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Jourdain de Séverac
Jourdain de Séverac, Jordanus ou Jordan le Catalan (fin du XIIIe siècle- après 1330)
Sommaire
Sa vie
Ce dominicain français fut un grand missionnaire et explorateur de l’Africasie, connu surtout pour son Mirabilia Descripta décrivant les merveilles des terres inexplorées de l’Afrique et de l’Asie.
Fils de notaire, il est né à Séverac-le-Château dans l’Aveyron (Severaco dit-il en occitan), à la fin du XIIIe siècle, il résidait habituellement, au monastère de Tabriz (en Perse). Ce n’est qu’en octobre 1321 que sa présence est attestée dans l’ouest de l’Inde, en compagnie de Thomas de Tolentino et d’autres missionnaires franciscains en route pour la Chine. Le mauvais sort les arrêta à Tana dans l’île de Salsette, près de Bombay : là, quatre compagnons de Jourdain (les quatre martyrs de Tana) furent massacrés, victimes de fanatiques musulmans (le 7 avril 1321).
Jourdain, ayant pu s’échapper, œuvra quelque temps à Baruch dans le Gujarât, près de l’estuaire de la Nerbudda, puis à Suali (?) près de Surat.
À ses frères dominicains de Tabriz, dans le nord Perse il écrivit deux lettres : la première de Gogo dans le Gujarât (le 12 octobre 1321), la seconde de Tana (le 24 janvier 1323/4), décrivant les progrès de sa mission ; il lançait à ses frères, un appel fervent à le rejoindre dans son travail d'évangélisation de l'Inde.
Grâce à ces lettres, l’on apprend que l’attention de Rome avait déjà été attirée, non seulement sur la région de Bombay, mais aussi sur l’extrême sud de péninsule Indienne, spécialement : Colombo, Quilon (ou Kulam) dans l'État du Travancore.
Jourdain avait appris de marchands catholiques que l’Éthiopie (i.e. Abyssinie et la Nubie) ou encore : Gog et Magog, était accessible aux Occidentaux dès cette époque (l’on sait d’ailleurs, par d’autres sources, que les premiers missionnaires de rite latin venaient d’y pénétrer). Finalement, les Épîtres de Jourdain, comme la contemporaine Secreta de Marino Sanuto l’Ancien (1306-1321), poussèrent le pape à lever une flotte chrétienne dans l’océan Indien.
Jourdain visita Kulam (ou Quilon) entre 1324 et 1328 (sinon probablement plus tôt), et la retint comme la meilleure base pour son travail futur d'évangélisation.
Il revint en Europe en 1328, passant par la Perse et la Crimée. Nommé évêque de Quilon en 1328 et affecté par le pape Jean XXII d’Avignon, à la mer de Colombo en 1330.
Avec le nouvel évêque de Samarcande, Thomas de Mancasola, Jourdain fut commis par le pape Jean, pour prendre l’attache de Jean de Cora, archevêque du sultanat de Perse, auquel la province de Kulam était rattachée.
Son œuvre
Jourdain écrivit probablement son Mirabilia à Malabar où il siégea comme évêque de 1329 à 1330. Dans ses textes, il fournit une approche des régions, produits, climats, mœurs, coutumes, faune et flore des Indes ; la meilleure faite par aucun Européen au Moyen Âge — supérieure même, d’après les commentateurs, à celle de Marco Polo (1254-1324). Approche qui comme les autres ouvrages de l'époque n'est pas exempte de mille fantasmagories.
Il y divise les Indes en trois parties:
- l’Inde Majeure (India Major) comprise entre Malabar et Cochin ;
- l’Inde Mineure (India Minor) du Sind (ou peut-être du Baloutchistan) à Malabar ;
- l’Inde Tertiaire (India Tertia), vaste région côtière, mal définie, s’étendant de l’ouest du Baloutchistan aux frontières de l’Éthiopie, le domaine du Prêtre Jean.
Ainsi le Mirabilia de Jourdain contient la première identification précise du Prêtre Jean, mais aussi la première description précise de la Mer Noire.
Il décrit ses diverses résidences dans l’Inde Majeure et spécialement Kulam, aussi bien que ses voyages en Arménie, au nord-ouest de la Perse, dans la région du lac Van et en Chaldée. Il fournit également une excellente description des doctrines et coutumes funéraires des Parsi. De l’Inde, il décrit les dieux, les rites et les mœurs hindous, les vaches sacrées, l’artisanat, mais aussi les fruits, oiseaux, animaux et insectes.
La date de sa mort
Comme celle de sa naissance, elle est inconnue, mais il est impossible de trouver une seule référence d’époque, mentionnant l’évêque Jourdain postérieure au 8 avril 1330.
Références
De ses deux ouvrages princeps (écrits en Latin), les Epîtres et le Mirabilia descripta:
- il n’existe qu’un Manuscrit des Epîtres de Jourdain. Il se trouve à la Bibliothèque Nationale à Paris, réf. : 5006 Lat., fol. 182, r.
- il existe deux Manuscrits des Epîtres de Jourdain. L’un se trouve également à la Bibliothèque Nationale à Paris, l’autre au London, British Museum, réf. : Additional MSS., 19,513, fols. 3, r.f 2 r.
- Le texte des Epîtres se retrouve aussi dans:
- le texte du Mirabilia se retrouve dans le: Recueil de voyages et mémoires, iv. i68 CH 5 (1839). Société de Géographie. Paris.
- les Lettres Papales mentionnant Jourdain se retrouvent dans: Odericus Raynaldus, Annales ecclesiastici, 1330, f lv. and lvii (Avril 8; Fév. 14).
Voir aussi
L'étude faisant aujourd'hui référence est Christine Gadrat, Une Image de l'orient au XIVe siècle. Les Mirabilia descripta de Jordan Catala, Paris : École des chartes, 2005. Cet ouvrage est tiré de sa thèse de l'École des chartes, dont un résumé est disponible ici.
- en anglais :
- l’article Wikipedia : |Jordanus of Severac|
- de Sir Henry Yule ; Jordanus, une version commentée du Mirabilia. (Éd. Hakluyt Society, 1863) et chez le même éditeur Cathay, qui donne une version commentée des Epîtres. (Éd. Hakluyt Society, 1866) p. 184-185, 192-196, 225-230.
- l'Encyclopædia Britannica, onzième Édition, une publication maintenant du domaine public.
- C. R. Beazley, Dawn of Modern Geography, iii. 215-235. 1911.
- en allemand :
- F. Kunstmann, Die Mission in Meliapor und Tana und die Mission in Columbo in the Historisch-politische Blätter of Phillips and Görres, xxxvii. 2538, 135-152 (Munich, 1856), &c.
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