Jean de Montmirail

Jean de Montmirail

Jean de Montmirail, appelé aussi Jehan de Montmirail (1165 - 29 septembre 1217) était :

Blason de Jean Ier de Montmirail

Sommaire

Introduction

Connétable de France, il sauva la vie de Philippe-Auguste à Gisors et participa à la quatrième croisade. Il se retira comme moine à l'Abbaye de Longpont.

Il est le fils d'André de Montmirail et d'Hildiarde d'Oisy (†1177), vicomtesse de Meaux, Dame d'Oisy et de Crèvecoeur.

Il épouse Helvide de Dampierre et de Bourbon[1],[2]

Il eut pour descendant :

Biographie

Jean, fils dAndré, naquit en 1165 à Montmirail, petite ville de Champagne. Il fut un bel enfant aimable, gracieux, soumis, respectueux, doué du plus heureux caractère et faisant la joie, la gloire et lorgueil de ses parents. Ayant perdu sa mère dans sa première jeunesse, il reçut de la seconde femme de son père, la Comtesse de la Ferté-Gaucher, les marques de la plus grande affection et les leçons des plus grandes vertus. André ne négligea rien pour que léducation de son fils fût complète. Il voulut quil lemporta sur tous les autres Seigneurs de son temps, non seulement par la fortune, mais encore par la qualité de lesprit et du cœur. Jean surpassa[non neutre] toutes ses espérances. Il étudia la langue latine, le droit romain. Il devint fort instruit dans le droit coutumier de Vitry et de Cambrai : il en donna des preuves dans le cours de sa vie et sen montra un fidèle observateur. Il mérita à bon droit le titre de grand justicier. Aucun Seigneur ne fut comparable à Jean en politesse comme en courage. On peut même dire quil fut le type du vrai baron français.[non neutre]

Lorsquil fut ainsi accompli en tous genres, André ne put se dispenser de produire à la cour son fils qui était du même âge que Philippe, fils de Louis VII. Le jeune Seigneur de Montmirail fut accueilli avec la plus grande bienveillance. Jean brilla à la cour de Philippe Auguste. Il était alors le premier seigneur par son rang, sa fortune, lillustration de sa naissance, ses qualités. Il était Baron de Montmirail, Comte de La Ferté-Gaucher, Seigneur de la Ferté sous Jouarre, de Tresmes, dOisy, de Crèvecœur, de Bandelues, de Condé-en-Brie, de la Fere, de Saint-Gobain, de la Chapelle en Brie, Vicomte de Meaux et Châtelain de Cambrai mais il surpassait tous ces titres par les dons du Corps et de lesprit. Son crédit était immense. Il se fit chérir de son Roi : une amitié intime se forma entre les deux jeunes gens. Il devint non seulement lami mais le favori et plus tard conseiller de Philippe Auguste.

Philippe Auguste le décora du titre de Baron et cest avec cette distinction quil figure dans le traité conclu entre le Roi de France et Blanche, Comtesse de Champagne. Voulant prévenir les dangers auxquels les faveurs du monarque pouvait exposer son fils, la Comtesse de la Ferté-Gaucher lui proposa de contracter alliance avec une femme digne de lui par sa naissance ses qualités et son éducation. La Comtesse fit un choix des plus heureux et lui présenta pour compagne Helvide de Dompierre et de Bourbon, troisième sœur de Gui de Dompierre et de Bourbon. Philippe Auguste ne fut sans doute pas étranger à une alliance aussi bien assortie.

Lhistorien contemporain de Longpont (histoire du Bienheureux Jean) nous le présente comme un guerrier fameux et en fait léloge le plus pompeux :

  • « Jean de Montmirail, ce Prince digne de toute notre admiration, aussi distingué par ses qualités du corps que de lesprit tenant avec gloire le premier rang dans toute la France, se montrait le plus intrépide, déployant partout sa libéralité, suivant la coutume de ce noble temps »

Voici reproduit le seul trait que nous ayons de son courage :

