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IP over Avian Carriers
IP over Avian Carriers (de l'anglais signifiant littéralement « IP sur transporteurs aviaires »), abrégé par le sigle IPoAC, est une proposition humoristique de méthode de transport du trafic IP (Internet Protocol) par des oiseaux tels que des pigeons voyageurs. Le protocole a été initialement décrit dans la RFC 1149 rédigée par David Waitzman pour l'Internet Engineering Task Force, comme poisson d'avril pour l'année 1990[1]. Waitzman en a ensuite amélioré la description (en intégrant la « qualité de service ») dans un second poisson d'avril, en 1999, avec la RFC 2549[2].
Sommaire
Mise en œuvre réelle
Le 28 avril 2001, IP over Avian Carriers a été implémenté par le groupe d'utilisateurs Linux de Bergen, en Norvège[3],[4]. Ils ont envoyé 9 paquets sur une distance approximative de cinq kilomètres, chacun porté par un seul pigeon et contenant un ping (ICMP Echo Request), et ont reçu 4 réponses. De manière prévisible, les résultats furent mauvais : 55 % des paquets perdus, et un temps de réponse compris entre 3 000 et 6 000 secondes.
Cette mise en œuvre montre les proportions réelles de l'absurdité évidente de l'énoncé : comme on le verra plus loin, il pourrait être tout à fait utile de s'échanger des données via des cartes mémoire de grande capacité portées par des pigeons voyageurs, les mémoires actuelles permettant à ce mode de transmission de ridiculiser les réseaux classiques. Mais cela ne fonctionne que pour les fichiers de taille importante, avec une communication à sens unique. Au contraire, le protocole internet utilise une grande quantité de messages de taille négligeable pour s'assurer que la communication fonctionne bien. Reproduire rigoureusement ce protocole si on communique par pigeon voyageurs est donc absurde.
L'exécution du ping
Script started on Sat Apr 28 11:24:09 2001 vegard@gyversalen:~$ /sbin/ifconfig tun0 tun0 Link encap:Point-to-Point Protocol inet addr:10.0.3.2 P-t-P:10.0.3.1 Mask:255.255.255.255 UP POINTOPOINT RUNNING NOARP MULTICAST MTU:150 Metric:1 RX packets:1 errors:0 dropped:0 overruns:0 frame:0 TX packets:2 errors:0 dropped:0 overruns:0 carrier:0 collisions:0 RX bytes:88 (88.0 b) TX bytes:168 (168.0 b) vegard@gyversalen:~$ ping -i 900 10.0.3.1 PING 10.0.3.1 (10.0.3.1): 56 data bytes 64 bytes from 10.0.3.1: icmp_seq=0 ttl=255 time=6165731.1 ms 64 bytes from 10.0.3.1: icmp_seq=4 ttl=255 time=3211900.8 ms 64 bytes from 10.0.3.1: icmp_seq=2 ttl=255 time=5124922.8 ms 64 bytes from 10.0.3.1: icmp_seq=1 ttl=255 time=6388671.9 ms --- 10.0.3.1 ping statistics --- 9 packets transmitted, 4 packets received, 55% packet loss round-trip min/avg/max = 3211900.8/5222806.6/6388671.9 ms vegard@gyversalen:~$ exit Script done on Sat Apr 28 14:14:28 2001
Comparaison de bandes passantes
Grâce au développement des technologies avec mémoire flash, le transfert de données par pigeons voyageurs pourrait avoir un avantage par rapport aux moyens de transfert traditionnels, à condition de tolérer le temps de latence en échange de cette très haute bande passante. Par exemple, pour une distance de plus de 50 kilomètres un pigeon peut emporter plus de 10 gigaoctets de données en environ une heure, ce qui peut être bien plus rapide qu'une connexion ADSL classique. Ceci a ainsi été testé en 2004 en Israël avec trois pigeons transportant 4 gigaoctets de données sur une distance de 100 kilomètres, pour un débit calculé à 2,27 Mbit/s[5]. Mais il faut s'attendre à des pertes de données.
