- Jaque européen du XIVe au XVIe siècle
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Un jaque est un vêtement, ou une défense corporelle, s'ouvrant par devant. Il pouvait être en fer, cuir, tissus, etc. (Voir l'exemple [2] ou [3])
Parmi les défenses corporelles qualifiées de jaques, les harnois de tissu furent les plus nombreux. Dans le domaine militaire, c'est le sens qu'il convient généralement de donner au terme, si aucune précision n'est donnée. (Voir l'exemple [4])
Ce texte traite de l'ensemble des harnois de tissus et non des jaques seuls. Le mot jaque a été retenu comme « générique », faute d'un terme existant approprié.
Seules les défenses d'entre les XIVe et XVIe siècles seront traitées (fin du Moyen Âge et début de la Renaissance). De même seuls les « Jaques » de la partie de l'Europe allant de l'Allemagne à l'Espagne (y compris l'Angleterre) seront traités.
Dans cette limite territoriale, les armes, tant offensives que défensives étaient étonnamment homogènes à un moment donné. Les grandes guerres XIIe siècle, et le commerce généralisé des armes (principalement Allemandes et Italiennes) avaient diffusé des types et des appellations génériques. De nombreuses particularités locales perduraient. Certaines ont, par la suite, connues un très grand succès (Long bow des troupes anglaises, défense de type « jaque » popularisée par les archers anglais, brigandine (type de broigne) diffusée par certaines « bandes » Italiennes et Provençales etc.).
Si une relative uniformité existait à un moment donné, il n'en fut pas de même aux cours de la période. Ces trois siècles connurent de profondes mutations dans le domaine de l'armement.
Sommaire
Définitions
Jaque
JAQUES ou JAQUE, m. penac. Tantost est le nom propre de quelque homme, qu'on escrit erronéement Jacques, consideré que la lettre c. du Latin Iacobus dont il vient, se change en q, suyvie de la lettre u, parce qu'en François le c ne se prononce par k devant les voyeles e et i. Tantost signifie une sorte d'habillement de guerre qui est renflé de cotton, comme dit Jan le Maire li. 1. chap. 22. fait en façon de chemisette. Mais despuis en a esté fait de mailles de fer presque à la façon du haubert, et pour ce y met on ceste addition, de maille, disant, jaques et chemise de maille, lorica. Ce qui donne aucunement à entendre, qu'on nommoit anciennement Jaques comme on fait à present Jaquette, une telle sorte d'habit fait de drap ou autre estoffe. On y met aussi ceste addition manches, quand cet habillement de guerre a des manches de mesmes, et est à haut gorgerin et fauldieres ou cuyssots, duquel non seulement estoient armez les gens de pied, ains aussi ceux de cheval par dessous le corselet, qui n'avoit lors nuls braçals. Estant l'armeure de maille si usitée envers les anciens hommes d'armes, que comme se voit en plusieurs leurs tombeaux, et le heaume et les greves en estoient faites, Lorica hamis conserta, Virgil. lib. 5. Aeneid.Sic Thresor de la langue françoyse de jean NICOT [1]
À proprement parler, le terme « jaque » désignait, alors tout une famille de vêtements s'ouvrant par devant. Leurs équivalents actuels seraient des chemises « de fatigue » ou des vestes de travail. C'était des vêtements portés par les plus basses couches sociales. De ce fait ils étaient marqués d'une connotation péjorative. Par extension, le terme jaque a désigné de nombreux types de défense du torse, s'ouvrant sur le devant. jaque de fer : en français moderne se serait une « cotte de mailles » annulaire s'ouvrant sur le devant. Jaque jazeran : Désignait les jazerans (cotte de mailles annulaire et mailles plate) s'ouvrant sur le devant. D'après João Gouveia Monteiro[2] le terme jaque aurait même désigné des brigandines au Portugal. Les jaques de textile étaient cependant les plus nombreux. C'était des vêtements fortement rembourrés (gambisé), ou constitués de couches de tissus (pourpointé) en grand nombre (15 à 30 ou plus). Une épaisseur de cuir pouvait éventuellement renforcer cette protection.
Gambison ou cotte gamboisé
GAMBESON ou GOBESON, s. m. (Hist. mod.) terme usité dans l'an cienne milice. Il signifiot une espece de cotte d'arm e ou de grand jupon qu'on portoit sous la cuirasse, pour qu'elle fût plus facile à porter, & moins sujette à blesser. Chambers. Le gambeson étoit fait de taffetas ou de cuir, & bourré de laine, d'étoupes, ou de crin, pour rompre l'effort de la lance, la quelle, sans pénétrer la cuirasse, auroit néanmoins meurtri le corps, en enfonçant les mailles de fer dont elle étoit composée. Dans un compte des baillis de France, de l'an 1268, il est dit: Expensa pro cendatis & bourra ad gambesones, c'est - à - dire pour le taffetas & la bourre pour faire des gambesons. Hist. de la milice françoise, par le P. Daniel. (Q)Sic ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS[3]
Littéralement chemise (cotte) rembourrée (gamboisée). Cependant, aux époques concernées, les chemises (cottes) ne s'ouvraient pas sur le devant. Elles s'enfilaient par l'encolure. Généralement, un lacet permettait de réduire, ou fermer, l'encolure.
Cotte à armer
Cotte se dit d'une jupe à l'usage des femmes de basse condition. Cotteron est une petite cotte courte et étroite. Cotte d'armes, casaque que les Hommes d'armes mettaient aûtrefois sur leurs cuirasses. Cotte ou jaque de mâilles; chemise faite de mâilles ou petits anneaux de fer. _ Cotte morte est, parmi quelques Religieux, la dépouille d'un Religieux après sa mort. La cotte morte appartient à l'Abé.Sic Dictionaire critique de la langue française[4]
Les cottes à armer étaient des gambisons léger, portés en complément d’autres défenses corporelles telle que haubergeons (cotte de maille en français moderne), plates (armure ou en français moderne), broignes etc. De telle défense pouvaient aussi être nommées gambison, cotte gamboisée, pourpoint à armer etc. Des vêtements de dessus servant de support aux plates furent aussi nommées cotte a armé ou cotte d'arme.
Une protection composée de plates (grandes plaques métalliques), éventuellement d'un haubergeon, d'une cotte à armer (de dessus ou de dessous) correspond à ce que l'on nommerait en français moderne une « armure complète ». Chaque composant de « l'armure » avait un rôle précis.
