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Jean-François Gravier
Jean-François Gravier (1915-2005) est un géographe français, célèbre principalement pour son livre Paris et le désert français, publié en 1947 et plusieurs fois réédité par la suite.
Sommaire
Paris et le désert français
Dans ce livre il dénonce les grandes villes et en particulier Paris d'avoir "dévoré" pendant un siècle les ressources et les talents de la province française : "dans tous les domaines, l'agglomération parisienne s'est comportée depuis 1850, non pas comme une métropole vivifiant son arrière-pays, mais comme un groupe "monopoleur" dévorant la substance nationale."[1]. Paris est présenté comme un monstre effrayant [2] et mortifère : sa natalité inférieure à la moyenne nationale et sa mortalité plus élevée en feraient un destructeur d'hommes [3], ce qui attirerait des immigrés qu'il compare à l'invasion de l'empire romain par les Barbares[4]. Paris n'est pas le seul coupable, Lyon, Marseille et la Côte d'Azur jouant un rôle similaire selon Jean-François Gravier[5],[6].
Pour lutter contre Paris, Gravier propose une politique d'aménagement du territoire pour re-développer les campagnes et décentraliser la France: " Sur 1 100 000 logements urbains construits entre les deux guerres, un million l'ont été dans les villes de plus de 10 000, dont 450 000 dans la Seine. Nous n'avons qu'à prendre exactement le contre-pied de cette "politique" pour obtenir un programme satisfaisant : aucune construction nouvelle à Paris, Lyon, Marseille ou dans leur banlieue pendant 10 ans, rénovation de l'habitat rural et spécialement agricole" (Ed 1947, p 264). Gravier propose de déporter hors des métropoles une large partie de leur population en confisquant leurs logements : "Des méthodes aussi rigoureuses peuvent être employées sans inconvénient à l'égard des improductifs "reclassés" [dans les petites villes de province]" (Ed 1947, p 346)
Postérité des thèses de Jean-François Gravier
Les thèses de Jean-François Gravier et notamment la métaphore du « désert français » ont été largement repris dans le débat public depuis 1947[7].
L'idée d'un déséquilibre entre Paris et la province a ainsi été au centre des politiques d'aménagement du territoire menées au cours des années 1950 et 1960, avec la création des métropoles d'équilibres. Les villes nouvelles semblent toutefois contraires à sa proposition qui consistait non pas à construire des villes à partir de rien mais à réaliser des quartiers nouveaux en bordure des centres anciens.
Ses conclusions sont toutefois remises en cause aujourd'hui par certains géographiques et économistes[8]. Laurent Davezies s'y oppose ainsi en considérant que la France est aujourd'hui coupée en deux, entre une France urbaine et industrielle, principalement dans le nord-est, ouverte à la mondialisation, luttant pour se moderniser, souffrant du chômage et produisant le gros de la richesse nationale et une France des petites villes et des campagnes, principalement dans le sud-ouest, offrant des services avec une faible productivité, donc sans grand chômage, une agriculture déficitaire et vivant de subventions [9]. Paris et l'Ile-de-France seraient selon lui en train de s'effondrer alors que la région assure 30 % des ressources de l'État et soutient le reste de la France.
Voir aussi
Notes et références
- ↑ Paris et le désert français, Ed 1972, p 60
- ↑ " Les tentacules de Paris s'étendent ainsi sur tout le territoire." Ed 1947, p 74
- ↑ "Un monstre urbain comme Paris fait perdre à la France chaque année 3 fois plus de richesse humaine que l'alcoolisme." Ed 1947, p 111
- ↑ "Tandis que ces Polonais, ces Italiens, ces Espagnols viennent remplacer les enfants que les Français n'ont pas voulu avoir, on pense inévitablement à la comparaison banale avec le Bas-Empire lentement envahi par les Barbares" ed 1947, p 82)
- ↑ « Hors de Paris, trois foyers attirent : Lyon, Marseille et la Côte d'Azur. Leur croissance foudroyante coïncide avec le gonflement des professions dites de luxe et des activités spéculatives les moins défendables. » Ed 1947, p 77
- ↑ « La plupart des professions commerciales ne jouent de rôle ni dans l'exportation, ni dans le tourisme et ne créent par conséquent aucune espèce de richesse. » Ed 1947, p 152
- ↑ Jean-Louis Andréani, Le Monde, 15 juillet 2008
- ↑ Voir notamment I. Provost (1999) : Paris et le désert français : histoire d'un mythe, Thèse de sociologie, Université d'Evry, 216 p.
- ↑ Laurent Davezies, La République et ses territoires, la circulation invisible des richesses, Seuil, 2008, 110 p.
Bibliographie
Davezies L (2008) La République et ses territoires, la circulation invisible des richesses, Seuil, 2008, 110 p.
Drouard A (1992) Une inconnue des Sciences Sociales : la fondation Alexis Carrel (1941-45), Editions de la MSH.
Gravier J-F (1947) " Paris et le désert Francais (Grand Prix Robert, 1959)", Flammarion " L'aménagement du territoire et l'avenir des régions francaises", Flammarion " La question régionale", Flammarion " Paris et le désert Francais en 1972", Flammarion " L'Espace Vital", Flammarion, 330 pages, 1984 " Auvergne et Aquitaine", étude régionale d'emploi CECA, 1957 " Economie et organisation régionales", Masson & Cie, 1970
Marchand B (2001) "La haine de la ville : "Paris et le désert français de Jean-François Gravier", L'Information Géographique, vol 65, pp 234-253.
Provost I (1999) Paris et le désert français : histoire d'un mythe, Thèse de sociologie, Université d'Evry, 216 p
Articles connexes
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