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Isabelle de Ludres
Marie-Élisabeth (dite Isabelle), marquise de Ludres, née en 1647 à Ludres, morte en 1726 à Nancy, fut une maîtresse du roi Louis XIV, rivale de Madame de Montespan.
Sommaire
Une jeunesse Lorraine
Isabelle est née à Ludres, dans le Duché de Lorraine ; elle était fille de Jean de Ludres et de Claude des Salles.
Admise enfant au chapitre de Poussay comme chanoinesse, elle y fut élevée. En 1662, le quinquagénaire duc de Lorraine et de Bar Charles IV en visite à Poussay remarqua cette jeune fille de 15 ans d’une grande beauté, et décida d’en faire sa femme. De 43 ans l'aîné d'Isabelle, il était de plus excommunié pour adultère, ayant chassé son épouse légitime la duchesse Nicole pour vivre avec sa maîtresse Béatrix de Cousances; il avait décidé d’épouser Béatrix à la mort de la duchesse mais en politique comme en amour, le duc était plutôt aventurier. Les fiançailles avec Isabelle durèrent un an, puis Charles se ravisa et épousa effectivement sa maîtresse, qui mourut peu après.
Charles IV voulut alors épouser Marie-Louise d'Apremont qui avait 14 ans. Isabelle s’y opposa en raison de leurs précédentes fiançailles, et reçut l’appui du clergé lorrain. Le duc la menaça d’engager des poursuites pour le crime de « lèse-majesté » qu’elle avait selon lui commis et il épousa Marie-Louise en 1664. En 1666, Isabelle quitta Poussay pour la cour de France, en conservant son titre de chanoinesse.
La cour de France
A son arrivée elle reçut une charge de Dame d’honneur de "Madame", duchesse d'Orléans, belle-soeur du roi, puis, à la mort de celle-ci, passa au service de la reine Marie-Thérèse (1670), puis de Madame Palatine nouvelle "Madame", seconde épouse du frère du roi (1673).
La lutte avec la Montespan
La beauté, mais aussi le zézaiement et l'accent Lorrain (un accent traînant et voluptueux) d’Isabelle de Ludres attirèrent les courtisans. Elle leur aurait résisté, jusqu’à ce que, suite à une disgrâce passagère de Madame de Montespan, à Pâques 1675, le roi s’intéresse à elle. Leur liaison fut assez discrète, mais pas suffisamment pour ne pas éveiller la jalousie de la favorite en titre. Cette dernière fit courir le bruit que « la belle de Ludres » avait le corps recouvert de dartres, ainsi que « la gale, la lèpre, et toutes les maladies imaginables ». Le roi avait beau jeu de vérifier par lui-même la fausseté de ces allégations et garda Isabelle auprès de lui.
Il fut cependant contraint de se séparer d’elle, ou d'en faire mine, lors du retour de la plantureuse Athénaïs. Volontiers moqueuse, celle -ci s’évertua à critiquer Isabelle devant le roi, notamment en la traitant de « haillon », mais ne put empêcher Louis XIV de la fréquenter de nouveau lorsqu’elle dut quitter la cour au printemps 1676, enceinte du sixième enfant naturel qu'elle devait aux assiduités du roi.
L'apogée et la chute
Pendant que le roi était en campagne contre les Espagnols, Isabelle ébruita sa liaison avec lui, disant même qu’elle était enceinte de ses œuvres. Le chroniqueur Primi Visconti raconte que les dames disposant du privilège envié du tabouret chez la reine se levaient à l’arrivée d’Isabelle de Ludres. Elle se vantait d’avoir « débusqué » Madame de Montespan et se voyait déjà nouvelle favorite attitrée. Elle eut même l’audace d’écrire en personne au roi, qui était encore aux armées. Leur relation devant demeurer secrète, Louis XIV s’en irrita. Il ne la chassa pas de la cour, mais rompit tout commerce avec elle.
Au retour du roi, puis de la marquise de Montespan, Isabelle dut subir à nouveau les sarcasmes de cette dernière, mais publiquement. Un jour que la cour entendait la messe, le roi salua Isabelle de Ludres. Athénaïs fit alors irruption et leur adressa des reproches devant toute l’assemblée.
La retraite
Au début de 1678, Isabelle quitta le service de Madame et se retira au couvent de la Visitation de Sainte-Marie, après avoir refusé un don d’argent que lui proposait le roi. Le départ de la chanoinesse laissa ce dernier indifférent.
Elle vécut plusieurs années dans des cloîtres parisiens. Endettée, Isabelle fut contrainte de réclamer une pension au roi, qui la lui accorda. Elle regagna ensuite sa Lorraine natale.
La « belle Ludres » fut créée marquise en 1720. Elle mourut à Nancy le 28 janvier 1726.
Voir aussi
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