Julienne de cornillon

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Julienne de Cornillon

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Sainte Julienne de Cornillon

Sainte Julienne de Cornillon (née vers 1192 et décédée le 5 avril 1258) fut une religieuse, directrice de léproserie et une sainte. Avec Ève de Saint Martin, Elle fut l'instigatrice de la Fête-Dieu.

Sommaire

Sa vie

Les Prémices

Née à Retinne (commune de Fléron), elle perd ses parents Henri et Frescende, riches agriculteurs, à l'âge de 5 ans. Elle fut confiée, avec sa sœur Agnès, à la léproserie du Mont Cornillon à Liège, pour y être élevées par les sœurs. La léproserie nous est connue par un document de 1176, par lequel les bourgeois de Liège imposent une réglement à l'établissement, après avoir constaté qu'il était pauvre en revenus, mais que la situation s'améliorait grâce aux dons de certaines personnes. Elle se composait de quatre communautés : les hommes malades et les hommes sains, les femmes malades et les femmes saines. Les quatre communautés vivaient sous la direction de deux prieurs, un homme (prêtre) et une femme, dans l'observance du célibat, du partage des biens et de la prière, sans posséder de règle religieuse fixe. À l'âge de 14 ans, Julienne fut admise au nombre des sœurs. Elle étudia le latin, le "français", ce qui lui permit de lire les Pères, tels que Saint Augustin et Saint Bernard.

À partir de 1209, elle eut de fréquentes visions mystiques. Son attention était particulièrement orientée vers la sainte Eucharistie. Une vision revint à plusieurs reprises, dans laquelle elle vit une lune échancrée, c'est-à-dire rayonnante de lumière, mais incomplète, une bande noire la divisant en deux parties égales. Elle y vit la révélation qu'il manquait une fête dans l'Église. La fête du saint Sacrement devait être instituée pour ranimer la foi des fidèles et expier les fautes commises contre ce Sacrement. À partir de cette période, elle œuvra pour l'établissement d'une fête solennelle en l'honneur du Très Saint Sacrement. Elle fut aidée pour cela par la Bienheureuse Ève de Liège, recluse.

En 1222, Julienne fut élue prieure du Mont Cornillon et continua les démarches pour l'instauration de la Fête Dieu, demandant conseil à d'éminentes personnalités de l'époque, tels que Jean de Lausanne, chanoine de Saint Martin, Jacques Pantaléon, archidiacre de Liège et futur Pape Urbain IV, Guy évêque de Cambrai, et aussi de brillants théologiens dominicains, dont Hugues de Saint Cher, et bien d'autres. La fête fut célébrée pour la première fois par le prince évêque Robert de Tourote. Tombé malade à Fosses, craignant de n'avoir pas le temps de confirmer la fête à sa principauté; il recommanda l'institution de la fête au clergé qui l'entourait et en fit célébrer l'office en sa présence, à Fosses même. Il y mourut, le 16 octobre 1246, sans avoir pu tenir un synode général et y publier son mandement.

L'institution de la Fête-Dieu

Les bourgeois de Liège s'opposaient à la fête car cela signifiait un jour de jeûne en plus pour la population et certains religieux considéraient que telle fête ne méritait pas pareil budget. L'opposition à la fête devenant plus forte après 1246, Julienne dut quitter son couvent et passa de monastère en monastère. Elle trouva refuge en plusieurs abbayes cisterciennes, passant par le Val Benoît, Huy, Salzinnes. Elle mourut le 5 avril 1258 à Fosses-la-Ville, entre Sambre et Meuse, et fut inhumée dans l'abbaye cistercien de Villers-La-Ville. Elle y fut honorée d'un culte, aux côtés des cinq bienheureux de cette abbaye, dont Gobert d'Aspremont.

Bien qu'il ne soit pas clairement avéré qu'elle appartenait à l'Ordre de Saint-Augustin, sa mémoire est restée en grande vénération dans l'Ordre Cistercien, tant pour l'appui que les Pères lui prêtèrent dans l'accomplissement de sa mission, que pour sa dévotion à Saint Bernard dont elle méditait les sermons sur le Cantique des Cantiques au point de les savoir presque par cœur.

