- Algorithme de Karmarkar
-
L’algorithme de Karmarkar est un algorithme introduit par Narenda Karmarkar en 1984 pour résoudre les problèmes d'optimisation linéaire. C'est le premier algorithme réellement efficace qui résout ces problèmes en un temps polynomial. La méthode des ellipsoïdes fonctionne aussi en temps polynomial mais est inefficace en pratique.
En posant n le nombre de variables et L le nombre de bits d'entrée de l'algorithme, l'algorithme de Karmarkar réalise O(n3,5L) opérations sur O(L) bits à comparer aux O(n6L) opérations pour la méthode des ellipsoïdes. Le temps d'exécution de l'algorithme de Karmarkar est ainsi O(n3,5L2ln Lln ln L) en utilisant l'algorithme de Schönhage-Strassen (voir Comparaison asymptotique).
L'algorithme de Karmakar est une méthode du point intérieur : la solution candidate courante ne suit pas les bornes de l'espace faisable comme dans l'algorithme du simplexe, mais approche par l'intérieur de l'espace faisable et atteint la solution optimale de manière asymptotique.
Sommaire
L'algorithme
Soit le problème d'optimisation linéaire sous forme matricielle suivant :
maximize cTx subject to Ax ≤ b. L'algorithme de Karmarkar est complexe. Une version simplifiée, appelée "affine scaling method", est succinctement décrite ci dessous. Il faut noter que cet algorithme, bien que efficace en pratique, ne tourne pas en temps polynomial.
Entrées : A, b, c, x0, critère d'arrêt, γ.
do while critère d'arrêt non satisfait if then return non bornée end if end do
Exemple
Considérons le problème d'optimisation linéaire suivant :
maximiser x1 + x2 sous les contraintes 2px1 + x2 p2 + 1, Il y a 2 variables x1,x2 et 11 contraintes associées à différentes valeurs de p. La figure montre chaque itération de l'algorithme avec des points rouge. Les contraintes sont représentées par des lignes bleues.
Un brevet controversé
Au moment où il a découvert l'algorithme, Narenda Karmarkar était employé par AT&T. Comme la découverte pouvait avoir d'importantes applications, AT&T dépose un brevet pour l'algorithme de Karmarkar en avril 1985, ce qui a alimenté la controverse au sujet de la brevetabilité du logiciel[1]. Cette controverse a provoqué la réaction de nombreux mathématiciens comme Ronald Rivest (lui même est l'un des bénéficiaire du brevet sur l'algorithme de Rivest Shamir Adleman), qui défendait que le fait d'avoir des algorithmes libre de droit est une base de la recherche. Même avant que le brevet soit réellement accordé, il semble que la règle d'antériorité s'appliquait[2]. Les mathématiciens spécialisés en analyse numérique comme Philip Gill ont montré que l'algorithme de Karmarkar est équivalent à une méthode de Newton pénalisée projetée, avec une fonction de pénalisation logarithmique, si les paramètres sont bien choisis[3].
Le brevet a expiré en avril 2006 et est à présent dans le domaine public.
Références
- Ilan Adler, Narendra Karmarkar, Mauricio G.C. Resende and Geraldo Veiga (1989). "An Implementation of Karmarkar's Algorithm for Linear Programming". Mathematical Programming, Vol 44, p. 297–335.
- Narendra Karmarkar (1984). "A New Polynomial Time Algorithm for Linear Programming", Combinatorica, Vol 4, nr. 4, p. 373–395.
- IDEAS & TRENDS; Mathematicians Are Troubled by Claims on Their Recipes, The New York Times (1989-03-12). Kolata, Gina :
- Various posts by Matthew Saltzman, Clemson University
- Philip E. Gill, « On projected Newton barrier methods for linear programming and an equivalence to Karmarkar’s projective method », dans Mathematical Programming, vol. 36, no 2, 1986, p. 183–209 [texte intégral, lien DOI]
Wikimedia Foundation. 2010.