En 2009, une expérience a été menée en Afrique du Sud, consistant à transférer 4 gigaoctets de données sur 60 miles (96 km)[6]. Le pigeon transportait les données en une seule mémoire flash. Il fallut deux heures pour acheminer les données par ce moyen — en fait une heure de voyage pour le pigeon, puis une heure pour charger les données dans le système (là aussi, on peut trouver ce système très inefficace[7]) ; dans le même temps, 4 % des mêmes données avaient été transférées par la connexion ADSL. L'objectif principal était de souligner l'inefficacité de Telkom, principal fournisseur d'accès du pays[7].
Autres utilisations
Un groupe de Suédois s'est inspiré de cette RFC pour imaginer un système de communication qui utiliserait les pigeons de la ville de Göteborg[8].
Cette RFC est par ailleurs souvent évoquée à des fins pédagogiques pour illustrer le fait que le protocole IP est indépendant du support, et que virtuellement n'importe quelle couche de liaison peut convenir[9],[10],[11],[12].
Cette RFC peut également être utilisée pour vérifier l'attention d'un partenaire commercial. Ainsi, une entreprise européenne a publié en 2000 un appel d'offres en demandant aux prestataires qui y répondraient, d'indiquer quelles RFCs ils supportaient parmi une longue liste, au sein de laquelle se trouvait la RFC 1149. Plusieurs entreprises n'ont pas remarqué le piège, tandis que Juniper Networks a souligné que cette RFC « n'était pas sérieuse », et que Cisco a indiqué la supporter uniquement le 1er avril[13].
Références
- ↑ (en) David Waitzman, « A Standard for the Transmission of IP Datagrams on Avian Carriers », Request for Comments no 1149, 1er avril 1990.
- ↑ (en) David Waitzman, « IP over Avian Carriers with Quality of Service », Request for Comments no 2549, 1er avril 1999.
- ↑ (en) Bergen Linux User Group, « The highly unofficial CPIP WG ».
- ↑ (en) Stephen Shankland, « Pigeon-powered Internet takes flight », sur CNET News, 4 mai 2001.
- ↑ (en) Ami Ben-Bassat, « A New Israeli test confirms: PEI (Pigeon Enabled Internet) is FASTER then ADSL », 22 mars 2004.
- ↑ (en) « SA pigeon 'faster than broadband' », BBC News, 10 septembre 2009.
- ↑ a et b (en) Devin Coldewey, « South Africa's data network owned by pigeon with 4GB drive attached », sur CrunchGear, 10 septembre 2009.
- ↑ (en) Magnus Nilsson, Magnus Johansson, Linda Sjödin et Christina Wisser, « FMS — Flying Message Service: The Comeback of Carrier Pigeons », dans Matthias Rauterberg (dir.), Marino Menozzi (dir.), Janet Wesson (dir.) et International Federation for Information Processing (dir.), Human-Computer Interaction, INTERACT '03: IFIP TC13 International Conference on Human-Computer Interaction, 1st–5th September 2003, Zurich, Switzerland, IOS Press et Ohmsha, 1126 p. (ISBN 1-58603-363-8 et ISBN 4-274-90614-0), p. 975–978.
- ↑ (en) Dave Wisely, Philip Eardley et Louise Burness, IP for 3G : Networking Technologies for Mobile Communications, John Wiley & Sons, 2002, 285 p. (ISBN 0-471-48697-3), p. 77–78.
- ↑ (en) David Wisely, IP for 4G, John Wiley & Sons, 2009, 314 p. (ISBN 978-0-470-51016-2), p. 9.
- ↑ (en) Peter Loshin, TCP/IP Clearly Explained, Morgan Kaufmann Publishers, 2003, 709 p. (ISBN 1-55860-782-X), chap. 21.6 (« Internet Protocol on Everything »), p. 481–483.
- ↑ (en) Stephen Farrell et Vinny Cahill, Delay- and Disruption-Tolerant Networking, Artech House, 2006, 226 p. (ISBN 1-59693-063-2), p. 4.
- ↑ (en) Scott Bradner, « Almost a Joke », dans Newtork World, vol. 18, no 15, 9 avril 2001, p. 37 (ISSN 0887-7661) [texte intégral].
Voir aussi
- Sneakernet
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