  • Richard Cœur de Lion et Philippe Auguste sétaient réconciliés pour la croisade, mais lharmonie ne pouvait durer longtemps entre ces deux héros qui semblaient être nés pour rivaliser de gloire. Après leur retour de Terre Sainte, il fut question dexécuter le traité conclu en Palestine et par lequel le Prince anglais devait rendre à la France Gisors et le Vexin, qui avaient été donnés à Marguerite et ensuite à Alix, sœurs de Philippe. Gisors avait été pris en 1106 par Henri Ier Beauclerc à Louis VI le Gros. Mais sur le refus dobéir aux lettres de Richard, arrêté prisonnier en Allemagne, Philippe entra de force dans le Vexin, prit Gisors et fit prisonnier le Comte de Gloucester. Richard ayant obtenu sa liberté de Henri Empereur dAllemagne rassembla secrètement une armée et vint fondre sur le Vexin avec 1 500 cavaliers et 40 000 fantassins. Le Roi Philippe, courroucé, voulut se rendre au fort de Gisors, accompagné seulement de 500 lances. Ne voulant pas reculer devant son vassal, alors quil allait être entouré par les Anglais, il refusa de rebrousser chemin. Abandonné par sa troupe qui ne pouvait le suivre au milieu de ses ennemis, il allait infailliblement être fait prisonnier, lorsque Jean se précipita au milieu de leurs rangs, porte des coups rapides et vigoureux, parvient à écarter une multitude dennemis et permit à Philippe de séchapper sain et sauf et de rentrer à Gisors. Revenant promptement à Paris, il rassemble ses troupes et fit payer cher à Richard sa surprise. Jean se hâta de retourner à Montmirail et réunissant la noblesse et les gens de guerre de ses terres, il amena au Roi un renfort considérable. Les Anglais furent repoussés partout. Philippe Auguste arracha de force des mains du Roi dAngleterre Gisors et toute la Province.

Jean renonce bientôt à la vie mondaine. Il établit en 1200 un ermitage en la forêt de Beaumont, à une demi-lieue de Montmirail et devait plus tard se consacrer à Dieu.

Sa vigilance à maintenir partout le bon ordre peut se comparer à la sollicitude pastorale dun évêque. Il déploya un zèle infatigable pour prévenir les scandales, arrêter les abus, pour détruire le mal pour pourvoir aux besoins des peuples confiés à ses soins et pour faire appliquer partout la justice. Il parcourait ses domaines, redressant les torts de ses officiers, rendant à chacun ce qui lui était . Il fut bon avec les faibles et sévère avec les forts, les méchants et les scélérats

Nous ne saurions citer toutes les chartes de Jean envers les églises et les couvents :

  • Charte de 1194 en faveur de lAbbaye d'Essommes.
  • Charte de 1198 en faveur de lAbbaye de Vaucelles.
  • Charte de 1201 en faveur de lAbbaye d'Anchin.
  • Charte de 1202 en faveur du monastère de cantimpré.

Cette dernière charte nous apprend que Jean avait déjà à cette époque trois enfants en âge de donner leur consentement aux actes de leur père. La date de son mariage avec Helvide de Dampierre na jamais été précisée. Daprès diverses chartes et cette particularité quil se maria fort jeune, il semble quon puisse fixer lépoque de son mariage au plus tard vers 1185 :

  • Jean de Montmirail épousa Helvide de Dampierre, sœur de Guy de Dampierre, qui eut pour enfants, Archambault, le grand seigneur de Bourbon, père entre autres de Marguerite de Bourbon, Reine de Navarre, Comtesse de Champagne et de Brie, et Guillaume de Dompierre, Comte de Flandre et de Hainaut[4].

Jean se montra également généreux envers :

  • le prieuré de N.D. du Charme, de lOrdre de Fontevraux, au Diocèse de Soissons et lui fit dimportantes donations en 1202.
  • Charte en faveur de LAbbaye du Verger. Acte portant destination primitive de la maison du Verger fondée dans le Petit Marais (1209)
  • Établissement de Charité fondé à Paris en 1202, en faveur de lAbbaye du Val Secret.
  • Donation aux monastères de Jouy, de Saint-Jean des Vignes, du Mont-Dieu, qui prit plus tard le nom de lAmour-Dieu et du prieuré Saint-Étienne à Montmirail (1203)
  • Consentement à léchange de terres qui avait été conclu entre Hugues de Crèvecœur, vassal de Jean et léglise Saint-Aubert à Cambrai. (1206)
  • Fondation de lhôtel-Dieu à Montmirail. (1207)
  • confirmation de la fondation de sa tante Marguerite de Blois, de la maison de Cerfroid, maison-mère et de fondation de l'Ordre de la Sainte Trinité et de la Rédemption des Captifs (Trinitaires, Mathurins, 1212)
  • Louis, fils aîné du Roi des Français atteste que Jean de Montmirail a garanti au Roi jusquà concurrence dune somme de mille Livres, la fidélité de Hellin de Wavrin le Jeune, sénéchal de Flandre. (1213)

Jean Ier de Montmirail mourut à Longpont le 29 janvier 1217 à lâge de 52 ans.