- Plates : La rigidité des plates impose des articulations, source de « défauts » (parties non protégé, par exemple les aisselles ou la saignée des bras.) Au XVIIe siècle, les défauts furent réduits au point de quasi-disparaître (cubitières fermées, épaulières de grande taille), ce qui entraînait des risques de blocage des articulations en cas de choc violent déformant les plates. Leur rôle était de stopper les coups, et de répartir les impacts sur la plus grande surface possible.
- Haubergeon : les haubergeons (« cotte de maille » en français moderne) étaient à l'origine la défense principale des « armures » en dessous du corselet de plate et des plates de bras. Au XIIIe et début XIVe, le haubergeon était quasiment toujours porté par les gens d'armes, il était parfois complété par des plates ou plus souvent une broigne. Au XIVe siècle, les gens d'armes ont quasiment toujours porté ensemble des plates ou une broigne, un haubergeon et une cotte à armer. Aux cours de ce siècle, les plates ont supplanté les broignes. Tandis que les plates devenaient de plus en plus complètes, le haubergeon continua d'être porté en complément. Les plates de l'époque ayant tendance à se déchirer ou se briser sous les chocs les plus violents. Par la suite des renforts de mailles (goussets) furent encore conservés pour renforcer la protection des « défauts » des plates. Aux XVe siècle, la qualité des plates devint suffisante (ergonomie de l'ensemble, qualité des métaux) pour que le haubergeon tombe progressivement en désuétude
Porté seul ou avec une cotte à armer, le haubergeon demeurera cependant courant jusqu'au milieu du XVIe siècle.
- Les cottes à armer remplissaient plusieurs rôles.
Elles amortissaient les chocs, évitant les traumatismes par éclatement des os et des chairs. Elles répartissaient le poids des plates sur l'ensemble du thorax. Sans cotte a armer, le poids des plates aurait reposé uniquement sur les épaules, Ce qui était extrêmement fatigant pour les bras. Face au même problème, certaines armures japonaises du XVIe siècle et postérieures ont adopté une solution totalement différente. Un ensemble de bretelles et de ceintures intérieures au corselet, mais se fermant de l'extérieure de celui-ci, répartissait le poids entre les épaules et les hanches. Ce système était plus léger et laissait le combattant plus libre de ces mouvements. Par contre il était bien moins protecteur. Les plates n'ayant jamais été étanche, les cottes à armer bien conçues pouvaient, plus ou moins, protéger leur porteur de la pluie et de l'humidité. Mal conçues, elles pouvaient par contre s'imbiber au point de devenir gênante par excès de poids et en maintenant constamment trempé leur porteur. Bien que bien moins résistantes que les autres défenses de tissus destinés à être portées seules (jaques, gambisons) les cottes à armer n'en étaient pas moins des défenses en elle-mêmes. Elles protégeaient les « défauts » des plates et étaient la dernière protection lorsque un objet déchirait les plates et perçait le haubergeon. Portée seule, elle permettait au combattant de se mettre à l'aise en se débarrassant de la majorité de son harnois, tout en conservant une défense minimale (au campement par exemple).
A l'origine, la cotte a armer pouvait se porter au-dessus des autres défenses, les plates étaient souvent directement rivées à l'intérieur ou a l'extérieur de la cotte. Dans ce cas elle n'était pas forcément gamboisée (rembourrée) ou pourpointée (multicouche). Cela n'empêchait pas de porter une autre cotte (gambison) en dessous des armes. Les plates se perfectionnant, Elles furent maintenues par des lanières de cuir sous-jacentes, et par des rivets les assemblant entre elles. À partir de là, les gambisons furent systématiquement portés en dessous des autres défenses. Un vêtement protégeant des éléments (cotte d'arme, Hoqueton) pouvait être porté au-dessus des plates. Lorsque le haubergeon devint moins courant sous les plates, les « défauts » (saignée des bras, aisselles, jointure des plates) furent souvent protégés en fixant des « tissus » de mailles treslies sur les cottes à armer. Ces renforts, ou goussets, pouvaient être rivés, cousus ou lacés sur la cotte. Le laçage était de loin le cas le plus courant. D'autres goussets pouvaient être fixés en bas de la cotte d'arme, afin de protéger la jointure des jambes et du bassin. De telles défenses ressemblaient généralement à des sortes de jupes en mailles annulaires. Il est difficile de donner une chronologie, et une définition des différents termes utilisés pour ce type de protection. Il est cependant possible de tracer de grandes lignes, en généralisant. A l'origine le terme le plus utilisé semble être le gambison. Les termes de cottes d'arme, cotte a armer, jaque, hoqueton semblant être réservés aux vêtements passés par dessus le hauberts ou la broigne. Ces vêtements de dessus servaient (lorsqu'ils étaient gamboisés ou pourpointés) de protection ou de survêtement (protection contre les intempéries et d'identification du porteur). Durant le premiers tiers du XIVe siècle, Les défenses furent renforcées par les plates. Celle-ci furent rivées ou lacées sur ou sous les vêtements de dessus, ou éventuellement maintenues par des bretelles de cuir. Les cottes, jaques et hoquetons de dessus se transformèrent donc en des sortes de broignes, ou tout du moins, en des jaques (au sens de l'article) fortement renforcés. Vers la fin du XIVe et le début du XVe siècle, les plates avaient évolué au point de former des ensembles cohérents. Elles étaient assemblées par des liens sous-jacents et par un rivetage des plates entrent-elles. Elles étaient en général lacées sur les défenses de dessous (haubert, gambison). Les protections supérieures reprirent donc leur rôle de défense auxiliaire, de signe de reconnaissance (équivalent aux uniformes actuelles) et de sur-tout (protection contre les éléments et la poussière). À partir du milieu du XVe siècle, les plates étaient suffisamment perfectionnées pour que les noms et les fonctions de chaque défense se normalisent quelque peu. Une protection textile pourpointée, ou plus généralement gamboisée, étaient portée dessous les autres défenses. Lorsque ce vêtement s'enfilait par l'encolure, il était généralement nommé gambison. Lorsqu'il avait la forme d'une veste moderne, c'était en général un pourpoint à armer, ou une cotte à armer. Cette différence est en grande partie arbitraire. Elle est due au fait que les termes cotte et pourpoint sont plus « modernes » (pour l'époque) et survécurent au terme gambison. La forme qui dura le plus longtemps (jusqu'à la disparition de « l'armure ») fut celle ouverte par devant (comme une veste). Le vêtement de dessus ne servait alors plus que de protection contre les éléments et d'identifiant du porteur. Il pouvait être nommé cotte d'arme, hoqueton, tabar etc… Le terme tabard décrit une version plus tardive de ce vêtement. Il semble que les tabards n'ont jamais servi de défense, ce n'étaient que des vêtements d'identification. Attention, comme toute généralisation celle-ci est en (grande ?) partie arbitraire.
