- Israël Shahak
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Israel Shahak (hébreu : ישראל שחק), né Himmelstaub, est un auteur et un militant politique radical israélien d'origine polonaise (Varsovie, 28 avril 1933 – Jérusalem, 2 juillet 2001).
Professeur de chimie à l'Université hébraïque de Jérusalem, ancien président de la Ligue israélienne pour les droits humains et civils (1970-1990) et critique sans complaisance les gouvernements israéliens, ses écrits sur le judaïsme ont engendré des controverses parmi ses concitoyens.
Sommaire
Biographie
Il naquit à Varsovie, en Pologne[1], dans une famille juive cultivée religieuse et pro-sioniste, dont il était le plus jeune enfant[2]. Pendant l'occupation allemande, sa famille fut enfermée dans le Ghetto de Varsovie. Son frère put s'échapper et rejoignit la R.A.F. Sa mère paya une famille catholique pauvre pour le cacher, mais quand elle n'eut plus d'argent on le chassa et, en 1943, Israel et sa famille furent envoyés au camp de concentration de Poniatowa, près de Lublin où son père trouva la mort. Ensuite il reussit à s'enfuir avec sa mère et joindre à nouveau Varsovie. Mais a la fin ils furent encore une fois arrêtés par les Nazis et envoyés au camp de Bergen-Belsen. Shahak fut libéré en 1945 et bientôt après émigra en Palestine, alors sous autorité britannique ; il voulut alors entrer dans un kibboutz, mais il y fut refusé comme « trop fragile »[3]. Il vécut un temps dans un internat religieux de Kfar-Hassidim et puis déménagea avec sa mère à Tel Aviv. Puisque sa mère était très malade après la sortie de Bergen Belsen, déjà à l'âge de 12 ans l'enfant dut soigner et entretenir sa mère. Après être sorti du lycée, Shahak servit dans un régiment d'élite des Forces de Défense israéliennes[4]. Son service militaire accompli, il étudia à l'Université hébraïque où il reçut un doctorat en chimie. Il devint assistant d'Ernst David Bergmann[5] et travailla comme conseiller scientifique pour des entreprises industrielles liées à la défense. En 1961, il se rendit aux États-Unis pour des études post-doctorales à l'université Stanford. Il revint deux ans plus tard et devint enseignant et chercheur en chimie à l'Université hébraïque, où il travailla jusqu'à sa retraite en 1990. Il fut un enseignant très populaire parmi ses étudiants, mais consacra beaucoup d'énergie et de temps dans ses préoccupations préférées : les recherches pour trouver une cure du cancer et la lutte politique protestataire. Dans ses dernières années, il eut son domicile dans le quartier de Rehavia à Jérusalem.
Après la guerre des Six jours en 1967, Shahak regarda d'un œil très critique la façon dont Israël traitait les Palestiniens ; partisan d'un État palestinien, il écrivit de nombreux articles et plusieurs livres où il donnait son point de vue sur la société israélienne et le judaïsme.
Il meurt à Jérusalem le 2 juillet 2001 des suites de complications dues au diabète [4] et est enterré au cimetière juif de Givat Shaul.
Dans une notice nécrologique publiée dans The Nation, Christopher Hitchens écrivit que la maison de Shahak était « une bibliothèque de renseignements sur les droits des opprimés » et que :
- Familles de prisonniers, personnel de publications fermées et censurées, victimes d'expulsion et de confiscation, il ne fermait sa porte à personne. J'ai rencontré des Palestiniens qui appartiennent aujourd'hui à la « société civile influente » et qu'Israel Shahak a protégés comme étudiants quand il était professeur de chimie à l'Université hébraïque ; à son contact ils ont appris à ne jamais généraliser à propos des Juifs. Et ils ne le respectaient pas seulement pour son attitude cohérente contre la discrimination, mais aussi parce qu'envers eux il ne manifestait jamais de condescendance. Il détestait le nationalisme et la religion et ne faisait pas mystère de son mépris pour la rapacité de ceux qui entouraient Arafat. Mais, comme il me l'a un jour confié, « désormais je ne rencontrerai plus les porte-parole palestiniens que lorsque nous serons hors du pays. J'ai un certain nombre de critiques sévères à leur adresser. Cependant il m'est impossible de le faire aussi longtemps qu'ils vivent sous un régime d'occupation et que je peux leur rendre 'visite' en tant que citoyen privilégié ».