Sur son impulsion, la Fête-Dieu (ou Corpus Christi) fut introduite en Europe, d'abord 1246 dans le diosèse de Liège, puis Jacques Pantaléon de Troyes, devenu pape Urbain IV institua la Fête Dieu pour l'Église universelle par la bulle "Transiturus de hoc mundo" le 11 août 1264. La Fête-Dieu ne fut reçue dans toutes les églises latines qu'au temps de Clément V, à l'époque du concile œcuménique de Vienne 1311 où il renouvela la constitution d'Urbain IV.

Julienne est célébrée comme sainte. Sa fête a lieu en Belgique le 5 avril et à Liège le 7 août.

Grandes figures du XIIIe siècle en lien avec l'Eucharistie

Le XIII siècle est une période féconde pour l'Église avec les grandes figures de Saint François, de Saint Dominique et de Sainte Claire

Saint François d'Assise

Né à Assise (en Italie) en 1181 et décédé le 3 octobre 1226, la foi de Saint François d'Assise dans le Corps et le Sang du Seigneur apparaît dans sa Lettre aux fidèles. François rappelle, en une sorte de credo, l’essentiel du mystère de Jésus : la place centrale et récapitulative de l’Eucharistie : « Cette Parole du Père, si digne, si sainte et si glorieuse, le Père très haut l’envoya du ciel (…) Lui qui fut riche par-dessus tout, il voulut lui-même dans le monde, avec la très bienheureuse Vierge, sa mère, choisir la pauvreté. Et près de la passion, il célébra la Pâque avec ses disciples et, prenant le pain, il rendit grâces et le bénit et le rompit en disant : Prenez et mangez, ceci est mon corps ».

Ici l’Eucharistie apparaît située à la charnière entre les deux temps forts du mystère du Christ : sa venue à nous dans le dépouillement généreux de l’incarnation et son chemin pascal de remise totale entre les mains du Père. Le double événement de Noël et de Pâques, vient nous rejoindre dans l’Eucharistie. Pour François, Incarnation rédemptrice, conversion de vie et réception de l’Eucharistie sont trois réalités profondément imbriquées.

Saint Dominique

Dominique de Guzman naît vers 1170 dans le bourg de Caleruega, en Espagne. Fondateur de l'ordre des frères prêcheurs, il meurt en 1221. Il est fêté le 8 août.

Il devint chanoine à Osma où il fit ses études de théologie. C'est au cours d'une famine qu'il vendit ses livres de théologie pour soulager la misère des pauvres. Son exemple fit de nombreux émules.

Au cours d'une mission avec son évêque Diègue d'Osma, Dominique traverse le sud de la France gagné à la cause cathare. L'aubergiste qui les accueille était d'ailleurs cathare. Saint Dominique passera la nuit à le convaincre de la religion catholique, et au petit matin, grâce à ses arguments, l'aubergiste reviendra à sa religion maternelle. Leur mission diplomatique ayant échoué, ils rencontrent par hasard une délégation papale de moines cisterciens voués à la prédication de l'évangile dans ces contrées. Leur échec amène Diègue a essayer un nouveau mode de prédication inspirée par la prédication mendiante et itinérante de l'évangile. Après quelque temps, alors que la méthode porte quelques fruits, Diègue doit revenir à Osma mais il laisse Dominique continuer son œuvre. Dominique poursuivra cette œuvre avec assiduité, fondant par là un ordre voué à la prédication : l'ordre des frères prêcheurs, plus connu sous le nom de dominicains.

À l'époque où les rois catholiques combattent l'hérésie cathare l'épée à la main, Saint Dominique et ses frères recentrent leur vie chrétienne sur l'essentiel: la présence du Christ, dans l'Eucharistie. D'ailleurs, dans la bulle transiturus qui institua la Fête-Dieu, le pape Urbain IV écrit qu' "il est juste néanmoins, pour confondre la folie de certains hérétiques, qu'on rappelle la présence du Christ dans le très Saint-Sacrement".

