Inutilisable

Inutilisable

Utilisabilité

L’utilisabilité ou usabilité[1] est définie par la norme ISO 9241 comme « le degré selon lequel un produit peut être utilisé, par des utilisateurs identifiés, pour atteindre des buts définis avec efficacité, efficience et satisfaction, dans un contexte d’utilisation spécifié ».

C'est une notion proche de celle d’ergonomie, qui est cependant plus large.

Les critères de l’utilisabilité sont :

  • l’efficacité : le produit permet à ses utilisateurs d’atteindre le résultat prévu ;
  • l’efficience : atteint le résultat avec un effort moindre ou requiert un temps minimal ;
  • la satisfaction : confort et évaluation subjective de l’interaction pour l’utilisateur.

Sommaire

Utilisabilité et ergonomie

On peut comparer cette définition à celle proposée en 2000 par l'IEA (International Ergonomics Association) « l’ergonomie (ou Human Factors) est la discipline scientifique qui vise la compréhension fondamentale des interactions entre les humains et les autres composantes d’un système, et la profession qui applique principes théoriques, données et méthodes en vue d’optimiser le bien-être des personnes et la performance globale des systèmes ». On retrouve ici les notions de performance et de bien-être. Bien qu’implicite on peut considérer que la notion d’efficience n’a jamais été absente que ce soit à travers les notions de charge de travail ou à travers la préoccupation permanente de l’ergonomie industrielle de faire coïncider ses propositions d’amélioration des situations de travail avec le maintien ou l’amélioration de la productivité.

La différence principale réside dans l’origine de ces notions. Alors que l’ergonomie est principalement issue d’une préoccupation d’amélioration des conditions de travail, l’utilisabilité est plus proche des démarches qualité. Ces deux courants peuvent se rejoindre, dans la mesure où un logiciel utilisable est potentiellement un meilleur outil s’il doit être utilisé dans une situation de travail. On peut cependant relever l’absence de la santé-sécurité des préoccupations explicites de l’utilisabilité. Une autre différence réside dans le fait que la littérature sur l’utilisabilité ne semble par particulièrement faire de distinction entre travail et non-travail et applique volontiers les mêmes méthodes à toutes sortes d’ « activités orientées » (purposeful activities) qu’il s’agisse d’un achat en ligne ou d’un Intranet, d’une console de jeu ou d’un système de téléphonie en entreprise.

Utilisabilité et utilité

Nielsen (1994) situe le concept d’utilisabilité au sein d’un concept plus large d’acceptabilité d’un système. Il décrit ce modèle par un arbre où l’acceptabilité d’un système se divise en acceptabilité pratique et sociale. L’acceptabilité pratique englobe à son tour un certain nombre de caractéristiques dont la fiabilité et les performances et l’utilité (usefulness). À la suite de Grudin (1992), Nielsen divise ensuite cette utilité en utility et usability (utilisabilité). Ce modèle met en évidence l’importance de l’utilisabilité pour l’acceptation (et donc le succès) d’un système tout en soulignant que ce n’est qu’un composant de cette acceptabilité. Un autre aspect important est la distinction entre utility et usability. Autrement dit, l’ergonome doit-il se préoccuper de savoir si le système au développement duquel il participe sert à quelque chose ou doit-il simplement se contenter d’optimiser ce système sans se soucier de la pertinence des buts proposés ?

Un système peut respecter tous les critères d’utilisabilité mais être inutile. C'est l'adéquation entre l'activité et l'outil qui permettra de dire que cet outil est utile.

Les méthodes d'analyse de l'activité nous permettent de cerner quelles fonctionnalités doit fournir l'application, autrement dit quelles fonctionnalités sont utiles. Un système de bonne qualité ergonomique devra être à la fois utile et utilisable.

Caractéristiques d'un système utilisable

Nielsen décompose également le concept d’utilisabilité en cinq caractéristiques majeures d’un système utilisable. L’efficience (efficient to use) et la satisfaction (subjective satisfaction) se retrouvent telles quelle dans la norme ISO 9241. La facilité d'apprentissage (easy to learn), la facilité d'appropriation (easy to remember) et la fiabilité (few errors) peuvent être considérées comme des composantes de l’efficacité. Selon Nielsen (1994) et Mayhew (1999), une démarche d’amélioration de l’utilisabilité doit décider lesquels de ces critères sont plus importants. En particulier, la facilité d’apprentissage et l’efficience peuvent être des objectifs contradictoires. Il convient donc de savoir si l’outil développé s’adresse plutôt à des utilisateurs novices et ponctuels ou à des experts.

