- Isabeau de Bavière
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Elisabeth de Bavière – dite Isabeau par ses sujets français - (1371 - 24 septembre 1435) fut l'épouse du roi de France Charles VI. Elle fut impliquée dans la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons.
Sommaire
Biographie
Famille
Elisabeth Wittelsbach-Ingolstadt, princesse de Bavière dite Isabelle de Bavière, ou Isabeau de Bavière, est la fille d’Étienne III, duc de Bavière-Ingolstadt et de Taddea Visconti, fille du duc de Milan.
Le duc de Bourgogne Philippe le Hardi, tuteur du roi mineur Charles VI et régent de France, se lance dans une politique d'alliances matrimoniales à travers toute l'Europe, afin de conforter sa propre puissance et renflouer le trésor royal. En avril 1385, il marie son fils Jean sans Peur à Marguerite de Bavière, fille d'Albert 1er, comte de Hainaut et négocie pour le compte du roi de France avec Étienne III, duc de Bavière qui est allié au duc de Milan grâce à une politique de mariages similaire. Barnabe Visconti avait marié son fils Marco Visconti à Elisabeth, fille de Frédéric II de Bavière-Landshut, et sa fille Taddea Visconti à Étienne III.
Elisabeth de Bavière est mariée le 17 juillet 1385, à Amiens, à l'âge de 14 ans avec Charles VI de France (dit le Bien-Aimé) qui en a 16 et devient reine de France. Ils eurent douze enfants. Louis d'Orléans, frère de Charles VI, épouse Valentine Visconti, cousine au deuxième degré de Taddea Visconti. Le mariage d’Isabeau de Bavière avec le roi Charles VI ne rapporte rien à la France, seul le duc Philippe II de Bourgogne tire bénéfice de ces arrangements matrimoniaux en visant le Hainaut.
On sait peu de choses de l'enfance d'Isabelle de Bavière, le duc Etienne III semblait avoir à cœur de contracter le mariage entre sa fille et le roi de France Charles VI et pour réaliser ce projet éluda les questions d'usage. Il est à noter qu'il se montra évasif tant sur la ville de naissance que sur l'âge de sa fille, le situant vaguement autour de 13 ou 14 ans au moment des pourparlers diplomatiques. Cependant, d'autres sources laissent à penser qu'Elisabeth pouvait avoir 16 ans lorsqu'elle fut demandée en mariage pour le compte du jeune roi de France.
Par ailleurs, le duc de Bavière refusa pour sa fille l'examen des matrones comme c'était l'usage en France, arguant qu'il se refusait à ce qu'on fasse endurer l'humiliation d'un examen pré-nuptial à sa fille et qu'on la lui ramène en Bavière si d'aventure on lui trouvait des défauts physiques.[réf. nécessaire] La jeune fille fut présentée à Charles VI qui la choisit pour reine immédiatement, selon Froissart.
Vie à la cour de France
Lorsque le mariage fut décidé, comme toutes les futures reines de France, Isabelle de Bavière vint en France accompagnée de sa nourrice, d'une amie et de quelques suivants. Comme il était d'usage, la nourrice devait rester jusqu'aux noces et repartir dans son pays d'origine, ce qu'elle fit.
Le mariage d'Isabelle et Charles VI en 1385 débuta sous de bons auspices. Une fête splendide fut donnée dans la capitale à laquelle de nombreux nobles étrangers assistèrent. Isabelle conserva sa suite auprès d'elle. Confinée volontairement en vase clos, elle n'apprit que tard à parler le français et ne visita jamais les provinces. Soucieuse de se préserver elle amasse des richesses et dote ses proches. C'est à l'occasion du troisième mariage de sa meilleure amie Catherine l'Allemande que fut organisé le bal des ardents à la suite duquel Charles VI sombra dans la démence.
La guerre de Cent Ans bat son plein et le Grand Schisme déchire la chrétienté occidentale. Charles VI étant devenu fou, elle va présider à partir de 1393 un Conseil de Régence, où siègent les Grands du Royaume. Isolée politiquement — le pouvoir est entre les mains des oncles du roi Charles VI —, pas préparée à assumer la régence d'un pays comme la France, parlant peu et mal la langue française, sans alliés à la cour de France, elle reste en contact avec sa famille proche recevant notamment en 1400 son père Etienne III et son frère Louis VII de Bavière en 1402, qu'elle fait entrer à la Cour de France. Manipulée par ce dernier, elle pille le trésor royal pour son compte.