Cotte d’arme
Cotte d'armes, Est le sur-vestement que les Rois, Princes, grands Seigneurs, Chevaliers et gentils-hommes portent sur le harnois és faits d'armes, en laquelle sont leurs Armes et Blasons, et les Herauts quand leur office d'armes le requiert, qui est autrement appelée Tunique. Gaguin au couronnement du Roy d'armes Montjoye, portera la Tunique, ou Cotte d'armes du Roy, en la poictrine de laquelle sera fichée une couronne d'or, chargée de fines pierres precieuses. Ou sera seulement esmaillé le Blason du Roy. Qui est vestu de cotte d'armes, Paludatus. Cotte de mailles, Thorax hamis consertus, Lorica hamis apta. Virgil. lib. 5. AEne. et Bud. Cotte de femme, Cotillon, Cyclas, huius cycladis, khitônion, Si duas literas transposueris, erit Chotinium.Sic Thresor de la langue françoyse de jean NICOT [1]
Les cottes d'armes étaient des vêtements armoriés portés par dessus les défenses de corps. Elles servaient à identifier un individu en tant que personne, ou en tant que fonction (plénipotentiaire, grade militaire, rang de noblesse, garde rapproché d'un seigneur etc…). Elle pouvait aussi bien servir d'enseigne (drapeau) à une personne, ou tenir lieu de ce qui correspondrait actuellement à un uniforme d'un corps prestigieux. Il est cependant possible de trouver des textes ou le terme cotte d'arme est écrit pour une fonction qui correspondrait à une cotte à armer (sous les plates). En outre certaines cottes d'arme étaient gamboisées (rembourrées) de façon à fournir une défense supplémentaire.
Hoqueton ou hoqueton gamboisé
Hoqueton, m. acut. Est un mot fait de ho article masculin Grec, et de khitôn, nom Grec, et signifie cette façon de saye court sans manches, que portent assez communément les hommes de village. Mais à la Court ce mot est approprié au saye n'ayant que les espaulieres, orfavrisé de l'emprise du Roy qui regne, que les archers de sa garde portent à sa suite. La façon duquel telle qu'on la void, recherche plus le mot Latin Tunica. Selon la description de Festus, que le Grec susdit ho khitôn, voyez Tunique. Hoqueton d'archer avec la devise du Roy, Exomis in argentata cum tessera Regia. Un hoqueton de guerre, Paludamentum, Sagum. Hoquetons avec la devise du Prince, Tunicae militares cum tessera principis, Exomides inargentatae cum tessera Regia. Bud. On les appelle aussi hoquetons argentez, et Hoquetons d'orfaverie.Sic Thresor de la langue françoyse de jean NICOT [1]
Les Hoquetons étaient, au sens initial du terme, des survestes. Ils servaient de vêtements d'usure, d'imperméable ou de cache poussière. À la différence de la cotte d'arme, aucune notion de prestige n'était associée au Hoqueton. C'étaient des vêtements de « fatigue » purement utilitaire. Comme les cottes d'armes, les hoquetons pouvaient cependant être armoriés. Dans ce cas ils avaient en outre une fonction de reconnaissance comme les uniformes actuels. Tout comme les cottes d'armes, ils pouvaient être gamboisés (rembourré), ou pourpointés (multicouche) pour offrir une protection supplémentaire. Un pourpointage permettait aussi d'améliorer l'efficacité en tant qu'imperméable.
Pourpoint à armer
Voir cotte a armer.
Introduction historique
L'utilisation de protection corporelle exclusivement, ou quasi exclusivement, réalisée en textile et cuir est d'un usage ancien en Europe (lynothorax de la Grèce antique, subarmalis romain). La facilité de fabrication de telles protections, et leur coût réduit par rapport aux alternatives leurs ont permis de traverser les temps. Les formes de ces défenses ont par contre énormément changés, suivant les formes des protections corporelles de leur époque. Adoptant la forme de veste s'ouvrant par devant sous le bas Empire romain (subarmalis), les gambisons devinrent des sorte de robes, s'enfilant par l'encolure, aux environs du Xe siècle. De fait, toutes les défenses corporelles de ces époques suivirent le même évolution et ce déclinèrent sous forme d'une sorte de robe (haubert) pouvant aller de mi-cuisse jusqu'à mi-mollet. Cette forme perdura jusqu'au XIIIe siècle et s'uniformisa petit à petit. Suite au nombreuses guerres internationales (la plupart des conflits était cependant des confrontations locales) et au développement du commerce des armes. Le développement des centres industriels comprenant fourneaux a soufflets hydrauliques, martinet (marteau hydraulique), moulin a broyer les minerais et par la suite hauts fourneaux et polisseur hydraulique (pour polir les plates), permirent à l'Allemagne et a l'Italie de fabriquer à des prix de plus en plus bas toutes sortes de produits finis (casques, plates, cottes de mailles, clous, scie etc.) semi-fini (fil de fer, plaque de métal) ou brut (lingot) et de les exporter dans toute l'Europe. Lors de la bataille d'Azincourt, Le Févre de Saint Rémy indique que les français premièrement estoit armés de cottes d'archiers longhes, passant les genoulx et moult pesantes. Et par desoubz, harnois de jambes; et par dessus, blanc harnois; et le plus bachinés de camail Sic[5] En France à cette époque (1415), les Cottes d'archers (gambison/jaques) atteignaient donc encore les genoux (ou le milieu des cuisses si l'on tient compte d'une certaine exagération de l'auteur). Les jaques des cavaliers (y compris archer à cheval) anglais semblent avoir été, en général, plus courtes.