Son tombeau[5]

Un magnifique tombeau en marbre noir et blanc, fut érigé au bienheureux Jean, dans l'abbaye de Longpont, vers l'an 1250. On y lisait cette inscription :

IN LONGO PONTE VOLUIT SE SUBDERE SPONTE

OBSEQUIO CHRISTI LAPIDI QUI SUBJACET ISTI

CUJOS IBI CINERES MONTIS MIRABILIS HÆBES

OLIM JURE BEI NOMEN EI (ID EST JOANNIS)

GRATIA SIT CHRISTO QUI NOS DECOBAVIT IN ISTO

AMEN.

AVE MARIA GRATIA PLENA.

Les architectes les plus habiles, dit M. Boitel, déployèrent dans ce mausolée toutes les richesses de leur génie. Au premier étage, on voit étendu le seigneur de Montmirail, encore jeune, revêtu de son armure guerrière, avec le casque et la visière levée. Sa terrible épée repose à sa gauche ; à sa droite est son bouclier chargé de ses armoiries qui sont de gueules au lion rampant d'or. On n'oublia point de mettre aux pieds du bon seigneur son chien fidèle, emblème de la fidélité de ses vassaux et de celle qu'il avait eue lui-même pour le roi son suzerain. Une pierre de la même dimension en largeur et en profondeur que tout le monument, forme le second étage. Jean y est encore représenté, mais dans un costume fort différent. Il est couché et revêtu de la grande robe de religieux de saint Bernard ; ses mains sont enveloppées dans les manches ; son visage est sillonné de rides et sa tête est chauve. On admire le bienheureux en deux conditions fort diverses, comme seigneur terrien et comme humble religieux. Dans ces deux étals il respire une telle majesté qu'au seul abord on est pénétré de respect et de dévotion. Le haut du mausolée est un ouvrage d'architecture ogivale du style le plus pur. Ce couronnement est travaillé avec un art parfait. Il est porté sur des colonnes élégantes et soutenu aux quatre angles par des arcs-boutants. Chaque face est ornée d'une belle rose, d'un riche entablement, de galeries et de clochetons. Quatre anges déploient leurs ailes au-dessus des chapiteaux et présentent au bienheureux une couronne et une palme. Le jour pénètre de toutes parts dans le monument. Ce mausolée et ces statues ont été détruits en 1793. (Dessin établi d'après des gravures qui datent de 1641)

Mausolée du Bienheureux Jean de Montmirail

Le Bienheureux Jean de Montmirail

Jean de Montmirail fut béatifié vers 1250, un reliquaire peut être visible à l'Abbaye de Longpont

Extrait de la lettre circulaire de Monseigneur lévêque de Soissons et Laon[6]

Un décret de la Sacrée Congrégation des Rites, approuvé par Léon XIII en date du 19 juillet 1891, vient de reconnaître et de rendre obligatoire, pour tout le Diocèse de Soissons, sous le Rit « double-mineur » fixant cette fête au 28 septembre de chaque année

Nous ne nous attarderons pas à faire lhistoire du Bienheureux Jean de Montmirail : elle peut tenir en quelques mots :

  • Jean, Seigneur de Montmirail, se rattachant aux familles des Rois de France, Robert le Pieux, Hugues Capet, Charlemagne, naquit à Montmirail en 1165. Haute naissance, immenses richesses, valeur chevaleresque, tout se réunissait pour lattacher à ce monde et ly fixer ; Il en fut de longues années lornement et la gloire. Un jour, Dieu parla plus fort à son âme que la gloire de ce monde et lui fit voir que sil est beau de servir un roi de la terre, il est encore plus beau de servir le Roi du Ciel.

Jean comprit tout, et le noble et brillant seigneur se fit lhumble serviteur des pauvres et des malades dans un hôpital quil avait fait construire dans sa demeure. Ce nétait pas encore assez pour son humilité. Cet éclat qui avait environné toute sa vie et dont il restait encore quelque chose, malgré tout ce quil pouvait faire pour léteindre, il voulut lanéantir en sanéantissant lui-même et en disparaissant entièrement dans lobscurité dun cloître. Il vint frapper à la porte de lAbbaye de Longpont, de lOrdre de Cîteaux : Jean lHumble y donna le modèle des plus pures vertus religieuses et y mourut le 29 septembre 1217.

Notes et références

  1. Fille de Guillaume Ier de Dampierre
  2. Enterrée dans l'un des cloître de l'Abbaye de Vaucelles
  3. nommée dans la Charte de Cantimpré et morte sans postérité
  4. Le Carpentier, histoire de Cambrai et du Cambrésis, p. 236
  5. Revue de l'art chrétien, de la Société de Saint-Jean, publié par St. Augustin, Desclée, De Brouwer et Cie, 1859
  6. relative à lintroduction dans la liturgie soissonnaise de la fête du Bienheureux Jean de Montmirail, Soissons, le 14 septembre 1891

Voir aussi

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