Dans ce contexte très difficile, face à des situations quasi-inextricables, dont le déchirement de la famille royale est le révélateur, on ne peut lui reprocher de s'être montrée une piètre politicienne : le pouvoir réel est partagé entre les ducs d'Orléans (Louis d'Orléans, chef du parti des Armagnacs) et de Bourgogne (Philippe le Hardi puis à la mort de ce dernier en 1404, Jean sans Peur). Pour autant, elle n'est pas à la hauteur de la dignité qui lui échoit, d'autres reines de France avant elle avaient su gérer des situations aussi périlleuses dans des contextes aussi difficiles : Anne de Kiev nommée régente pour le compte du futur Philippe Ier, Blanche de Castille nommée régente pour le compte du futur Louis IX.
Jean de Berry sert de médiateur entre les deux partis dont la rivalité va augmenter progressivement, pour aboutir à une véritable guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons.
La jeune reine de 22 ans soutient dans un premier temps le parti bourguignon puis se rapprochant de Louis d'Orléans (les Bourguignons la soupçonnent d'être sa maîtresse et accuseront le futur Charles VII d'être leur fils adultérin) à la mort du duc de Bourgogne, soutient le parti des Armagnacs. Jean sans Peur, se sentant évincé du pouvoir, menace Paris en 1405 et fait assassiner le duc d'Orléans en 1407. Il entraîne la révolte des Cabochiens pour prendre le pouvoir à Paris en 1413.
Henri V d'Angleterre, roi d'Angleterre, profitant de ces troubles, avait armé contre la France : il remporte la bataille d'Azincourt en 1415, véritable désastre pour l'armée française, et s'empare de la Normandie.
Pourtant, consciente de représenter le pouvoir légitime, Isabeau chercha avec son fils, le Dauphin Louis (qui meurt en 1415), à unir les deux factions ennemies, mais elle échoua. Exilée à Tours par les Armagnacs, elle se lia alors avec le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, qui la délivra. En juin 1416, elle séjourne en compagnie de sa cour, chez Jean de La Haye, seigneur du Plessis-Picquet (Plessis-Robinson), Trésorier Général des Finances, jusqu'au 5 juillet 1416. Ce seigneur influent sur la reine lui fit prendre pour confesseur un parent: Guillaume de La Haye. À la fin de 1417, elle organisa à Troyes un gouvernement étroitement contrôlé par les Bourguignons.
Jean sans Peur est assassiné lors d'une entrevue avec le Dauphin Charles au pont de Montereau le 10 septembre 1419, par des hommes de mains des Armagnacs qui craignent un rapprochement du Dauphin avec les vues politiques bourguignonnes.
Henri V s'alliant, par le traité de Troyes (1420), avec la reine Isabeau et le jeune duc de Bourgogne, Philippe le Bon qui voulait venger le meurtre de son père, se fait reconnaître comme héritier du trône et régent, après avoir épousé Catherine, fille d'Isabeau et de Charles VI. Ce dernier conserve néanmoins le titre de roi de France. Son dernier fils vivant (le futur Charles VII de France) est renié dans le traité comme "soi-disant dauphin de Viennois", qui précise "en raison de ses crimes énormes". Charles installe à Bourges un gouvernement armagnac et contrôle environ la moitié Sud du royaume.
La reine Isabeau avait essayé de négocier avec Henri V sur des bases différentes de celles du duc de Bourgogne, mais en vain ; elle se résigna donc à la solution de ce dernier, qui instaurait le principe d'une double monarchie, franco-anglaise, au profit du roi d'Angleterre. En 1422, la mort successive de Henri V puis de Charles VI rendait cette "double monarchie" difficile à mettre en place, le nouveau "roi de France et d'Angleterre", Henri VI (petit-fils d'Isabeau) n'ayant qu'un an.
Fin de vie
Isabeau, retirée dans l'hôtel Saint-Pol, mourut en 1435, à peine une semaine après la réconciliation entre Bourguignons et Armagnacs (Traité d'Arras). Un chroniqueur a affirmé qu'elle pleura à l'annonce de cette nouvelle.
Son tombeau est situé dans la nécropole royale de la basilique de Saint-Denis (chapelle des Valois).