Dès le second quart du XVe siècle la taille des défenses vont cependant raccourcir. Elles vont couvrir, généralement, le haut des jambes sans descendre plus bas que mi-cuisse. Le phénomène perdurera jusqu'au début du XVIe siècle, où les protections du torse ne descendront guère plus bas que les fesses. Par la suite, les défenses corporelles se simplifièrent considérablement. La « demie-armure » remplaçant progressivement l'armure. Les brigandines et « cottes de mailles » disparurent. Les défenses du type gambison (non ouvert sur le devant, s'enfilant par l'encolure) disparurent complètement, alors que les jaques se simplifiaient en buffleteries, cuiries ou pourpoints de cuir. Ces défenses affectaient souvent la forme d'une veste (avec ou sans manche) se continuant par une sorte de jupe pouvant presque atteindre les genoux. Cette forme perdura jusqu'au XVIIe siècle.
Dans l'évolution des formes, il convient de séparer les jaques/gambisons/doublets drmant etc. porté dessous d'autres défenses, de celles portées dessus, et les protections portées seule.
Armure textile portée sous d'autres défenses
Les formes des protections corporelles européennes semblent avoir suivi les mêmes modes que les vêtements. En ce qui concerne les jaques/gambisons portés dessous d'autres pièces d'armement, leurs formes étaient conditionnées par ce qui était porté par dessus. Par conséquence, le dessin de telle défense était plus ergonomique qu'à la mode. Les formes étaient obligatoirement proches du corps, sans rembourrage décoratif aux épaules ou à la poitrine, ni crevé (XVIe siècle et postérieure). Les tissus étaient des tissus utilitaires. La solidité et la résistance à l'usure (due aux pièces métalliques de la défense portée dessus le gambison) primais, généralement, sur l'esthétique.
Cependant, la forme générale semble avoir suivi celle des autres défenses corporelles et vêtements. La forme « traditionnelle » de chemise fermée s'enfilant par l'encolure semble avoir été progressivement abandonnée au XIVe siècle, au profit des formes de types veste fermée par des lacets, agrafes, boutons ou boucles à ardillons. Marqueur de cette évolution, le terme Gambison fut supplanté par des mots plus « modernes » tels que Doublé armant, cotte à armer, Pourpoint à armer. Le terme de jaque semble avoir été exceptionnel pour cette fonction.
De telles pièces de défense pouvaient être gamboisées (rembourrées) ou pourpointées (multicouches). Si le type d'origine semble être majoritairement gamboisé, la tendance semble s'inverser si l'on en juge aux noms qui apparaissent et se généralisent aux XIVe/XVe/XVIe siècle (pourpoint/doublet) . Encore faut-il tenir compte du fait que la mode au XVe siècle était aux vêtements rembourrés aux épaules et à la poitrine, et composés de 2 à 3 couches de tissus. Cela permettait d'avoir un aspect imposant et de se protéger des intempéries (Pour comparaison la « battle dress » des soldats anglais de la guerre 14-18 était doublé aux épaules par une petite capeline(en simple ou double épaisseur). Cette capeline améliorait grandement l'imperméabilité du vêtement). Le fait d'avoir comme vêtement de tous les jours, des vêtements à la fois gamboisés et pourpointés rend quelque peu aléatoire de vouloir impérativement rattacher un nom à un mode de fabrication.
La couche externe de tissus, en contact avec les défenses métalliques, pouvait parfois être remplacée par du cuir. Cela limitait considérablement l'usure due aux frottements du fer sur le tissus (et accessoirement facilitait l'entretien, le nettoyage). Au XVe siècle de nombreux doublets armants semblent avoir été protégés de l'usure, non par une couche de cuir, mais par des pièces de cuir ajoutées aux points de frottement. (Quid de cette méthode aux XIVe et XVIe ?).
À partir du moment où les plates ont commencé à être portées sans haubergeon (fin du premier, début du second quart du XVe siècle ?), des renforts métalliques ont souvent été ajoutés aux cottes à armer. Afin de ne pas gêner les mouvements, ces renforts devaient être souples. Ils étaient donc constitués de maille treslie (maille annulaire entrelacés)? Les « défauts » des plates étaient masqués par des goussets, dont la forme variait suivant le type de plates utilisées. Les renforts les plus utilisés sont montrés ci-dessus. Remarquer le jupon à braguette, dont une partie se replie comme une couche de bébé afin de protéger les génitoires. Les renforts pouvaient être cousus, lacés, voire rivés au tissu.
L'amélioration des plates fit peu à peu abandonner ces derniers renforts de mailles. Au XVIe siècle la simplification de l'armure en « demie armure » fit réapparaître le haubergeon.
Nota: Il est plausible que des « goussets de cuir » puissent avoir parfois remplacés les goussets (de mailles). Cependant, faute d'avoir trouvé des textes d'époque le mentionnant explicitement, ce n'est de ma part qu'une supposition.
En outre, des œillets où passer des lacets, et/ou des lacets directement cousus au vêtement, étaient quasiment toujours présents. Cela permettait de lacer les plates. Ce système était destiner à stabiliser l'ensemble plus qu'à fixer les plates (les plates étaient fixées par des courroies de cuir plus ou moins sous-jacentes). D'autres lacets permettaient de faire tenir en place les chausses (pantalon), et de fixer d'éventuelles chausses de maille (exactement comme des jarretelles).
Armure textile portée sur d'autres défenses
Des vêtements pourpointés ou gambisés furent utilisés en tant que protection complémentaire portée par dessus d'autres protections. La forme originelle semble avoir été la chemise/robe s'enfilant par l'encolure. Cependant dès le XIIe siècle, cette forme semble avoir été remplacée par la forme d'une veste. Les termes classiquement utilisé sembles avoir été jaque, auqueton (ou hoqueton) et cottes d'armes. Les tabards semblent avoir eu des formes différentes, et surtout avoir eu une fonction de prestige plus que de défense. Le terme plate pour définir de telle vêtement peut parfois se trouver. Cela est dû au fait qu'au XIVe siècle, les plates furent souvent rivés dedans, ou dessus de tels vêtements.
Le principal problème posé par ces vêtements est de savoir s'ils étaient réellement dédiés à la défense plutôt qu'à l'identification de son porteur ou à la protection contre les intempéries. Plus probablement ils étaient conçus comme une pièce d'utilité, pouvant plus ou moins servir pour ces 3 fonctions. Une thèse courante date du XIIe siècle la généralisation de telles défenses. Les soldats de la 1° croisade auraient pris l'habitude de porter une sur-veste (plus proche de la robe que de la veste si l'on s'en tient à la forme) les protégeant quelque peu du climat oriental. Cependant, la destination originelle d'un tel vêtement reste anbiguë, dans la mesure où des vêtements pourpointés et/ou matelassés étaient courants dans le proche-orient de l'époque. De tels vêtements offraient une protection correcte contre les flèches des arcs composites utilisés par les turcs, les arabes, les « arabes » d'afriques (Egyptiens principalement) et les Grecs qui habitaient la Palestine et les environs. Pour les mêmes raisons, les chevaux furent houssés (housse pourpointée) .