Politique et action
Shahak assure que ce qui l'a radicalisé c'est d'abord la Guerre de Suez et le sentiment qu'il a eu d'avoir été trahi par l'attaque de David Ben Gourion pour occuper le Sinaï, et ensuite ses expériences aux États-Unis. Les années 1960 ont vu son implication dans la Ligue israélienne contre la coercition religieuse, mais il a désavoué son affiliation avec elle après la Guerre des Six jours de 1967, estimant qu'il n'y avait là que des libéraux de façade qui utilisaient les principes du libéralisme pour lutter contre l'influence religieuse dans la société israélienne, mais se gardaient bien de les utiliser quand il s'agissait de lutter contre la façon dont Israël traitait les Palestiniens. Shahak a préféré rejoindre la Ligue israélienne pour les droits civils et humains, dont il a été élu président en 1970. La même année il a mis sur pied le Comité contre les détentions administratives.
Il a commencé à publier des traductions en anglais de la presse en hébreu, accompagnées de ses propres commentaires, dans lesquels il soutenait que les militants occidentaux avaient besoin de mieux connaître ce qui se passait en Israël, du fait que les éditions en langue anglaise de journaux en hébreu subissaient des déformations intentionnelles pour le public occidental. C'est cette action, en même temps que le fait d'écrire au rédacteur en chef, qui a constitué la base de son travail pendant des décennies. Citations de ses écrits furent employées souvent dans les années 1970-1980 dans les matériaux de propagande contre Israël des partis communistes dans le monde, et de l'OLP, dans ses journaux et agendas ("Agendas palestiniennes"), a côté de citations du rabbin reformé américain Elmer Berger et d'autre militants juifs anti-sionistes.
Israël Shahak est l'ancien président de la Ligue israélienne des droits de l'homme[réf. nécessaire]. Il est connu pour les controverses autour de ses critiques de la politique israélienne telle qu'elle s'exprime depuis le tournant de 1967. Ses travaux s'intéressent surtout à la politique moyen-orientale, à la xénophobie dans la société israélienne ainsi qu'à l'intégrisme religieux juif. En même temps il ne cacha pas sa critique aussi envers le fondamentalisme islamique.
Dans ses polémiques, il a en outre affirmé que l'hostilité au christianisme demeure forte dans la culture juive et en Israël[6].
Bibliographie
Anglophone
- Oded Yinon (translated by Israël Shahak) Zionist Plan for the Middle East, Association of Arab-American University Graduates, Inc., June, 1982, paperback ISBN 0-937694-56-8
- Israël Shahak and Noam Chomsky, Israël's Global Role: Weapons for Repression (Studies in Geophysical Optics and Remote Sensing), Association of Arab-American University Graduates, Inc., April 1982, paperback, ISBN 0-937694-51-7
- Israël Shahak, Jewish History, Jewish Religion: The Weight of Three Thousand Years, Stylus Publishing, LLC, December, 1994, trade paperback, ISBN 0-7453-0819-8
- Israël Shahak, Open Secrets: Israeli Foreign and Nuclear Policies, Stylus Publishing, December, 1997, hardcover, 193 pages, ISBN 0-7453-1152-0
- Israël Shahak and Norton Mezvinsky, Jewish Fundamentalism in Israël (Pluto Middle Eastern Series), Pluto Press (UK), October, 1999, hardcover, 176 pages, ISBN 0-7453-1281-0; trade paperback, Pluto Press, (UK), October, 1999, ISBN 0-7453-1276-4; 2nd edition with new introduction by Norton Mezvinsky, trade paperback July, 2004, 224 pages, ISBN 0-7453-2090-2
- Israël Shahak, Israël's Global Role : Weapons for Repression (Special Reports, No. 4), Association of Arab-American University Graduates, 1982, paperback
- Complete Online Database of Shahak's Articles & Books
Francophone
- Israël Shahak, Le racisme de l'État d'Israël, Guy Authier éditeur, Paris, 1975.
- Israël Shahak,Histoire juive, religion juive, le poids de trois millénaires, éditions La Vieille Taupe, 1996. Quelques extraits sont disponibles sur Israël Shahak.
Notes et références
- 'The Life of Death': An Exchange By Israel Shahak, Reply by Timothy Garton Ash, The New York Review of Books, Volume 34, Number 1, January 29, 1987. "I was born in Warsaw (the subject of a large part of the essay) and was in the Warsaw Ghetto almost till the end;"
- "Israel Shahak", The Independent, July 26, 2001. "Born in 1933 into a cultured Jewish family in Warsaw," Adams, Michael.
- "Israel Shahak", The Guardian, July 6, 2001. "After setbacks - he was rejected as 'too weedy' when he volunteered for a kibbutz - he became a model citizen." Pallis, Elfi.
- "Israel Shahak", The Guardian, July 6, 2001. Pallis, Elfi.
- "Israel Shahak", The Independent, July 26, 2001.
- Anti-Christian Feelings Exploding In Israel - Statement By Professor Israel Shahak On The Jewish Hatred Towards Christianity, par Jeffrey Heller, Rense.com
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