Ce problème rejoint un autre aspect de la définition rappelée au début de cet article, l’insistance sur l’existence d’ « utilisateurs identifiés », de « buts définis » et d’un « contexte d’utilisation spécifié ». Le monde de l’utilisabilité est seulement en train de prendre la pleine mesure de l’importance de ce contexte d’utilisation par le biais de méthodes comme le contextual design, ou de l’intérêt pour l’ethnologie, la cognition située et distribuée et la théorie de l'activité. On peut rapprocher cette évolution de la distinction opérée par de Montmollin entre une ergonomie du facteur humain et une ergonomie de l’activité, l’utilisabilité incorporant progressivement des éléments de la seconde.

Notes

Références

  • Jonathan Grudin, « Utility and usability: Research issues and development contexts » in Interacting with Computers, 4, 2 (August), 1992, 209-217.
  • Deborah Mayhew, The usability engineering lifecycle: a practitioner’s handbook for user interface design, Morgan Kaufmann Publishers, San Francisco, 1999.
  • Jakob Nielsen Usability Engineering, AP Professional, Cambridge, 1994.
  • Jean-François Nogier (2008), Ergonomie du logiciel et design web : Le manuel des interfaces utilisateur, 4ème édition, Dunod.
  • ISO 9241-11:1998, Exigences ergonomiques pour travail de bureau avec terminaux à écrans de visualisation (TEV) – Partie 11: lignes directrices relatives à l’utilisabilité.
  • Ergolab, C'est quoi l'ergonomie informatique? [1]
  • Thierry Baccino et al (2005). Mesure de l'Utilisabilité des Interfaces, Paris: Hermes. [2]
  • Amélie Boucher (2007), Ergonomie web : pour des sites web efficaces, Eyrolles

Voir aussi

Liens externes

Wiktprintable without text.svg

Voir « utilisabilité » sur le Wiktionnaire.

Ce document provient de « Utilisabilit%C3%A9 ».

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Inutilisable de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем решить контрольную работу

Regardez d'autres dictionnaires:

  • inutilisable — [ inytilizabl ] adj. • 1845; de 1. in et utiliser ♦ Qui ne peut être utilisé. Cette voiture est devenue inutilisable. ⊗ CONTR. Utilisable. ● inutilisable adjectif Qui n est pas utilisable : Appareil inutilisable. inutilisable adj …   Encyclopédie Universelle

  • INUTILISABLE — adj. des deux genres Qui ne peut être utilisé. Salle de bains inutilisable …   Dictionnaire de l'Academie Francaise, 8eme edition (1935)

  • inutilisable — (i nu ti li za bl ) adj. Qui ne peut être utilisé, dont on ne peut tirer aucune utilité. Objet, homme inutilisable. ÉTYMOLOGIE    In.... 1, et utiliser …   Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré

  • inutilisable — adj. inutilizâblyo, a, e (Albanais) …   Dictionnaire Français-Savoyard

  • démolir — [ demɔlir ] v. tr. <conjug. : 2> • 1458; lat. demoliri, de moles « masse » I ♦ Démolir qqch. 1 ♦ Défaire (une construction) en abattant pièce à pièce. ⇒ abattre, démanteler, détruire, raser, renverser. Démolir un mur, un bâtiment. Démolir… …   Encyclopédie Universelle

  • Obsolescence programmée — La célèbre Ford T, fiable, solide et durable et accessible à l Américain moyen, n a pas pu faire face à la concurrence de General Motors qui a établi sa stratégie sur la production régulière de nouveaux modèles démodant les séries précédentes. C… …   Wikipédia en Français

  • Obsolescence programmee — Obsolescence programmée L’obsolescence programmée (ou la désuétude planifiée) est le fait de développer et commercialiser un produit en prévoyant de façon précise la date de péremption de ce produit. Ces produits sont conçus de façon à… …   Wikipédia en Français

  • détériorer — [ deterjɔre ] v. tr. <conjug. : 1> • 1411; bas lat. deteriorare, de deterior « pire » 1 ♦ Mettre (une chose) en mauvais état, de sorte qu elle ne puisse plus servir. ⇒ abîmer, 1. dégrader , endommager; fam. amocher, esquinter. Détériorer un …   Encyclopédie Universelle

  • fausser — [ fose ] v. tr. <conjug. : 1> • XIIe, aussi « falsifier, tromper »; falser « démentir » 1080; bas lat. falsare, de falsus (→ 1. faux) I ♦ 1 ♦ Rendre faux, déformer la vérité, l exactitude de (une chose abstraite). ⇒ altérer, déformer,… …   Encyclopédie Universelle

  • inemployable — [ inɑ̃plwajabl ] adj. • 1845, repris XXe; de 1. in et employable ♦ Rare Qu on ne peut employer. ⇒ inutilisable. Procédé inemployable. Personnel inemployable. ● inemployable adjectif Qui ne peut être …   Encyclopédie Universelle

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”