Un autre problème de classification vient du fait que les plates ont commencé par être fixées (souvent rivées) à de tels vêtements avant de devenir indépendantes. La limite entre des défenses textiles renforcées par des plates, et une « armure de plate » (armure de plate au sens moderne) ou entre un jaque/gambison renforcé et une broigne est parfois ténue.
Illustrations
Philippe Auguste traversant la Loire - BNF Gallica - Cote : Français 73 , Fol. 238v - Grandes Chroniques de France, France, Paris, XIVe ‑ XVe siècles Bataille entre Hébreux et Madianites - BNF (Gallica) Cote : Cote : Français 3 , Fol. 88v - Guiard des Moulins ou Guyart des Moulins, Bible historiale, France, Paris, XVe siècle
Armure textile portée seule
Bien que rendus célèbres par les jaques des archers du prince noir, ainsi que par l'ordonnance royale de 1466 (de Louis XI de France), les protections de guerre uniquement textile semblent avoir été peu employées seules. Les défenses de mailles annulaires et les broignes semblent avoir été infiniment plus courantes. A contrario, de telle protection furent courantes dans ce que nous appellerions de nos jours les services annexes des armées (valet de guerre, rouliers, messager), les forces de police (Guet) et même pour les simples particuliers. Il n'était pas besoin d'être grand voyageur pour être amené à ce protéger d'un pourpoint renforcé. En fait, les villes étaient tellement peu sures, qu'il est fort possible que l'on ait couru moins de risque sur les chemins commerciaux que dans les rues d'une ville la nuit. Les routes menant aux villages étant peut être parmi les plus sures. Le butin potentiel y étant suffisamment réduit pour qu'elles ne soient guère attirantes pour les malandrins. En outre, le pouvoir royal essayait de contrôler les armements, en temps de paix, interdisait ou limitait le port des défenses corporelles. Une défense textile pouvait être suffisamment discrète pour obvier à la plupart des interdictions. Ainsi qu'il a été dit plus haut, à Azincourt (1415) les « Cottes d'archers » portées sous les plates par les chevaliers français arrivaient au moins à mi-cuisse. Il est probable que les « jaques » de la même époque étaient de longueur identique. Par la suite, ils vont raccourcir et se stabiliser lorsqu'ils ne descendront plus qu'en haut de cuisse. Aux alentours de 1430 (Jugement de Jeanne d'Arc) cette taille semble déjà courante, bien qu'elle ne devienne prédominante que par la suite. Ce changement de forme n'est pas une caractéristique militaire, il a été généralisé à l'ensemble du vêtement masculin.
Les vêtements longs ont cependant été conservés dans de nombreux cas tels que: Protection contre les intempéries: - manteau (Cape selon la terminologie actuelle), - robe courte (manteaux mi-cuisse) - etc. Insigne de prestige: - vêtements sacerdotaux - robe de couronnement - robe des juges - robe de fêtes - etc. Vêtement de fatigue: - Jaque/robe de paysans de portefaix ou de travailleurs manuels (les bourgerons de paysan sont encore utilisés par les « viandard » de nos jours et les blouses de travail (école, laboratoire, ateliers) sont encore d'actualité).
La forme de ces protections n'étaient pas, ou peu, limités par des pièces métalliques rigides sur où sous-jacentes. De ce fait, elles étaient beaucoup plus susceptibles de suivre les modes. Elles furent originellement relativement simples, et elles gardèrent plus ou moins une forme en T jusqu'au milieu du XIIIe siècle. À partir de la, elles se modifièrent rapidement et évoluèrent rapidement d'une coupe à l'autre. À titre d'exemple il est possible de citer les pourpoints à assiettes (dessin particulier de l'emmanchure), les maheutres (manche ballon), Les manches boutonnées, ou à crevé, le corps « bis-partis » (de 2 couleurs) etc. Pour finir, la renaissance verra des modèles excentriques comme les pourpoints des lansquenets côtoyer des formes strictement utilitaires.
Un pourpoint pouvait être renforcé de quelques couches supplémentaires de tissus ou par une épaisseur de cuir (sous-jacente) sans que cela ne soit trop voyant. Les modes masculines du fin XIVe au XVIe siècle faisant la part belle aux vêtements rembourrés, il était possible de « forcer » sur le garnissage sans que cela ne remarque excessivement. Cela permettait de porter une protection légère et discrète. Il existait d'autres protections équivalentes (des brigandines allégées, ou des haubergeons « fins » par exemples), qui étaient sans doute plus efficaces mais infiniment plus ostensibles. Outre le fait que le prix était, et de loin, en faveur des protections textiles, les autorités ne voyaient pas toujours d’un bon œil les gens trop bien armés dans la vie de tous les jours (amende, confiscation des armes et protections). Pour les harnois de guerre, la discrétion n'avait pas lieu d'être. La capacité de protections des jaques/gambisons étant proportionnel à leur épaisseur, les modèles de combats étaient donc aussi épais que possible. Dans l'ordonnance de 1446, Louis XI prescrit d'utiliser 30 couches de tissus, ou 15 couches de tissu renforcées par une de cuir[6]. Cet épaississement, avait cependant des inconvénients. De tels vêtements étaient lourds et chauds (parfois excessivement). Ils pouvaient gêner les mouvements lorsque les vêtements étaient neufs (rigidité), ou trop près du corps. Est-ce pour cela que Louis XI prescrivait d'utiliser (Supposition de l'auteur) « les toilles usées et deliées moyennement ». La même ordonnance tente de limiter les effets de la mode en multipliant les restrictions sur la coupe. Elle prescrivait la taille de l'assiette et essayait d'imposer une aisance suffisante sous les aisselles et le long du corps (alors que la mode était aux vêtements moulants). De là à penser que même les moins argentés des soldats tendaient à être des « fashion-victims »…
L'efficacité d'un jaque étant directement proportionnel à son épaisseur, les protections les plus utiles pouvaient géner les mouvements des bras. Pour résoudre cet inconvénient, il existait différentes solutions telles que :
1)Laisser autant d'aisance que possible aux articulations en élargissant les manches aux niveaux des coudes et des épaules. Cette solution allait à l'encontre de l'évolution de la mode au XIVe siècle, qui voulait les vêtements le plus « Juste au corps » possible. L'utilisation des maheutres (Rembourrage saillant au niveau des épaules/manches ballon) est peut-être un moyen de contourner le problème pour les épaules.
