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Jean-Paul Montanari
Pour les articles homonymes, voir Montanari.Né à Alger en 1947, Jean-Paul Montanari est le directeur du Festival international Montpellier Danse fondé par le chorégraphe Dominique Bagouet en 1981.
Il a sept ans lorsque la guerre éclate sur sa terre natale. Il quitte la ville blanche pour Lyon un matin de juin 1962. Après un bac de philo et une licence de lettres modernes, il étudie le chinois et découvre le cinéma et le théâtre : Planchon, Maréchal et plus tard Chéreau.
Avec Mai 68, il découvre l'engagement politique.
En 1975, il intègre l’équipe du Centre dramatique national de Lyon où il est chargé des relations avec le public. Il découvre la danse et, trois ans plus tard, il prend en main la programmation danse du Centre dramatique. Parmi les premiers chorégraphes invités se trouvent Brigitte Lefèvre, Maguy Marin, Quentin Rouillier et Dominique Bagouet dont il devient rapidement l’ami et le conseiller. Lyon est, à la veille des années 1980, la capitale du théâtre, mais aussi le point de rencontre de jeunes chorégraphes. On assiste à une véritable ébullition de créateurs à l’avenir prometteur.
En parallèle à ses activités au Centre dramatique de Lyon, Jean-Paul Montanari fonde le Groupe de libération homosexuel de Lyon (GLH, de 1975 à 1979) puis créera, au début des années 1980, avec Christian Tamet, Viva (festival de danses et de musiques extra-européennes) à Villeurbanne.
Sans cesse en réflexion sur la création, Jean-Paul Montanari occupe également pendant des années une place particulière de conseiller auprès de chorégraphes comme Régine Chopinot, Susan Buirge ou Hideyuki Yano.
Lorsque Dominique Bagouet installe en 1980, à l’invitation de Georges Frêche alors maire de Montpellier, le Centre chorégraphique, il demande à Jean-Paul Montanari de s’occuper des relations avec la presse. Dès lors, l’histoire de la danse à Montpellier va être indissociable du nom de Montanari : à la naissance du Festival international Montpellier Danse, en 1981, il est assistant de Dominique Bagouet ; en 1983, il en devient le directeur général et s’installe définitivement dans la capitale languedocienne pour en ouvrir les portes aux artistes chorégraphiques.
Il restera très lié à Dominique Bagouet : « La mort de Dominique fut un grand choc. Nous étions tous les deux si liés au plan artistique, professionnel et amical. La disparition d’un créateur et d’un ami comme lui a créé un immense vide. Presque toutes les œuvres de Bagouet ont été créées au festival »[1].
Le Festival Montpellier Danse s’est, d’une part, développé avec le soutien et l’essor parallèle du Centre chorégraphique national, d’abord avec Dominique Bagouet puis avec Mathilde Monnier à sa tête. L’histoire du Festival Montpellier Danse reste, d’autre part, indissociable des liens qui unissent Jean-Paul Montanari à Georges Frêche, et de leur engagement politique commun pour le développement culturel de la ville de Montpellier. En 1993, il est nommé chargé de mission pour les affaires culturelles au cabinet de Georges Frêche, poste qu’il gardera jusqu’en 1995.
Son engagement dans le développement culturel de sa ville se traduit aussi par le fait qu’il ait été l’un des premiers dans le monde du spectacle à associer sa ville à la lutte contre le sida, se démarquant par sa position progressiste envers le traitement pudique du problème de cette épidémie, qui toucha dès la fin des années 1980 bon nombre de danseurs et chorégraphes.
Jean-Paul Montanari devient en 1983 conseiller pour la danse à l’Opéra de Montpellier ; puis, en 1984, membre de la Commission d’attribution des subventions aux compagnies chorégraphiques du Ministère de la Culture (jusqu’en 1991). Entre temps, il est nommé membre du Conseil supérieur de la danse (1991). En 1996, il prend en charge la saison danse qui est aujourd’hui la saison danse de l’Opéra national de Montpellier. En 2001, il quitte la direction du Zénith de Montpellier qu’il occupait depuis 1999, pour revenir se consacrer pleinement au festival et à la saison danse.
Après les Arts et les Lettres dont il est officier, Jean-Paul Montanari a, en 1998, été fait chevalier de l’Ordre du mérite.
Il développe ses réflexions sur le corps et le désir ou encore sur le rôle de l’expression du corps qui est irréductible à l’expression de la parole. Sa démarche est aussi politique. En effet, pour lui, « tous les corps sont des corps politiques » ; et de développer « Ce n’est pas un hasard si on a vu de nombreux artistes et, parmi eux, beaucoup de danseurs, dans les luttes de soutien au Cambodge, à la Bosnie, aux sans-papiers, aux jeunes des quartiers. La vision de corps massacrés atteint tout le monde, mais le danseur est touché au corps »[2].
En quelques années, Jean-Paul Montanari a réussi à fédérer un public amateur de danse qui le suit depuis le début, et n’a de cesse d’ouvrir ce festival aux jeunes générations. Il a fait de Montpellier Danse, festival varié et ouvert sur le monde, le symbole de l’attractivité culturelle montpelliéraine.
Notes
- ↑ Propos recueillis par Andrée Martin dans « Le Combat de la culture », in Le Devoir n° 278 (Montréal), 7 décembre 1998.
- ↑ Propos recueillis par Dominique Frétard dans « Les Liaisons tumultueuses des corps et du politique », in Le Monde des 21 et 22 juin 1998.
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