Elle décéda dans la plus stricte indifférence, abandonnée de tous. Les cérémonies funèbres se réduisirent à leur plus simple expression. Son corps ne fut pas amené à Saint-Denis en carrosse et par la rue Saint-Denis comme il était d'usage pour les rois et les reines de France décédés. Son cercueil fut posé dans une barque qui navigua de nuit dans la plus grande discrétion de Paris à Saint-Denis en suivant les courbes de la Seine.
Descendance
- Charles (1386-1386)
- Jeanne (1388-1390),
- Isabelle (1389-1409) mariée en 1396 à Richard II, roi d'Angleterre (1367-1400) puis en 1406 à Charles de Valois, duc d'Orléans (1394-1465)
- Jeanne (1391-1433) mariée en 1396 à Jean V , duc de Bretagne (1389-1442)
- Charles (1392-1398)
- Marie (1393-1438), abbesse de Poissy
- Michelle (1393-1422) mariée en 1409 à Philippe III, duc de Bourgogne (1396-1467)
- Louis (1397-1415) duc de Guyenne puis Dauphin ,
- Jean (1398-1417)duc de Touraine puis dauphin,
- Catherine (1401-1437), mariée en 1420 à Henri V, roi d'Angleterre (1387-1422), puis (secrètement) en 1429, à Owen Tudor (vers 1400-1461), gentilhomme gallois. De cette deuxième union descend la dynastie des Tudor (rois d'Angleterre).
- Charles (1403-1461) comte de Ponthieu, puis dauphin puis roi marié en 1422 à Marie d'Anjou
- Philippe de France (1407-1407)
Légende
Une thèse affirme que son 12e enfant serait illégitime et qu'il s'agirait en fait de Jeanne d'Arc, fille d'Isabeau de Bavière et de son beau-frère Louis d'Orléans. Une thèse totalement démentie par les plus grands historiens depuis deux siècles. En 1805, la première thèse que cet enfant illégitime est Jeanne d'Arc revient en fait à à Pierre Caze, sous-préfet de Bergerac. Les deux écrivains[Lesquels ?] n'ont pu alors aujourd'hui apporter aucune preuve historique irréfutable et n'ont fait que reprendre en grande partie la thèse du sous préfet[1].
Notes et références
- Roger Senzig - Marcel Gay, "L'Affaire Jeanne D'Arc", Florent Massot, Septembre 2007
Voir aussi
Bibliographie
- Le Trône d'argile, série de bandes dessinées, éd. Delcourt
- Chantal Touzet, La reine violée - Tome 1 : Éclose entre fleurs de Lys, Anne Carrière, 2008 (ISBN 978-2843374821), ré-ed. en 2010 (ISBN 978-2290013465)
- Chantal Touzet, La reine violée - Tome 2 : Le duel des dames, Anne Carrière, 2009 (ISBN 978-2843375484)
- Chantal Touzet, La reine violée - Tome 3 : Les chevalières de Sans Mercy, Anne Carrière, 2011 (ISBN 978-2843376030)
- Philippe Delorme, Isabeau de Bavière : épouse de Charles VI, mère de Charles VII. Paris : Pygmalion, coll. « Histoire des reines de France », 2003. 320 p., 24 cm. (ISBN 2-85704-816-5)
- Françoise Autrand, Charles VI, Fayard, 1986 (ISBN 978-2213017037)
- Marie-Véronique Clin, Isabeau de Bavière, la reine calomniée, Perrin, 1999 (ISBN 978-2262008598)
- Jean Verdon, Isabeau de Bavière, Tallandier, 1981 (ISBN 978-2235011044), Ré-édité en 2001 sous le titre : Isabeau de Bavière, la mal-aimée
- Michel Mourre et al., Le petit Mourre. Dictionnaire d'Histoire universelle, Bordas, 2006 (ISBN 978-2047321942)
- Roger Senzig et Marcel Gay, L'Affaire Jeanne d'Arc, Florent Massot, 2007 (ISBN 978-2916546049)
- Tracy Adams, The Life and Afterlife of Isabeau of Bavaria, Baltimore: Johns Hopkins University Press, 2010, (Rethinking Theory) (ISBN 978 0801896255)
Précédé par Isabeau de Bavière Suivi par Jeanne de Bourbon
Reine de France1385-1422 Marie d'Anjou Catégories :- Reine de France
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- Naissance en 1371
- Personnalité française de la guerre de Cent Ans
- Décès en 1435
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- Personnalité féminine du XIVe siècle
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