2)Désépaissir le pourpoint aux épaules et aux coudes. Une épaisseur moins grande laissait plus d'aisance aux articulations et était moins gênante. Par contre cela signifiait une diminution de la protection à ces endroits (sensibles et exposés). De nombreuses miniature montre des jaques renforcés d'épaulière et/ou de coudières. Est-ce dû à une moindre protection des articulations, ou à la sensibilité plus grande des articulations (Supposition de l'auteur: aux deux) ? Certain groupes de reconstitutions historiques semble avoir adopté cette solution[7].
3)Dissocier les manches du corps du vêtement. Il semble que de nombreux vêtements de guerre aient été conçus comme des vestes sans manches, auxquelles étaient lacées des manches indépendantes. Bien qu'il ne semble pas qu'elles furent conçues pour faciliter les mouvements, des telles manches pouvaient malgré tout libérer l'articulation de l'épaule de pressions trop importantes.
Afin de renforcer la protection qu'offraient les jaques de guerre, ils étaient couramment renforcés de pièces métalliques. Comme cité plus haut, d'épaulière ou de coudière. Mais aussi de tout ce qui pouvait se trouver par récupération sur les champs de bataille ou aux bords des routes. On trouve, en autre, de nombreuses représentation de ce qui semble être un jaque ou un gambison, renforcé d'une pansière, de diverses défenses de bras (canons, barres, chaînes). On trouve aussi des références à des mailles d'haubergerie, ou plates, cousus sur ou dans des jaques. Les protections pouvaient être asymétriques en cas de port de bouclier.
Extrait de « Vespasien marchant contre les juifs » enluminure d'un manuscrit du XVe siècle[8]. Ce dessin est un extrait simplifié d'une enluminure d'un manuscrit Brugeois du XVe siècle.
- Le premier personnage est un vougier, protégé par un Gambison rouge, renforcé d'un casque à rouelle, d'une bavière « à l'allemande », d'une paire d'épaulière et d'une paire de gantelet.
- Le deuxième personnage est armé d'un bâton à feu, qu'il porte sur l'épaule. Il est protégé par un Gambison rouge, renforcé d'un casque, d'une bavière « à l'allemande », d'une paire d'épaulière et d'une pansière avec la braconnière avant.
- D'autre personnages armées, protégés par des jaques/gambisons non renforcés, sont représentés (de dos) par l'enluminure. On peut aussi y voir des combattants avec un haubergeon porter sous une cotte/Surcot (Gamboisé ? Pourpointé ?) Dans ce cas, la cotte est plus courte que le haubergeon. Il n'y à pas de veste/chemise dépassant de dessous le haubergeon.
Il est régulièrement cité des enluminures montrant des soldats portant des vêtements renforcés par des carapaces de tortue de mer ou par des os plats (omoplates de moutons par exemple). De telles illustrations sont comme l'arlésienne. Souvent cité on les voit rarement. L'hypothèse communément admise est une fantaisie du dessinateur, ou au mieux un cas très exceptionnel. L'efficacité d'un tel système aurait sans doute été tout à fait correcte, si ce n'est un poids sans doute été excessif pour ne pas dire rédhibitoire.
Fabrication
Matière animale
- Cuir
Peau animale traitée pour ne pas se décomposer. Utilisé depuis la préhistoire, la fabrication du cuir n'a pas réellement variée avant la fin du XIXe siècle. Des traitements industrialisés, ou semi-industrialisés ont existé en Europe depuis, au moins, l'antiquité Romaine. Après une éclipse de cinq siècles à la fin de l'Empire romain, ces usines/manufactures de cuir se sont de nouveau développées à partir du XIIe siècle environ. Le traitement par petite unité artisanale a cependant perduré jusqu'au milieu du XXe siècle.
La matière première du cuir est une peau fraiche (verte) ou séché. Dans le cas où la peau est séché, il faut la réhydrater (reverdir) avant de la traiter. La peau est d'abord épilée. Elle peut être épilée manuellement (rasage), biochimiquement (bain dans des cuves où certains végétaux ont fermentés) ou chimiquement (bain d'une dilution de chaux, de certaines cendres, de sulfure de sodium etc.). Un pourissement superficiel (contrôlé en principe) de la peau peut avoir le même effet. Toutes ces méthodes semblent avoir été connues en Europe depuis au moins la fin de l'Empire romain. Après l'épilation, les peaux étaient très soigneusement nettoyées à l'eau courante, puis traitées pour détruire les fibres élastiques qu'elles contenaient. Ce traitement, nommé confitage, était obtenu par macération dans différentes solutions nommées confit. Les confits pouvaient être des macérations d'excréments (en particulier le guano), ou des fermentations végétales (son, graines, germes). Après le confitage les peaux étaient, de nouveau, très soigneusement nettoyées à l'eau courante. Avant d'être tannés. Les tannages connus à l'époque étaient:
- Le chamoisage, ou tannage aux graisses. La peau était longuement « bouillie » dans des graisses végétales ou animales. Les chamois ne craignent pas l'eau, mais ils ne sont pas étanches. Leur solidité est correcte.
- Le fumage ou tannage à la fumée. Les fumées de bois contiennent des aldéhydes et des phénols. Ces produits peuvent se lier de façon permanente avec les collagènes des peaux et les rendre imputrescibles. Ce traitement est très rapide (quelques heures au plus). Le cuir est souple, étanche mais relativement fragile.
- La mégisserie, ou tannage à l'alun. Les peaux étaient mis à tremper dans des bains d'alun (sulfate d'aluminium mêlé à du sulfate de potassium) et de sel de mer. Cette méthode est très facile et ne demande pas de « coup de main » très poussé. Le cuir obtenu est très beau, et solide. Toutefois les sels d'aluminium assurant le tannage sont solubles. En présence d'eau ou d'humidité, le cuir redevenait de la peau (putrescible).
- Le tannage, ou tannage végétal. De nombreux végétaux produisent des tans. Ce sont des substances toxiques, permettant aux végétaux de lutter contre les insectes et les paisseurs. Le tannage se faisait par macérations des peaux dans des bains successifs dans des solutions de tanins de plus en plus fortes. Ce cuir est particulièrement solide, mais il se racornit aux contacts de l'eau, il n'est pas étanche et ce tannage est le plus long de la liste.
