous protection" à Mandalay par le Renseignement militaire.

1976 - (7 février) Évasion : Khun Sa regagne l'État Shan, puis Ban Hintaek.

1977 - (16 avril) Khun Sa rencontre Joseph Nellis, aide de Lester Wolff, Président du Comité du Congrès américain sur les Narcotiques, et lui présente un "Plan en six ans" pour mettre fin à la production d'opium. L'administration Carter refuse la proposition (18 juillet).

1982 - (21 janvier) Ses forces à Ban Hintaek sont attaquées par la police des Frontières Thaïlandaise, selon lui "payées par la DEA". Plus tard, Khun Sa attaque et occupe Doilang, en face du district de Mae Ai (province de Chiang Mai).

1985 - (3 mars) Khun Sa s'allie avec les généraux Gawnzerng et Zarm Mai pour former une nouvelle "Armée de l'État Shan" (SSA), qui devient ensuite la Mong Taï Army ; il est élu Vice-président du nouveau "Conseil Révolutionnaire Tai" (plus tard "Conseil Révolutionnaire de Restauration de l'État Shan") ; il installe son quartier général à Homong, en face de Mae Hong Son.

1991 - Après la mort de Gawnzerng (11 juillet), Khun Sa est élu président du "Conseil Révolutionnaire de Restauration de l'État Shan".

1993 - (12 décembre) Il déclare formellement l'indépendance des territoires sous son contrôle.

1994 - Ses forces en déplacement sur le frontière sino-birmane sont attaquées et dispersées par l'armée régulière.

1995 - (6 juin) Le colonel Gunyawd se mutine pour former l'"Armée Nationale de l'État Shan" (SSNA) ; le reste de la Mong Taï Army de Khun Sa est simultanément attaqué par les Wa et l'armée birmane, et victime d'un blocus thaïlandais à la frontière.

1996 - (7 janvier) Khun Sa se rend à l'armée birmans. Il va vivre à Rangoon sous la protection du Renseignement militaire sur la base de Ye Kyi Aing.

2004 - Son allié le général Khin Nyunt est mis à la retraite ; Khun Sa s'installe à Rangoon même, toujours "sous protection"

2007 - (26 octobre) Décès à 06:30 (heure locale). Crémation le 30 octobre au cimetière de Yeway, Okkalapa du Nord.

Références

  1. (zh) Khun Sa's Decline (坤萨的没落) (en Simplified Chinese), China Central Television (2002-06-18). Consulté le 2006-12-02.
  2. Former Notorious Druglord Khun Sa Dies, Associated Press via Google News; retrieved 2007-10-30
  3. The Australian Government is simply not in the business of paying criminals to refrain from criminal activity. Questions Without Notice - Khun Sa: Heroin Supply, Senate Hansard, 26 April 1988
  4. Notorious Asian drug lord is dead
  5. Asian drug warlord dies in Burma, BBC; retrieved 2007-10-30



Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Khun Sa de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужно сделать НИР?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Khun — bezieht sich auf mehrere thailändische Wörter: Khun (คูน, langer Vokal, mittlerer Ton) ist der Name für die Röhren Kassie Khun (คุณ, kurzer Vokal, mittlerer Ton) ist die höfliche Form der persönlichen Anrede (dem deutschsprachigen Sie, Herr, Frau …   Deutsch Wikipedia

  • Khun Sa — Chang Shi Fu alias Khun Sa (chinesischer Name Chang Shi fu[1]; * 17. Februar 1933[2]; † 26. Oktober 2007 in Rangun) war ein ehemaliger Politiker, Rebellenführer und der Gründer der Shan United Army und der Muang Tai Army, auch Mong Tai Army (MTA) …   Deutsch Wikipedia

  • Khun Lo — († 780) war der Gründer des Reiches von Rajadharani Sri Sudhana im Gebiet des heutigen Luang Phrabang, das später unter König Fa Ngum zusammen mit anderen Fürstentümern im Königreich Lan Chang aufging. Er gilt auch Gründer der heutigen Stadt… …   Deutsch Wikipedia

  • Khun Lo — was the eldest of the sons of Khun Borom and first of the Lao kings. The royal families of Laos trace their lineage to him. He died in 780 and was succeeded by Khun Sung …   Wikipedia

  • Khun — Khun,   Béla, ungarischer Politiker, Kun, Béla …   Universal-Lexikon

  • khun — khun·nong; …   English syllables

  • Khun Sa — Chang Chi fu (zh tp|t=張奇夫 [cite news |title=Khun Sa s Decline (坤萨的没落) |url=http://www.cctv.com/special/4/4/702.html |publisher=China Central Television |date=2002 06 18 |accessdate=2006 12 02 | language=Simplified Chinese] |p=Zhāng Qífú)… …   Wikipedia

  • Khun Sa —    (Chang Chi Fu, 1934 )    Born in Loimaw, northern Shan State to a Chinese father and a Shan mother, Chang first became prominent as the commander of the Loimaw Ka Kwe Ye in 1963. He soon became a powerful figure in the opium trade but was… …   Historical Dictionary of Burma (Myanmar)

  • Khun Sa — ▪ 2008 Chang Chi fu or Chufu or Shi fu        Myanmar drug trafficker and militant separatist born Feb. 17, 1934, Shan state, Burma [now Myanmar] died Oct. 26, 2007, Yangon [Rangoon], Myanmar was the “king of the Golden Triangle,” dominating the… …   Universalium

  • khun — /kʊn/ (say koon) noun Thai English (a polite title used before the first name of a man or woman): Khun John; Khun Jane …  

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”