- Journée des dupes
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Journée des dupes
Le terme de journée des dupes désigne les évènements des dimanche 10 et lundi 11 novembre 1630 au cours desquelles le roi de France Louis XIII, contre toute attente, réitère sa confiance à son ministre Richelieu, élimine ses adversaires politiques et contraint la reine-mère Marie de Médicis à l'exil.
Contexte
Après avoir réduit l'indépendance des Huguenots français et obtenu la reconnaissance de l'héritage du duché de Mantoue par le duc de Nevers, le cardinal de Richelieu veut s'allier aux protestants allemands pour lutter contre les Habsbourg catholiques. Ceci déplaît au parti dévot de la cour mené par la reine-mère Marie de Médicis et Michel de Marillac, garde des sceaux. Par ailleurs, Gaston d'Orléans, frère cadet du roi Louis XIII, entend bien profiter de la situation pour avancer sa position au nom de la défense des privilèges des grands nobles du royaume.
Déroulement
À Lyon, malade, Louis XIII fait une réponse dilatoire à Marie de Médicis qui cherche à obtenir le renvoi du cardinal de Richelieu. Le roi guéri et revenu à Paris, la reine-mère, qui n'a pas obtenu du roi de décision définitive satisfaisante, donne cours à sa haine du cardinal lors d'un entretien avec son fils interrompu par l'arrivée de Mme de Comballet. La dame d'atour, nièce de Richelieu, froidement reçue, se fait par la suite agonir d'injures qui choquent tellement le roi qu'il parvient à peine à réagir. Mme de Comballet sortie en larmes, c'est le cardinal de Richelieu qui, à peine arrivé, se fait insulter sans répondre et démettre de ses fonctions dans la maison de la reine-mère avant de sortir. Le roi semble avoir quitté sa mère qui loge au palais du Luxembourg complètement ulcéré par elle.
Le lundi 11, au cours d'une vaine tentative de Louis XIII pour réconcilier sa mère et son ministre, Marie de Médicis reprend sa diatribe, exigeant l'éviction de Richelieu et son remplacement par Michel de Marillac comme principal ministre. Pour ne pas être dérangée, la reine-mère a fait fermer ses portes auxquelles se heurte le cardinal qui devait rejoindre le roi pour la réconciliation espérée. Par un passage dérobé, il s'introduit dans la chambre et se fait à nouveau injurier par Marie de Médicis. Richelieu semble avoir été fortement ébranlé par la colère royale, au point de s'agenouiller en larmes et de baiser le bas de la robe de la reine-mère. Le roi part pour Versailles, fuyant la scène sans même s'adresser au Cardinal qui regagne le Petit Luxembourg et se prépare à sa déchéance. Ce double départ fait croire au parti dévot et à Marie de Médicis que la victoire est remportée. Déjà les courtisans la félicitent ainsi que le garde des sceaux, principal ministre à venir.
Il est incertain de savoir qui de M. de Tourville ou du cardinal de la Valette convainquit le cardinal de Richelieu d'aller trouver le roi. Toujours est-il que le ministre se rend à Versailles où il est accueilli avec plaisir par Louis XIII. C'est au cours d'un long entretien que le monarque prend la décision d'éliminer l'opposition à sa volonté après avoir repoussé semble-t-il une nouvelle proposition de démission de Richelieu et lui avoir renouvelé sa confiance. Il convoque un conseil, sans Michel de Marillac qui est envoyé à Glatigny, au cours duquel il nomme le sire de Châteauneuf garde des sceaux et ordonne l'arrestation de Michel de Marillac et de son frère le maréchal Louis de Marillac, nommé la veille à la tête de l'armée d'Italie.
Le lendemain matin, le garde des sceaux est arrêté et finit par être conduit au château de Châteaudun où il meurt le 7 août 1632. Marie de Médicis apprend avec stupeur la nouvelle et se voit recluse dans ses appartements mais refuse ensuite toutes les tentatives d'apaisement. Exilée à Compiègne en février 1631, elle s'en échappe le 18 juillet pour gagner les Pays-Bas espagnols tandis que Gaston d'Orléans s'est réfugié à la cour du duc Charles IV de Lorraine d'où il continue à comploter contre son frère. D'autres participants à la cabale subissent aussi les conséquences de son échec : le maréchal de Bassompierre est emprisonné à la Bastille d'où il ne sort qu'en 1643. Le duc de Guise préfère demander la permission de partir en pèlerinage en Italie. Il n'en reviendra pas.
Devant un tel retournement de situation, c'est Guillaume Bautru, comte de Serrant, qui prononce alors une phrase promise à la postérité : « C'est la journée des dupes ! »
Bien que théâtrale dans son déroulement la journée des dupes n'en est pas moins d'une importance capitale puisqu'elle achève de souder les rapports qui unissent Louis XIII à son ministre dont les options politiques ne rencontrent plus d'opposition alors au sein du Conseil royal.
Bibliographie
- Pierre Chevallier, « La véritable journée des Dupes (11 novembre 1630). Etude critique des journées des 10 et 11 novembre 1630 d'après les dépêches diplomatiques », dans Mémoires de la Société académique de l'Aube, t.CVIII, 1974-1977, 63 p.
- Georges Mongrédien, 10 novembre 1630 — La Journée des Dupes, coll. Trente Journées qui ont fait la France, N.R.F., Gallimard: Paris, 1961.
- Jean-Christian Petitfils, Louis XIII, Perrin, Paris, 2008, pp. 510-543.
- Edouard Fournier, « La Journée des Dupes » par Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon, dans Variétés historiques et littéraires, Tome IX, 1859.
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