Dans l'Europe occidentale du Moyen Âge, le tannage était très généralement végétal. Le chamoisage semble avoir été très rare, le mégissage était réservé à des articles de luxe, soigneusement tenus hors d'eau. Le fumage n'est pas attesté en tant que tel, mais par une série d'interdiction répété (des jurandes des métiers du cuir interdisant son usage). Les répétitions même de cette interdiction prouve son usage. Il semble que les cuirs fumés n'était pas simplement fumés, mais fumés puis tannés au Tan. Les cuirs tannés au tan craignant l'eau, ils étaient généralement graissés, huilés ou cirés pour les protéger. En conclusion, on peut dire que les cuirs utilisés pour les vêtements était des cuirs tannés au tan et graissés. Ces cuirs étaient très solides, et résistaient bien à l'humidité s'ils étaient correctement entretenus. Une variante consistaient en des cuirs fumés et tannés au tan. Un peu moins solide, il résistait mieux à l'eau et était moins cher (temps de tannage plus court). Par contre il était théoriquement « illégal ».
- La Laine / Les Soies (longs poils raides)
Le pelage des animaux se décompose en 3 types de poils.
- Les soies: Gros poils peu écailleux protégeant les animaux des coupures et perforations. Les soies empêchent aussi des corps étrangers solides (branchage, cailloux/poussières) de pénétrer trop en avant dans le pelage. De grandes soies existent chez certains animaux (crinières, queue)
- La laine: Poils de taille moyenne, très écailleux. La laine établit un volant thermique autour des animaux et les aide à garder leur température.
- La bourre: Poils très fin, peu écailleux. La bourre se situe dessous la laine. C'est la couche d'isolation finale tenant les animaux à l'abri des intempéries (chaud, froid, humidité). Certains animaux ont une bourre hypertrophié. Ils sont dits angora.
Les soies, la laine et la bourre peuvent être filés ou feutrés. La laine est toutefois infiment plus facile à filer. La bourre permet de réaliser des tissus très fin et très doux. Les moutons (principale source de laine en Europe depuis l'antiquité) ont été sélectionné pour avoir le maximum de laine au détriment de la quantité de soie et de bourre fournis. Dès le XIIIe siècle des mutations de moutons tendant vers le blanc, ayant une pousse de laine permanente (pas de mue) et très peu de soie et de bourre existaient. Ces moutons ont peu à peu supplanté les moutons traditionnels, dont la laine beige/marron était arraché lors de la mue (les poils partaient par poignée complètes, il fallait donc les arracher lorsqu'ils étaient suffisamment près de tomber, et avant que trop ne se soient perdus en tombant naturellement). Les soies pouvaient servir de gamboi (bourre) pour les gambisson. Etrangement il semble que le feutre n'ait pas été utilisé pour les défenses textiles (preuves ??). Pourtant son efficacité dans ce domaine était déjà exploité par les nomade des steppes euro-asiatiques de l'époque. Dans « Du costume militaire au Moyen Âge et pendant la Renaissance », François Buttin mentionnerait des « brigandine bien affeutré pour estre plus doux »Sic. Malheureusement il est difficile de retrouver les référence, cet ouvrage étant aussi rare que célèbre.
- Soie (d'insecte)
Fil protéinique excrété par différents insectes pour construire des protections (cocon, nids) ou des pièges (toiles d'araignée, réseaux de fils indiquant quand un autre insecte est dans un périmètre de chasse etc.). Le papillon « Bombix du murier » est élevé depuis au moins le Ve siècle av. J.‑C. pour produire une soie facile à bobiner et à tisser. L'élevage des vers à soie (chenille du Bonbix) existerait en Europe occidentale depuis au moins le XIIIe siècle. Cependant, les tissus de soie étaient très rares en Europe jusqu'à la fin du XVe siècle, début XVIe siècle. Avant ces périodes, la soie était principalement importée de Chine. Les tissus étaient, et sont toujours, réputés pour leur solidité, leur finesse (finesse du fil) et leur capacité à isoler des éléments (vent, eau, chaud ou froid).
Matières végétales
Quels que soient les végétaux employés, la réalisation de textile à base de végétal suivait plus ou moins le même processus dans l'Europe du Moyen Âge. Après la récolte, les tiges étaient mises à pourrir à l'air libre ou dans l'eau. Cela permettait d'éliminer la plus grande partie des cellules molles (autour des fibres), et de ne conserver que les fibres. Cette partie demandait un certain savoir-faire. Si la décomposition n'était pas suffisante, les fibres ne se détachaient pas bien et se brisaient dans les étapes suivantes. Si la décomposition était trop avancée, les fibres étaient attaquées. Puis les tiges étaient soigneusement rincées à l'eau courante et battues plus ou moins vigoureusement suivant les plantes. Cette opération finissait de séparer les fibres des cellules molles. Les tiges étaient, de nouveau, rincées, et l'on obtenait des fibres qui étaient cardées, triées suivant leur qualité et leur taille. Enfin elles étaient filées puis tissées.
En général les fibres les plus courtes et celle de moindre qualité servaient à réaliser les bourres.
- Chanvre
Le chanvre est une plante commune cultivée un peu partout en Europe. Elle pousse particulièrement bien dans des terres pauvres et humides qui ne permettent que difficilement la culture d'autres plantes textiles. Elle s'accommode très bien d'un climat froid. Si de nos jours le chanvre sert surtout pour de la ficelle, des cordages et des tissus grossiers, on réalisait des tissus de toutes les qualités avec lui jusqu'à une date récente. Il donne généralement un tissu moins fin que le Lin. Des chenvières produisant des tissus seraient attestées dès le XIe siècle en France. Ses principales caractéristiques sont son faible poids, sa résistance à l'usure, sa faible porosité, son imputrescibilité, et un faible cout de culture/fabrication.
- Lin
La culture du lin a été la culture textile typique du Moyen Âge Européen. Elle ne demande pas une terre riche, mais est cependant plus exigeante que la culture du chanvre. Le Moyen Âge à créer une grande diversité de tissu de lin, depuis des voiles d'une finesse comparable aux voiles de soie, jusqu'à de grossier tissus pour les vêtements de travail. Les fibres du lin, plus grandes que celle du chanvre, sont facilement filées. Les tissus de lin sont solides, très résistants à l'usure et peu poreux.