Saint Thomas d'Aquin

Né en 1224 en face de l'abbaye bénédictine du Mont-Cassin, devenu disciple de Saint Dominique, Saint Thomas d'Aquin commence à enseigner en 1252 – il a 30 ans. Il se distingue par sa dévotion et son amour de l’Eucharistie. Toute sa vie sera consacrée à exhorter, stimuler, éclairer, combattre les hérésies. Il mène de front ses cours, ses prédications, ses traités, ses sommes, des lettres. Il écrit la Messe du Saint-Sacrement qui sera promulguée par Urbain IV avec la bulle transiturus qui instituera la Fête-Dieu. Il y chante le merveilleux Pange Lingua, le mystère sublime de l’Eucharistie. Il dicte à 2 ou 3 secrétaires en même temps.

Il passe une grande partie de la nuit dans l’église, puis rentre dans sa cellule avant les mâtines, afin que nul ne s’en aperçoive. Jamais il ne manque les offices, bien qu’il en ait la dispense à cause de son travail considérable et des nombreuses visites qu’il doit recevoir. Son esprit ne se laisse jamais distraire de Dieu: sans doute aurait-il pu dire comme la petit Thérèse: Je ne suis jamais restée plus de trois minutes sans penser au Bon Dieu. Quand il célèbre l’Eucharistie, des larmes coulent sur ses joues. Le 7 mars 1274, entouré de Dominicains et de Cisterciens, il reçoit l’extrême onction, prêche une ultime fois sur le Cantiques des Cantiques, puis son souffle se perd. Il murmura le Credo et sur ces mots: "Je remets tout au jugement de l’Église".

Sainte Claire

Née en 1192 et morte le 11 août 1253, Claire d'Assise, également en raison d'un genre d'iconographie qui a eu un vaste succès à partir du XVII° siècle, est souvent représentée l'ostensoir à la main. Le geste rappelle, bien qu'avec une attitude plus solennelle, l'humble réalité de cette femme qui, déjà très malade, se prosternait, soutenue par deux sœurs, devant le ciboire d'argent contenant l'Eucharistie, placé devant la porte du réfectoire, où devait s'abattre la furie des troupes de l'Empereur. Claire vivait de ce pain, que pourtant, suivant l'usage de l'époque, elle ne pouvait recevoir que sept fois par an. Sur son lit de malade, elle brodait du linge d'autel et l'envoyait aux églises pauvres de la vallée de Spolète.

En réalité, toute la vie de Claire était une eucharistie, car - à l'instar de François - elle élevait de sa clôture un continuel " remerciement " à Dieu par la prière, la louange, la supplication, l'intercession, les pleurs, l'offrande et le sacrifice. Tout était accueilli par elle et offert au Père en union avec le " merci " infini du Fils unique, enfant, crucifié, ressuscité, vivant à la droite du Père.

De l'élévation à la Fête-Dieu

Les origines de la solennité du Corps et du sang du Christ, célébrée naguère le jeudi après le dimanche de la Sainte-Trinité, et maintenant souvent reportée au dimanche suivant pour permettre la participation des fidèles, remontent selon certains historiens au XIIe siècle. L'élévation manifestait le désir de contempler l'hostie, mais l'impulsion décisive fut donnée par sainte Julienne de Cornillon et la bienheureuse Ève de Liège.

Article détaillé : Fête-Dieu.

Le prélude

La solennité aurait été dans un certain sens préparée par le débat théologique et par le réveil de la dévotion eucharistique survenu après l'hérésie de Bérenger de Tours qui niait la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie. Ce réveil s'accompagnait d'un désir de pouvoir contempler l'hostie pendant la messe: c'est à Paris, en 1200, que l'existence de ce rite de "l'élévation", au moment de la consécration, est attestée pour la première fois.

Biographie

  • "Sainte Julienne de Cornillon", Chanoine Jean Cottiaux, Liége, 1991, 260 pp.
  • "Compte rendu de Fête-Dieu (1246-1996), 1.Actes du colloque de Liège", septembre 1996, éd. A. Haquin;
  • "Compte rendu de Fête-Dieu (1246-1996), 2.Vie de sainte Julienne de Cornillon", éd. Jean-Pierre Delville, Louvain-la-Neuve, 1999

Lieux

Paroisses dédiés à Sainte-Julienne de Cornillon

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