- Coton
Cultivé dans le sud Europe depuis de début du X°s, le coton demande une terre plus riche que le lin et surtout un grand ensoleillement, ainsi que beaucoup d'eau. Cependant de grandes quantités de coton brut, ou tissé semblent avoir été importées du proche-orient ou d'Égypte. Les tissus de coton sont souples et doux. Ils sont par ce fait agréable à porter. Cependant ils sont beaucoup moins solides que les tissus de lin ou de chanvre. En outre le coton est très poreux. Il se gorge donc d'eau et peut rendre extrêmement inconfortable le port de tissus de coton dans un climat humide.
- Ortie
L'Ortie européenne est une plante d'une culture plus que facile. Le problème est plus de l'éradiquer que de la faire pousser. Une fois implantée dans un champ, il n'est pas nécessaire de la ressemer tous les ans et elle ne demande aucun soin. Il est même possible de récolter les orties sauvages. Les tissus d'orties sont extrêmement résistants, tissés suffisamment fin ils protègent très bien des intempéries (froid, chaud, pluie). Ces fibres sont courtes et relativement difficiles à filer, et elles sont très difficiles à extraire de la tige. Cette difficulté technique est cause de son abandon actuel, au profit des « orties » chinoises (famille de la Ramie). Les tissus d'orties étaient des tissus de grand luxes, ou au contraire le tissu des plus pauvres (fait maison avec des orties sauvages).
- autre
D'autres textiles, comme ceux à base de genet, ont aussi été plus ou moins utilisés. Faute d'information complémentaire je laisse la liste à compléter
Couleur
tissu - feutre
Fermetures
Les boutons semblent avoir été courants. Il semble que deux types de boutons aient existé à l'époque.
Le premier type était constitué d'un noyau (boule de bourre, pièce de bois etc) enveloppé dans un tissu et cousu au vêtement. De tels boutons étaient d'apparence plus ou moins sphériques ou en olives.
Le deuxième type était un noyau solide affectant la forme d'un disque ou d'un ovale, auquel était fixé un anneau (bouton à queue).
A l'origine (XIIe siècle), il semble que les boutons aient été cousus au bord des tissus à refermer, et se soient boutonnés sur des brides cousues sur l'autre bord du tissu (preuves??). À l'époque concernée, les boutons étaient déjà cousus plus en retrait du bord, et les boutonnières semblent avoir été plus courantes que les brides. Les boutons à queue étaient métalliques. Ils pouvaient être en plomb, étain, bronze, argent or etc. Certains étaient de véritables bijoux, avec incrustation de pierre fines, émaillage etc. Il est cependant possible de douter de la solidité des modèles les moins chers (en plomb) ou les plus chers (en or). Le plomb et l'or sont les métaux les plus ductile.
Des fermetures à l'aide de boucle à ardillon (comparable aux boucles de ceinture actuelles) étaient aussi utilisées.
Les fibules étaient tombées en désuétude à l'époque. Le plus proche équivalent encore utilisé, le fermail, ne semble pas avoir été utilisé sur de tels vêtements.
Les manches fendues semblent avoir été exclusivement fermées par des boutons, alors que l'attache des manches amovibles semble avoir été majoritairement des lacets (les manches « civiles » totalement amovibles nouées par des lacets, n'apparaissant au plus tôt qu'en Italie fin XV° ; quid des manches « militaires » ? ), et plus rarement des boucles à ardillon.
Notes et références
- [1] Thresor de la langue françoyse « Thresor de la langue françoyse » de jean NICOT (1606)
- article du « Centro de Historia da sciedade e da cultura » qui est aussi paru dans « L'homme armé en Europe, XIVe siècle-XVIe siècle » (Edité en 2002) édité par le « musée de l'armée »(« musée de l'artillerie ») de paris (Communication faite durant un colloque)
- Altif Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences des arts et des métiers Dictionaire « Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers » (année ?)
- Altif Dictionaire critique de la langue française (année ?)
- Cité par Philippe de Contamine dans « Guerre état et société à la fin du Moyen Âge » (page 226 tome 1) « premièrement estoit armés de cottes d'archiers longhes, passant les genoulx et moult pesantes. Et par desoubz, harnois de jambes; et par dessus, blanc harnois; et le plus bachinés de camail » Le fèvre de Saint Remy, Chron., t.1 p.252-253 superposition identique d'une chemise, d'une cotte à armer en toile de lin, chanvre, cendal ou coton, d'un habergeron de maille de fer, acier ou laiton et de plate lors d'un combat en champs clos en 1386 (Morice Preuves, t. II, col. 507-508).
- Le rozier des gerres qui fournit l'ordonance in extenso Leur fault desdits jacques de 30 toiles, ou de 25, et ung cuir de cerf a tout le moins. Et si sont de 30, et ung cuir de cerf, ils sont des bons. Les toilles usées et deliées moyennement sont les meilleures, et doivent estre les jacques a quatre quartiers. Et fault que les manches soient fortes comme le corps, reservé le cuir. Et doit estre l'assiete des manches grande, et que l'assiete preigne prés du collet, non pas sur l'os de l'espaule, qui soit large dessoubz l'aisselle, et plantureux dessoubz le bras; assez faulce et large sur les costez bas. Le collet soit comme le demourant du jacques, et que le colet ne soit pas trop haut derriere l'armour de la salade. Et fault que ledit jacques soit lassé devant, et que il ait dessoubz une porte-pièce de la force dudit jacques. Ainsi sera leur ledit jacques et aisé : moyennant qu'il ait un pourpoint sans manches ne colet; de deux toiles seulement, qui n'aura que quatre doys de large sur l'espaule. Auquel pourpoint il attachera ses chausses. Ainsi flotera dedans son jacques, et sera a son aise. Car on ne vit oncques tuer de coup de main ne de flesche dedans lesdits jacques six hommes : et se y souloient les gens bien combattre. Histoire de la Milice Françoise, R.P. Daniel, Paris, 1721.Avec mes remerciement pour le site
- Le Rozier des guerres Reconstitution de jaque d'après l'ordonance royale de 1446 sur le site
- Vespasien machant contre les juif Miniature d'un exemplaire anonyme de 'La guerre des Juifs' de Flavius Joseph Traduction anonyme Bruge XVe siècle BNF (Gallica) Français 16, Fol. 252
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